dimanche 27 juin 2010

Pétrole de l’Ituri: la société civile s’oppose au contrat de Caprikat

Le gouvernement doit réparer l’erreur commise
Pétrole de l’Ituri: la société civile s’oppose au contrat de Caprikat
Le dossier de ce que nous pouvons appelé « le pétrole de l’Ituri » prend une allure de plus en plus sérieuse. Aujourd’hui, la contestation de la population de l’Ituri est telle que le dossier devient un véritable bras de fer entre elle et le gouvernement congolais. En l’espace de moins d’un mois, la société civile vient de montrer son opposition sur ce dossier aux contours très flous. Le 18 juin, elle a adressé un mémo aux autorités politiques du pays avant de revenir à la charge le 24 juin par une déclaration. Les deux documents révèlent les irrégularités qui entourent le contrat liant le gouvernement congolais à Caprikat sur l’exploitation du pétrole de Graben Albertine.Par ce dernier document, la société civile de l’Ituri vient de donner de la voix en s’opposant au contrat que le gouvernement congolais par le ministère des Hydrocarbures a signé avec la société Caprikat et en demandant au Président Joseph Kabila de ne pas approuver par ordonnance, conformément aux dispositions légales, ce bradage des ressources pétrolières de la RDC.
Dans un mémo rendu public mercredi 23 juin à Bunia, la Société civile de l’Ituri demande au président Joseph Kabila de ne pas cautionner le nouveau contrat agréé le 2 juin par le gouvernement congolais en faveur de la compagnie pétrolière Caprikat. Ce contrat octroie à cette entreprise l’exploitation des blocs pétroliers 1 et 2 du Graben Albertine. Qui a floué qui dans ce dossier ? S’interroge l’opinion nationale, en particulier la société civile de l’Ituri. Pouvons-nous conclure que le gouvernement en est arrivé à se faire flouer en bradant les 50 milliards de dollars que valent les 800 millions de barils du site Graben Albertine en accordant l’exploitation des blocs I et II à Caprikat, une société pétrolière sans référence avérée dans le domaine pétrolier ?
Selon le président de la société civile de l’Ituri, ces deux blocs font l’objet d’un contentieux non encore résolus par le gouvernement entre les compagnies pétrolières Tullow Oil et Divine Inspiration.
Le mémo indique que la population de l’Ituri ne cèdera pas à l’exécution de ce «contrat porteur des magouilles perpétrées par certains membres du gouvernement imbus d’intérêt égoïste». La société civile de l’Ituri dénonce « le bradage des ressources nationales de la RDC par le gouvernement à travers les sociétés susmentionnées, lesquelles sont basées dans le paradis fiscal des Iles vierges. »
« Ces pseudo entreprises détenues en réalité par un sujet israélien, Dan Gertler, un sujet sud-africain et des sujets congolais ne possédant ni compétence technique moins encore des compétences financières et humaines pour une exploitation rationnelle et efficiente des blocs pétroliers leur cédés », déplore le document de la déclaration des députés nationaux et sénateurs de l’Ituri, dont la rédaction de L’Observateur a obtenu une copie.

Que Caprikat se retire
Le président de la société civile de l’Ituri appelle Caprikat à se retirer de ces réserves pétrolières querellées parce que les contrats liant le gouvernement aux parties en conflit (Tullow Oil et Divine Inspiration) ne sont pas encore résiliés.
Dans notre édition d’hier, nous avons dénoncé le fait que depuis 2006, les blocs I et II de Graben Albertine ont été attribués à trois exploitants différents, le dernier étant Caprikat, alors que les contrats liant les deux précédents exploitants – Tullow Oil et Divine Inspiration – courent encore. Comment et pourquoi le gouvernement congolais, pourtant très méticuleux en matière d’attribution de ce genre de contrats, s’est fait-il floué, lui qui a besoin de renflouer ses caisses pour réaliser son programme ambitieux des 5 chantiers ? Pour le gouvernement congolais n’a-t-il pas tiré une leçon dans cette affaire qui avait valu en 2008 au ministre Mende une interpellation à l’Assemblée nationale avec la question du député Bamanisa ?
Tout peut porter à croire qu’à un certain niveau, de prise de décision, il y a eu quelqu’un qui s’est fait flouer ou qui a floué les autres. Les documents en notre possession lèvent une partie de voile sur cette affaire très scabreuse. La source rapporte que le ministre des Hydrocarbures, Célestin Mbuyu Kabango aurait présenté pour signature au Président de la République un document autre que celui défendu au Conseil des ministres. Dans cette partie en plus – quelque deux pages – on note quelques irrégularités, mieux faussetés, par exemple, celle faisant état de la faiblesse du Contrat de partage de production (CPP) signé par un vice-ministre, feu Nicolas Badingaka, alors que le ministre titulaire était présent à Kinshasa. La réalité est que le ministre Salomon Banamuhere se trouvait en mission à l’intérieur du pays.

Le gouvernement devant ses responsabilités
Dans un long et pertinent questionnement, sous la forme d’une mise au point, les députés et sénateurs de l’Ituri signataires de la déclaration mettent le gouvernement devant ses responsabilités, le rendant in fine responsable de tout ce qui adviendrait si le mauvais traitement d’un dossier très scabreux. Pourquoi le Gouvernement s’est-il caractérisé par un mutisme face aux recommandations de l’Assemblée nationale en rapport avec les contrats des hydrocarbures sur le Graben Albertine dont celui de lui faire rapport ? Pourquoi l’Etat congolais n’a-t-il pas pris soin de clarifier les anciens contrats soit par leurs revisitations, soit par leurs annulations ? Quel est intérêt du Gouvernement d’octroyer à une société off shore apparemment créée pour besoin de la cause et au mépris de la procédure requise, tous ses droits sur son patrimoine dont la valeur dépasse les 50 milliards de USD ? Pourquoi le Gouvernement n’a-t-il pas recouru à un appel d’offre international, mais plutôt à des entreprises inconnues et/ou peu crédibles dans le secteur pétrolier ? Sachant que Caprikat va s’empresser de vendre des droits acquis sur don seul papier du contrat de partage de production, sans avoir au préalable déployer ses propres capacités d’exploration qui coûteraient plusieurs centaines de millions de dollars, pourquoi le Gouvernement lui aurait fait ce cadeau au moment où il doit mobiliser toutes les ressources financières pour faire face à ses engagements et aux défis du développement de la RDC ?
Si le gouvernement a failli – ce qui n’est pas impossible – il est temps qu’il corrige cette erreur. Car persister dans cette erreur serait très préjudiciable aux nombreux Congolais qui attendent beaucoup de leurs gouvernants. Ne dit-on pas que se tromper est humaine et que demeurer dans cette erreur est diabolique ?
Kléber Kungu

Les précisions de Jeanine Mabunda sur l'après-Progosa

Entretien avec la ministre du Portefeuille sur la situation à l’Onatra
Les précisions de Jeanine Mabunda sur l'après-Progosa
La ministre du Portefeuille a reçu jeudi le Conseil d’administration de l’Office national des transports (Onatra) conduit par son président Guillaume Kahasha. A l’ordre du jour, la situation de l’entreprise à la fin du contrat d’assistance technique de la firme Progosa. Pour Jeannine Mabunda, « le gouvernement a voulu être responsable en donnant à la fin de ce contrat un sens dans le respect des lois. On ne gouverne pas dans la rue. Lorsqu’on gouverne dans la rue, c’est là qu’on effraie les travailleurs de l’Onatra ». Le souci du gouvernement, comme celui du gouverneur du Bas-Congo, est celui « de voir le gouvernement agir vite pour permettre de donner les mêmes chances à l’Onatra en matière de modernisation, pour permettre aussi à la population du Congo mais du Bas-Congo en particulier qui vit de ce port d’être rassurée que nous poursuivons le cap, que nous maintenons le cap des réformes dans un souci d’amélioration des services à la population congolaise, dans un souci de gagner la compétition que la RDC a avec ses voisins sur la question des ports maritimes. Mon message est de dire que le gouvernement a pris toute la mesure de l’accélération qu’il faut donner au plan de modernisation de l’Onatra et qu’il va s’assumer dans la discipline et dans le respect des attentes de la population congolaise. » C’est ce message en substance que Jeannine Mabunda a livré à travers une interview qu’elle a accordée à L’Observateur.


Mme la ministre, vous avez reçu le Conseil d’administration de l’Onatra. De quoi en a-t-il été question ?
Effectivement, à la suite de la lettre du 18 juin de Son Excellence monsieur le Premier ministre relativement à la réforme de l’Onatra dans le contexte du contrat de gestion de Progosa, j’ai réuni les mandataires pour leur faire part des instructions et des orientations du Premier ministre dans le cadre de la politique gouvernementale sur la réforme.

Qu’en est-il exactement de ce contrat Progosa ? Est-il résilié ? Et quelle est la suite ?

Je crois que les choses sont assez claires. Le contrat que nous avons établi il y a deux ans a commencé à une date donnée et ensuite il y a une période de stabilisation. Les deux ans sont arrivés à échéance par voie normale le 31 mai. Et donc, plus de trois semaines après, il était tout à fait normal qu’au niveau du gouvernement, on puisse prendre acte de la cessation ou de l’expiration du terme du contrat et que l’on puisse se revoir au niveau de la structure gouvernementale appropriée du Gouvernement qui est l’Ecofin pour réfléchir sur les options à prendre ensemble pour la capitalisation des acquis obtenus mais peut-être aussi pour l’accélération. Parce qu’on compare l’Onatra à la SNCC et à la RVA qui sont aussi dans une réforme du secteur du transport. On situe aussi l’Onatra dans la politique de réforme en matière d’entreprises publiques appliquées au secteur du transport.

Y a-t-il eu une évaluation du contrat Progosa et quelle en est la suite ?

Une évaluation du contrat Progosa, certainement. Comme toute performance, les entreprises publiques font l’objet d’évaluation. L’évaluation de ce contrat a été faite et la primeur en est réservée au gouvernement puisque c’est un contrat du gouvernement. Je ne voudrais pas préjuger ici du jugement que le gouvernement va porter sur ce contrat.

Quels sont les tableaux qu’on peut déjà préconiser ? Va-t-on revenir à l’ancienne formule ou peut-on continuer à traiter avec les firmes étrangères ?

