vendredi 5 décembre 2014

Kabila menace les ADF, les rebelles le défient

L’insécurité a la peau dure dans le territoire de Beni
Kabila menace les ADF, les rebelles le défient
            Au cours d’une adresse à la population de Beni, lors de son dernier séjour dans le territoire éponyme meurtri par une série de massacres d’une centaine de ses habitants, Joseph Kabila a menacé les rebelles ougandais des ADF/Nalu de les vaincre à tout prix. Les rebelles ont riposté en tuant une dizaine d’autres personnes quelques jours après le départ de Joseph Kabila. Un défi que les FARDC appuyées par la Monusco se doivent de relever coûte que coûte.
            Le président  Joseph Kabila s’adressait ainsi en swahili à la population de la ville de Beni peu avant son retour à Kisangani, Province Orientale, après avoir séjourné  à Beni pour compatir au malheur de la population endeuillée par des massacres à répétition attribués aux rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF)
            "Les ADF doivent comprendre que nous allons les vaincre. Ceux qui pensent que nous devons négocier avec les ADF, qu'ils oublient, car la réponse est non. On ne peut pas négocier avec les terroristes", a-t-il menacé, la rage au cœur.
            Tout en réarmant le moral d’une population meurtrie par cette série de massacres très meurtriers, Joseph Kabila  a invité son interlocutrice à l’unité pour chasser hors du territoire national cet ennemi commun que sont ces rebelles ougandais.

Ne pas avoir peur
            "Nous ne devons pas avoir peur, nous devons rester soudés pour bouter hors du territoire congolais les ADF", a-t-il insisté.             "Nous ne devons pas tomber dans le piège de l'ennemi, qui consiste à stigmatiser les musulmans. L'islam n'est pour rien dans les barbaries qui se font chez nous, à Beni", a plaidé Joseph Kabila
            Le président Joseph Kabila, qui est arrivé mercredi 29 octobre à Beni, chef-lieu du territoire éponyme, situé dans la province du Nord-Kivu, s'exprimait pour la première fois depuis une série de massacres commis dans ce territoire meurtri par de nombreuses attaques attribuées aux présumés rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF), actives dans une zone montagneuse de la région depuis 1995.
            Depuis janvier, les FARDC et la Monusco ont lancé plusieurs attaques contre ces rebelles. Des attaques qui les ont affaiblis, sans les avoir anéantis. Ainsi ont-ils repris leurs attaques aussitôt après le décès brutal, samedi 30 août, en Afrique du Sud, du général Jean-Lucien Bahuma, qui menait les opérations contre ces rebelles. Dans la foulée, Joseph Kabila a annoncé un changement de commandement des opérations de lutte contre les ADF, sans en dévoiler la teneur.
            L’adresse du chef de l’Etat est intervenue après avoir rencontré  différentes couches de la population du territoire de Beni.

14 autres personnes tuées
            Comme pour défier le président Kabila, qui séjournait encore à Beni, quatorze autres personnes venaient d’être massacrées  à la machette dans une attaque menée dans la nuit de mercredi 29 à jeudi 30 octobre dans la localité de Kampi ya Chui, territoire de Beni. Cette localité, une carrière minière, dans une zone reculée, se trouve au nord de la ville de Beni.
            Les 14 morts portaient ainsi à 100 le nombre de personnes tuées au cours du seul mois d’octobre dans cette partie de la RDC en proie à une forte insécurité.
            Alors qu’on croyait les rebelles menacés avoir eu peur, nous avons appris qu’une dizaine d’autres personnes venaient d’être tuées par des hommes armés  dans la nuit de samedi 1er novembre, dans la ville de Beni, quelques heures après le départ de Joseph Kabila de cette ville où il a séjourné pendant quatre jours. La société civile,elle, parle de 14 morts. Ce massacre est incontestablement un défi lancé aux FARDC par bandits armés.
             La nouvelle attaque meurtrière, apprend-on, est perpétrée aux environs de 19 heures locales lorsque les assaillants ont fait incursion dans la commune de Rwenzori. Selon la Société civile citée par le site web de la Radio Okapi, l’attaque a fait  14 morts dont deux militaires. .Au quartier Boikene, ces hommes armés ont tiré sur les habitants des cellules de Sobiede et Municipale avant de disparaître dans la brousse vers Kasinga à l’arrivée des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
            Ce nouveau massacre a poussé la population des quartiers Ngadi et Boikene à descendre  dimanche 2 novembre  matin dans la rue pour protester contre ces massacres à répétition.Pris de colère, les manifestants ont d’abord endommagé le monument du chef de l’Etat Joseph Kabila, situé dans le quartier Malepe, avant de se diriger ensuite vers la mairie de Beni où ils ont été dispersés par les policiers et les militaires.

Défi lancé aux FARDC et à la Monusco
            Perpétré  quelques heures après le départ du chef de l’Etat de la ville de Beni, où il a séjourné pendant quatre jours, ce nouveau massacre paraît comme un véritable défi lancé  à l’armée congolaise et à la Monusco et en même temps un affront au chef de l’Etat qui, dans son adresse à la population de Beni, a exprimé sa volonté de vaincre les rebelles ougandais des ADF.
            Au cours de son séjour à Beni,  Joseph Kabila s’était entretenu avec les forces sociales et politiques de cette ville pour mettre fin à l’insécurité qui prévaut depuis plus d’un mois dans ce territoire du Nord-Kivu où les présumés rebelles ougandais des ADF ont tué plus de 80 personnes en l’espace d’un mois. Les victimes sont pour la plupart des hommes, des femmes et des enfants tués essentiellement à l'arme blanche (machette, marteau, hache) et parfois décapités.
            Dans son adresse vendredi 31 octobre à la population de Beni, Joseph Kabila a souhaité voir la Monusco renforcer sa présence dans cette zone pour faire face aux problèmes d’insécurité. ..
            Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RDC, Martin Kobler, a « accueilli favorablement » la demande du président Joseph Kabila de renforcer la présence des troupes de la Monusco dans le territoire de Béni et les environs (Nord-Kivu).
            Ainsi, dans un communiqué de presse publié vendredi 31 octobre, le patron de la Monusco a assuré que ces renforts «permettront aux FARDC de s’engager plus vigoureusement contre les rebelles de l’ADF».
            Depuis un mois, le territoire de Beni fait face à des attaques d’hommes armés dont des présumés rebelles ougandais des ADF, qui ont fait plus d’une centaine de personnes en l’espace d’un mois. Quatorze personnes ont été massacrées à Beni  pendant que le chef de l’Etat séjournait dans cette ville, après que neuf corps ont été découverts quelques jours avant.
            Alors que l’opération « Sokola » est appelée à être relancée et que la Monusco à renforcer sa présence dans ce territoire, voilà que des assaillants viennent à nouveau de lancer un défi aux FARDC et à la Monusco. Les deux forces doivent relever ce défi à la hauteur des pertes en vies humaines subies En outre, le problème de l’insécurité chronique due aux massacres à répétition dépasse le seul cadre des ripostes militaires. Il y a nécessité de voir plus clair s’il n’existe pas de complicités tant militaires que civiles qui facilitent cette insécurité.

Kléber Kungu

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