jeudi 18 août 2011

L’Observateur encouragé à persévérer

A l’occasion de ses 20 ans d’existence
L’Observateur encouragé à persévérer
« Félicitations au journal pour avoir survécu 20 ans », « Je souhaite que cette aventure continue, que, si Dieu veut, on retrouve ici dans 20 ans ou dans 30 ans quand elle aura 50 ans. Je crois à L’Observateur, j’étais sceptique au début. Depuis, j’ai changé d’avis », « L’Observateur a beaucoup évolué avec le nombre de professionnels qu’il a, et on ne peut plus le considérer comme un journal de seconde zone. Que ceux qui y travaillent gardent la ligne, qu’ils gardent toujours leur indépendance comme ils l’ont toujours », « s’il y a un aspect du journal qui me manque, c’est la caricature », « le journal a tenu pendant 20 ans grâce à la ténacité de son éditeur et au dévouement de tous ceux qui ont collaboré à l’édification de cette œuvre ». Des impressions à chaud faites par ceux qui lisent au quotidien L’Observateur.
Comme on a l’habitude de le faire à un lauréat, quelques invités de marque qui ont été de la partie au 20ème anniversaire de L’Observateur n’ont pas tari de félicitations, d’éloges, d’encouragements à l’endroit de ce jeune journal qui vient de faire beaucoup de chemin en 20 ans d’existence. Ce sont des diplomates, de journalistes, de personnalités de haut rang…
Alors qu’elle sur le point de nous quitter, Hedvig Lohm, 2ème secrétaire à l’ambassade de Suède a livré ses impressions à chaud. « Je voudrais dire félicitations au journal pour avoir survécu 20 ans. J’espère qu’il y aura encore beaucoup de moyens pour faire le journal dans le futur », a-t-elle présagé.
Ces moyens, l’éditeur Mankenda Voka tient à les offrir à ce qui a englouti le gros de ses investissements, pour que cette œuvre puisse survivre à jamais.
La joie était également très manifeste chez ceux d’entre ceux qui n’ont pas donné cher à une aventure qu’ils savaient d’avance vouée à l’échec. 20 ans après, ils se sont réjouis de voir cette œuvre survivre de toutes les tempêtes socioéconomiques d’un environnement fort ingrat. Suivez le professeur Félix Mvuemba faire son mea culpa lorsque nous lui avons demandé ses impressions sur une aventure à laquelle il n’avait pas cru, mais qui continue à tenir 20 ans durant.
« Je souhaite que cette aventure continue, que, si Dieu veut, on se retrouve ici dans 20 ans ou dans 30 ans, quand elle aura 50 ans. Je crois qu’à L’Observateur, j’étais sceptique au début. Il n’y a que des imbéciles qui ne changent pas d’avis. Depuis, j’ai changé d’avis depuis 10 ans », a avoué le PAD de la Socir.
Aussi a-t-il conseillé cette aventure « de continuer ». Quant à son géniteur, il espère « qu’il aura bientôt des moyens pour non seulement avoir un journal qui traite véritablement l’information, mais peut-être de diversifier pour d’autres médias, tout ce qui est média nouveau actuellement. Je crois qu’il serait extrêmement important qu’il puisse mettre au service de tout le monde son esprit d’organisation pour que les gens aient une bonne information et que cette information soit saine. C’est le sens de ma présence ici. »
En d’autres termes, non seulement Félix Mvuemba a changé d’avis sur ce qu’il avait pensé auparavant sur la capacité de Mankenda Voka de gérer un journal, mais aussi, convaincu de l’esprit d’organisation de cet homme de média, il souhaite aujourd’hui qu’il diversifie les médias.
Même ceux qui ont la tâche de former les animateurs du journal L’Observateur se sont exprimés. Adelard Obul’Okuess, chef des travaux à l’Ifasic, n’a pas tari d’éloges sur le travail réalisé par les journalistes du quotidien de l’avenue colonel Ebeya. « Je vais commencer par féliciter ce journal pour les 20 ans. Cela veut dire que quand il est né, on l’a vu venir. Un enseignant, ce n’est pas nécessairement quelqu’un qui doit faire des critiques négatives sur ce que font les autres. L’Observateur a beaucoup évolué par rapport à ses débuts où c’était un journal qui n’avait pas un niveau de professionnalisme qu’il fallait. Mais aujourd’hui, avec le nombre de professionnels que ce journal a, je crois qu’on ne peut plus se permettre de le considérer comme un journal de seconde zone. L’Observateur est véritablement un journal de première zone, tant sur le plan de l’écriture, sur le plan de la couverture de l’actualité que sur celui de la notoriété. C’est un journal de toute première ligne », a déclaré cet enseignant. Et d’ajouter : « Comme l’a déclaré son fondateur, que cette œuvre continue, c’est notre grand souci. Je conseille à ceux qui travaillent à L’Observateur de garder la ligne, toute leur indépendance comme ils l’ont toujours. Qu’ils ne dépendent pas des pouvoirs économiques ou politiques extérieurs pour pérenniser qui va continuer à faire la fierté d’une presse qui est née dans des difficultés mais qui aura évolué positivement », a-t-il conseillé.
Flor Nzala, journaliste de Digital Congo, s’est aussi exprimé. Avec un regard critique de journaliste et étant lui-même caricaturiste, il s’est plaint de la disparition de la caricature dans L’Observateur. Il estime que L’Observateur est « un grand journal parce qu’il est l’un des grands journaux que moi je lis particulièrement avec plaisir tous les matins. Je ne savais pas que 20 ans plus tard j’allais être dans une cérémonie comme celle-ci pour assister au 20ème anniversaire ». Quant à ses confrères de L’Observateur, il « souhaite plein courage à tous ceux qui, chaque jour, se battent pour que ce journal soit toujours présent en terme de quantité et de qualité. C’est un travail important que ce journal abat. Le journal est devenu une référence et s’il faut citer 5 grands journaux ici à Kinshasa, L’Observateur en fait partie. »
Il a fait remarquer que « s’il y a un aspect du journal qui me manque, c’est la caricature. J’ai été moi-même caricaturiste à la presse écrite. La caricature fait partie des pages que je lis avec intérêt. Je trouve dommage que la caricature n’apparaisse plus.»
Thomas Dacquin Makamu est non seulement l’un des anciens journalistes de L’Observateur, mais également l’un de ses fondateurs. Voir survivre 20 ans après une de ses œuvres ne peut procurer que des sentiments de joie. « Parce que, a-t-il explique, ce n’était pas facile de croire au début que L’Observateur pouvait tenir 20 ans. Il a tenu 20 ans grâce à la ténacité de son éditeur et au dévouement de tous ceux qui ont collaboré à l’édification de cette œuvre. Mon meilleur souvenir quand je viens visiter cette maison, c’est de voir ces 2 jeunes gens que nous avons recrutés au départ comme stagiaires, puisqu’ils étaient encore étudiants à l’Isti [Institut supérieur des techniques de l’information, l’actuel Ifasic, NDLR], être aujourd’hui pratiquement à la tête du journal. C’est vraiment une fierté que ce journal est finalement dirigé par des jeunes gens qui ont grandi avec la maison. Je voudrais parler de Luc-Roger et de Jerry Kalemo. C’est un sujet de fierté pour moi », s’est-il réjoui.
Comme ancien journaliste débauché par les démons de la politique, voici ses conseils adressés à ses confrères. « La recherche de l’information. Un journal, c’est d’abord l’information. Un journal grandit au fur et à mesure que l’information qu’il donne est crédible, fouillée, impartiale. Dans ce sens-là, L’Observateur a fait énormément des progrès puisque son éditeur privilégie l’objectivité de l’information. Au début, quand nous avons commencé ce journal, nous croyions que ce qui était bon à faire, tout ce qui était pour l’opposition et qu’il fallait diaboliser le camp du pouvoir. Mais la maturité aidant, nous avons compris que le journal, ce n’est pas être partisan. C’est d’abord l’objectivité. C’est ce qui va faire de L’Observateur un grand journal s’il persiste dans cette voie. »
Sous un regard de diplomate et dans le contexte des élections, Marc D. Dillard, conseiller aux affaires publiques à l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique, a également prodigué des conseils. Il a souligné le rôle des médias, comme L’Observateur, dans un pays comme la RDC avec des élections à venir. « D’abord, je félicite L’Observateur pour les 20 ans de services beaucoup plus complets. Je pense que les journaux font partie du processus démocratique dans un pays. Dans une année électorale, le journal joue un rôle très important pour informer le public pour toutes les nouvelles, y compris celles sur des élections », a-t-il souligné.
Propos recueillis par Kléber Kungu

De L’Exploit à L’Observateur : les 20 ans d’un grand quotidien

De L’Exploit à L’Observateur : les 20 ans d’un grand quotidien
L’Observateur, ce quotidien qui a vu le jour un certain lundi 12 août 1991, au lendemain de l’ouverture de la Conférence nationale souveraine (CNS), alors que ses géniteurs tenaient absolument que cela soit entre le 7 ou le 8 août, jour de l’ouverture de la CNS, est à son 21ème année d’existence. Il a fêté ses 20 ans dans une ambiance festive dénuée de tout faste qui caractérise ce genre d’événement. Même s’il a vu le jour dans la commune de Ngiri-Ngiri, il a préféré célébré ses 20 ans dans ses nouvelles installations sises dans la commune de la Gombe, sur l’avenue colonel Ebeya au numéro 4722A. Diplomates, journalistes, enseignants d’université, hommes politiques, des acteurs de la société civile ont découvert les circonstances qui ont prévalu à la naissance de leur journal et ceux qui l’animent.
Au four et au moulin, Mankenda Voka, cet homme entêté, persévérant, au finish qui croit à ce qu’il fait, tout en croyant à ce que font les autres, est tout excité. C’est lui qui introduit tous ceux qui ont pris la parole : Luc-Roger Mbala Bemba, ce jeune étudiant hier, aujourd’hui vieillissant avec le journal qu’il a contribué à faire ses premiers pas en cheminant avec lui 20 ans durant, l’un des fidèles les plus fidèles ; Thomas Makambu, l’autre créateur de L’Observateur.
Ces deux combattants de première heure – que les politiciens me permettent de leur emprunter cette expression – vont aider les convives et même les journalistes à découvrir le chemin parcouru par ce journal à qui d’aucuns ne donnaient pas cher, particulièrement Félix Mvuemba, le PAD de la Socir et jeune frère de celui qui, après s’être essayé dans bien des secteurs aussi variés que l’alimentation et l’hôtellerie, s’est échoué dans le média.
Entré stagiaire à L’Observateur, au même moment que Jerry Kalemo, aujourd’hui rédacteur en chef et journaliste sportif, Luc-Roger Mbala Bemba va exploser dans une historique aussi brève que précise sur la naissance de L’Observateur.
L’Observateur va passer d’un hebdo à un bi-hebdo avant de devenir un quotidien avec l’acquisition de ses propres imprimeries. Dans la foule, il « va augmenter son tirage avec l’ouverture de bureaux en provinces. Son tirage va par conséquent augmenter. En 2004, avec la création de son propre site internet, le nombre de ses abonnés va augmenter, passant ainsi de 53 à 180. « Les entreprises de la place, les chancelleries, les ambassades, la Banque centrale du Congo (BCC), les Nations unies et leurs agences et beaucoup d’autres sociétés privées » sont le soutien de L’Observateur depuis 20 ans.
20 ans après, L’Observateur travaille avec au moins 20 journalistes à temps plein, appuyés par un nombre important de correspondants provinciaux. Des journalistes aussi compétents dont le professionnalisme a éclos à travers les années. Ainsi, à ce jour, L’Observateur est-il fier d’avoir couvert de grands événements : les négociations politiques congolaises comme « Sun City1, Sun City 2, Pretoria 1, Pretoria 2, Pretoria 3, Pretoria 4, Bruxelles », les réunions annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).