La lettre du Premier ministre est très claire à ce sujet. Il dit que nous avons déjà fait un petit progrès en passant une réforme dans le secteur du transport basée sur l’appel à des équipes de gestion mixtes composées de Congolais et d’expatriés. Il demande à la ministre du Portefeuille de voir des options d’accélération pour la modernisation de l’entreprise Onatra. Nous nous réjouissons de voir qu’à la RVA, pour donner un exemple, dans le cadre de la mobilisation des énergies des Congolais, la société a été capable de lancer des chantiers qui sont en bonne voie. Je pense que, dans la conception de Son Excellence Monsieur le Premier ministre, que le même rythme d’accélération intervienne dans les autres entreprises du secteur du transport. C’est dans ce cadre-là que l’Onatra a reçu du gouvernement une feuille de route en novembre 2009. Dans cette feuille de route, on a demandé à l’Onatra d’accélérer les travaux d’amélioration du chemin de fer urbain pour Kinshasa, d’améliorer le chemin de fer Kinshasa-Matadi pour pouvoir désengorger plus rapidement le port de Matadi. Nous avons, pour ce faire, négocié avec la Banque mondiale qui a déjà lancé un appel d’offre pour 5 locomotives qui sont livrables après juin 2011 et qui vont permettre d’améliorer les capacités de traction de l’Onatra. Enfin, nous restons préoccupés, dans le cadre du climat des affaires, par la compétitivité du port de Matadi. Il faut savoir qu’aujourd’hui, le Cameroun, le Gabon et le Congo Brazzaville sont en train de moderniser leurs ports. Ils sont donc en train de prendre de l’avance sur nous. L’orientation que le Chef du gouvernement a donnée sur l’Onatra, c’est qu’on accélère la démarche de modernisation. Donc, on ne va pas revenir au système ancien, on ne va pas revenir au statu quo. Si les autres - RVA, SNCC – avancent, il faut que l’Onatra avance aussi. Au crédit des 10 000 travailleurs de l’Onatra, ils ont compris le sens de l’urgence. Ils ont compris le sens de défendre le port de Matadi et ont commencé des efforts notamment avec la réhabilitation du quai Venise.

Quel est le statut des mandataires actuels de l’Onatra ?

Ils ont le même statut que tous les autres mandataires. Ils sont nommés par le Chef de l’Etat et je n’ai pas à commenter les pouvoirs exclusifs de ceux qui doivent nommer ces personnes.

L’Onatra est-il prêt à être transformé aujourd’hui ?

Je pense qu’il faut poser la question aux clients de l’Onatra et aux Congolais. Votre question me semble être une façon de dire : « nous les Congolais avons l’impression que l’Onatra ne veut pas nous rendre service, qu’il est un Etat dans l’Etat et qu’il veut vivre à sa façon et selon son propre rythme ». Je comprends votre souci et votre impatience d’avoir un port de bonne réputation, un chemin de fer Kinshasa-Matadi qui soit plus performant… Nous avons compris le cri de détresse des piétons de Kinshasa mais aussi du reste du Congo qui veulent avoir des services de qualité par nos entreprises du transport. A l’Onatra, s’ils sont citoyens, ils ont le même souci que nous de voir le Congo changer pour le mieux-être de toute la population.

Un message pour le personnel de l’Onatra ?

Le gouvernement a voulu être responsable en donnant à la fin de ce contrat un sens dans le respect des lois. On ne gouverne pas dans la rue. Lorsqu’on gouverne dans la rue, c’est là qu’on effraie les travailleurs de l’Onatra. Je pense particulièrement à ceux de Matadi qui étaient préoccupés et cette préoccupation a été prise en charge par le gouvernement du Bas-Congo qui, à nos cotés, est très acquis à une modernisation de l’Onatra, notamment au niveau du port de Matadi. Le gouverneur du Bas-Congo nous a fait part de sa volonté de voir le gouvernement agir vite pour permettre de donner les mêmes chances à l’Onatra en matière de modernisation, pour permettre aussi à la population du Congo mais du Bas-Congo en particulier qui vit de ce port d’être rassurée que nous poursuivons le cap, que nous maintenons le cap des réformes dans un souci d’amélioration des services à la population congolaise, dans un souci de gagner la compétition que la RDC a avec ses voisins sur la question des ports maritimes. Mon message est de dire que le gouvernement a pris toute la mesure de l’accélération qu’il faut donner au plan de modernisation de l’Onatra et qu’il va s’assumer dans la discipline et dans le respect des attentes de la population congolaise.
Propos recueillis par Kléber Kungu

Lac dans un lac de difficultés : 200 mois d’arriérés de salaires

Portefeuille
Lac dans un lac de difficultés : 200 mois d’arriérés de salaires
Les Lignes aériennes congolaises (Lac) se trouve dans une situation sociale très catastrophique. Deux cents mois sans salaires, déscolarisation des enfants, près de 1 200 décès en sept ans, faute de soins médicaux… la liste est très longue du calvaire que subissent les agents et cadres de la compagnie nationale d’aviation. Cette situation plonge ces travailleurs très clochardisés dans la consternation pendant que leur entreprise réalise des recettes, rapporte radiookapi.net .
C’est depuis environ …17 ans que les agents et cadres des Lac sont sans salaires. La délégation syndicale de cette entreprise exprime son cri de détresse dans une lettre ouverte qu’elle vient d’adresser aux autorités du pays.
Dans cette correspondance adressée au président de la République et au gouvernement, les délégués syndicaux des Lacs décrivent le calvaire du personnel de l’entreprise dont le tableau est très sombre : deux cents mois sans salaires, déscolarisation des enfants, près de 1 200 décès en sept ans, faute de soins médicaux.
Pour le président de la délégation syndicale, Sylvain Makiese, la situation est si catastrophique qu’elle est inqualifiable. «La situation sociale des Lacs est tellement catastrophique que nous pourrons même pas la qualifier. S’il faut la qualifier, on parler d’urgence humanitaire : nos familles sont disloquées, il y a perte de logement, déscolarisation des enfants, sous alimentation, taux de mortalité hors pair, il y a même un agent qui s’est pendu pour interpeller l’autorité.»
L’immobilisme ou le mutisme du gouvernement congolais pour résoudre ce problème pousse les syndicalistes des Lacs à accuser l’Etat congolais d’indifférence du gouvernement, le prenant pour le premier fossoyeur des Lac à qui il doit 23 millions de dollars américains. Et en dépit de l’envoi d’une commission parlementaire en début de l’année pour enquêter sur la relance de l’entreprise, la situation reste inchangée.
Pendant ce temps, les chiffres indiquent que Lac a réalisé 6 millions de dollars l’année dernière, grâce au droit de trafic, d’assistance au sol et à son patrimoine immobilier.
L’avion acquis l’année dernière est cloué au sol, faute d’un coup de pouce financier du gouvernement.
La ministre des Transports a reçu la délégation de travailleurs mercredi 23 juin. Mais elle n’a pas donné la réponse du gouvernement à ces travailleurs qui ont fait la fierté du pays depuis l’époque de Air Zaïre, ancienne appellation des Lacs.
Kléber Kungu

Les précisions de Jeanine Mabunda sur l'après-Progosa

Entretien avec la ministre du Portefeuille sur la situation à l’Onatra
Les précisions de Jeanine Mabunda sur l'après-Progosa
La ministre du Portefeuille a reçu jeudi le Conseil d’administration de l’Office national des transports (Onatra) conduit par son président Guillaume Kahasha. A l’ordre du jour, la situation de l’entreprise à la fin du contrat d’assistance technique de la firme Progosa. Pour Jeannine Mabunda, « le gouvernement a voulu être responsable en donnant à la fin de ce contrat un sens dans le respect des lois. On ne gouverne pas dans la rue. Lorsqu’on gouverne dans la rue, c’est là qu’on effraie les travailleurs de l’Onatra ». Le souci du gouvernement, comme celui du gouverneur du Bas-Congo, est celui « de voir le gouvernement agir vite pour permettre de donner les mêmes chances à l’Onatra en matière de modernisation, pour permettre aussi à la population du Congo mais du Bas-Congo en particulier qui vit de ce port d’être rassurée que nous poursuivons le cap, que nous maintenons le cap des réformes dans un souci d’amélioration des services à la population congolaise, dans un souci de gagner la compétition que la RDC a avec ses voisins sur la question des ports maritimes. Mon message est de dire que le gouvernement a pris toute la mesure de l’accélération qu’il faut donner au plan de modernisation de l’Onatra et qu’il va s’assumer dans la discipline et dans le respect des attentes de la population congolaise. » C’est ce message en substance que Jeannine Mabunda a livré à travers une interview qu’elle a accordée à L’Observateur.


Mme la ministre, vous avez reçu le Conseil d’administration de l’Onatra. De quoi en a-t-il été question ?
Effectivement, à la suite de la lettre du 18 juin de Son Excellence monsieur le Premier ministre relativement à la réforme de l’Onatra dans le contexte du contrat de gestion de Progosa, j’ai réuni les mandataires pour leur faire part des instructions et des orientations du Premier ministre dans le cadre de la politique gouvernementale sur la réforme.

Qu’en est-il exactement de ce contrat Progosa ? Est-il résilié ? Et quelle est la suite ?

Je crois que les choses sont assez claires. Le contrat que nous avons établi il y a deux ans a commencé à une date donnée et ensuite il y a une période de stabilisation. Les deux ans sont arrivés à échéance par voie normale le 31 mai. Et donc, plus de trois semaines après, il était tout à fait normal qu’au niveau du gouvernement, on puisse prendre acte de la cessation ou de l’expiration du terme du contrat et que l’on puisse se revoir au niveau de la structure gouvernementale appropriée du Gouvernement qui est l’Ecofin pour réfléchir sur les options à prendre ensemble pour la capitalisation des acquis obtenus mais peut-être aussi pour l’accélération. Parce qu’on compare l’Onatra à la SNCC et à la RVA qui sont aussi dans une réforme du secteur du transport. On situe aussi l’Onatra dans la politique de réforme en matière d’entreprises publiques appliquées au secteur du transport.

Y a-t-il eu une évaluation du contrat Progosa et quelle en est la suite ?

Une évaluation du contrat Progosa, certainement. Comme toute performance, les entreprises publiques font l’objet d’évaluation. L’évaluation de ce contrat a été faite et la primeur en est réservée au gouvernement puisque c’est un contrat du gouvernement. Je ne voudrais pas préjuger ici du jugement que le gouvernement va porter sur ce contrat.

Quels sont les tableaux qu’on peut déjà préconiser ? Va-t-on revenir à l’ancienne formule ou peut-on continuer à traiter avec les firmes étrangères ?

