jeudi 18 août 2011

Tout le monde souhaite des élections apaisées

Processus électoral
Tout le monde souhaite des élections apaisées
« Des élections apaisées », voilà le leitmotiv qui revient sur les lèvres de la plupart des Congolais épris d’esprit pacifique. Des personnes aussi bien physiques que morales ne jurent que par des élections apaisées. Pour cela, tout se fait pour que le vœu des uns et des autres se réalise : séminaires, colloques et autres formations sont mis à contribution comme moyens d’y parvenir. Tout récemment, les confessions religieuses ont lancé un appel pour des élections apaisées.
La plate-forme de chefs des confessions religieuses en République démocratique du Congo (RDC) s’est réunie le mardi 9 août à Kinshasa et a appelé les Congolais à organiser des élections apaisées. Le rapporteur de cette plate-forme, l’abbé Léonard Santedi, invite les candidats à s’engager dans les prochains scrutins sur base d’un projet de société, selon Radio okapi.net
«Les candidats devront s’en tenir au verdict des urnes. Les acteurs politiques doivent faire preuve de vertu démocratique », a lancé l’abbé Léonard Santedi au nom de tous les chefs religieux de sa plate-forme.
Pour cet homme de Dieu, le gouvernement est appelé à faire de la réussite des élections un point d’honneur et à prendre des mesures sur la transparence des sources de financement de la campagne. L’abbé Léonard Santedi appelle aussi le gouvernement à sécuriser la population et les candidats tout au long du processus électoral.
La société civile congolaise s’est également investie pour avoir des élections apaisées dénuées de toute violence. Elle s’est engagée, par conséquent, à mener une campagne pour la paix lors des prochaines élections. A ce sujet, un atelier d’information et de sensibilisation sur le mandat de la Monusco et le rôle de la société civile dans le processus électoral a été dernièrement organisé. Les participants à cet atelier ont déclaré vouloir des élections apaisées.
Les membres des ONG, associations et syndicats, qui ont participé à cet atelier, ont estimé que la paix est l’unique bien précieux qu’il faudrait préserver lors des prochaines élections, selon la même source.
Junior Tshiteya, manager de l’ONG Washiba, a affirmé que la paix est une valeur fondamentale qui fédère tout le monde et va au-delà de tous les intérêts politiques. «Les autres [formations politiques] mèneront des campagnes pour leurs candidats respectifs. Nous, nous mèneront une campagne pour la paix,» a-t-il déclaré, indiquant que les femmes allaient être les responsables de cette campagne. Tout en demandant aux femmes de se mobiliser et de prendre conscience que «c’est à elles de garantir la paix», le numéro un de l’ONG Washiba a précisé que selon la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies, les femmes demeurent « le socle préventif des conflits ».
«Nous voulons prévenir un conflit électoral et nous voulons que les femmes s’y mettent», a-t-il prévenu.
Comme ragaillardies par l’invitation de l’ONG Washiba, les femmes, réunies dans un réseau des femmes défenseurs des droits des humains, ont plaidé pour des élections apaisées. La présidente de l’ONG «Femme Solidaire pour la paix et le développement», Desy Furaha, dont le réseau s’était réuni autour de la problématique des droits des femmes en RDC, en début d’août,
a affirmé qu’en RDC, les femmes ont été les principales victimes des conflits armés, estimant que les femmes voulaient des élections pacifiques pour ne pas retomber dans des guerres civiles.
Au mois de juillet, une série d’ateliers de formation pour des élections démocratiques et apaisées avaient été organisées dans la province de l’Equateur.
La sous-section de Gemena de la section électorale de la Monusco avait organisé un atelier de sensibilisation à l’opération d’enrôlement des électeurs auquel avaient pris part cinquante personnes. Celles-ci étaient issues des associations féminines, de la société civile et des partis politiques. Les notables et les autorités administratives y avaient participé aussi.
L’atelier avait ainsi inauguré la série d’ateliers de formation et de sensibilisation sur le processus électoral organisé par la section électorale de la Monusco et sa sous-section de Gemena, en collaboration avec le secrétariat exécutif provincial de la Commission électorale indépendante (Ceni)/Equateur.
Le but de ces ateliers de formation est de préparer les acteurs politiques et de la société civile pour la tenue des élections démocratiques, libres, crédibles, transparentes, apaisées et sécurisées dans la province de l’Equateur. Ils sont organisés à l’intention du Collectif des femmes de l’Equateur (Colfeq), du Forum des partis politiques et des différentes associations des jeunes de la province.

