mercredi 3 décembre 2014

Le Dr Denis Mukwege cité pour le prix Sakharov

Pour sa grande action humanitaire en faveur des femmes violées
Le Dr Denis Mukwege cité pour le prix Sakharov
            Le nom du gynécologue congolais Denis Mukwege de l’hôpital général de Panzi installé à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu  a été abondamment cité comme candidat potentiel devant obtenir le prix Sakharov. C’était au cours des débats passionnés et des choix très difficiles qui ont marqué.de longues discussions entre les groupes politiques du Parlement européen.
            Deux candidats au prix Sakharov, apprend-on du blog de la consoeur Colette Brackman du quotidien Le Soir, ont fini par émerger : le mouvement ukrainien Euromaidan et le gynécologue congolais Denis Mukwege parmi plusieurs autres candidats cités au cours des débats.
            La candidature du gynécologue congolais a reçu le grand soutien au nom du groupe libéral par le Belge Louis Michel appuyé par le socialiste Marc Tarabella. L’accord politique, ajoute la source, conclu entre le groupe libéral et le groupe socialiste du PE devra encore être ratifié en commission le 23 septembre prochain et c’est vers le 16 octobre que sera connue la décision définitive.
            Mais il est d’ores et déjà certain que le Dr Mukwege, déjà par ailleurs lauréat de nombreux prix, dont le Prix Roi Baudouin pour le développement et, plus récemment, du prix Solidaris, figure dans le peloton de tête, donc ayant plus de chance d’arracher ce prestigieux prix.
            Le « prix Sakharov pour la liberté de l’esprit » est décerné chaque année par le Parlement européen. Il est destiné à récompenser des personnalités exceptionnelles, connues pour leur lutte contre l’intolérance, le fanatisme et l’oppression, à l’instar du physicien russe Andrei Sakharov, prix Nobel de la paix en 1975. Celui-ci, après avoir été l’inventeur de la bombe à hydrogène, est devenu le plus célèbre, le plus offensif des dissidents russes, luttant contre l’armement nucléaire et fondant un Comité pour la défense des droits de l’homme et des victimes politiques.
            Vu le caractère assez politique du prix Sakharov, la candidature du Dr Mukwege eut affaire à une forte concurrence, celle d’Euromaidan, celle aussi d’un candidat originaire d’Azerbaïdjan. Il apparut cependant que le gynécologue congolais, qui a consacré toute sa vie à tenter de reconstruire physiquement et moralement les femmes détruites par la violence sexuelle, était aussi, à l’instar d’autres prestigieux lauréats, un militant pour les droits de l’homme et la tolérance, comme Nelson Mandela, les Mères de la place de Mai, Taslima Nasreen du Bangla desh ou la Birmane Aung San Suu Kyi.
            Le travail réalisé par le docteur Denis Mukwege depuis plusieurs années en faveur plusieurs milliers de femmes victimes de violence sexuelle a traversé les frontières nationales. En effet, en plus des meilleurs des soins gynécologiques que son équipe ne se lasse de prodiguer aux femmes du Kivu, depuis une quinzaine d’années, le Dr Mukwege a ajouté à son action médicale une démarche de plaidoyer et de témoignage.

Plusieurs appellations qualificatives
            Invité aux quatre coins du monde, celui qui, en raison de son action de grande portée humanitaire sur les femmes violées, portera plusieurs appellations qualificatives – garde du corps des femmes violées, réparateur des corps des femmes - a réussi à faire entendre la voix de nombreuses femmes du Nord-Kivu et du Sud-Kivu victimes de violence sexuelle à la communauté internationale et à attirer, enfin, l’attention, sur un scandale majeur : au Kivu, de manière particulièrement atroce, le viol, pratiqué à l’encontre des femmes adultes mais aussi des fillettes et des femmes âgées, a été utilisé comme arme de guerre et de terreur par la plupart des groupes armés.
            Cependant, le Dr Mukwege est aussi considéré comme un militant des droits de l’homme et de la tolérance qui a toujours appelé les hommes politiques de son pays à veiller à mettre fin aux souffrances des femmes de l’Est du Congo. Ce plaidoyer passionné, éloquent qui amené le gynécologue Denis Mukwege jusqu’à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies n’a pas été sans risque : le 25 octobre 2012, le médecin de Panzi, qui revenait d’une longue tournée à l’étranger, a échappé de justesse à une tentative d’assassinat et depuis lors, craignant de nouvelles menaces sur sa vie, cet homme qui est l’un des plus célèbres et des plus respectés des Congolais, vit en reclus dans son hôpital, qu’il ne quitte plus que sous la protection des Nations unies…

Plusieurs prix prestigieux et autres distinctions
            L’importance du travail réalisé par celui qui est reconnu comme l'un des spécialistes mondiaux du traitement des fistules est  telle de nombreux prix prestigieux et autres distinctions honorifiques lui sont déjà décernés.
            Il a reçu un doctorat honoris causa de l'université d'Umeå (Suède) en octobre 2010. Au cours de la même année, il a reçu la médaille Valemeberg de l'université du Michigan. Le 25 octobre 2012, il est victime d’une agression alors qu’il se dirige vers sa maison en plein centre de Bukavu. Le gardien de sa maison est abattu à bout portant après l’avoir alerté d’un danger, sa voiture est incendiée et Mukwege est ligoté, mais les gens du quartier se portent à son secours et il est sain et sauf2. Il s'exile alors quelques mois en Belgique puis revient au Congo1.
            En 2008, il a reçu le prix Olof Palme et le prix des droits de l'homme des Nations unies. En 2009, il a obtenu le prix français des droits de l'homme, il a aussi été fait chevalier de la Légion d'honneur. La même année, il est élu Africain de l'année par une association de presse africaine. En 2010, il a obtenu le prix Van Goedart aux Pays-Bas. En Belgique en 2011, il a reçu successivement trois prix : le prix Jean-Rey, le prix Roi-Baudoin et le prix de paix de la ville d'Ypres, qui lui est remis en novembre 2011.
            Le 7 octobre 2013, il se voit décerner le grand prix de la Fondation Chirac pour la prévention des conflits, le "Nobel alternatif" en septembre 2013, le Right Livehood, décerné dans l'enceinte du Parlement suédois, tandis que de nombreuses voix s'élevaient pour que lui revienne le vrai Nobel de la paix en 2013, son nom ayant été cité pour cette prestigieuse distinction aux côtés, entre autres, de la Pakistanaise Malala Yousufzai et de la magistrate guatémaltèque Claudia Paz y Paz. Le 3 février 2014, il est fait docteur honoris causa de l'université catholique de Louvain (UCL), qui met en avant son « anticonformisme porté par des valeurs de liberté, respect et audace ».
            Il a également reçu le prix de la fondation Clinton. La promotion 2014/2016 de directeur d'hôpital de l’École des hautes études en santé publique située à Rennes porte son nom.
            Qu’un autre prix vienne allonger la déjà longue liste des prix décernés à ce Congolais hors-pair ne ferait que reconnaître le travail réalisé par le fondateur de l’hôpital Panzi et  de  Fondation de Panzi pour soigner les femmes violées dans l'est de la RDC
            Si le lauréat sera choisi le 16 octobre par les chefs des groupes politiques du Parlement européen et le président du Parlement, le prix Sakharov sera officiellement remis le 26 novembre à Strasbourg. Depuis 1988, il récompense chaque année un défenseur des droits de l'homme et de la démocratie. L'an dernier, c'est la jeune militante pakistanaise pour le droit à l'éducation Malala Yousafzaï qui avait obtenu le prix.
Kléber Kungu

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