La lettre du Premier ministre est très claire à ce sujet. Il dit que nous avons déjà fait un petit progrès en passant une réforme dans le secteur du transport basée sur l’appel à des équipes de gestion mixtes composées de Congolais et d’expatriés. Il demande à la ministre du Portefeuille de voir des options d’accélération pour la modernisation de l’entreprise Onatra. Nous nous réjouissons de voir qu’à la RVA, pour donner un exemple, dans le cadre de la mobilisation des énergies des Congolais, la société a été capable de lancer des chantiers qui sont en bonne voie. Je pense que, dans la conception de Son Excellence Monsieur le Premier ministre, que le même rythme d’accélération intervienne dans les autres entreprises du secteur du transport. C’est dans ce cadre-là que l’Onatra a reçu du gouvernement une feuille de route en novembre 2009. Dans cette feuille de route, on a demandé à l’Onatra d’accélérer les travaux d’amélioration du chemin de fer urbain pour Kinshasa, d’améliorer le chemin de fer Kinshasa-Matadi pour pouvoir désengorger plus rapidement le port de Matadi. Nous avons, pour ce faire, négocié avec la Banque mondiale qui a déjà lancé un appel d’offre pour 5 locomotives qui sont livrables après juin 2011 et qui vont permettre d’améliorer les capacités de traction de l’Onatra. Enfin, nous restons préoccupés, dans le cadre du climat des affaires, par la compétitivité du port de Matadi. Il faut savoir qu’aujourd’hui, le Cameroun, le Gabon et le Congo Brazzaville sont en train de moderniser leurs ports. Ils sont donc en train de prendre de l’avance sur nous. L’orientation que le Chef du gouvernement a donnée sur l’Onatra, c’est qu’on accélère la démarche de modernisation. Donc, on ne va pas revenir au système ancien, on ne va pas revenir au statu quo. Si les autres - RVA, SNCC – avancent, il faut que l’Onatra avance aussi. Au crédit des 10 000 travailleurs de l’Onatra, ils ont compris le sens de l’urgence. Ils ont compris le sens de défendre le port de Matadi et ont commencé des efforts notamment avec la réhabilitation du quai Venise.

Quel est le statut des mandataires actuels de l’Onatra ?

Ils ont le même statut que tous les autres mandataires. Ils sont nommés par le Chef de l’Etat et je n’ai pas à commenter les pouvoirs exclusifs de ceux qui doivent nommer ces personnes.

L’Onatra est-il prêt à être transformé aujourd’hui ?

Je pense qu’il faut poser la question aux clients de l’Onatra et aux Congolais. Votre question me semble être une façon de dire : « nous les Congolais avons l’impression que l’Onatra ne veut pas nous rendre service, qu’il est un Etat dans l’Etat et qu’il veut vivre à sa façon et selon son propre rythme ». Je comprends votre souci et votre impatience d’avoir un port de bonne réputation, un chemin de fer Kinshasa-Matadi qui soit plus performant… Nous avons compris le cri de détresse des piétons de Kinshasa mais aussi du reste du Congo qui veulent avoir des services de qualité par nos entreprises du transport. A l’Onatra, s’ils sont citoyens, ils ont le même souci que nous de voir le Congo changer pour le mieux-être de toute la population.

Un message pour le personnel de l’Onatra ?

Le gouvernement a voulu être responsable en donnant à la fin de ce contrat un sens dans le respect des lois. On ne gouverne pas dans la rue. Lorsqu’on gouverne dans la rue, c’est là qu’on effraie les travailleurs de l’Onatra. Je pense particulièrement à ceux de Matadi qui étaient préoccupés et cette préoccupation a été prise en charge par le gouvernement du Bas-Congo qui, à nos cotés, est très acquis à une modernisation de l’Onatra, notamment au niveau du port de Matadi. Le gouverneur du Bas-Congo nous a fait part de sa volonté de voir le gouvernement agir vite pour permettre de donner les mêmes chances à l’Onatra en matière de modernisation, pour permettre aussi à la population du Congo mais du Bas-Congo en particulier qui vit de ce port d’être rassurée que nous poursuivons le cap, que nous maintenons le cap des réformes dans un souci d’amélioration des services à la population congolaise, dans un souci de gagner la compétition que la RDC a avec ses voisins sur la question des ports maritimes. Mon message est de dire que le gouvernement a pris toute la mesure de l’accélération qu’il faut donner au plan de modernisation de l’Onatra et qu’il va s’assumer dans la discipline et dans le respect des attentes de la population congolaise.
Propos recueillis par Kléber Kungu

Cinq provinces en situation nutritionnelle très critique

Situation alimentaire en RDC
Cinq provinces en situation nutritionnelle très critique
La situation nutritionnelle en République démocratique du Congo (RDC) est très critique et nécessite une urgence et un coût de 127 650 000 de dollars américains. Cinq des 11 provinces, soit 45,6% du territoire du pays, connaissent un taux de malnutrition aiguë dépassant les 10 %. La révélation alarmante a été faite devant la presse par Simeon de l’Unicef. Si la situation n’est pas prise au sérieux, on risque d’assister à une explosion de mortalité infantile, a-t-il prévenu, car elle affecte des millions d’enfants, dont 1 million pour la malnutrition aiguë et 5 millions pour le retard de croissance. La conséquence de cette situation est telle qu’un enfant atteint de malnutrition aiguë a 9 fois plus de risque de mortalité qu’un enfant normal et que celui atteint de malnutrition modérée a 3 fois plus de risque. Un panel d’humanitaires dont les délégués de l’Unicef, du Pam, de l’ONG Coopi et ACF (Association contre la faim) l’a déclaré mardi 22 juin au cours d’un café de presse du Bureau de la Coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha).
Siméon Nanama, le chargé de nutrition à l’Unicef, a souligné que la situation nutritionnelle en RDC est mauvaise, chronique et généralisée et que la malnutrition doit être vue comme un problème sérieux car on estime qu’elle est à la base d’au moins 35 % des décès des enfants de moins de 5 ans.
Le coordonnateur intérimaire des affaires humanitaires et représentant de l’OMS en RDC, le Dr Mathieu Kamwa, a introduit la rencontre en circonscrivant la problématique de la situation nutritionnelle en RDC en général et dans les 5 provinces en situation nutritionnelle critique.

Environ 528 477 enfants malnutris
Le chargé de la nutrition de l’Unicef, Siméon Nanama, a souligné que la situation nutritionnelle en RDC est mauvaise, chronique et généralisée et qu’il existe environ 528 477 enfants malnutris dans cinq provinces du pays, répartis soit 118 158 enfants au Kasaï Occidental, 151 457 au Kasaï Oriental, 127 674 enfants à l’Equateur, 89 741 au Katanga et 41 447 au Maniema. Malheureusement, 87 000 sur 1 million d’enfants malnutris sont traités, soit 8% seulement.
Pour lui, plusieurs facteurs sont à la base de cette situation. Il s’agit notamment de l’absence du planning familial, des pratiques inadéquates des soins des enfants, de l’enclavement des provinces concernées, des pratiques agricoles et alimentaires, du manque d’hygiène et de l’accès limité aux soins de santé de qualité. A cela s’ajoutent les facteurs conjoncturels tels que la crise financière où l’on peut noter le chômage ; et la crise alimentaire qui se traduit par la réduction de l’accès aux aliments de qualité. Pour résoudre ce problème, l’Unicef a organisé la formation de 7.820 agents de santé et relais communautaires sur la prise en charge de la malnutrition, la création de 658 Unités nutritionnelles fonctionnelles. L’on note également l’implication de 70 partenaires dans la prise en charge. Le coût des besoins pour couvrir les 5 provinces s’élève à 127 650 000 USD.
Nicolas Joannic, chargé de nutrition au Programme alimentaire mondial (PAM), s’est appesanti sur le mandat de son organisation, celui de « sauver des vies dans les zones en situation d’urgence alimentaire et nutritionnelle ». En plus, « appuyer la prise en charge de la malnutrition aiguë modérée afin d’éviter que l’enfant ne bascule vers la forme sévère et prévenir l’apparition de la malnutrition chez les enfants et les femmes. L’objectif est la réduction de la prévalence de toutes les formes de malnutrition et briser le cycle intergénérationnel de la malnutrition. »
En 2010, le PAM a prévu d’appuyer 300 000 femmes et enfants dans les activités de nutrition et prévoit d’augmenter son appui à 350 000 en 2011, puis 400 000 en 2012.
Le Dr Tou El Hassane, coordinateur nutrition à Coopi, a adressé un retentissant appel à la communauté internationale pour briser ce qu’il a appelé le cercle infernal de malnutrition en passe de devenir un phénomène dans lequel sont pris les humanitaires. Il a regretté que dans un pays vert comme la RDC qu’il n’ y ait rien à donner aux enfants de moins de 6 moins, sinon aux adultes seulement.

Briser le cercle infernal de malnutrition
L’Association contre la faim (ACF) a déclaré qu’elle intervient depuis 1997 dans les domaines de la sécurité alimentaire, mais surtout en malnutrition qui engloutit 60 de ses activités. Ses interventions sont orientées plus vers la malnutrition sévères avec les malades du Sida.
Pour briser le cercle vicieux de la malnutrition, le Panel des humanitaires a estimé qu’il faut s’engager dans la prévention et non dans le traitement de la malnutrition. Pour cela, a-t-il souligné, il faut privilégier l’allaitement maternel pour les enfants de moins de 6 moins et amener les mamans à adopter des comportements responsables. A ce moment, les enfants sont protégés contre la malnutrition.
Les humanitaires ont même souligné que ce n’est pas nécessairement le manque de nourriture qui provoque la malnutrition, car il y a des enfants dont les pères sont des pêcheurs ou des éleveurs mais qui souffrent de malnutrition. Il y a également moyen d’alimenter un enfant à la maison, mais il arrive souvent qu’on n’y pense pas.
5 des 11 provinces en situation de malnutrition, c’est une injure pour un pays dit vert avec des millions de kilomètres d’espaces cultivables. La situation doit interpeller les autorités politiques qui doivent changer notamment la politique agricole, ainsi que la population appelée à changer les comportements alimentaires.
Kléber Kungu

La Codele compatissante envers la famille des disparus

Assassinat de Floribert Chebeya
La Codele compatissante envers la famille des disparus
Jamais l’assassinat d’un homme n’a provoqué autant de compassion et de réaction à travers le monde. Les réactions de la communauté nationale et internationale ne cesse d’affluer plusieurs semaines après l’assassinat de Floribert Chebeya, président de l’ONG Voix de sans Voix, dont le corps sans vie avait été retrouvé à Mitendi, dans la banlieue de Kinshasa, le 2 juin. La Communauté organisée pour le développement de Ludaha et de ses environs (Codele) ASBL de la province du Sud-Kivu à Kinshasa a exprimé « sa compassion et ses fraternelles condoléances à la famille de Chebeya suite à l’assassinat (…) de son fils Floribert Chebeya Bahizire (…) et de la disparition de son chauffeur Bazana Fidèle » dont le corps reste introuvable à ce jour.
Dans un communiqué rendu public, dont L’Observateur a obtenu une copie, la Codele « réitère sa consternation et souhaite que toute la lumière souhaite sur les motivations, les circonstances et les responsabilités de ces décès et disparitions ». « Elle exprime les vœux de voir l’autopsie effectuée par l’autorité médicale congolaise compétente, l’équipe des médecins légistes néerlandais et les enquêtes indépendantes être prises en compte par les instances judiciaires congolaises saisies du dossier pour la manifestation de la vérité », ajoute le communiqué signé par le secrétaire exécutif de cette association, Emmanuel Cishamarha. Le souhait de la Communauté organisée pour le développement de Ludaha et de ses environs est « que les résultats des rapports d’autopsie et des investigations judiciaires soient rendus publics pour que justice soit faite en toute transparence et indépendance sans atermoiements dans un bref délai. »