« Une force éducatrice pour changer les mentalités »
Mankenda Voka n’a pas voulu confier la délicate tâche de présenter ceux qui, 20 ans durant, chacun à des étapes temporelles différentes, ont fait de L’Observateur un grand journal en lui faisant acquérir, comme l’a souligné son numéro deux, « cette force éducative pour changer les mentalités au sein de la société congolaise ». A tour de rôle et selon l’ordre d’entrée au journal, l’éditeur Mankenda Voka a présenté, avec une couche bien dosée de qualificatifs mélangée avec autant d’humour pour chaque agent. Luc-Roger Mbala Bemba et Jerry Kalemo, ces deux journalistes qui sont au journal depuis le premier numéro au point qu’ils ont le même âge professionnel que ce journal. Le premier a visité pratiquement les 5 continents, le second couvre plusieurs compétitions sportives nationales, africaines et internationales. Envers ces deux journalistes, il a une immense dette morale, Blandine Lusimana, une femme secrétaire de rédaction qui a plusieurs journalistes sous ses ordres, Jean-Pierre Seke, le spécialiste maison des questions de la Régideso et de la Snel, Kléber Kungu, le tout premier correspondant provincial du journal, Bakeba Kitoko Maurice, un petit baobab de la presse, transfuge d’Elima, Philippe Wete, qui, avec Luc-Roger Mbala, a couvert les négociations intercongolaises, Wakudinga, spécialiste des questions de l’opposition, Pathou Kinzala, un des meilleurs reporters, Otaba, Freddy Longangu, un autre spécialiste de l’opposition, Marthe Mbueno, le numéro deux administratif de la maison, Dominique Lumumba, « Dr Lumumba » qu’il a connu quand il était administrateur à la Fec, Nsingani Joseph, ce comptable « qui balance nos comptes qui sont régulièrement en rouge », Les photographes Kokolo, Jean Decky Kihonsa, Jean-Pierre Ngalimi, le directeur à tout faire, Roger Mabanza, le metteur en page très expérimenté, Michel Kabeya, Fatki, patron de l’imprimerie, ingénieur de l’Ista qui a 4 agents sous ses ordres, Trésor Kibambe, l’homme de tous les coups…
Voici comment Mankenda Voka va conclure cette présentation. « Notre joie est que, lorsque vous prenez de grandes structures politiques, économiques ou techniques, elles ont vraiment confiance en notre outil [L’Observateur, NDLR], si bien qu’aux conférences annuelles de la Banque mondiale, du FMI, il y a toujours un journaliste de L’Observateur. Notre pauvreté apparente ne peut pas permettre aux gens de comprendre que régulièrement nous sommes dans des rencontres des grands. Voilà ce qui nous renforce sur le plan psychologique pour ne pas baisser les bras. Sans le concours des gens que je viens de vous présenter, je n’aurais pas pu tenir. Nous traversons des moments très difficiles, mais ils continuent à tenir le coup, ils refusent d’être débauchés. Ils croient que le Vieux [Mankenda Voka, NDLR] s’en sortira. Et il s’en sortira avec nous. Mais simplement, j’ai tenu à vous remercier devant témoins [Applaudissements]. Des hommes comme ceux-là, on n’en rencontre pas tous les jours. Sincèrement. Nous terminons souvent vers minuit, une heure, et ils sont toujours aux commandes. Merci infiniment. Je crois que Dieu exaucera nos prières et que nous allons véritablement nous en sortir cette fois-ci » [Applaudissements].
Quelques minutes plus tard, sans être invité, c’est au tour de l’honorable Thomas Dacquin Makambu de se lever pour prendre parole. Il est vite dissuadé par le maître de la fête. Mais qu’a-t-il d’important à dire pour qu’il puisse prendre la parole sans être invité ?
Par cet homme, nous serons agréablement étonnés d’apprendre une mine d’informations sur le journal, mais surtout sur Mankenda Voka, qui va le présenter comme son « jeune frère, un combattant de la première heure ». Il est parmi « les gens qui croient toujours aux autres quand d’autres ont commencé à désespérer ». C’est avec lui qu’il fondé son « L’Observateur ». L’histoire qu’il va nous raconter va montrer que les deux fondateurs du journal viennent de loin.
Nous apprendrons qu’ils ont grandi ensemble à Kisantu, à plus ou moins 131 km à l’ouest de Kinshasa, quoique étant des âges différents. « Il connaît ma vie, je connais sa vie », confessera cet ancien député.

« L’Observateur est une marque »
Une fois revenu au pays, un diplôme universitaire en poche, obtenu à l’Université libre de Bruxelles, Mankenda Voka, va s’essayer dans plusieurs secteurs, notamment dans l’alimentation et l’hôtellerie avant d’échouer dans le média. «Il trouvait qu’être dans l’alimentation, dans l’hôtellerie, tout le monde était capable de le faire. Mais lui voulait faire quelque chose que tout le monde n’est pas capable de faire ». C’est le journal qu’il va fonder, malgré le scepticisme de M. Makambu.
La décision prise, la dénomination du nom L’Observateur va sortir à l’issue de maintes recherches. Faute d’autorisation de paraître, L’Observateur va sortir pendant 5 éditions sous le nom de L’Exploit, un journal qui avait déjà son autorisation de paraître.
Publier dans ce pays, dans des conditions qui étaient à l’époque, ce n’était pas une sinécure. Ainsi, malgré leur détermination de sortir le premier numéro de L’Observateur le 7 ou le 8 août, à la date de l’ouverture de la Conférence nationale souveraine, le rêve de Mankenda Voka ne sera concrétisé que le 12 août 1991.
Aujourd’hui, Thomas-Dacquin Makambu est un homme comblé car, 20 ans après, « L’Observateur a un nom dans la ville, dans le pays. Nous devons tous en être fiers ». Aussi ne manque-t-il pas de féliciter celui qui refuse de passer sa vie comme une chenille qui « naît, rampe, mange des feuilles, finit par devenir un papillon avant de disparaître ». Oui, Mankenda Voka a décidé de laisser des marques. « Je crois que L’Observateur est une marque », conclut M. Makambu sous une salve d’applaudissements.
Mankenda Voka a aussi une autre « jeune frère ». Celui-ci est parmi les sceptiques qui avaient cru que l’aventure L’Observateur ne vivrait pas longtemps. C’est le professeur Félix Mvuemba, PAD de Socir. Celui-ci, après avoir nourri beaucoup de scepticisme quant à cette aventure, s’est ravisé il y a 10 ans lorsqu’il remarqué que L’Observateur se renforçait au jour le jour. « Premier geste, a reconnu l’éditeur Mankenda Voka, il a souscrit des abonnements. Depuis que ce journal existe, il a toujours été parmi les meilleurs souscripteurs. Il ne nous a jamais abandonné. » Il croit que cet homme est compté parmi les « gens qui croient aux autres. C’est aussi bon que les autres puissent croire en eux » C’est le phénomène ascenseur qui doit aller dans les deux sens.

L’exemple de Béchir Ben Yahmed m’a requinqué
S’il est des gens de la confrérie qui ont permis à Mankenda Voka se donner de l’espoir, c’est Béchir Ben Yahmed, de Jeune Afrique, dont l’interview lors du 50ème anniversaire du journal l’a beaucoup inspiré. Ecoutez son témoignage : « J’ai lu, il y a quelque temps, l’interview de Béchir Ben Yahmed, à l’occasion du 50ème anniversaire de Jeune Afrique. Cette interview m’a vraiment requinqué au moment où j’ai commencé à croire que c’était la fin. Béchir Ben Yahmed, dans son interview, a dit pendant 7 ans, il n’arrivait pas à payer ses hommes. Alors que nous lisons toujours Jeune Afrique, en croyant que c’est une boîte très prospère. Pendant 7 ans, il a perdu plus de la moitié de ses collaborateurs. Pendant 7 ans, il a vendu tout ce qu’il avait comme biens, à part la maison où il habite. Pendant 7 ans, il avait cru que son heure était arrivée. Et aujourd’hui, il a repris. Il dit : « Dieu merci. J’ai compris que la dans la vie, on n’est jamais seul. Quand on fait quelque chose de valable, il y en a qui vous abandonnent à la première épreuve, mais il y en a d’autres qui continuent à croire en vous. Et moi Béchir et Jeune Afrique si nous tenons, c’est parce que vraiment il y a des gens qui continuent à croire en nous et nous revoici prospères. »
Et Mankenda Voka de conclure : « Je suis convaincu que c’est ce qui est en train de nous arriver. »
Pour terminer, il a remercié les ambassadeurs de Suède, des Pays-Bas, de Grande-Bretagne, par le biais de leurs conseillers, les considérant comme des partenaires très précieux.
A ses collaborateurs, il a demandé de « continuer à croire à notre aventure commune », tout en souhaitant qu’elle survive, à tous : à lui-même, à eux et à ses enfants. Une aventure, le long du parcours duquel plusieurs collègues n’ont pas survécu, ayant été rappelés dans l’au-delà par le Créateur. Luc-Roger Mbala a fait observer une minute de silence en leur mémoire.
Kléber Kungu










L’Observateur a célébré ses 20 ans de maturité

Bon an mal an
L’Observateur a célébré ses 20 ans de maturité
« Au nom de l’éditeur du journal, au nom de toute la rédaction et tout le staff technique du journal L’Observateur, nous tenons à vous remercier d’avoir accepté de rehausser de votre présence cette modeste cérémonie du 20ème anniversaire du journal L’Observateur. 20 ans dans la vie d’une personne, c’est l’âge de la maturité. »
C’est Luc-Roger Mbala Bemba, directeur de la rédaction et numéro deux de L’Observateur qui s’adressait ainsi à tout le personnel de L’Observateur qui fêtait les 20 ans de son journal, et aux nombreux invités venus se réjouir avec ceux qui font L’Observateur au quotidien.
Du rédacteur en chef à l’encodeur en passant par les rédacteurs en chef, les secrétaires en chef, les reporters, le personnel technique et administratif, tous ont voulu fêter les 20 ans de leur journal qu’ils ont contribué à grandir dans un « contexte économique ingrat » en en faisant l’un des grands journaux du pays. Même les stagiaires, qui sont en train de découvrir, de manière pratique, les méandres de la presse écrite, ont été de la fête
Une fête aussi modeste que sobre que de nombreux amis, je voudrais dire des lecteurs du quotidien, ont voulu rehausser de leur présence. Des diplomates aux journalistes – la charité bien ordonnée commençant par soi-même – en passant des enseignants d’université, des hommes politiques, des acteurs de la société civile. Bref, tous ceux qui reçoivent régulièrement le quotidien de l’avenue colonel Ebeya, ont tenu à être les témoins de premier plan de la fête d’un journal.
Bon an mal an, « au prix de lourds sacrifices et de dures épreuves », L’Observateur, qui a vu le jour le 12 août 1991 dans la commune de Ngingi-Ngiri, a réalisé de grands exploits. Peut-être parce qu’il a commencé ses premiers pas dans le monde médiatique congolais sous le nom de L’Exploit.
Découvrez ce qu’a été la fête de ce quotidien qui se targue d’avoir été à toutes les négociations politiques : Sun City1, Sun City 2, Pretoria 1, Pretoria 2, Pretoria 3, Pretoria 4, Bruxelles », dans l’édition spéciale qui y sera consacrée ce jeudi 18 août.
Kléber Kungu