Le Rwanda aussi pour des élections apaisées
A l’issue d’une récente rencontre à Gisenyi entre les ministres congolais des Affaires étrangère, Alexis Thambwe Mwamba et sa collègue du Rwanda, Louise Mushikiwabo, le gouvernement rwandais s’est engagé à coopérer avec la RDC pour que le processus électoral congolais ne soit pas perturbé à partir du territoire rwandais. «Le Rwanda nous a assurés de son appui pour éviter que des perturbateurs puissent, au départ de ce pays, gêner le processus électoral», a déclaré le ministre congolais des Affaires étrangères de retour d’une visite officielle à Gisenyi au Rwanda.
Au cours de cette rencontre, les deux ministres ont évoqué le point sur l’ensemble de relations de leurs pays en mettant l’accent sur les questions de sécurité dans la partie orientale du pays, les deux Kivu, à la veille des élections.
« Nous avons expliqué à la partie rwandaise que notre pays va aller aux élections, et qu’il est extrêmement important que cette partie du pays puisse participer pleinement à ces élections et que nous soyons assurés du concours du Rwanda pour éviter toute perturbation dans la région », a déclaré Alexis Thambwe Mwamba.
Entre temps, des dispositions sont en train d’être pour que ces élections se tiennent dans la paix. La communauté internationale s’implique dans cette logique en aidant la RDC à réformer sa police.
Aussi la RDC et la Grande Bretagne ont-elles mis sur pied un programme de réforme de la police congolaise. La première réunion du comité de pilotage de ce programme, tenue mardi 9 août à Kinshasa, a permis de définir les objectifs de ce programme: mettre en place une police de proximité et respectueuse des droits de l’homme et améliorer les rapports entre la police et les citoyens. Selon les experts internationaux, acteurs étatiques et non étatiques conviés à cette réunion, pour concrétiser ce projet de réforme de la police nationale congolaise, il faudra former et sensibiliser les différents acteurs impliqués dans le secteur de la sécurité et de la justice, notamment sur les notions des droits de l’homme.
Ledit programme prévoit le renforcement des capacités du ministère de l’Intérieur et Sécurité dans le domaine de la logistique, de la formation de base et de la lutte contre les violences sexuelles.
D’autres acteurs sont également visés par ce programme, notamment ceux du Parlement, de la société civile et des assemblées provinciales. Il s’agit d’un programme pilote qui concerne dans un premier temps trois provinces du pays: le Bas-Congo, le Kasaï-Oriental et le Sud-Kivu.
L’échéance de ce programme va de 2012 à 2014.
Les nombreux appels à des élections apaisées sont consécutifs au climat brumeux qui semble prévaloir lors de la campagne électorale qui a déjà donné ses couleurs. Alors que la Céni n’en a pas encore donné le coup d’envoi, certains partis politiques se sont déjà lancés dans une campagne qui risque d’être tout, sauf apaisée. Invectives, injures, provocations, diabolisation…sont déjà au rendez-vous, par des médias interposés. Comment sera la campagne électorale dont les ingrédients sont déjà réunis ? Et si les uns et les autres appellent à l’acceptation des résultats des urnes dans toute sportivité, un tel discours suffit pour éviter des contestations violentes à la publication des résultats ? D’autant plus qu’avant même le lancement officiel de la campagne électorale, les uns et les autres se disent rassurés de leur victoire, accepteront-ils de perdre ces élections qu’ils sont remportées d’avance ?
Kléber Kungu

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