Communauté internationale mobilisée comme un seul homme
La communauté internationale s’est mobilisée comme un seul homme pour condamner l’assassinat crapuleux de Floribert Chebeya et appeler en même à une enquête internationale indépendante. Aujourd’hui, plus de 200 ONG des droits humains ont écrit une lettre au chef de l’Etat congolais pour réclamer la constitution d’une commission d’enquête internationale en vue de tirer au clair cette affaire pour laquelle plusieurs autorités policières congolaises ont été suspendues et arrêtées.
Les funérailles officielles de Floribert Chebeya seront organisées du 25 au 26 juin, alors les ONG de défense des droits humains souhaitent qu’elles aient lieu le 30 juin, le jour de la célébration des festivités du cinquantenaire de l’indépendance de la RDC à laquelle les autorités politiques belges participeront, dont le roi Albert II et la reine Paola, accompagnés d’Yves Leterme, Premier ministre démissionnaire.
La Codele ASBL a vu le jour le 17 avril 2010 à l’issue de l’Assemblée générale constitutive et élective au cours de laquelle ses statuts et son règlement intérieur ont été adoptés avant l’élection de son comité directeur. Ludaha, l’une des plus vastes localités du groupement de Cirunga, chefferie et territoire de Kabare au Sud-Kivu, se trouve au centre du Bushi, à la croisée des chemins et routes menant au chef-lieu du territoire de Kabare, à l’ouest, aux groupements de Kamisimbi, Lurhla et Ikoma, en territoire de Walungu à l’est, au groupement de Bugobe au nord-est et au groupement de Mudusa au sud. Cette ONG ambitionne d’assurer le développement de Ludaha et ses environs.
Kléber Kungu

Hôtel Karavia réhabilité, les entreprises publiques en plein 5 chantiers

Hôtel Karavia réhabilité, les entreprises publiques en plein 5 chantiers
Mal an bon an, la réforme des entreprises publiques marque des points en étant au cœur de cinq chantiers dans un Congo cinquantenaire en pleine reconstruction. Dans son discours le 9 octobre 2008 devant les parlementaires réunis en Congrès au Parlement, le président Joseph Kabila avait lancé le mot d’ordre. "J'attends aussi que le nouveau Gouvernement oeuvre sans relâche à l'accélération des grands travaux des cinq chantiers de la République. Mettant à profit les ressources financières et les équipements déjà mobilisés, il devra donc rapidement apporter des réponses appropriées aux attentes de la population en termes d'amélioration des conditions salariales et de vie et produire, sur le terrain, des résultats concrets, mesurables en nombre de bornes fontaines, de micro centrales électriques, de nouvelles écoles, d'hôpitaux et de kilomètres de routes construits et mis en service", avait recommandé Joseph Kabila.
C’est sur la base de ces recommandations que le Gouvernement, par son ministère du Portefeuille, a élaboré des feuilles de route pour chacune des entreprises publiques à la réalisation desquelles – feuilles de route – des actions à impact visible en termes des attentes des Congolais. Il n’a pas fallu plus pour voir les entreprises publiques se lancer à l’action.
Lors de l’inauguration de l’hôtel Karavia à Lubumbashi au Katanga, la ministre du Portefeuille est revenue sur la marche lente, mais sûre, des entreprises de l’Etat durant cette période, du reste, pleine de soubresauts sur fond des critiques de toutes sortes à l’endroit de tous ceux qui sont appelés à rendre effective la réforme des entreprises « qui dérange ou inquiète » parfois.
L’inauguration de cet hôtel 5 étoiles est le tout premier projet concrétisé dans le cadre du Partenariat public-privé dans le secteur hôtelier et amorcé entre le gouvernement congolais et la firme privée sud-africaine Lonrho. Pour Jeannine Mabunda, la matérialisation de « cet ouvrage (est) la vision concrète des 5 chantiers » et constitue une occasion « pour mieux comprendre la politique des 5 chantiers au travers des réformes économiques du Gouvernement. Pour nous, les 5 chantiers, c’est une ambition collective congolaise de moderniser rapidement le Congo dans les domaines prioritaires. »
Par un appel d’offre international approuvé par le gouvernement congolais, la firme sud-africaine Lonrho Africa, spécialisée dans l’hôtellerie - avait obtenu l’offre de réhabiliter l’hôtel Karavia pour 20 millions de dollars et de le gérer par la suite pour le compte du gouvernement congolais, à l’issue d’un contrat de BOT cosigné par les ministères du Portefeuille et de l’Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme.
35 ans après, l’hôtel Karavia avait connu « une situation de quasi-faillite » n’avait plus d’hôtel que le nom avec « le vieillissement de ces infrastructures et l’accumulation des dettes élevées (particulièrement envers les fournisseurs et les travailleurs) ». Avec ses 200 chambres, l’hôtel Karavia peut se targuer aujourd’hui de reprendre ses lettres de noblesse et contribuer, par conséquent, à fournir au gouvernement congolais les moyens dont il a besoin pour concrétiser sa politique. Ainsi avec les emplois que son exploitation (gestion) va entraîner, le chantier emploi va être matérialisé.

« Pas de fatalité pour nos entreprises publiques » car le Congo a du talent
L’hôtel Karavia réhabilité, Jeannine Mabunda ne s’empêche pas de rassurer les Congolais, propriétaires de ces entreprises : « il n’y a donc pas de fatalité avec nos entreprises publiques : nous pouvons et nous devons changer les choses. Ceci passe par des réformes courageuses, de longue haleine via le mécanisme de Partenariat public-privé qui permet d’attirer des capitaux importants avec des opérateurs privés spécialisés. » Des réformes dont la ministre se permet de faire l’apologie, étant donné qu’ « après 3 ans dans ce secteur, les clés de la réussite sont à notre portée au moyen de ces quelques règles de base. » Elle s’offre même quelque optimisme, car pour elle, « il faut oublier le « Congo pessimisme » de certains. Preuve : pour la première fois, l’Association des Avocats de la SADC (+ de 300 personnes) a choisi, parmi plusieurs hôtels 5 étoiles de la région, le Karavia, notre Karavia national pour sa rencontre annuelle en juillet 2010. Oui, il n’y a pas de fatalité pour les entreprises publiques congolaises car « le Congo a du talent, et que « Impossible n’est pas congolais » (aujourd’hui n’est pas Katangais).
Kléber Kungu

Le pétrole de l’Ituri attribué à trois exploitants différents en 4 ans !

D’un ministre à un autre
Le pétrole de l’Ituri attribué à trois exploitants différents en 4 ans !
Depuis 2006, les blocs pétroliers I et II du Graben Albertine du lac Albert, à la frontière ougando-congolaise, ont été attribués à trois exploitants différents, en quatre ans, par chaque ministre congolais qui se sont succédé au ministère des Hydrocarbures. L’Anglais Tullow et associés, en 2006, le Sud-Africain Divine en 2008 et présentement le Britannique des Iles Vierges Capricat. Le processus d’attribution à ce dernier vient d’être engagé par la lettre officielle du ministre des Hydrocarbures, Célestin Mbuyu, n° 415/CAB/MIN/10 du 10 juin 2010. Cette manière d’attribuer constitue un dossier sulfureux qui décrédibilise le gouvernement congolais et qui, par conséquent, de lui coûter très cher.
De Banamuhere avec Tullow, à Célestin Mbuyu avec Capricat Ltd en passant par Lambert Mende avec Divine, le pétrole de l’Ituri est passé entre les mains de trois exploitants, pendant quatre ans. Revisitons l’histoire de ce triste dossier à partir de l’année de son début.
Nous sommes en 2006. La République démocratique du Congo et l’Ouganda, sortis d’une longue et meurtrière guerre, vont signer un partenariat pour attribuer aux sociétés Tullow et Héritage des contrats d’exploration et d’exploitation sur les blocs I et II du côté congolais et I, II et III du côté ougandais du lac Albert.
L’Ouganda n’a pas hésité à ouvrir toutes les portes à Tullow en lui permettant d’explorer et des forer, de disposer des données sismiques fiables ayant permis au pays de Yoweri Museveni d’évaluer les réserves ougandaises à 800 millions de barils. Cela étant, la production journalière était évaluée à 150 000 barils. Une production qui serait 7 fois supérieure à celle de la RDC sur son bassin côtier de Moanda.
Les choses se sont passées vite en Ouganda où actuellement on est au stade des montages des usines devant assurer l’exploitation, le raffinage et le transport du pétrole. Trois sociétés en joint-venture y travaillent : l’anglais Tullow pour l’exploration et la production, le chinois CNNOC pour le raffinage du brut et le français Total pour la construction de 1 000 km des pipelines reliant le site de production au débouché commercial de l’Océan indien.
Aujourd’hui, l’Ouganda est sur le point de tirer les premiers dividendes de son pétrole : il attend la production de son premier baril en 2011 ce qui lui permettra de doubler, voire de tripler ou quadrupler son budget en 2012.