Les députés pris dans leurs propres discours démagogiques

Les députés pris dans leurs propres discours démagogiques
A malin, malin et demi. Le compte à rebours a déjà commencé chez tous ceux qui la règle internationale veut que pour accéder au pouvoir, il faut passer par la voix de ceux qu’on appelle électeurs. Les députés nationaux et provinciaux sont aujourd’hui pris dans leurs propres discours démagogiques, alors que leur séjour aux assemblées n’est plus que question de semaines.
A quelque 3 mois des élections, un seul message circule entre ceux qui se disent aujourd’hui floués par ceux à qui ils ont donné le pouvoir en leur offrant leurs voix en 2006 : « plus question de donner des voix à tel ou tel député. Ils n’ont rien fait pour nous qui les avons élus, sinon se battre pour leurs émoluments », entend-on presque dans toutes les bouches de ces faiseurs de rois qu’est le peuple souverain.
Et pourtant, par-ci par-là, nos honorables – qui n’ont pas fait honneur à leur rang – ont fait quelques actions d’éclat : construction d’une passerelle, dons de toute sorte (fournitures scolaires, outils aratoires, médicaments, tôles, sacs de ciment, antennes paraboliques, postes téléviseurs…) en faveur de leurs électeurs au nom desquels ils ne cessent de parler démagogiquement et faussement. Les chaînes de télévision étant leurs médias de prédilection.
Mais pourquoi le peuple souverain a retiré la confiance qu’il a placée en ceux qu’il a envoyés au Parlement pour défendre ses intérêts, en dépit des dons et autres ‘’générosités’’ dont il a bénéficiés de leurs part ? Est-ce insuffisant ?
La vraie raison est à chercher ailleurs. C’est que les députés qui, peut-être en raison de leur ignorance ou de leurs discours démagogiques, ont fait croire à leurs électeurs, pendant la campagne électorale et durant la législature, une fois élus, ils allaient résoudre tous ses problèmes sociaux, particulièrement. Ce qui n’est que de la démagogie.
La réalité est tout autre. Dans aucun pays au monde, les problèmes de la population ne sont résolus par les députés. Leur travail n’étant pas celui-là.
Ce qui se passe dans les pays africains, particulièrement en République démocratique du Congo (RDC), est tout à fait autre chose. Ici, les députés, à tous les niveaux, cherchent à tromper leurs électeurs naïfs dans leur majorité, en leur faisant croire que c’est eux la solution immédiate à leurs problèmes. La solution au problème de courant électrique ? C’est eux. Faudra-t-il arriver à approvisionner toutes les communes de la ville en eau potable ? Il faut les consulter. Un tronçon routier est impraticable à cause d’un pont emporté par des eaux de pluie ? Les députés le répareront…Les exemples sont légion.
La vérité est qu’il ne revient pas à un député de faire tous ces travaux. C’est à l’exécutif – provincial et national – que revient la lourde tâche de s’occuper de tous ces problèmes socio-économiques. En termes clairs, c’est le gouvernement qui s’occupe de la construction des routes, des écoles, des hôpitaux, de leur réhabilitation, d’électrifier les villages et les villes, d’assurer l’approvisionnement de la population en eau potable…
Forte des promesses de ses élus, la population s’est rendue compte aujourd’hui que bien de ces promesses restent lettre morte, 5 ans après. C’est que les députés n’ont pas joué convenablement leur rôle. Qui consiste à légiférer et à contrôler l’exécutif.
En effet, lorsque l’exécutif n’arrive pas à satisfaire aux besoins de la population, il revient aux élus du peuple de l’interpeller au cours d’une séance plénière pour lui arracher des explications sur son travail. Et lorsqu’un gouvernement ne parvient pas à convaincre les députés, les élus du peuple ne doivent pas hésiter à sanctionner son incompétence.
Au cours du mandat qui est en train de prendre fin, les députés et les différents gouvernements que nous avons vus défiler nous ont montré de toutes les couleurs, jusqu’à une complicité coupable.
Les séances plénières de l’Assemblée nationale, durant la première législature, nous ont offert de belles scènes d’interpellations au cours desquelles nous avons vu des députés, perchés à la tribune, s’égosiller pour montrer l’incompétence des ministres. Dans notre naïveté verte, nous nous disions que s’en était fini avec ces incompétents. Grande fut notre surprise en apprenant que les interpellés, par un tour de passe dont seuls les députés et les ministres étaient détenteurs, venaient de l’échapper belle, à l’issue des votes qui montraient la complicité des uns et des autres. Il paraît que les loups n’ont pas l’habitude de se manger entre eux. Ces interpellations n’étaient en réalité que des scénarios pour endormir le peuple. Alors que l’incompétence de ces gouvernements était visible même auprès d’un élève de primaire, les interpellations des ministres que les députés ont initiées n’ont abouti à rien, sauf à donner un semblant de travail.
Cinq ans après, les choses étant ce qu’elles sont, c’est-à-dire peu favorables à ceux qui ont envoyé les leurs à l’Assemblée nationale pour défendre leurs intérêts, les députés n’ont plus de discours, le peuple souverain étant avisé.
Il faudra donc d’autres têtes pour faire évoluer favorablement les choses lors des élections de 2011. Cependant, connaissant ce que l’homme congolais, je crains que nous ayons, à la prochaine législature, des Dupont qui vont remplacer des Dupond.
Kléber Kungu

La population de Luozi frustrée, mécontente et indignée

Après la mort par noyade de 2 personnes en 3 jours
La population de Luozi frustrée, mécontente et indignée
• Elle a organisé une marche pacifique le vendredi 12 août pour exprimer son ras-le-bol
• Un mémo a été adressé au gouverneur du Bas-Congo par la Société civile de Luozi qui fustige la non-tenue de nombreuses promesses des autorités provinciales
Frustrée, mécontente, indignée, déplorée et abandonnée, la population du territoire de Luozi l’est au haut point devant la situation de calvaire dont elle est victime de la part des autorités nationales et provinciales qui lui promettent monts et merveilles sans en tenir aucune. L’eau de la Régideso ne coule plus depuis deux mois, pas de courant électrique, des traversées par bac moteur très onéreuses…Cette situation est exaspérée par la mort par noyade de deux personnes en l’espace de…3 jours. Une situation que les Luoziens n’ont plus vécue depuis belle lurette. Pour exprimer son ras-le-bol, la population de la cité de Luozi est descendue dans la rue rocailleuse pour user les talons de ses chaussures. A la clé, un mémo a été adressé au Gouverneur de la province du Bas-Congo.
Dans un mémorandum adressé au gouverneur du Bas-Congo, Mbatshi Batshia, dont L’Observateur a obtenu copie, à l’issue d’ « une marche pacifique réussie et représentative », selon un membre de la Société civile, la population de la Luozi en a vécu et vu trop qu’il en a ras-le-bol. « [… ] aux nombreuses préoccupations, frustrations et indignations du territoire et de la cité de Luozi viennent s’ajouter celles relatives à la mort par noyade de deux personnes en l’espace de trois jours : d’abod la noyade dans la rivière Luozi d’une femme le samedi 06 août 2011 et puis celle dans le fleuve Congo d’un jeune ingénieur électronicien le 09 août 2011. Deux morts par noyade en l’espace de trois jours, avouez, Excellence monsieur le Gouverneur, que c’est trop », peut-on lire dans ce mémo.
Depuis le 20 juin, les Luoziens vivent un calvaire digne des habitants de la préhistoire. Sans eau de la Regideso, celle-ci étant incapable de fournir l’ « eau à la population de Luozi en raison d’une panne de moteur au niveau des injecteurs », la population de la cité de Luozi, qui n’a « plus que le fleuve et la rivière Luozi pour s’approvisionner en eau ou pour se baigner, vient de perdre deux de ses enfants, morts par noyade dans la rivière Luozi et dans le fleuve Congo.
Installée dans la cité de Luozi depuis 1995, la Regideso peine à rendre régulière la fourniture d’eau à ses abonnés, ses moteurs fonctionnant au moyen d’un groupe électrogène qui, lui-même, sujet à des pannes à répétition. Le pouvoir d’achat des Luoziens, abonnés de la Régideso étant ce qu’il est, depuis plusieurs années, la société connaît une diminution accrue de ses abonnés, épuisés par ses factures. Par conséquent, la Régideso est non seulement incapable de fournir régulièrement de l’eau au reste des abonnés, mais aussi, elle peine à faire face à ses dépenses quotidiennes.
Comment ne pas être frustrée devant des milliers de promesses que les autorités publiques provinciales qu’elles sont incapables de tenir, bonnes pour l’endormir. « Excellence Monsieur le Gouverneur, il serait vain de revenir sur toutes les promesses faites par les autorités publiques provinciales aux populations de Luozi ou sur nos requêtes restées sans réponses dans des domaines aussi variés que l’eau, l’électricité, l’habitat, les routes, le bac, les rampes, le stade, les marchés », souligne le mémo.
Si Luozi et ses habitants ne sont pas abandonnés, comment expliquer le fait que depuis que le gouvernorat du Bas-Congo a installé un groupe électrogène de 500 KVA – bientôt une année – aucune ampoule n’a éclairé cette cité de 25 km2 pour une population de plus de 13.000 habitants ? Si cette cité aussi vieille que Kinshasa, la capitale de la RDC, puisque créé en 1885 par les agents de Léopold II, peut-on expliquer le report en report de la date de l’inauguration de la SNE-Luozi ? Si les problèmes de Luozi étaient inscrits prioritairement dans l’agenda des autorités publiques provinciales et nationales, connaîtrait-il son état d’abandon avec des rampes d’accostage du bac moteur inachevés depuis plus de 15 ans, alors qu’il ne reste à construire que 18 mètres d’un côté et 12 mètres de l’autre ?

« Que les deux morts par noyade soient les derniers occasionnés par la non fourniture d’eau par la Régideso »
Dans un accès de frustration, les Luoziens exigent des autorités publiques provinciales de prêter une oreille attentive à leurs problèmes, de la même manière qu’elles le font pour ceux des autres entités administratives. Aussi demandent-ils que « la fourniture d’eau à Luozi se fasse durablement, sans coupures intempestives », « que la gestion de la Regideso et de la SNEL provinciales soit rigoureusement modernisée suivant les normes professionnelles du XXIème siècle (et non artisanale) », que « la SNEL-Luozi devienne opérationnelle dans les prochains jours et que son réseau soit étendu à un plus grand nombre d’abonnés sans trop d’atermoiements », de revoir significativement à la baisse le coût de la traversée du fleuve par le bac de Luozi pour les véhicules et « qu’une part importante des coûts du fonctionnement de ce bac puisse émarger chaque année au budget de la Province ».
Le territoire de Luozi est loin d’être pauvre en cerveaux et en personnalités de haut rang, politiques, militaires, civiles ayant marqué l’histoire générale de la RDC. Pêle-mêle, nous pouvons évoquer Bayona Bameya, Pr Ferdinand Ngambu, Daniel Kanza, Thomas Kanza, Sophie Kanza – paix éternelle à leur âme ! – Ne Muanda Nsemi, Lajos Bidiu Nkebi, Mbelolo ya Bituemi, Wamba dia Wamba, amiral Mavua, Nestor Diambwana, Pr Mbelolo ya Mpiku, Pr Bernard Lututala Mumpasi, Pr Kimpianga Mahaniah, Dr Mampunza, Dr Diabeno, Dr Kapita …
Les problèmes évoqués par la Société civile de Luozi dans son mémo adressé au Gouverneur du Bas-Congo constituent l’une des préoccupations majeures de la Solidarité pour le développement du Manianga (Sodema). Depuis 2008, date du début de ses activités, le Comité de gestion de la Sodema, présidé par Dieudonné Bifumanu Nsompi, des démarches sont entreprises pour arracher auprès de la Snel l’électrification du territoire de Luozi et d’autres parties comprises dans l’espace manianga. La Sodema mène également plusieurs autres actions pour désenclaver et développer l’espace manianga qui comprend 4 territoires (Luozi, Songololo, Seke-Banza et Mbanza-Ngungu).
Kléber Kungu













Tout le monde souhaite des élections apaisées

Processus électoral
Tout le monde souhaite des élections apaisées
« Des élections apaisées », voilà le leitmotiv qui revient sur les lèvres de la plupart des Congolais épris d’esprit pacifique. Des personnes aussi bien physiques que morales ne jurent que par des élections apaisées. Pour cela, tout se fait pour que le vœu des uns et des autres se réalise : séminaires, colloques et autres formations sont mis à contribution comme moyens d’y parvenir. Tout récemment, les confessions religieuses ont lancé un appel pour des élections apaisées.
La plate-forme de chefs des confessions religieuses en République démocratique du Congo (RDC) s’est réunie le mardi 9 août à Kinshasa et a appelé les Congolais à organiser des élections apaisées. Le rapporteur de cette plate-forme, l’abbé Léonard Santedi, invite les candidats à s’engager dans les prochains scrutins sur base d’un projet de société, selon Radio okapi.net
«Les candidats devront s’en tenir au verdict des urnes. Les acteurs politiques doivent faire preuve de vertu démocratique », a lancé l’abbé Léonard Santedi au nom de tous les chefs religieux de sa plate-forme.
Pour cet homme de Dieu, le gouvernement est appelé à faire de la réussite des élections un point d’honneur et à prendre des mesures sur la transparence des sources de financement de la campagne. L’abbé Léonard Santedi appelle aussi le gouvernement à sécuriser la population et les candidats tout au long du processus électoral.
La société civile congolaise s’est également investie pour avoir des élections apaisées dénuées de toute violence. Elle s’est engagée, par conséquent, à mener une campagne pour la paix lors des prochaines élections. A ce sujet, un atelier d’information et de sensibilisation sur le mandat de la Monusco et le rôle de la société civile dans le processus électoral a été dernièrement organisé. Les participants à cet atelier ont déclaré vouloir des élections apaisées.
Les membres des ONG, associations et syndicats, qui ont participé à cet atelier, ont estimé que la paix est l’unique bien précieux qu’il faudrait préserver lors des prochaines élections, selon la même source.
Junior Tshiteya, manager de l’ONG Washiba, a affirmé que la paix est une valeur fondamentale qui fédère tout le monde et va au-delà de tous les intérêts politiques. «Les autres [formations politiques] mèneront des campagnes pour leurs candidats respectifs. Nous, nous mèneront une campagne pour la paix,» a-t-il déclaré, indiquant que les femmes allaient être les responsables de cette campagne. Tout en demandant aux femmes de se mobiliser et de prendre conscience que «c’est à elles de garantir la paix», le numéro un de l’ONG Washiba a précisé que selon la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies, les femmes demeurent « le socle préventif des conflits ».
«Nous voulons prévenir un conflit électoral et nous voulons que les femmes s’y mettent», a-t-il prévenu.
Comme ragaillardies par l’invitation de l’ONG Washiba, les femmes, réunies dans un réseau des femmes défenseurs des droits des humains, ont plaidé pour des élections apaisées. La présidente de l’ONG «Femme Solidaire pour la paix et le développement», Desy Furaha, dont le réseau s’était réuni autour de la problématique des droits des femmes en RDC, en début d’août,
a affirmé qu’en RDC, les femmes ont été les principales victimes des conflits armés, estimant que les femmes voulaient des élections pacifiques pour ne pas retomber dans des guerres civiles.
Au mois de juillet, une série d’ateliers de formation pour des élections démocratiques et apaisées avaient été organisées dans la province de l’Equateur.
La sous-section de Gemena de la section électorale de la Monusco avait organisé un atelier de sensibilisation à l’opération d’enrôlement des électeurs auquel avaient pris part cinquante personnes. Celles-ci étaient issues des associations féminines, de la société civile et des partis politiques. Les notables et les autorités administratives y avaient participé aussi.
L’atelier avait ainsi inauguré la série d’ateliers de formation et de sensibilisation sur le processus électoral organisé par la section électorale de la Monusco et sa sous-section de Gemena, en collaboration avec le secrétariat exécutif provincial de la Commission électorale indépendante (Ceni)/Equateur.
Le but de ces ateliers de formation est de préparer les acteurs politiques et de la société civile pour la tenue des élections démocratiques, libres, crédibles, transparentes, apaisées et sécurisées dans la province de l’Equateur. Ils sont organisés à l’intention du Collectif des femmes de l’Equateur (Colfeq), du Forum des partis politiques et des différentes associations des jeunes de la province.

Le Rwanda aussi pour des élections apaisées
A l’issue d’une récente rencontre à Gisenyi entre les ministres congolais des Affaires étrangère, Alexis Thambwe Mwamba et sa collègue du Rwanda, Louise Mushikiwabo, le gouvernement rwandais s’est engagé à coopérer avec la RDC pour que le processus électoral congolais ne soit pas perturbé à partir du territoire rwandais. «Le Rwanda nous a assurés de son appui pour éviter que des perturbateurs puissent, au départ de ce pays, gêner le processus électoral», a déclaré le ministre congolais des Affaires étrangères de retour d’une visite officielle à Gisenyi au Rwanda.
Au cours de cette rencontre, les deux ministres ont évoqué le point sur l’ensemble de relations de leurs pays en mettant l’accent sur les questions de sécurité dans la partie orientale du pays, les deux Kivu, à la veille des élections.
« Nous avons expliqué à la partie rwandaise que notre pays va aller aux élections, et qu’il est extrêmement important que cette partie du pays puisse participer pleinement à ces élections et que nous soyons assurés du concours du Rwanda pour éviter toute perturbation dans la région », a déclaré Alexis Thambwe Mwamba.
Entre temps, des dispositions sont en train d’être pour que ces élections se tiennent dans la paix. La communauté internationale s’implique dans cette logique en aidant la RDC à réformer sa police.
Aussi la RDC et la Grande Bretagne ont-elles mis sur pied un programme de réforme de la police congolaise. La première réunion du comité de pilotage de ce programme, tenue mardi 9 août à Kinshasa, a permis de définir les objectifs de ce programme: mettre en place une police de proximité et respectueuse des droits de l’homme et améliorer les rapports entre la police et les citoyens. Selon les experts internationaux, acteurs étatiques et non étatiques conviés à cette réunion, pour concrétiser ce projet de réforme de la police nationale congolaise, il faudra former et sensibiliser les différents acteurs impliqués dans le secteur de la sécurité et de la justice, notamment sur les notions des droits de l’homme.
Ledit programme prévoit le renforcement des capacités du ministère de l’Intérieur et Sécurité dans le domaine de la logistique, de la formation de base et de la lutte contre les violences sexuelles.
D’autres acteurs sont également visés par ce programme, notamment ceux du Parlement, de la société civile et des assemblées provinciales. Il s’agit d’un programme pilote qui concerne dans un premier temps trois provinces du pays: le Bas-Congo, le Kasaï-Oriental et le Sud-Kivu.
L’échéance de ce programme va de 2012 à 2014.
Les nombreux appels à des élections apaisées sont consécutifs au climat brumeux qui semble prévaloir lors de la campagne électorale qui a déjà donné ses couleurs. Alors que la Céni n’en a pas encore donné le coup d’envoi, certains partis politiques se sont déjà lancés dans une campagne qui risque d’être tout, sauf apaisée. Invectives, injures, provocations, diabolisation…sont déjà au rendez-vous, par des médias interposés. Comment sera la campagne électorale dont les ingrédients sont déjà réunis ? Et si les uns et les autres appellent à l’acceptation des résultats des urnes dans toute sportivité, un tel discours suffit pour éviter des contestations violentes à la publication des résultats ? D’autant plus qu’avant même le lancement officiel de la campagne électorale, les uns et les autres se disent rassurés de leur victoire, accepteront-ils de perdre ces élections qu’ils sont remportées d’avance ?
Kléber Kungu

Les tuberculeux sans médicaments

République démocratique du Congo
Les tuberculeux sans médicaments
Les malades tuberculeux sont en émoi : depuis deux mois, les centres de traitement des tuberculeux sont en rupture de stock de médicaments contre cette affection. C’est notamment le cas à Bukavu au Sud-Kivu et à Mbuji-Mayi au Kasaï-Oriental, a indiqué, dimanche 7 août, le directeur du programme national de lutte contre la tuberculose (PNLT), Dr. Jean-Paul Okyata, cité par Radio okapi.net. Une rupture due au manque d’approvisionnement de médicaments.
De son côté, le médecin coordonnateur provincial du programme contre la tuberculose du Kasaï-Oriental souligne que les anciens malades sont normalement soignés, mais la rupture de stock pénalise plutôt les nouveaux malades.
Au Sud-Kivu, la situation est plus qu’inquiétante, où 2 242 tuberculeux enregistrés entre janvier et juin 2011 ne sont pas soignés faute de médicaments. « La moitié de ces malades, non soignés, sont susceptibles de développer la tuberculose multi résistante qui nécessite un traitement prolongé et très coûteux », selon un spécialiste, cité par la radio onusienne. Selon lui, cette situation peut occasionner une grande contagion.
Toutefois, Dr Jean-Paul Okyata assure qu’une quantité de médicaments est déjà disponible:
«Il y a une semaine, on a reçu une partie des médicaments qu’on avait commandée. Nous commençons déjà à livrer les médicaments sur le terrain.»
Depuis quelques mois, la situation sanitaire en République démocratique du Congo est fort inquiétante avec la résurgence de certaines maladies jadis endiguées, comme le choléra, la tuberculose, la rougeole et la poliomyélite.
Le vendredi 4 août, des représentants de l’OMS et de l’Unicef ont tiré la sonnette d’alarme sur la situation épidémiologique de la RDC, lors d’un café de presse organisé par Ocha. Ils ont mis la presse devant une évidence : le choléra, la poliomyélite, la rougeole et ce qu’ils ont appelé d’ « autres événements de santé », notamment la méningite à Kasongo Lunda, la fièvre Ebola à Dungu, Province Orientale et la fièvre hémorragique au Katanga,font encore des victimes parmi les populations en RDC, en dépit des efforts inlassables que mènent les humanitaires et le gouvernement congolais. Les provinces les plus touchées sont la Province Orientale, le Bandundu, l’Equateur, Kinshasa (le choléra), le Bas-Congo, le Bandundu, le Kasaï occidental, le Katanga (la poliomyélite), le Sud-Kivu et le Katanga (rougeole).
Comparée à la situation de 2010 (84 cas), l’évolution de la poliomyélite de 2011 connaît une diminution avec 64 cas détectés. Les humanitaires ont déployé d’intenses activités de vaccination sur l’ensemble de la RDC.
Quant à la situation de l’épidémie de la rougeole, cette maladie s’est déclarée comme épidémie depuis mars de cette année. Des mesures de la lutte contre cette maladie ont été telles que 64% seulement de couverture ont été assurés contre 80% présenté comme le minimum de couverture attendu. Cette épidémie est notée dans 5 provinces, y compris trois autres contaminées.
Parti depuis mars 2011 de Kisangani, Province Orientale, le choléra a suivi le long du fleuve Congo, avant d’atteindre le Bandundu (avec 7 zones de santé affectées), l’Equateur (20 zones de santé affectées) et Kinshasa (18 zones de santé touchées).
Sur tout l’ensemble du pays, 4 639 cas ont été détectés pour 7% de létalité. On note aussi que cette épidémie, jadis éradiquée, est toujours en pleine évolution dans deux provinces (Equateur et Kinshasa).
En dépit du danger que représentent toutes ces maladies, particulièrement le choléra, le gouvernement semble ne pas s’occuper de la sensibilisation de la population. En effet, les efforts du gouvernement devraient être concentrés sur cette sensibilisation pour mettre la population en garde contre tout risque à prendre en cas de négligence sur les mesures hygiéniques à observer quotidiennement.
Le risque est d’autant plus grand que d’ici à quelques semaines, c’est le retour des pluies. Kinshasa et ses habitants étant ce qu’ils sont et ce qu’ils font, la crainte d’une propagation rapide des épidémies est fort à redouter.
Kléber Kungu



Le recteur Mgr Ngoy Bolia : « Donnez de la valeur à vos diplômes »

Cérémonie de collation des grades académiques à l’UPC
Le recteur Mgr Ngoy Bolia : « Donnez de la valeur à vos diplômes »
« Ce que je vais vous demander, c’est de donner de la valeur à vos diplômes par votre façon de vous comporter dans la société et de votre agir, car une chose – et la plus importante – c’est d’avoir son diplôme, une autre chose – et la plus importante - c’est de savoir faire la combinaison entre le diplôme obtenu et le savoir-faire et le savoir-être ». Le recteur de l’Université protestante au Congo (UPC), le professeur Mgr Ngoy Boliya s’adressait ainsi aux 445 lauréats gradués et licenciés des facultés de théologie, d’administration des affaires et sciences économiques, de droit et de médecine, le samedi 6 août, à l’occasion de la cérémonie officielle de collation des grades académiques 1ère session 2010-2011.
Au cours d’une grande cérémonie officielle de proclamation des résultats et collation des grades académiques 1ère session 2010-2011 organisée par l’UPC, qui a vu 445 lauréats, dont 216 gradués, 2 219 licenciés et 10 agrégés d’enseignement moyen du degré supérieur, décrocher leurs diplômes, le Pr. Mgr Ngoy Boliya, recteur de cette institution, les a encouragés à honorer et à valoriser ces ‘’papiers imprimés et signés et contresignés par le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU), Mashako Mamba, présent au cours de cette manifestation.
« Ce que je vais vous demander, c’est de donner de la valeur à vos diplômes par votre façon de vous comporter dans la société et de votre agir, car une chose – et la plus importante – c’est d’avoir son diplôme, une autre chose – et la plus importante - c’est de savoir faire la combinaison entre le diplôme obtenu et le savoir-faire et le savoir-être », a-t-il déclaré dans son mot de circonstance.
Quelques instants auparavant, le représentant des lauréats, a adressé un tel vœu à ses collègues. « Nous reconnaissons que nous nous engageons à être en tout lieu et en tout temps les porte-étendards de la science et de la conscience acquises durant notre cursus à l’Université protestante au Congo. Car, a-t-il reconnu, avoir le diplôme, c’est une chose, le défendre, c’en est une autre. »
Les professeurs, par la voix du recteur et les étudiants, par celle du représentant des lauréats, ne cessent de reconnaître la qualité de la formation dispensée à l’UPC. Les retombées sont telles que les finalistes de cette institution privée sont sur le marché de l’emploi comme des arachides devant une poule ou une souris devant un chat : ils ne traînent jamais dans le chômage.
« Nous savons que les finalistes de l’UPC ont une bonne presse et sont bien appréciés dans leurs lieux professionnels », a reconnu le recteur Ngoy Boliya. Celui-ci est convaincu de la place qu’occupe son institution dans le monde universitaire et dans l’opinion et le marché de l’emploi. Il n’hésite pas à être « convaincu que l’UPC est classée parmi les meilleures institutions de notre pays à l’heure actuelle. »

Qualité de la formation
L’appréciation que les consommateurs font des produits made in UPC procède de la qualité de la formation dispensée dans cette institution et de la rigueur, la discipline qui l’accompagnent. Le représentant des lauréats l’a reconnu sans ambages. « Dans cette ambiance de compétition, de travail et d’efforts, le moins que l’on puisse affirmer, sans l’ombre d’un doute est que devenir licencié ou gradué, surtout au sein de l’Université protestante au Congo n’est pas une sinécure. Et sans vouloir exagérer, cela relève de la croix et de la bannière. En effet, l’UPC a une tradition d’exigence de l’excellence pour décerner ses diplômes », a avoué celui qui s’exprimait au nom de ceux, comme lui, ont peiné pour obtenir le parchemin.
Cette rigueur et cette discipline qui caractérisent la formation à l’UPC peuvent expliquer le faible pourcentage des résultats de chaque année académique. Cette année académique, par exemple, « pour l’ensemble des finalistes de 2 cycles de 4 facultés, sur un effectif de 2 077 étudiants ayant pris part à l’examen de la première session, 423 [seulement] ont réussi et 1654 sont ajournés, soit 20% de réussite et 80 % d’échecs », s’est plaint le professeur Ngoy Boliya.
Un phénomène qui a encore de beaux jours devant lui. En effet, en dépit des efforts que les autorités académiques de l’UPC déploient pour l’endiguer, le phénomène reste permanent chaque année académique. « Il est malheureux de constater que chaque année, les résultats de la première session ont été toujours très faibles à ceux de la 2ème session », a-t-il déploré. Mais comment « expliquer l’écart entre les résultats de la première et ceux de la deuxième session ? Une grande question sans réponse », a constaté le recteur de l’UPC. Qui, dans un aveu d’échec, semble baisser la garde. « Il y a plusieurs facteurs qui justifient ce phénomène. Mais nous avons le regret de constater que, malgré nos efforts d’inciter les étudiants à travailler dès la première session, cette situation ne change jamais », a-t-il avoué, tout en expliquant que les étudiants finalistes, qui ont entre les mains les examens, le stage et le mémoire, préfèrent privilégier « les examens et décident de revenir en seconde session pour terminer le stage et le mémoire. Il y a peu parmi eux qui combinent les examens, le stage et le mémoire.»
Sans doute, l’UPC peut-elle se targuer d’être l’une des rares institutions à former des étudiants, non pour les diplômes, mais pour la vie professionnelle. Ce qui est loin d’être le cas dans bien des institutions de ce pays.
Kléber Kungu