La RDC marque le pas
Du côté de la RDC, les choses piétinent. Ici, les ministres qui se sont succédé se sont ensablés dans des querelles de procédure, en attribuant à trois exploitants les sites pétroliers, laissant ainsi évaporer - pour un pays qui en a grandement besoin – de gros dividendes.
Les blocs I et II du Graben Albertine avaient été attribués à la société Tullow-Héritage-Cohydro pour un Contrat de partage de production (CPP) signé en 2005, à l’issue d’un appel d’offre international gagné par Héritage Oil. En 2008, le ministre des Hydrocarbures, Lambert Mende, attribue, par un marché de gré à gré, le bloc I pour l’exploration à un consortium sud-africain d’origine Divine Inspiration, en signant un CPP en janvier de la même année. Cette affaire valut au ministre Mende une interpellation à l’Assemblée nationale avec la question du député Bamanisa.
Selon un expert, Lambert Mende aurait payé cash la mauvaise gestion de ce dossier en perdant ce ministère. A l’époque, M. Mende arguait que la RDC, s’opposant au monopole de fait de l’opérateur Tullow des deux côtés de la frontière, souhaitait plutôt voir installer une concurrence, que le CPP, dont Tullow se prévalait, était illégal parce que signé par un vice-ministre, feu Nicolas Badingaka, alors que le titulaire Salomon Banamuhere se trouvait en mission à l’intérieur du pays, que le versement d’un bonus de 500 000 dollars américains pour les deux blocs insuffisant au regard de la loi prévoyant le double. Il faut souligner que le bonus était négocié par les deux parties, mais rejeté ensuite par la RDC après s’être aperçu de l’importance des réserves découvertes. Alors que Tullow était sur le point de revenir sur l’accord, la partie congolaise avait des idées ailleurs.
Nommé au ministère des Hydrocarbures, Célestin Mbuyu rejeta le candidat de son prédécesseur en privilégiant la candidature de Capricat Ltd des îles Vierges (RU). Le CPP adopté est comparable à celui signé par M. Banamuhere avec Nessery Ltd en 2006 et dont le chef de l’Etat avait signé une ordonnance par erreur car couvrant un bloc ne se trouvant pas sur le territoire congolais, mais plutôt en Angola.
Le nouveau CPP signé n’aurait jamais été négocié entre les signataires et les experts du ministère et du gouvernement. Conséquence : une séance de travail sur les CPP du Graben Albertine a été convoquée avec pour instruction de ne pas toucher aux blocs I et II car considérés comme litigieux. Ainsi le consortium Divine Inspiration et la compagnie pétrolière Dominion ont été invités à discuter sur leurs CPP. Il en a découlé un compromis présenté au Conseil des ministres le 02 juin 2010.
Pendant ce temps, Célestin Mbuyu et d’autres « experts » étaient en train de négocier un nouveau CPP parallèlement avec ceux des officiels. A en croire certaines sources, le nouveau CPP aurait été présenté aussi le même jour que ceux de Divine (Sacoil) et le bonus de signature aurait été payé et encaissé par les services administratifs des Hydrocarbures, ignorants du contenu.
Compte tenu de la manière dont le contrat a été obtenu, il y a lieu de nous demander d’où il va tirer sa force légale, n’ayant pas suivi toute la procédure légale en vigueur. En plus, on note beaucoup d’irrégularités : les fonctionnaires du ministère n’ont jamais signé un protocole d’accord d’accès aux données avec le ministère, ils n’ont jamais présenté les résultats de l’analyse de ces données, ils n’ont jamais fait l’objet d’une visite d’évaluation financière et technique. En outre, ils n’ont jamais négocié les clauses de leur CPP avec les experts…
On rapporte aussi que le CPP en question n’aurait jamais été présenté et que ceux des blocs III et V de Graben Albertine ont été adoptés. Faudra-t-il conclure que le Conseil de ministres a été floué ?
La RDC doit éviter que ce dossier l’envoie devant des juridictions internationales pour mauvaise gestion et que, par conséquent, lui coûte plusieurs millions de dollars. La population de l’Ituri souhaite une seule chose : que le pétrole qui se trouve sur le sol de son territoire lui profite au maximum. Aussi à tous les Congolais.
Kléber Kungu

Wangari Maathai : "Les vrais dirigeants africains n’ont rien à craindre de la CPI"

Dans une interview accordée à IPS
Wangari Maathai : "Les vrais dirigeants africains n’ont rien à craindre de la CPI"
La première Conférence de révision du Statut de Rome tenue à Kampala du 31 mai au 11 juin appartient désormais au passé. La Kenyane Wangari Maathai, militante et lauréate du prix Nobel, a participé à cette rencontre consacrée à la révision de ce qui avait établi la Cour pénale internationale (CPI), qui faisait le point des réalisations de cette juridiction internationale et examinait des amendements pour renforcer la justice dans le monde. Elle s’est entretenue avec notre confrère Evelyn Kiapi de l'Agence Inter Press Service (IPS), l'un des plus grands fournisseurs d'informations sur les questions mondiales. Au menu : la CPI, le rôle des femmes dans le processus de paix… Pour cette première Africaine à avoir obtenu le Prix Nobel de la paix, "les vrais dirigeants africains n’ont rien à craindre de la CPI" qu’elle est ‘’l’unique espoir pour beaucoup de personnes qui ont été privées de justice en Afrique et dans le monde’’.
Reconnue au plan international pour sa lutte sans relâche en faveur de la démocratie, les droits de l’Homme et la préservation de l’environnement, Wangari Maathai, fervent défenseur de la CPI, en a, au cours de cette interview, fait l’apologie. Elle est la fondatrice du Mouvement de la ceinture verte, qui s'emploie à réduire les effets dévastateurs de la déforestation et de la désertification. Lire l’intégralité de cet entretien.

Pourquoi avez-vous participé à la conférence historique de la CPI du 31 mai au 11 juin?

Je suis venue exprimer mon soutien à la CPI, surtout en raison des déclarations selon lesquelles la CPI n'est pas bonne pour l'Afrique et qu’elle ne devrait pas être soutenue par les Africains parce qu’elle est en train de cibler ce continent.
Je sais que la majorité des Africains ordinaires soutiennent la CPI parce qu'ils sont victimes de conflits. Ceux qui ne pourraient pas soutenir la CPI sont les dirigeants qui sont les auteurs de violences contre l'humanité. En outre, dans ces conflits, les femmes ont été utilisées et punies. Ce sont elles qui sont déplacées dans des camps de réfugiés et qui perdent leurs maris et leurs enfants.
Mais de loin, le plus grand crime contre elles est que le viol est utilisé comme une arme de guerre. Nous voulons que le viol soit punissable et ceux qui commettent ce genre de crime en soient tenus responsables.

Pourquoi la CPI est-elle accusée de se concentrer et de cibler uniquement l’Afrique?

C'est une excuse pour l'Afrique. Le mandat de la CPI est de cibler les personnes qui commettent des crimes contre l'humanité et d’intervenir au cas où les mécanismes nationaux ne parviennent pas à punir les auteurs. Au Kenya, nous n’avons pas réussi à maîtriser la situation; le Soudan a été examiné par le Conseil de sécurité pour des crimes commis au Darfour. L’Ouganda, la République démocratique du Congo et la Sierra Leone ont invité la CPI parce qu'ils ne pouvaient rien faire au niveau national.
Ce n'est pas que l'Afrique est en train d’être ciblée. Peut-être, c'est le signe qu’il y a beaucoup de conflits et de violations flagrantes des droits de l'Homme en Afrique et que les pays africains ne sont pas en mesure d’y faire face au niveau national. Ce que l'Afrique doit faire, c'est d’apprendre à faire face à ces questions de façon honnête et équitable. Les vrais dirigeants africains n'ont rien à craindre de la CPI.

Que pensez-vous de l’implication de la CPI au Kenya?

La CPI est venue au Kenya parce que les Kenyans n’ont pas pu créer un tribunal qui puisse punir les coupables. C’est vrai que la CPI ne pourra punir que quelques-uns, les plus responsables. Mais il y aura des milliers de personnes impliquées dans le meurtre, le vol et le déplacement des populations qui devront être jugées par une certaine forme de tribunal au Kenya. Donc, à certains égards, nous complétons et à d'autres, coopérons avec la CPI.

Q: On a souvent reproché à la CPI d’être un 'chien édenté' et certaines victimes disent qu'elle les a laissées tomber.

Il est très important d’éduquer nos populations en Afrique sur le fait que la CPI n'est pas une panacée et qu’elle ne trouvera pas de solution à tous nos problèmes. La CPI est une excellente idée et elle a réussi à créer un pont qui était inexistant; un pont qui lui permet d'entrer dans un pays et d’arrêter des citoyens sans ingérence de la part des gouvernements nationaux. C'est un pont qui devrait donner de l'espoir aux victimes de la guerre.
N’imaginons pas que c'est chose facile. Mais nourrissons-nous de l'espoir que la CPI constitue parce que c'est le seul espoir que nous avons en ce moment. Lorsque nous arrêterons quelques-uns, les potentielles personnes qui auraient voulu une guerre demain réfléchiront à deux fois.

Vous soutenez que la CPI est en train de renforcer les systèmes judiciaires nationaux. Quelles sont les preuves pour montrer que cela est vrai?

Le Kenya est un très bon exemple. Nous devrons maintenant domestiquer certains aspects de la CPI afin de punir les milliers de personnes qui ont commis des crimes au cours des violences postélectorales. Cela, à bien des égards, est en train de nous aider à améliorer notre propre système judiciaire. En domestiquant le Statut de Rome, vous montez la barre sur ce qui est tolérable, même au niveau national.

Les femmes veulent plus de visibilité et de représentation dans les processus de paix. Y a-t-il des preuves pour montrer qu’une voix plus forte des femmes dans la négociation des accords de paix peut donner de meilleurs résultats?

A partir des femmes qui étaient dans le gouvernement - qui étaient aux avant-postes, soit des ministres ou des ministres potentiels, qui auraient dû se réunir pour nous protéger et nous sauver de la catastrophe [des violences postélectorales au Kenya] à laquelle nous étions confrontée -, je n’ai pas vu cela. Et par conséquent, je continue de dire que lorsqu’on leur donne le pouvoir, les femmes doivent prouver qu'elles peuvent le gérer mieux que les hommes.

Quel est le lien entre les conflits, les femmes et l’environnement?