Résultats en bref
Total effectif des étudiants 2010-2011 : 7 603, dont 222 (théologie), 3 808 (AFASE), 2 676 (droit) et 917 (médecine).
Total finalistes : 2 077
Total lauréats : 423
Total ajournés : 1 654
Total facultés : 4 (théologie, administration des affaires économiques et sciences économiques (AFASE), droit, médecine)
Graduat
a) Théologie : 39 candidats, 8 distinctions, 8 satisfactions et 23 ajournés
b) AFASE : 747 candidats, 13 distinctions, 87 satisfactions, 647 ajournés
c) Droit : 127 candidats, 56 satisfactions, 71 ajournés
d) Médecine : 130 candidats, 4 distinctions, 40 satisfactions, 86 ajournés
Licence
a) Théologie : 51 candidats, 14 distinctions, 21 satisfactions, 16 ajournés
b) AFASE : 301 candidats, 9 distinctions, 39 satisfactions, 253 ajournés
- Sciences économiques : 87 candidats, 2 grandes distinctions, 3 distinctions, 17 satisfactions, 65 ajournés
- Microfinance : 20 candidats, 2 grandes distinctions, 5 distinctions, 2 satisfactions, 11 ajournés.
c) Droit : 343 candidats, 16 distinctions, 86 satisfactions, 241 ajournés
Agrégation : 10 candidats agrégés en enseignement moyen du degré supérieur, 1 grande distinction, 6 distinctions et 3 satisfactions.
Trois prix de meilleurs lauréats en théologie avec 77%, en AFASE (économie monétaire) avec 85% et en droit avec 76%.

Au contact des cholériques de Maluku et de Kingabwa

Vendredi 5 août
Au contact des cholériques de Maluku et de Kingabwa
24 heures après le café de presse sur la situation des épidémies en RDC, un groupe de journalistes a visité deux sites de Kinshasa où sont soignés les malades de choléra –les cholériques : le Centre de traitement du choléra (CTC) de Maluku, à 80 km à l’Est de Kinshasa et celui de Kingabwa, un des quartiers de la commune de Limete. Ici et là, nous étions en contact des malades – en tout, une vingtaine. Si leur physique est touché, leur moral, par contre, est haut : leur prise en charge par des ONG – Coopi (Cooperazione internazionale) et Unicef (à Maluku) et Médecins sans Frontières (à Kingabwa), du reste gratuite, est si assurée qu’ils n’ont aucun souci. Grâce au Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), nous avons découvert un autre monde le vendredi 5 août caractérisé par une observance stricte des règles d’hygiène à chaque instant, aussi bien par les malades, les membres du staff que par les visiteurs. Nous vous le faisons découvrir.
Après environ une heure de route, nous atteignons Maluku. C’est le docteur Charles Kalambayi Baleja, coordinateur médical Coopi, chargé du Projet d’urgence de la lutte contre le choléra, qui nous accueille. Arborant un polo blanc frappé de « Unicef » et « de Coopi », il est rassurant, face à la crainte de certains journalistes de faire leur dernier voyage à Maluku, le spectre du choléra étant manifeste. « Ne vous en faites pas. Toutes les dispositions sont prises. Voyez, nous n’avons pas de choléra ».
C’est en réalité dans une sorte de camp constitué de tentes frappées de « Unicef » que Dr Charles Kalambayi, accompagné de quelques membres de son staff, nous invite à visiter. Auparavant, comme à toute personne qui pénètre dans une zone dangereuse, il dicte les dispositions hygiéniques et ‘’sécuritaires’’ à suivre : à l’entrée et à la sortie de chaque zone ou pavillon, les visiteurs sont obligés de se laver les mains, de se faire pulvériser le dessous des chaussures à l’eau chlorée, après avoir marché sur le pédiluve (bac) contenant également de l’eau chlorée planté à chaque entrée. Je commets ma première faute et notre guide me rappelle à l’ordre. Alors que je dois me laver les mains, mon calepin sous l’aisselle, je place mon stylo à bille entre les lèvres. « Ne portez jamais quelque chose de la main à la bouche », me conseille le guide.
Nous visitons successivement la salle de tri, une sorte de réception où, une fois ici, les malades sont triés selon trois plans A, B et C dont dépend leur état de santé ou degré de maladie, de déshydratation (les plus graves sont acheminés dans C d’où ils sortent pour le B après 3 heures avant d’atteindre le A). Les trois plans sont dans la zone Isolement. On ne trouve qu’une seule malade au plan A, une voyageuse en provenance de Kwammouth pour Kinshasa, en voie de sortie. Mme Peko Bokungu, 33 ans, du village Ndombe, qui y est internée depuis 4 jours, nous raconte comment a commencé. Elle a cru, faute d’information, qu’elle souffrait de l’amibiase, avec beaucoup de diarrhée. Elle a déclaré avoir fait 5 jours de traitements individuels avant de se présenter au CTC de Maluku. Et pourtant, au cours de son voyage, on interdisait aux voyageurs de boire l’eau contaminée du fleuve et de ses affluents par, selon l’opinion, la diarrhée rouge.
La malade nous déclare que Kwammouth doit compter à ce jour beaucoup de malades, étant donné la grande ignorance de ses habitants sur le choléra. Et le Dr Charles Kalambayi nous informe que les 20 derniers malades sont des voyageurs venus du Bandundu et de l’Equateur.
De là, nous nous dirigeons à l’endroit où tout le monde est obligé de terminer sa course terrestre : la morgue, avec une capacité de 3 corps. Les journalistes sont presque étonnés de voir une morgue. Et pourtant c’est l’évidence. En effet, depuis l’installation du CTS de Maluku le 11 juillet, alors que l’épidémie a commencé le 13 juin, il y a déjà eu 85 cas, contre 6 décès, tous n’étant pas morts au CTS. Ici, nous annonce le Dr Charles Kalambayi, le principe est sacré : le mort ne sort plus jamais par la porte d’entrée.
Par la suite, notre guide nous montre l’endroit où sera érigée une tente de convalescence pour accueillir les malades en instance de sortie. Nous voici devant la salle de lavage des malades où des filles. Lorsque nous arrivons au point de gestion des déchets liquides et solides, mes confrères se mettent un plus loin, de peur de sortir de cet endroit avec ce qu’ils redoutent le plus. Le coordinateur médical Coopi, chargé du Projet d’urgence de la lutte contre le choléra nous rassure de nouveau : il n’y a rien à craindre…
Nous visitons aussi les latrines. Mes confrères observent les mêmes précautions. Fini un peu la peur lorsque nous visitons les différents dépôts de médicaments et autres intrants (chlore), les douches, le bureau administratif. Comme si le choléra ne franchit pas ces barrières…
Coopi travaille avec l’Unicef qui le finance. Cette ONG internationale se charge de la prise en charge des malades, alors que d’autres ONG comme Solidarités et la Croix-Rouge s’occupent de la sensibilisation de la population et de désinfection des bateaux en provenance des zones contaminées.

Salutations au coude au CTC de Kingabwa
Immédiatement, après le CTC Maluku, nous sommes au CTC de Kingabwa. Où nous sommes accueillis par Rodin Meldrun, de MSF, qui ne perd aucune seconde pour nous dicter les règles d’hygiène de base à observer dans son CTC. « Les choses qui touchent le sol doivent être désinfectées », dicte-t-il, arborant une sorte de gilet frappé d’insignes de MSF. « Pour le premier tour de salle, pas de caméra, pas de photo », ajoute-t-il.
Ici, toutes les dispositions nécessaires sont prises pour éviter d’attraper le choléra : l’on se salue, non les paumes de main, mais par des coudes. Les deux bras pliés se saluent au moyen des coudes pliés.
C’est le Dr Olivier Mongana, responsable de la prise en charge au CTC de Kingabwa, qui assure la visite guidée. Suivi de tout le staff de MSF, dont Patient Ligodi, le chargé de la communication.
Ici, il y a deux entrées : l’entrée du staff et celle des visiteurs. Comme au CTC de Maluku, ce sont les mêmes règles hygiéniques qui nous guident dans ce CTC de 4 blocs : Zone neutre, réception ou triage, hospitalisation et convalescence.
Les malades du CTC de Kingabwa viennent des zones de santé de toutes les communes de Kinshasa, principalement de la commune Limete, quartier qui porte le nom du CTC, de Kimbanseke (quartier Kingasani), de Masina 1 et 2, et sont observés pendant 6 heures. La fréquence d’arrivée de malades est de 8 patients par jour
A la salle d’observation, nous rencontrons deux malades : un bébé et une jeune fille. Dans la salle d’hospitalisation (isolement), qui comporte deux salles, nous rencontrons une dizaine de patients : enfants, femmes et hommes. En pleine réhydratation. Tandis qu’à la convalescence, il y a 5 patients. Au 5 août, la capacité d’accueil est 39 lits, avec une prévision de 50 lits.
Nous faisons la visite avec une discipline : ne suivre que les couloirs de cailloux aménagés dans l’enceinte du CTC.
Le CTC de Kingabwa, qui existe depuis le 23 juillet, couvre toute la ville de Kinshasa avec ses 35 zones de santé. A ce jour, il a déjà reçu 158 cas, contre 4 cas de décès.
C’est Médecins Sans Frontières (MSF), une organisation médicale humanitaire internationale, avec le ministère de la Santé, qui intervient dans la prise en charge des malades.
Pour Robin Meldrum, chargé de communication au MSF, le risque reste élevé quant à la propagation de l’épidémie à Kinshasa (précarité, promiscuité…), bien que la prise en charge soit bien assurée. Il a relevé des lacunes dans les réponses globales à donner à la problématique de choléra car, déplore-t-il, les réponses ne se font pas à 100% à Kinshasa et le long du fleuve Congo. Il ajoute que les intrants de base, notamment le SRO, le chlore, ne sont pas disponibles dans les structures de l’ouest du pays. Il souhaite également la formation du personnel médical pour bien assurer la prise en charge. Tous les partenaires impliqués dans la lutte contre le choléra, le ministère de la Santé en tête, sont appelés à bien conjuguer leurs efforts dans ce combat.
Robin Meldrum et moi nous séparons par la salutation au coude. Convaincus que chacun quitte l’autre sans se faire contaminer.
La grande crainte à avoir devant le choléra est de ne pas observer les règles qui luttent contre cette épidémie. C’est ce que le Dr Charles Kalambayi nous répète pratiquement au cours de cette visite guidée. « Nous, on se lave les mains même pendant mille fois », a-t-il déclaré. Comment ne pas prendre ces précautions qui ne coûtent presque rien lorsque le choléra est comparé à une bombe. « Nous sommes comme assis sur la mine [prête d’exploser à tout moment, NDLR] », a lâché ce jeune médecin. C’est pourquoi, pour éviter que cette bombe explose et emporte ceux qui luttent contre elle, tout est mis et tout se fait comme une montre suisse.
Les règles d’hygiène de base sont suivies à la lettre et que la visite d’un CTC est un circuit où l’on ne sort pas par où on entre et qu’à chaque étape, le respect scrupuleux de ces règles est de rigueur : lavage des mains, trempage et pulvérisation des chaussures à l’eau chlorée.
Se laver régulièrement les mains avec du savon, après les selles, bouillir l’eau à boire ou la désinfecter avec de l’eau de Javel… Bref, faire de sa propreté et de celle de son environnement une préoccupation majeure, voilà la culture que les Congolais doivent désormais intérioriser dans leurs pratiques quotidiennes. Comme on dit, les conséquences enseignent mieux que les conseils, les deux malades interrogées aux CTC de Maluku et de Kingabwa, mesdames Peko Bokungu et Pélagie, ne jurent que par l’observance stricte des règles d’hygiène à la sortie des CTC, notamment : bouillir l’eau avant de la boire, se laver les mains avec du savon après les selles, chauffer la nourriture avant de la consommer, bouillir les habits… Le gouvernement congolais doit accompagner ses administrés dans cette voie dont dépend largement leur vie.
Kléber Kungu

Le parlement en session extraordinaire du 6 août au 4 septembre

Annexe de la loi électorale
Le parlement en session extraordinaire du 6 août au 4 septembre
Le Parlement sera en session extraordinaire du 6 août au 4 septembre. Ainsi en ont décidé les bureaux de deux chambres du Parlement congolais. Au cours de cette session, les deux chambres vont se pencher essentiellement sur le projet de loi portant annexe à la loi électorale et les projets de loi non encore traités.
Le projet d’annexe à la loi électorale a été adopté par le gouvernement, samedi 30 juillet. Il est destiné à compléter la loi électorale qui, jusque là, ne fixe pas la répartition des sièges par circonscription électorale.
Cette annexe à la Loi électorale se fera en deux étapes. La première étape, concernant la répartition des sièges à l’Assemblée nationale. La détermination d’un quotient électoral fixe qui a été fixé à 64 049 électeurs pour un siège, chiffre obtenu en divisant le nombre total d’électeurs enrôlés, soit 32 024 640 par le nombre de sièges à pourvoir à l’Assemblée nationale (500) : l’attribution aux provinces de sièges en divisant le nombre d’électeurs de la province au quotient électoral, l’affectation des sièges supplémentaires éventuels aux provinces ayant la décimale la plus élevée en regard du nombre de sièges obtenus jusqu’à l’obtention de 500 sièges.
Quant à la seconde étape, la répartition des sièges par circonscription électorale à l’intérieur de la province par l’attribution à chaque circonscription d’un nombre de sièges égal au nombre total des électeurs enrôlés divisé par le quotient électoral, l’attribution d’un siège d’office à toutes les circonscriptions ayant un nombre d’électeurs inférieur au quotient électoral, et l’affectation des sièges supplémentaires éventuels aux circonscriptions ayant la décimale la plus élevée en regard du nombre de sièges obtenus jusqu’à l’obtention du total des sièges attribués à la province.

Répartition des sièges par province
Par comparaison avec les élections de 2006, la répartition des sièges à la suite de la révision du fichier électoral pour les élections de 2011, se présente de la manière suivante : Sud-Kivu, conserve le même nombre de sièges qu’en 2006, soit 32, 5 provinces connaissent un accroissement de nombre de sièges. Il s’agit notamment de l’Equateur qui engrange 4 sièges, le Katanga : 3 sièges, le Kasaï occidental : 2 sièges, ex-æquo avec le Kasaï oriental, le Maniema. Par contre, 5 autres provinces enregistrent une diminution du nombre de sièges. Il s’agit de Kinshasa : 7 sièges, du Bandundu : 2 sièges, ex-æquo avec la Province Orientale, le Bas-Congo : 1 siège ex-æquo avec le Nord-Kivu. Comme qui dirait, les 13 sièges perdus par les 5 dernières provinces ont été récupérés par les 5 premières provinces.
Jamais processus électoral n’a jamais provoqué autant de revendications de la part des partis de l’opposition. Ce qui explique certainement l’organisation des rencontres et autres colloques et forums à travers le pays pour préparer les uns et les autres à affronter ces élections avec beaucoup plus de sérénité.
A Mbuji-Mayi, par exemple, il se tient un colloque pour des élections apaisées organisé à l’attention des acteurs politiques et de la société civile sur le thème « Dynamique des élections apaisées en RDC.»
A l’ouverture de ce colloque, le gouverneur du Kasaï oriental, Ngoyi Kasanji a déclaré qu’ «Il ne faut pas que les candidats se préparent à refuser les résultats des urnes», espérant qu’à travers ce colloque, « tous les acteurs comprendront les règles de jeu et nous aurons des élections apaisées au Kasaï-Oriental et tout le monde acceptera les résultats des urnes.» Selon lui, la démocratie n’est pas synonyme de l’intolérance politique
Appelant tous les acteurs politiques à l’unité, malgré leurs divergences d’opinions, Ngoyi Kasanji a affirmé que «la tolérance exige qu’un candidat présente son projet de société et qu’il respecte aussi celui de son concurrent. C’est de cette façon que nous aboutirons à la compréhension de la démocratie et les règles de jeu afférents.»
C’est la Monusco, en collaboration de la Céni, qui organise ce colloque qui intervient après des tensions observées dans la province du Kasaï Oriental ces derniers jours.
Par ailleurs, à Kinshasa, une matinée d’information est organisée pour les femmes politiques au sujet du dépôt des candidatures. En effet, c’est à partir de jeudi 4 août que la Commission électorale nationale indépendante (Céni) devrait commencer à recevoir et traiter les candidatures pour les scrutins présidentiel et législatif de novembre 2011. La veille, la Ligue des femmes congolaises pour les élections, une plateforme de réflexion, a organisé à Kinshasa une matinée d’information à l’intention des femmes politiques.
Au cours de cette matinée, il était question ’expliquer aux éventuelles candidates comment constituer un dossier valable à déposer à la Céni.
Selon Odette Disu, conseillère juridique de cette institution et l’une des oratrices du jour, le candidat doit remplir certaines conditions d’ordre administratif, juridique et financier pour que son dossier soit valable.
«La première condition, c’est d’être électeur, c’est-à-dire, d’avoir la carte d’électeur, avoir la nationalité congolaise, avoir l’âge requis, payer la caution, déterminée selon le type des élections, présenter aussi certaines pièces scolaires, telles que les photocopies du diplôme de graduat pour les élections présidentielle et législatives, ou à défaut [de ces titres], présenter un certificat de service rendu dans les domaines de la politique, de l’économie et de la culture. Il faut également quatre photos passeport, à déposer au bureau de réception et de traitement des candidatures.»
Entre –temps, alors que la Céni se dit toujours prête à organiser les élections dans le délai, appuyée par certains partis politiques de l’opposition qui ne veulent pas entendre parler d’un quelconque report du scrutin, le président du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), Azarias Ruberwa, appelle à son report, arguant que tout n’est pas encore prêt pour organiser les élections conformément au calendrier de la Commission électorale indépendante (Ceni).
C’est au cours d’une conférence de presse organisée le mardi 2 août à Kinshasa à l’occasion du 13ème anniversaire de ce parti, que le numéro un du RCD a fait cette déclaration.
«Nous nous rendons compte qu’il y a un grand retard par rapport à certaines opérations [électorales],» a-t-il indiqué. «Le dépôt des candidatures à partir du 4 août que la Céni réclame est impossible parce que c’est à peine qu’elle vient de déposer les annexes de la loi électorale.»
Me Azarias Ruberwa a affirmé que comme le Parlement est en vacances, il faudra attendre son retour pour que ledit projet de loi soit examiné et adopté. Tout ceci, a-t-il ajouté, aura des répercussions sur le calendrier électoral. Selon l’ancien vice-président de la République, les élections présidentielles et législatives devraient être organisées à la fin du mois de février.
«Si la Ceni tient à organiser les élections selon son calendrier, les conséquences seront négatives», a-t-il prévenu.
Tous les ingrédients semblent réunis pour nous attendre à des lendemains très chauds.
Dans la foulée, dans un communiqué publié le jeudi 4 août, le gouvernement des Etats-Unis s’est dit satisfait du déroulement du processus d’enrôlement des électeurs qui s’est achevé dans les délais. C’est un évènement marquant dans le cycle électoral, lequel offre, néanmoins, peu de temps pour que les élections se tiennent le 28 novembre 2011 comme prévu, note le communiqué. Garder ce processus sur la bonne voie et dans les délais prescrits dépendra d’un effort concerté. Nous encourageons les parties concernées à faire de leur mieux pour préserver la dynamique qui a été réalisée à ce jour.
« La prochaine étape importante sera l’adoption par l’Assemblée Nationale et le Sénat de l’annexe à la loi électorale qui permettra à ce processus d’aller de l’avant. Nous encourageons tous les partis politiques et les membres du Parlement à s’acquitter de cette tâche le plus vite possible », souligne le document.
Kléber Kungu

Le choléra, la polio et la rougeole tuent encore

Situation épidémiologique en RDC au 4 août
Le choléra, la polio et la rougeole tuent encore
Le choléra, la poliomyélite, la rougeole et les autres événements de santé font encore des victimes parmi les populations en République démocratique du Congo (RDC), en dépit des efforts inlassables que mènent les humanitaires et le gouvernement congolais. Les provinces les plus touchées sont la Province Orientale, le Bandundu, l’Equateur, Kinshasa (le choléra), le Bas-Congo, le Bandundu, le Kasaï occidental, le Katanga (la poliomyélite), le Sud-Kivu et le Katanga (rougeole). Des représentants de l’OMS et de l’Unicef, en parlant de la situation épidémiologique en RDC, l’ont expliqué à la presse le jeudi 4 août dans un café de presse organisé par Ocha.
Des représentants de l’OMS et de l’Unicef ont expliqué la situation de l’évolution épidémiologique du choléra, de la poliomyélite, de la rougeole et de ce qu’ils ont appelé d’ « autres événements de santé, notamment la méningite à Kasongo Lunda, la fièvre Ebola à Dungu, Province Orientale et la fièvre hémorragique au Katanga.
Comparée à la situation de 2010 (84 cas), l’évolution de la poliomyélite de 2011 connaît une diminution avec 64 cas détectés. Les humanitaires ont déployé d’intenses activités de vaccination sur l’ensemble de la RDC.
Quant à la situation de l’épidémie de la rougeole, cette maladie s’est déclarée comme épidémie depuis mars de cette année. Des mesures de la lutte contre cette maladie ont été telles que 64% seulement de couverture ont été assurés contre 80% présenté comme le minimum de couverture attendu. Cette épidémie est notée dans 5 provinces, y compris trois autres contaminées.
Parti depuis mars 2011 de Kisangani, Province Orientale, le choléra a suivi le long du fleuve Congo, avant d’atteindre le Bandundu (avec 7 zones de santé affectées), l’Equateur (20 zones de santé affectées) et Kinshasa (18 zones de santé touchées).
Sur tout l’ensemble du pays, 4 639 cas ont été détectés pour 7% de létalité. On note aussi que cette épidémie, jadis éradiquée, est toujours en pleine évolution dans deux provinces (Equateur et Kinshasa).
C’est pourquoi, les humanitaires en appellent au renforcement des mesures de prévention et de sensibilisation pour contenir l’expansion de cette maladie dite de mains sales.
Les intervenants ont également noté ce qu’ils ont appelé autres événements de santé. Il s’agit notamment de la méningite détectée à Kasongo Lunda avec 23 cas contre 9 décès, l’Ebola à Dungu (Province Orientale) avec un cas dont le test s’est avéré négatif. Le troisième événement de santé est la fièvre hémorragique suspectée au Katanga et dont le test est en cours.
Les humanitaires ont évoqué certaines stratégies à mettre en place pour le contrôle de l’épidémie de choléra. Il s’agit de la surveillance pour détecter les cas. Ici, il importe de mieux sensibiliser la population sur sa responsabilité à informer tout cas suspect. La prise en charge des cas est la stratégie très importante. Il faudra aussi assurer la communication en sensibilisant davantage la population sur ce qu’elle est appelée à faire dans la prévention de la maladie : l’observance stricte des règles élémentaires d’hygiène (se laver régulièrement les mains…)
Dans une ville comme Kinshasa où la crasse est devenue la compagne la plus immédiate et quotidienne des Kinois au point où personne ne semble s’en émouvoir, la sensibilisation de la population doit être l’une de principales préoccupations des autorités. La négligence risque d’être très fatale pour une population qui n’observe plus, dans sa majorité, les règles élémentaires hygiéniques.
Que des pratiques devenues le lot quotidien des Congolais en général, des Kinois en particulier constituent un vecteur sûr du choléra. Observez la prolifération des restaurants de fortune appelés ‘’malewa’’ qui vendent aux clients à manger et des maladies, car sans aucune observance de règles d’hygiène. Voyez comment les mamans vendeuses des pains, des beignets, du sucre, du lait en vrac, de la grillade (poisson, viande…) exposent leurs marchandises à la merci des bestioles qui nous aident à attraper facilement les maladies des mains sales.
Notez aussi comment le Service d’hygiène, dans sa défaillance, encouragée par les autorités du pays, encourage la population à fouler au pied les règles d’hygiène qui étaient, il y a quelques années, d’une observance stricte.
C’est dire que le défi est grand que celui de mettre tout le monde au pas : le gouvernement en tête.
Kléber Kungu

Lutumba Simaro : « Le nom de Simon signifie pouvoir »

Clôture de la Conférence internationale sur Simon Kimbangu
Lutumba Simaro : « Le nom de Simon signifie pouvoir »
Ses parents furent des surveillants kimbanguistes. Son père l’a prénommé Simon. Lorsque sa mère a demandé aux pères catholiques de le baptiser, ils ont refusé. C’est par l’insistance de son père qu’il avait finalement été baptisé. Lutumba Ndomanueno Simaro, que nous avons rencontré le jour de la clôture de la Conférence internationale sur Simon Kimbangu, à laquelle il a été invité, nous a dévoilé un secret : pourquoi les prêtres catholiques avaient refusé de le baptiser avec son prénom de Simon. Le prénom de celui qui est à la base de l’Eglise kimbanguiste dont l’organisation et l’amour des fidèles ont marqué notre interlocuteur. Entretien.