Lorsque les hommes se battent pour le pouvoir, ils luttent généralement pour contrôler les ressources. Il est très important pour nous de gérer nos ressources de manière responsable. Si nous ne le faisons pas, il y aura moins de ressources et cela renforcera la possibilité de conflit, surtout que la population augmente. Et chaque fois qu’il y a conflit, les femmes seront les principales victimes.
IPS/L’Observateur

Premier retrait des casques bleus de la Monuc : 115 militaires sénégalais rentrent

Province Orientale
Premier retrait des casques bleus de la Monuc : 115 militaires sénégalais rentrent
Le retrait des casques bleus de la Mission des Nations unies au Congo (Monuc) a commencé mercredi 15 juin par la Province Orientale. Près de 115 militaires des 458 hommes d'un bataillon de soldats sénégalais stationné dans l'est du pays dans le cadre de la Monuc ont quitté Kisangani par un vol Monuc de l’aéroport de Bangboka à destination de Dakar via Accra au Ghana. Ceux-ci ont été les premiers à repartir, et les autres doivent faire de même d'ici à la fin du mois.
Au total, 461 militaires sénégalais sont concernés dans un premier temps par ce retrait sur un effectif de 2000 casques bleus qui doivent se retirer du Congo, dans le cadre du redimensionnement de la Monuc, conformément à la résolution 1925 du Conseil de sécurité de l’Onu,
A l’occasion de la cérémonie officielle de ce retrait définitif, le représentant spécial du secrétaire général des l’Onu en RDC, Alan Doss, a salué le professionnalisme et l’engagement des militaires sénégalais dans le long processus de recherche de la paix en République démocratique du Congo. Il a indiqué qu’ “ à l’image de leurs prédécesseurs compagnons d’armes, ils ont porté haut le flambeau et représenté dignement le Sénégal, qui est un exemple au sein des Nations unies dans son engagement et sa participation au service de la paix et de la sécurité internationales ”.
La source rapporte que d’autres unités militaires de la Monuc ont été remplacées dans les zones troubles où opérait ce contingent sénégalais. C’est notamment à Dingila, dans le district du Bas Uélé, qui est en proie aux menaces des rebelles ougandais de la LRA
Le patron de la Monuc a révélé que la planification du retrait d’autres troupes se fera conjointement avec les autorités congolaises.
La Province Orientale est en proie aux incursions et autres exactions meurtrières des rebelles ougandais de la LRA, qui, selon les estimations onusiennes, auraient causé plus de 1500 victimes dans cette seule région depuis début 2009. Selon d’autres sources, notamment de l’agence catholique d’informations Misna, de nouvelles violences auraient été récemment commises en Province Orientale par des groupes armés de la communauté mbororo. Le départ des casques bleus sénégalais s'inscrit dans le cadre d'un programme visant à faire passer les effectifs de la Monuc – la plus importante force de l’Onu au monde - de 21 000 à quelque 18 000 d'ici au 30 juin. Cette résolution modifie également le mandat des casques bleus, formellement chargés de protéger la population civile.
Le redimensionnement de la Monuc découle de complexes négociations avec le gouvernement congolais, qui avait initialement sollicité son retrait total d'ici à la fin 2011.
Le début de ce retrait commence à quelques jours des festivités marquant le cinquantenaire de l’indépendance de l’ex-colonie belge. Mais il lui faudra un peu de patience, la communauté internationale estime que la situation sécuritaire dans le pays n'est pas stabilisée.
"Le 30 juin est une occasion marquante et je crois que nous devons réaliser que la Monuc est là depuis 10 ans et qu'il nous faut évoluer et nous adapter", a déclaré Alan Doss, chef de la Monuc.
A compter du 1er juillet, la Monuc sera rebaptisée Monusco (Mission de l’Onu pour la stabilisation en RDC) et se concentrera sur la protection des populations civiles.
Dans la foulée, le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a nommé en début de juin l’Américain Roger Meece à titre de Représentant spécial de l’Onu pour la RDC et Chef de la Monuc. M. Meece succèdera au Britannique Alan Doss qui va conclure son mandat à la fin du mois de juin. Selon un communiqué de l’ONU, « le Secrétaire général a exprimé toute sa gratitude envers M. Doss pour son leadership au sein de la MONUC qu’il a dirigé depuis janvier 2008 ».
Roger Meece avait assumé les fonctions d’ambassadeur américain en RDC de 2004 à 2007. Le Conseil de sécurité de l’Onu a prolongé au 30 juin 2011 le mandat de la Monuc (Monusco) en RDC.
Kléber Kungu

Il faut « libérer » la réforme des entreprises publiques

Portefeuille
Il faut « libérer » la réforme des entreprises publiques
Le Premier ministre et Chef du gouvernement, Adolphe Muzito s’est entretenu mardi 15 juin dernier avec la Directrice des Opérations de la Banque mondiale pour les deux Congo, Marie-Françoise Marie Nelly, autour de l’évolution du processus de réforme des entreprises publiques. A l’occasion, le Premier ministre a rassuré la Directrice des Opérations de la Banque mondiale de la volonté politique du gouvernement de poursuivre les réformes engagées des entreprises du portefeuille.
Pour bon nombre d’observateurs, les assurances données par le Chef du gouvernement sont « une très bonne nouvelle » dès lors que certaines attitudes, certaines déclarations au sein de la classe politique sèment des doutes dans les esprits quant au bon aboutissement de ce laborieux processus. L’opinion publique, au pays et à l’étranger, en arrive ainsi à se demander s’il y a un consensus politique autour du programme des réformes initiées par le Président de la République.
On se rappelle en effet les récentes sorties de quelques élus du peuple qui se sont livrés à un véritable harcèlement des membres du gouvernement. Ces députés ont proféré des accusations qui se sont révélées de véritables actions de sape des initiatives prises par le gouvernement alors que celui-ci tente d’apporter des réponses aux préoccupations sociales quotidiennes des Congolais dans toute la République au sortir d’un long conflit. Les négociations en cours à la Cinat, les contrats conclus à l’Okimo ont été systématiquement dénigrés, sans tenir compte des retombées économiques et sociales que ces actions auront sur les populations du Bas-Congo et de la Province Orientale ou de la RDC.
La conséquence des ces attaques contre les réformes, c’est de fragiliser le travail en profondeur initié par le Président de la République et relayé par le Gouvernement pour l’amélioration du climat des affaires. Un effort de normalisation remis à rude épreuve dès lors que la confusion sur l’autorité de décision est amplifiée. Il devient ainsi courant, lorsqu’on échange avec des investisseurs potentiels et même avec des partenaires déjà effectifs, de les entendre redouter, au regard par exemple des déclarations de certains députés, un retour à la situation d’avant le déclenchement du processus de la réforme.

Aller de l’avant
La République démocratique du Congo ne peut pourtant pas se permettre, aujourd’hui, ce genre d’incertitudes. La réforme des entreprises publiques a atteint une vitesse de croisière et la directrice des Opérations de la Banque Mondiale a eu raison d’aller s’enquérir de la question auprès du Premier ministre.
Lorsqu’on regarde sur le terrain, on se rend compte des progrès enregistrés au niveau économique. Et surtout, de l’impact de ces changements sur la situation économique et sociale des Congolais. Le nouveau pavillon VIP de l’aéroport de Ndjili sera livré dans quelques jours. Et les travaux de réhabilitation se poursuivent aussi bien pour Ndjili que pour les aéroports de Muanda, Luano et Goma. Depuis le 10 juin, Kananga est partiellement alimenté en courant 24h/24 grâce à une innovation technologique financée par le Fonds de promotion de l’industrie, FPI. Quelques jours plus tôt démarrait la réhabilitation d’un des quais du port de Matadi, principale porte d’entrée de la République. En Province Orientale, on peut relever la relance des activités minières de l’Okimo pour 35 millions de dollars. Et la dernière action en date est l’inauguration, par le Président de la République, de l’hôtel Karavia à Lubumbashi.
Il apparaît, au regard de ce petit aperçu, que les entreprises publiques s’efforcent, malgré un environnement que certains veulent rendre hostile, de réaliser leurs missions avec des actions à impact visible au profit de l’ensemble des Congolais. Pour que cette dynamique se poursuive, il faudrait absolument lever les doutes que certains politiciens veulent semer dans l’opinion en effrayant les investisseurs. Il y a lieu, comme l’a recommandé le président de l’Assemblée nationale, Evariste Boshab, de contenir les dérives, les dérapages auxquels on assiste de la part d’une certaine classe politique. Le Premier ministre, auteur des décrets novateurs sur la catégorisation des entreprises publiques, est et demeure le chef de la politique économique et sociale. Il ne revient pas à d’autres institutions de semer la confusion d’autant que les nouvelles sociétés commerciales – SNEL, Regideso, Okimo, RVA – ont quitté le giron étatique justifiant l’interventionnisme parlementaire à outrance, d’après certains juristes spécialisés.
Au moment où la République fait le bilan des 50 dernières années en vue de se projeter dans le Centenaire, il est temps de se concentrer sur le respect des textes qui régissent les institutions de la République. Et cela, sans « partisanerie » politique de nature à amener à la désunion nationale. Le temps est à la modernisation du pays et les entreprises publiques ont démontré qu’elles peuvent y jouer un rôle important, dans l’intérêt général des Congolais.
Kléber Kungu

vendredi 4 juin 2010

Jeannine Mabunda demande aux travailleurs de changer l’image de l’Onatra

En visite d’inspection au port de Matadi
Jeannine Mabunda demande aux travailleurs de changer l’image de l’Onatra
« Je vous invite à travailler ensemble pour changer l’image de l’Onatra en vue de rassurer les clients, les bailleurs et l’Etat propriétaire. » C’est ainsi qu’en substance Jeannine Mabunda, ministre du Portefeuille, a invité les agents et cadres de l’Office national des transports (Onatra) lors de sa visite d’inspection au port de Matadi mercredi 2 juin. La visite d’inspection a été réalisée sous la conduite du directeur du port maritime.
Avant cette visite d’inspection effectuée au maritime de Matadi, la ministre du Portefeuille, Jeannine Mabunda Lioko, s’est entretenue avec les agents et cadres de l’Onatra au port maritime de Matadi. La ministre en charge des entreprises publiques de la RDC a invité les agents et cadres de l’Onatra à plus de responsabilité et de discipline en leur demandant de travailler ensemble pour changer l’image de l’Onatra en vue de rassurer les clients, les bailleurs et l’Etat propriétaire. » L’image de l’Onatra ternie par de nombreux mouvements de grève « avec des gens qui vont en permanence en grèves et qui font constamment des déclarations dans les médias ».
En numéro un des entreprises publiques, Jeannine Mabunda a invité ses interlocuteurs à « construire la confiance, l’intérêt des autres vis-à-vis de l’Onatra. Il faut qu’on donne aussi une chance à l’Onatra de démontrer de quoi il est capable », a-t-elle déclaré, ajoutant que « les grèves, c’est des mois en plus de retard de salaires ». Pour terminer, elle les a rassurés d’être leur fidèle interprète auprès des autorités, tout en leur rappelant qu’une réforme est loin d’être un problème de dégraissage du personnel. Elle leur a demandé
A l’invitation de la ministre, un représentant des cadres a eu à apaiser la ministre Jeannine Mabunda. « Nous avons décidé à Matadi que plus question de grèves et que tout doit se discuter autour de la table de négociation ». En réponse à cela, Jeannine Mabunda a répondu que les problèmes du personnel doivent se régler au sein de l’entreprise, en tenant compte des dispositions internes, notamment les conventions collectives… Elle les a invités à éviter d’être toujours dans des complots et des intrigues. « Je n’aimerai pas que l’Onatra devienne une entreprise où il y a des intouchables », a-t-elle enchaîné.
De leur côté, les syndicalistes ont remis un mémorandum à Jeannine Mabunda Lioko contenant toutes leurs revendications. Dans la foulée, la ministre du Portefeuille en a profité pour féliciter aussi le port de Boma qui a fait preuve de courage.