L’Observateur : Papa Simaro, vous êtes au Centre kimbanguiste d’accueil et de conférences de Kinshasa où se déroule la Conférence internationale sur Simon Kimbangu. Pour vous, qui est Simon Kimbangu ?
Lutumba Simaro : Je vous dirai d’abord que je suis né le 19 mars 1938. Mon père et ma mère furent des surveillants kimbanguistes. Mais, moi je suis catholique. Lorsque les prêtres ont voulu me baptiser, ma mère leur a informé que je m’appelais Lutumba Simon. Ce à quoi, les prêtres ont répondu qu’ils ne pouvaient pas me baptiser avec le prénom de Simon. Mon père leur a répondu qu’il m’a fait porter les noms de Lutumba Simon, qui appartenaient à mon oncle. C’est pourquoi, il ne pouvait pas changer de nom. Deux semaines plus tard, les prêtres ont accepté difficilement de me baptiser avec les noms de Lutumba Simon. Quelle est la raison du refus des prêtres ? Durant cette période, papa Simon Kimbangu opérait des miracles. Aussi les Flamands avaient-ils peur [du prénom de Simon, NDLR]. Porter le prénom de Simon veut dire avoir du pouvoir.
Simon Kimbangu est notre prophète. Il a été envoyé par Dieu pour réaliser des œuvres. Si les Flamands en sont arrivés à l’arrêter et à l’emprisonner, c’est parce qu’ils ont eu peur de sa puissance face à leur pouvoir colonisateur.

Pourquoi vous ne vulgarisez pas la pensée de Simon Kimbangu dans vos chansons ?
Ne me posez pas cette question. Je crois que nous prions tous Jésus-Christ. Mais en auditionnant bien nos œuvres, vous suivrez à travers les chansons de Ok Jazz de l’époque que Josky avait chanté ‘’Tata Simon Kimbangu, venez me sauver’’. Avant son entrée dans Ok Jazz, le P.-D.G Verckys est venu de l’Eglise kimbanguiste où il jouait le saxophone. Et dans ses chansons, il chantait Simon Kimbangu. Ecoutez sa chanson ‘’Nakomitunaka’’, il chante ‘’d’où est venu l’homme noir ?’’. Le mal de vous les jeunes, vous les journalistes ou les chroniqueurs musicaux, vous n’allez pas dans la profondeur des chansons pour les analyser en vue de connaître la pensée de l’auteur. Ntesa Nzitani était chantre kimbanguiste, il était l’un des meilleurs compositeurs [de ce pays]. Et depuis sa mort, le timbre de sa voix n’a jamais été remplacé dans ce pays…

Revenons à Simon Kimbangu, papa Simaro, car vous commencez à nous entraîner vers le domaine musical. Le 22 juillet 2011, la Haute cour militaire de Kinshasa a innocenté Simon Kimbangu de griefs dont le Conseil de guerre colonial de Thysville l’avait accusé en le condamnant à mort en 1921. Quel était votre sentiment quand vous avez appris cet arrêt ?

Je ne suis pas sorti de vos questions. Parce qu’en citant Ntesa, Verckys, Josky, parce que vous avez demandé si nous musiciens chantons aussi le nom de Simon Kimbangu. Mais en tant que Congolais et Africain, si on a innocenté Simon Kimbangu, c’est parce qu’eux-mêmes ont compris qu’ils ont tort. Même après beaucoup d’années, ils ont été obligés de l’innocenter. Les Blancs ont voulu nous coloniser jusqu’au niveau spirituel. Nous avons abandonné beaucoup de nos coutumes à cause d’eux. Bien qu’ils nous aient apporté bien du bien, mais ils ont détruit notre pouvoir. Voici ce que mon papa, surveillant kimbanguiste a vécu à l’hôpital ex-Mama Yemo où il était allé rendre visite à un malade. Ce jour-là, la personne était très malade. Après avoir prié, mon père est rentré chez lui. Le jour suivant, il l’a rencontré en bonne santé. Selon le malade, un homme, qui n’a pas dit son nom, l’a tenu à la main. Après avoir prié, il avait dit au malade qu’il allait rentrer chez lui. Cet homme-là n’était que papa Simon Kimbangu.
Les Blancs savaient qu’ils étaient redevables envers nous les Noirs. Il fallait qu’ils lavent leurs mains sales, comme je l’avais chanté dans Eau bénite. Ils ont lavé leurs mains, Dieu leur a pardonné, nous également.

Mais bien des gens trouvent cela inutile. Que pouvez-vous leur dire ?

Je viens de vous dire tout à l’heure que je suis catholique et mes parents kimbanguistes. Chacun est libre de choisir le chemin qu’il veut suivre. Les Congolais doivent savoir une chose : Simon Kimbangu est leur prophète. En se battant, que cherchent les Arabes ? Leur prophète. Il s’agit également d’une question de génération. Il y a une différence entre votre génération et la nôtre. Le Président de la République qui s’est investi dans ce dossier [celui de la reconnaissance de Simon Kimbangu, NDLR) sait le pourquoi. Si le président de la République et beaucoup d’autres autorités de ce pays qui se rendent à N’Kamba, ce que c’est sérieux. Ceux qui n’ont pas encore compris, ils comprendront un jour. Peut-être sera-t-il trop tard.

Papa Simaro, qu’est-ce que qui vous a le plus marqué dans l’Eglise kimbanguiste ?

C’est l’organisation. Regardez l’endroit où vous m’interviewez, regardez cette concession, regardez beaucoup d’œuvres que les kimbanguistes ont réalisées et qu’ils sont en train de réaliser par rapport aux autres que je ne critique pas du reste. Aujourd’hui, l’argent est placé à l’avant-plan. « Que je devienne pasteur pour récolter beaucoup d’argent, pour qu’on m’achète une voiture Mercedes ; c’est parce que je vais utiliser des produits et que les gens vont se mettre à me suivre, les femmes vont tomber amoureuses de moi ». Est-ce qu’ils ont la véritable divinité en eux ? Christ a dit : « Ils vont venir nombreux et ils vont opérer des miracles en mon nom. Mais ce n’est pas moi. » Vous remarquez actuellement une avenue de 100 personnes avec 60 Eglises. Prier n’est pas une mauvaise chose, mais papa Simon Kimbangu n’a pas associé la religion avec la magie. Aujourd’hui, papa Simon Kimbangu mort, ses œuvres continuent. Quand un pasteur meurt, on se dispute l’argent, la parcelle qu’ils ont achetée.
Bref, ce qui m’impressionne beaucoup, c’est l’organisation et cet amour. Rendez-vous dans un lieu de deuil [et vous remarquerez cette organisation et cet amour]. Le jour où mon père était mort, des flûtistes kimbanguistes ont joué jusqu’au matin. Ils ont transporté à la main la dépouille de la maison sise sur l’avenue Isangi n° 226 jusqu’au cimetière de la Gombe. Il en était pareil lorsque ma mère était morte.

N’avez-vous jamais projeté de chanter un jour Simon Kimbangu et le kimbanguiste ?

A cet instant, je dois être franc, cette inspiration n’est pas encore arrivée. Il est encore temps. Aujourd’hui, à l’âge de 73 ans, le corps commence à s’affaiblir un peu, mais le cerveau est encore performant. Je réaliserai ce projet un jour. Mais, ce qui me fait mal, c’est que quand nous avons commencé ce métier, nous avons travaillé l’art pour l’art. Mais les musiciens actuels font de la musique de business. Ils ont beaucoup d’argent. Quand nous avons commencé, nous avions des studios d’enregistrement de 2 pistes, mono, mais tous les instruments étaient audibles. Aujourd’hui, on a des studios de 52 pistes, 60 pistes et ça coûte cher…

C’est pourquoi, il faut avoir des moyens
Oui, mais ces moyens, personne ne nous le donne. Aujourd’hui, la musique est devenue commerciale où des gens investissent pour avoir de l’argent. Allez à Matonge, il n’existe plus de discothèques. A ce jour, beaucoup de données ont changé.
Propos recueillis par Kléber Kungu



mercredi 3 août 2011

Le Pr. Martial Sinda fait docteur honoris causa

Le Pr. Martial Sinda fait docteur honoris causa
Le professeur Martial Sinda, du Congo Brazzaville, a été fait docteur honoris causa par l’Université Simon Kimbangu. Il a le mérite d’être le tout premier universitaire africain à avoir soutenu une thèse sur Simon Kimbangu et le kimbanguisme. Une pléiade d’éminents professeurs ont constitué le jury chargé d’octroyer ce titre honorifique. Il s’agit du Pr. Dr. Elikia M’Bokolo (président), du Pr. Dr. Tshungu Bamesa (secrétaire), du Pr. Dr. Kabengele Munyanga (membre), du Pr. Dr. Dianne M Diakhité (membre), du Pr. Dr. Sabakinu Kivilu (membre) et du Pr. Dr. Mwene Batende (membre).
« Vous ne serez pas seulement, que dis-je, tu ne seras pas seulement le premier Africain honoré par ce grade, tu seras aussi le premier à ouvrir cette série de doctorats honoris causa que nous espérons longue et prestigieuse dans cette université », déclarait le professeur Elikia M’Bokolo, dans une présentation autobiographique en faveur de Martial Sinda.
Il a ensuite justifié le choix fait sur septuagénaire né à M'bamou-Sinda, région de Kinkala, au Congo Brazzaville en 1935. « Nous avons donné notre préférence à ceux des chercheurs qui se distinguent par leur volonté d’innovation, par leur audace, par leur refus des idées reçues et par leur souci de l’excellence. Ce sont ces chercheurs-là que nous avons invités ici et c’est ce modèle de chercheurs qu’incarne notre aîné Martial Sinda », a précisé le président du jury.
Alors qu’il n’a que 20 ans, Martial Sinda qui est à Paris pour des études, côtoyant déjà des célébrités du monde littéraire comme Léopold Sédar Senghor, va publier son premier recueil de poésie intitulé Premier chant du départ, aux éditions Seghers. Ce livre va faire l’effet d’une bombe dans un monde dominé par le colonialisme.
Premier chant du départ va valoir à son auteur des ennuis auprès de la métropole. Mais cela n’empêchera pas d’obtenir un prix colonial qui n’était pas prévu pour les Africains qu’il était. Martial Sinda devenait ainsi le premier poète d’Afrique centrale, d’Afrique noire française couronné par un grand prix.
Ce grand prix est loin de donner des ailes à ce jeune poète. Il va ainsi poursuivre sereinement « le chemin de la décision et de la maîtrise des connaissances : le voilà sur le banc de l’université. A l’époque, il n’y a qu’une seule université : la Sorbonne.
Ayant pris goût à l’écriture, Martial Sinda va réitérer l’exploit en publiant en 1972 « Le Messianisme congolais et ses incidences politiques depuis son apparition jusqu'à l'époque de l'indépendance, 1921-1961 ».
« Je suis donc très heureux, Martial, que tu sois ici aujourd’hui, vivant, à 76 ans, pour recevoir de nous, nous donc l’USK, et nous le Comité scientifique et le Comité d’organisation de cette Conférence sur Simon Kimbangu, de recevoir cet hommage de nous vivant. Je n’aime pas cette habitude africaine qui consiste à négliger des vivants, à laisser les intellectuels croupir dans la misère et l’anonymat pour les honorer avec les grands discours le jour de leur mort. Nous avons décidé que toi, de ton vivant, tu recevrais de nous, ici, à Kinshasa, dans cette salle Mama Muilu, le doctorat honoris causa de l’Université qui porte le nom de cet homme qui a occupé tant d’années de ta jeunesse et tant d’années de toute ta vie… »
La présentation biographique est si émouvante que je vois son épouse, Albertine Mambou qu’il a épousée en 1958, verser quelques larmes. Elle qui lui sert de camerawoman et de photographe au cours de cette cérémonie d’investiture.
Une série de messages laudatifs d’éminents professeurs vont encourager l’heureux récipiendaire. « L’USK a décidé d’honorer l’historien Martial Sinda qui, pendant plus de 40 ans, s’est consacré dans ses préoccupations intellectuelles et scientifiques à la défense et à la promotion africaine et congolaise », a déclaré le professeur Sabakinu Kivilu.
« Je crois que ce titre de docteur honoris causa qui va vous être octroyé par l’USK n’est pas un simple geste de courtoisie ou de travail intellectuel qui flatte l’intelligence. Il s’agit de la reconnaissance académique et politique d’une œuvre de réflexion intelligente engagée sur nos problèmes, une œuvre d’analyse du mouvement messianique… Votre œuvre nous invite à être pilote de notre destin, à sortir de cette position de copilote ou de simple voyageur dans le train vers le développement », a reconnu le professeur Kabengele Munyanga.
C’est d’une voix ferme, dénuée de toute émotion due à ce genre de circonstance que l’heureux récipiendaire, le professeur Martial Sinda va remercier ses collègues, surtout l’Eglise kimbanguiste, par son chef spirituel et l’Université Simon Kimbangu d’avoir pensé à lui. Il a insisté sur le fait que l’œuvre de Simon Kimbangu soit défendue, arguant que « le chef du village meurt, mais le village ne disparaît pas ».
Si le jeudi 28 juillet, Martial Sinda n’a pas cédé à l’émotion, qui était du reste très forte, quelques jours plus tard, le professeur Martial Sinda m’a confié ceci le lundi 25 juillet : « J’ai pleuré de joie en trouvant des bâtiments immenses. J’ai vu des bâtiments et non des huttes ». Il s’extasiait ainsi sur les grandes réalisations de l’Eglise kimbanguiste au sujet de laquelle il avait consacré beaucoup de son énergie.
A 76 ans, Martial Sinda, qui se déplace dans une bicyclette, a le ferme espoir de revenir en RDC, terre du kimbanguiste.
Kléber Kungu

Douze recommandations ont sanctionné les travaux de la Conférence internationale sur Simon Kimbangu

Recommandations
Douze recommandations ont sanctionné les travaux de la Conférence internationale sur Simon Kimbangu
1. Encourager les kimbanguistes à réinstaurer et à concrétiser l’unité de l’Eglise.
2. Créer un centre de documentation et archives à N’Kamba.
3. Faire de la date du 6 avril marquant le début du ministère de Simon Kimbangu une journée chômée et payée sur toute l’étendue de la RDC.
4. Accorder un statut particulier à la cité de N’Kamba, nouvelle Jérusalem, de manière à rehausser davantage sa valeur historique.
5. Accorder l’immunité au chef spirituel et représentant légal de l’Eglise kimbanguiste.
6. Inaugurer à Kinshasa, au coeur de la capitale de la RDC, une statue en l’honneur de Simon Kimbangu.
7. Récupérer et protéger les sites historiques de l’Eglise kimbanguistes, ses concessions, ses domaines et ses diver.
8. Introduire l’histoire de papa Simon Kimbangu et de Kimpa Vita Béatrice Ndona dans les manuels d’histoire de l’enseignement général, secondaire, supérieur et universitaire en RDC, au Congo Brazzaville et en Angola.
9. Promouvoir le développement de l’Université Simon Kimbangu en lui dotant de moyens financiers conséquents en vue de la rendre compétitive sur le plan de recherche.
10. Mettre en place un organe chargé de valider toute publication touchant à la doctrine de l’Eglise kimbanguiste.
11. Former avec rigueur des spécialistes de l’Eglise dans les domaines politique, social et économique.
12. Développer et consolider les recherches scientifiques à travers les réseaux des chercheurs ayant participé à ces assises.

Les conférenciers recommandent une immunité au chef spirituel de l’Eglise

Clôture de la 2ème Conférence internationale sur Simon Kimbangu
Les conférenciers recommandent une immunité au chef spirituel de l’Eglise kimbanguiste
• 12 recommandations
• Un titre de docteur honoris causa décerné au Pr. Martial Sinda du Congo Brazzaville par l’Université Simon Kimbangu
• Un diplôme d’honneur décerné au chef spirituel de l’Eglise kimbanguiste, Simon Kimbangu Kiangani
Douze recommandations, un titre de docteur honoris causa décerné au professeur Martial Sinda, du Congo Brazzaville, le premier Noir africain à avoir défendu une thèse sur Simon Kimbangu, un titre d’honneur décerné au chef spirituel et représentant légal de l’Eglise kimbanguiste, une grande carte géographique représentant la route du calvaire du prophète Simon Kimbangu de N’kamba (Bas-Congo) à Elisabethville, l’actuel Lubumbashi, chef-lieu du Katanga, et celle ayant conduit son corps de Lubumbashi à N’kamba pour son inhumation. Voilà le bilan réalisé par la 2ème Conférence internationale sur Simon Kimbangu dont les travaux de 4 jours (24-28 juillet) tenus dans la salle Mama Muilu de l’amphithéâtre du Centre kimbanguiste d’accueil et de conférences à Kinshasa, ont pris fin le jeudi 28 juillet dans la soirée. Dans une ambiance très festive animée par la très puissante et envoûtante Fanfare kimbanguiste (Faki), devant une foule immense des fidèles de cette Eglise internationale.
C’est pratiquement tous les fidèles kimbanguistes de la ville de Kinshasa qui ont pris d’assaut le Centre kimbanguiste d’accueil et de conférences à Kinshasa pour suivre de visu ce que la centaine d’hommes de science venus de tous les coins du monde (Europe, Amérique, Afrique) ont produit durant 4 jours d’une « Conférence internationale très attendue ».
Tout oreilles et tout yeux, ils ont suivi, comme deux personnes seulement, c’est-à-dire attentivement, la lecture par le professeur Obotela des 12 recommandations faites aux uns et aux autres. Une lecture qui était régulièrement interrompue par une salve d’applaudissements pour saluer la pertinence des recommandations faites par ces hommes de science.
Lorsque le modérateur a annoncé la remise du diplôme d’honneur au chef spirituel et représentant légal de l’Eglise de Jésus-Christ sur la terre par son envoyé spécial Simon Kimbangu (EJCSK), les milliers de fidèles se sont levés comme un seul homme, sous des cris de joie. Quelques séquences de la musique de la Faki ont électrisé le Centre. Il a échu au professeur Elikia M’Bokolo, celui qui a présidé le Comité scientifique et du Comité d’organisation de la Conférence internationale sur Simon Kimbangu (CISK), de réaliser cet acte de grande portée aux yeux des kimbanguistes : la remise du diplôme d’honneur. Le cérémonial qui l’a précédé en a donné une grande valeur religieuse et symbolique. « Les jours passent, mais ne se ressemblent pas en événements », le Pr. Masamba Nkazi a Ngani, recteur de l’Université Simon Kimbangu en a annoncé préalablement les couleurs quelques minutes auparavant dans son mot d’au revoir.
Le diplôme d’honneur reçu, le chef spirituel Simon Kimbangu Kiangani va électriser l’atmosphère, déjà électrique lorsque, d’une voix calme, mais autoritaire et imposante, il va lancer en lingala ces quelques mots « magiques » : « Batata bobuaka kazaka, bamama bobuaka maputa ». Des casques et des pagnes, comme des gros oiseaux multicolores, ont surplombé une foule en délire. Une atmosphère paradisiaque a du coup envahi le Centre.

Message de paix et d’amour
« Aujourd’hui, la CISK nous a réunis. Ce qui nous divisait s’éloigne pour redevenir ce que nous étions. Le monde du mal s’éloigne. Quand un ami est en difficulté, il importe de l’aider… » C’est un message de paix, de réconciliation, d’amour, d’unité que le numéro un de l’Eglise kimbanguiste a adressé, de manière brève, à ses fidèles.
Il va enflammer une atmosphère déjà électrisée lorsqu’il demande aux musiciens de la Faki d’exécuter le morceau « Satana longua » (Satan, dehors !). Les fidèles ne se font pas prier deux fois pour reprendre en chœur ce morceau en accompagnant les musiciens. « Que Satan sorte, qu’il s’en aille. Chez nous, il n’a aucune place », lance celui que les kimbanguistes aiment appeler affectueusement « Papa ». « Dans leurs discours, les professeurs nous ont demandé d’améliorer N’Kmaba. C’est le travail de nous tous. Aimons-nous en reconnaissant Dieu. Et lorsque nous allons lui demander quelque chose, il va nous donner », conclut Papa Simon Kimbangu.
Auparavant, par son directeur de cabinet, qui a lu son mot, Simon Kimbangu Kiangani a exprimé sa reconnaissance et ses remerciements à l’endroit du président Joseph Kabila pour avoir accepté le patronage de la Conférence, pour avoir souligné le rôle joué par Simon Kimbangu, l’avoir élevé au rang de héros national et lui avoir décerné, à titre posthume, la médaille de Grand cordon des Ordres nationaux.
Il a en outre loué le travail réalisé par les hommes de science avec la CISK, qui, selon lui, « va permettre de mieux connaître Simon Kimbangu dans sa philosophie de développement intégral de l’homme noir. »
Des messages de soutien et de félicitations à l’endroit de l’Eglise kimbanguiste ont été également adressés notamment par le vice-ministre angolais de la Culture, Cornelio Caley, qui a reconnu que la tenue de cette Conférence « marque un pas de notre histoire », tout en félicitant ses organisateurs et l’USK, au nom de la ministre angolaise de la Culture et du chef de l’Etat angolais.
Quant à la Dr Sheila Walker, historienne nord-américaine et afrodescendante, elle s’est exprimée en ces termes : « Je suis très impressionnée par l’organisation de l’Eglise kimbanguiste. Je pense que les recommandations vont porter des fruits et que l’Eglise kimbanguiste va occuper la place qui lui revient dans le monde ».
La réussite de la CISK ne passe que par le suivi qui doit être fait des recommandations. Aux uns et aux autres de les appliquer pour que ce grand forum international, le second à avoir été organisé, après celui de 2006, dont bien des recommandations sont encore lettre morte à ce jour.
Kléber Kungu

Sheila Walker : « La culture africaine est à la base de la culture des Amériques »

Conférence internationale sur Simon Kimbangu
Sheila Walker : « La culture africaine est à la base de la culture des Amériques »
Sheila Walker, historienne et ancienne professeure dans plusieurs universités américaines, afrodescendante, a soutenu que la culture des Amériques tire son origine de celle de l’Afrique. L’esclavage et la traite négrière ont contribué dans une large mesure à influencer cette situation. En effet, 45% des Afrodescendants sont venus de l’Afrique centrale.
Tout en soutenant que la culture africaine est bien présente en Amérique, Sheila Walker signale également que la démographie de base du continent américain est africaine. « Il y a eu 500 à 600 millions d'Africains qui sont présents dans le continent ».
Dans le domaine de la technologie, Sheila Walker dément ceux qui soutiennent que les Africains n'ont rien apporté en ce sens. Pour elle, le premier transfert de technologie aux Etats-Unis est venu des Africains. Elle souligne, en ce sens, que la technologie du riz découverte sur les rives de la Sénégambie a été, par la suite, exportée aux Etats-Unis.
En outre, l’historienne a soutenu que beaucoup de noms se retrouvent aussi bien dans la langue américaine que dans les langues d’autres pays, faisant remarquer que Congo, Angola entre autres sont les noms les plus utilisés aux Amériques.
Par ailleurs, Sheila Walker a souligné l’importance des Eglises indépendantistes dans l’émancipation des Afrodescendants, tout en relevant que l’Eglise a plusieurs objectifs sociaux, économiques, politiques. Lieu de perpétuation de la tradition africaine et lieu d’entretien de la musique, voilà les deux fonctions de l’Eglise, selon Sheila Walker.
Cependant, avec la sensibilisation qu’il y a eu au sein des Afrodescendants, il s’est créé un mouvement des rassemblements depuis 1967. Cela s’est concrétisé par les nombreux festivals organisés par-ci, par-là, notamment au Congo Brazzaville Fespaco).
Soutenant son idée sur laquelle Sheila Walker est revenue, elle a déclaré qu’ « on se connaîtra sans se connaître », tiré d’un poème. « Sans venir en Afrique, sans voyager, a-t-elle avoué, je n’aurai jamais compris la société africaine aux Amériques». Dans un appel d’interpellation, elle a invité l’Afrique à comprendre « son rôle dans la création du monde atlantique ».
En termes plus clairs, les Africains doivent comprendre qu’ils ont contribué énormément dans la création du monde, contrairement aux clichés négatifs faits constamment sur eux, comme quoi, ils n’y ont rien apporté.
L’ethnologue en voie de devenir cinéaste, comme elle l’a déclaré elle-même a laissé à ses frères et sœurs Africains un message d’espoir. « Nous allons revenir pour reconstruire l’Eglise ». En attendant, elle a annoncé avoir apporté des livres.
A tout prendre, le message de Sheila Walker est une interpellation à l’endroit des Africains pour qu’ils puissent connaître ce qu’ils sont réellement, pour montrer ce qu’ils ont apporté à la culture atlantique. Les Africains ne doivent plus continuer à se minimiser car leur contribution à la marche de ce monde est grande. Comme quoi, « la culture africaine est à la base de la culture des Amériques ».

Kléber Kungu