Encouragement des travaux de rénovation du port de Matadi
La visite de Jeannine Mabunda est d’une importance capitale, d’autant plus que l’Onatra traverse des moments de turbulence. Le port maritime de Matadi est d’autant stratégiquement économique que la ville portuaire est l’entrée en RDC par la voie maritime. L’Onatra et la Compagnie maritime du Congo (CMDC) constituent, tels deux doigts liés, une véritable chaîne de transport multimodal. La ministre du Portefeuille a saisi cette opportunité pour encourager les travaux de rénovation du port maritime de Matadi qui, à ce jour, passe pour être le plus cher du monde.
A la CMDC, Jeannine Mabunda a visité, sous la conduite de l’ADG de la compagnie, Mme Mawandji Masala, un bateau à quai affrété par cette compagnie. Ici, la ministre a été mise au courant des difficultés de la CMDC, notamment le non-dragage du fleuve, le manque de grues, de manutention, de calaison/RVM, de flotte. A ce sujet, la CMDC n’a aucun bateau propre.
A la CMDC, où trois navires étaient en partance pour l’Europe, le personnel est régulièrement payé.
Une fois à Matadi, la ministre a rendu visite au vice-gouverneur du Bas-Congo, Déo Nkusu pour présenter des civilités. Celui-ci a profité de la visite de la ministre du Portefeuille pour lui présenter quelques problèmes (Sacherie du Congo, Cinat).
Le gouvernement congolais ne cesse de montrer sa volonté de moderniser le pays par la redynamisation des entreprises publiques par leur réforme. Jeannine Mabunda, l’œil du gouvernement dans ce secteur, tient à réussir ce pari : la réussite des cinq chantiers y passe en grande partie.
Kléber Kungu

La SNCC a tenu son assemblée générale

Portefeuille
La SNCC a tenu son assemblée générale
La ministre du Portefeuille, Jeannine Mabunda Lioko a présidé ce jeudi 3 juin, dans la salle de réunions de son cabinet, une assemblée générale de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC). Cette assemblée générale extraordinaire de l’actionnaire unique, l’Etat congolais a connu la participation, outre du délégué du Copirep en qualité d’observateur, des délégués de l’Etat actionnaire provenant respectivement de la Présidence de la République, de la Primature, des ministères des Transports et Voies de communication, des Finances, du Budget et du Portefeuille.
Les problèmes préoccupants de la SNCC ont été passés au peigne fin, notamment le climat social prévalant au sein de cette société de transport ferroviaire, les diverses contraintes d’exploitation, l’état des voies ferrées et du matériel roulant, et bien entendu aussi le contrat de stabilisation, ainsi que le processus de transformation.
La ministre du Portefeuille a souligné que la convocation de cette rencontre répondait à la nécessité de faire le point sur le processus de la transformation de la SNCC et d’évoquer les autres questions relatives à la gestion de l’entreprise et qui sont de la compétence de l’Assemblée générale. La SNCC, qui opère présentement avec 22 locomotives, dont 6 électriques et 16 en diesel, est confrontée à l’épineux problème de la paie de son personnel qui représente près de 70% de ses ressources réelles. Elle doit aussi éponger des arriérés de salaires évalués à plus de 42 mois et trouver du cash pour verser des allocations de fin de carrière à 2 000 agents admis à la retraite. La Banque mondiale, qui a pourtant promis, rubis sur ongle, un soutien financier important pour le règlement de cette épineuse question, semble marquer le pas.
Interrogé à ce sujet, le président du Conseil d’administration de la SNCC a indiqué que cette institution de Bretton Woods conditionne son engagement à la décision ferme du gouvernement congolais d’apurer dans les 5 ans, dans la perspective du Programme de transport multimodal, les arriérés de salaires accumulés. En plus, la Banque mondiale exige une opinion légale du ministère de la Justice attestant de la conformité ou non à la législation sociale congolaise des documents signés entre le Gouvernement, la SNCC et les syndicats de cette entreprise. L’Assemblée, qui a adopté le rapport présenté par le Conseil d’administration de la SNCC, a formulé plusieurs recommandations au Conseil d’administration au nombre desquelles la production des états financiers de la SNCC exercice 2009 au plus tard le 30 juin 2010.
Par ailleurs, un nouveau chronogramme indiquant la mise en œuvre des étapes de processus de transformation a été approuvé par les participants. Il comporte une analyse de la situation de la SNCC à transformer en SARL, sur les plans financier, comptable et juridique afin de déterminer tous les paramètres et obstacles à prendre en compte pour mener à bien ladite transformation, la réalisation de toutes les « dues diligences juridiques et financières » préalables à la transformation de la SNCC en société commerciale avec l’aide du Copirep et dont le processus est en cours de finalisation, la proposition des solutions pratiques aux contraintes identifiées aux deux étapes ci-dessus ainsi que la détermination du capital social minimum de départ sur base du bilan 2009.
La ministre du Portefeuille, qui s’est félicité de la tenue de cette rencontre, a, pour sa part, invité le Copirep et le Conseil supérieur du Portefeuille, à donner une lisibilité plus grande de ce qui est fait dans le processus de transformation de 20 sociétés commerciales depuis que le Premier ministre a prolongé au 31 décembre 2010 le délai de fixation de leur capital réel. La même instruction a été aussi donnée en ce qui concerne les 6 entreprises structurantes, à savoir la RVA, la SNEL, la Régideso, l’Onatra, la SNCC et la Gécamines qui attendent de bénéficier du concours des cabinets d’audit internationaux pour évaluer leurs différents contrats de gestion.
Kléber Kungu

Le Réseau des ONG antitabac appelle à une nouvelle législation

Journée mondiale sans tabac
Le Réseau des ONG antitabac appelle à une nouvelle législation
Le Réseau des ONG antitabac a profité de la journée mondiale sans tabac, organisée chaque 31 mai de l’année, pour donner de la voix sur cette question combien récurrente. A cette occasion, son président, Jacquemain Mvilambi Nsiku, a appelé l’autorité politique à mettre en place ce qu’il a appelé ‘’une nouvelle logistique dans l’arsenal des lois’’ en matière d’interdiction de la consommation du tabac que le Réseau considère comme un ‘’poison’’ ‘’introduit légalement dans nos sociétés par des institutions ayant pour mission la protection de la santé et des vies humaines…’’
Le 31 mai, plusieurs autorités politiques congolaises, des organismes internationaux, des organisations nationales de lutte contre le tabac, dont le Réseau des ONG antitabac, se sont réunis dans la salle de réunion OMS de la Gombe pour faire l’état des lieux de la lutte contre le tabac sous le thème central « Tabac et appartenance sexuelle : la question du marketing auprès des femmes ».
Devant l’évidence des méfaits néfastes de ce produit contre la santé de la personne, les uns et les autres ont exprimé le vœu de voir l’autorité compétente congolaise appliquer sans complaisance ou prendre des lois antitabac. C’est le cas du Réseau des ONG antitabac.
Jacquemain Mvilambi Nsiku, président du Réseau des ONG antitabac, « qui se veut un dispositif global de réduction de la consommation du tabac », a appelé l’autorité politique et toutes les institutions et personnes impliquées, de près ou de loin, dans la lutte contre le tabac de conjuguer leurs efforts pour réussir ce combat contre ce « produit légalement introduit dans nos sociétés par des institutions ayant pour mission la protection de la santé et des vies humaines, alors qu’elles sont les mieux, les plus informées et renseignées scientifiquement des méfaits de ce produit à la santé ».
Faisant sienne une phrase de Goethe, qui disait « la connaissance ne suffit pas, il faut la mettre en application, la volonté ne suffit pas, il faut agir », le président du Réseau des ONG antitabac a demandé que des lois antitabac soient votées et promulguées pour protéger les populations conformément à la Constitution de la RDC. Le Réseau souhaite, par conséquent, ‘’être intégré au projet de loi antitabac, notamment les principes directeurs de la Convention cadre de l’OMS pour la lutte contre le tabac, mettre en place les plus fortes et drastiques protections de la culture à la fabrication en passant par la commercialisation du tabac, en protection de la population et de l’environnement, amener les tabacicoles à présenter leurs bases de données et indicateurs à tous les processus des dérivés du tabac, mettre en place des mises en garde en français et en 4 langues congolaises pour une meilleure compréhension du public, faire mentionner les substances composites, rendre la femme en général et la femme enceinte en particulier responsable pénale de son geste de fumer durant les périodes de maternité face au fœtus porté…
Partant, le Réseau « sollicite une plus vive détermination du ministère de la Santé » pour éviter à la jeunesse cette mort lente qu’est le tabagisme. Il demande également au gouvernement de budgétiser les projets des ONG antitabac par des subventions de l’Etat, tout en invitant la population d’ouvrir l’œil face aux stratégies de marketing de l’industrie du tabac auprès de la femme.
La lutte contre le tabac est d’autant plus âpre que les enjeux notamment financiers des industries du tabac et tous ceux qui en tirent profit sont de taille.
Kléber Kungu

EP Tatamana championne version primaire

Challenge Erik Leander/3ème édition
EP Tatamana championne version primaire
L’école primaire (EP) Tatamana de la Communauté évangélique du Congo (CEC), située dans la commune de Masina, a été sacrée championne du challenge Erik Leander, 3ème édition, version primaire, en battant l’école primaire Ndungunu, de la même communauté, située dans la commune de Mont-Ngula sur le score de 5-3 (tirs aux buts). Un sacre qui a réjoui Mme Tutonda Nsakala Félicité, directrice de cette école.
C’est devant plusieurs autorités scolaires de la CEC, dont le Conseiller résident des écoles conventionnées protestantes (ECP), Grégoire Nsitwayizatadi Mukiese Dengele, que le match s’est déroulé au terrain de football du quartier 6 de la commune de N’djili. C’est l’EP Ndungunu qui va ouvrir le score par un auto but d’un défenseur de l’EP Tatamana à la 11ème minute. L’EP Tatamana va réagir 9 minutes plus tard en égalisant par l’un de ses attaquants avant de doubler la marque à la 23ème minute.
Plus techniquement au point, l’EP Tatamana va aborder la seconde mi-temps avec beaucoup plus de confiance. Ce qui va lui permettre d’obtenir un 3ème but à la 53ème minute. 3 buts à un, l’EP Tatamana devient très zélé et voit déjà le sacre. Conséquence, elle va baisser le régime en se donnant à une partie exhibitionniste. Très réalistes, les joueurs de l’EP Ndungunu vont appuyer sur l’accélérateur. Leurs efforts seront payants à la 72ème minute en obtenant un penalty. Une quinzaine de minutes plus tard, la pression de l‘EP Ndungunu sera telle qu’elle va obtenir l’égalisation. Un but qui va faire douter l’EP Tatamana.
En raison d’une chaleur caniculaire de cet avant-midi de samedi 29 mai, les autorités scolaires des deux équipes ont décidé de se passer de la prolongation en ne faisant jouer que les tirs aux buts. L’EP Tatamana va se racheter en réussissant tous les buts contre 3 pour l’EP Ndungunu.
Lors de la cérémonie de la remise des prix, le Conseiller résident des ECP/CEC, Grégoire Nsitwayizatadi Mukiese, a remercié les deux équipes pour avoir « obéi à la recommandation de jouer dans la discipline ». Pour lui, « cette phase finale de l’enseignement primaire est l’organisation interne des écoles de Kinshasa », car le Bureau du Conseiller résident des ECP/CEC a estimé qu’il fallait également faire jouer le Tournoi Erik Leander les écoles primaires.
Kléber Kungu

J'ai rencontré Plamedi, l’enfant orphelin des parents

J'ai rencontré Plamedi, l’enfant orphelin des parents
Le hasard m’a fait rencontrer, samedi 29 mai, Plamedi - Plan merveilleux de Dieu – un enfant orphelin de père et de mère, en quête de... 1 000 FC pour survivre. « Je viens de Masina pour rencontrer mon oncle qui devait me donner 1000 FC pour survivre. Mais je l’ai manqué et je le poursuis à la place Victoire où il s’est trouve. Après la mort par sida de mes parents en 2007, je vis avec mes deux sœurs et mon frère chez mon grand-père … ». Plamedi va me raconter sa vie actuelle, un récit profondément émouvant qui m’a arraché des larmes paternelles et ont valu à l’orphelin un élan de compassion de quelques passagers de ce bus que j’ai pris : il est sorti avec plus de 5 000 FC et des prières !
A l’arrêt Abattoire à Masina, un enfant embarque dans mon bus. Le hasard fait qu’il vient s’asseoir à ma droite, au 3ème banc. Mon flair journalistique et ma fibre paternelle se mettent du coup en éveil. Je me mets alors à l’interroger chemin faisant. L’enfant qui porte une culotte blanche avec un polo noir, un autre traîne sur son épaule, va répondre à mes questions sans hésitation. Je découvre que mon voisin est un orphelin de père et de mère, morts de sida, qu’il vit chez son grand-père, maçon de profession, avec ses trois frères (dont deux sœurs), qu’il était voir son oncle, militaire de profession, à Masina, pour lui demander de l’argent de survie et de pétrole à vendre – 1 000 FC -, mais qu’il n’a pas rencontré et qu’il le poursuivait à la Victoire…Le récit émouvant de cet enfant de 10 ans, qui doit déambuler à travers les rues de Kinshasa en quête de la survie, m’a arraché des larmes et lui a valu la compassion de quelques passagers.
Mes questions pleuvent, pêle-mêle. L’enfant répond sans désemparer. Ses réponses sont si claires et sans équivoque que deux femmes réagissent « Cet enfant dit vrai, car il n’ y a pas de doute dans ses déclarations », reconnaissent-elles. « Comment t’appelles-tu ? » « Je m’appelle Plamedi » répond l’enfant. « Quel est ton nom ? » « Kiputu Tshitshik. J’ai 10 ans et je suis en 3ème année primaire dans une école kimbanguiste, à Kisenso. J’habite sur l’avenue Tango n° 5 quartier Mission à Kisenso », répond calmement, avec assurance, le petit Plamedi à mes questions qui tombent petit à petit, espacées de quelques minutes.
Le bras droit de l’enfant porte des cicatrices, dont l’une plus récent. Je vais en savoir plus. « Pourquoi ces cicatrices ? » je demande à Plamedi. « Je m’étais blessé à la lame de rasoir et aux fils barbelés (kanga moyibi, arrêtez le voleur, NDLR), me renseigne l’enfant d’une voix calme qui vous arrache compassion.
De temps en temps, le receveur, assis au coin droit du premier banc, rejette un regard moqueur sur l’enfant. Un regard qui veut dire tout, sauf que l’enfant dit vrai. Un passager assis à droite de l’enfant se met aussi à l’interroger. L’enfant lui répond qu’il réalise quand même des bénéfices sur la vente du pétrole.
L’homme, touché par le récit de l’enfant, plonge la main dans sa poche et la sortit avec des billets de FC. Après avoir compté sa ‘’caisse’’, il en remet 5 ou 6 billets de 500 FC à l’enfant. « Il faut acheter du pétrole ! » lui recommande-t-il. Le geste de l’homme délie les quelques bourses des personnes touchées. Un homme remet à l’enfant 1 000 FC, une femme un billet de 500 FC, un autre passager fait autant. Déjà touché du fond de mon cœur paternel, je n’hésite pas à mettre la main à la poche : deux billets de 500 FC atterrissent entre les mains de l’orphelin. Les retombées ne tardent pas. Une des femmes, son enfant en mains, me dit ceci : « C’est grâce à vous que l’enfant vient de bénéficier de tout cet argent. Dieu va vous bénir », me dit-elle. Avant de descendre, elle bénit Plamedi. « Que le Seigneur te bénisse », dit-elle à l’enfant.
Comme un seul homme, quelques passagers du bus recommandent à l’enfant de ne plus aller voir son oncle. « Ne poursuis plus ton oncle. Rentre à Kisenso », lui disent-ils. « Je vais descendre à la première rue. A ce niveau, c’est là que je peux attraper facilement un bus », répond l’enfant. Le chauffeur rétorque qu’il se charge de transporte l’enfant au voyage retour.
Avant de descendre, je lui pose les dernières questions et le photographie. L’enfant tente d’esquiver la pose.
Le pays, singulièrement Kinshasa est plein de Plamedi inconnus, anonymes qui courent les rues de la capitale en quête permanente de survie. Mon Plamedi peut avoir été un enfant de la rue, un escroc, mais sa sincérité, la pitié qu’il m’a inspirée, sa voix innocente, sa beauté et son récit combien profond nous ont convaincu, les quelques passagers et moi que nous étions dans ce bus qui desservait la ligne N’djili et Victoire. Comment son récit serait-il parvenu à convaincre facilement des Kinois pourtant si méfiants à l’égard de nombreux enfants qui courent les rues kinoises ? Plamedi est l’échantillon de ces nombreux enfants sans soutien, abandonnés, rejetés par la société pour plusieurs raisons.
Kléber Kungu


Le hasard m’a fait rencontrer, samedi 29 mai, Plamedi - Plan merveilleux de Dieu – un enfant orphelin de père et de mère, en quête de... 1 000 FC pour survivre. « Je viens de Masina pour rencontrer mon oncle qui devait me donner 1000 FC pour survivre. Mais je l’ai manqué et je le poursuis à la place Victoire où il s’est trouve. Après la mort par sida de mes parents en 2007, je vis avec mes deux sœurs et mon frère chez mon grand-père … ». Plamedi va me raconter sa vie actuelle, un récit profondément émouvant qui m’a arraché des larmes paternelles et ont valu à l’orphelin un élan de compassion de quelques passagers de ce bus que j’ai pris : il est sorti avec plus de 5 000 FC et des prières !
A l’arrêt Abattoire à Masina, un enfant embarque dans mon bus. Le hasard fait qu’il vient s’asseoir à ma droite, au 3ème banc. Mon flair journalistique et ma fibre paternelle se mettent du coup en éveil. Je me mets alors à l’interroger chemin faisant. L’enfant qui porte une culotte blanche avec un polo noir, un autre traîne sur son épaule, va répondre à mes questions sans hésitation. Je découvre que mon voisin est un orphelin de père et de mère, morts de sida, qu’il vit chez son grand-père, maçon de profession, avec ses trois frères (dont deux sœurs), qu’il était voir son oncle, militaire de profession, à Masina, pour lui demander de l’argent de survie et de pétrole à vendre – 1 000 FC -, mais qu’il n’a pas rencontré et qu’il le poursuivait à la Victoire…Le récit émouvant de cet enfant de 10 ans, qui doit déambuler à travers les rues de Kinshasa en quête de la survie, m’a arraché des larmes et lui a valu la compassion de quelques passagers.
Mes questions pleuvent, pêle-mêle. L’enfant répond sans désemparer. Ses réponses sont si claires et sans équivoque que deux femmes réagissent « Cet enfant dit vrai, car il n’ y a pas de doute dans ses déclarations », reconnaissent-elles. « Comment t’appelles-tu ? » « Je m’appelle Plamedi » répond l’enfant. « Quel est ton nom ? » « Kiputu Tshitshik. J’ai 10 ans et je suis en 3ème année primaire dans une école kimbanguiste, à Kisenso. J’habite sur l’avenue Tango n° 5 quartier Mission à Kisenso », répond calmement, avec assurance, le petit Plamedi à mes questions qui tombent petit à petit, espacées de quelques minutes.
Le bras droit de l’enfant porte des cicatrices, dont l’une plus récent. Je vais en savoir plus. « Pourquoi ces cicatrices ? » je demande à Plamedi. « Je m’étais blessé à la lame de rasoir et aux fils barbelés (kanga moyibi, arrêtez le voleur, NDLR), me renseigne l’enfant d’une voix calme qui vous arrache compassion.
De temps en temps, le receveur, assis au coin droit du premier banc, rejette un regard moqueur sur l’enfant. Un regard qui veut dire tout, sauf que l’enfant dit vrai. Un passager assis à droite de l’enfant se met aussi à l’interroger. L’enfant lui répond qu’il réalise quand même des bénéfices sur la vente du pétrole.
L’homme, touché par le récit de l’enfant, plonge la main dans sa poche et la sortit avec des billets de FC. Après avoir compté sa ‘’caisse’’, il en remet 5 ou 6 billets de 500 FC à l’enfant. « Il faut acheter du pétrole ! » lui recommande-t-il. Le geste de l’homme délie les quelques bourses des personnes touchées. Un homme remet à l’enfant 1 000 FC, une femme un billet de 500 FC, un autre passager fait autant. Déjà touché du fond de mon cœur paternel, je n’hésite pas à mettre la main à la poche : deux billets de 500 FC atterrissent entre les mains de l’orphelin. Les retombées ne tardent pas. Une des femmes, son enfant en mains, me dit ceci : « C’est grâce à vous que l’enfant vient de bénéficier de tout cet argent. Dieu va vous bénir », me dit-elle. Avant de descendre, elle bénit Plamedi. « Que le Seigneur te bénisse », dit-elle à l’enfant.
Comme un seul homme, quelques passagers du bus recommandent à l’enfant de ne plus aller voir son oncle. « Ne poursuis plus ton oncle. Rentre à Kisenso », lui disent-ils. « Je vais descendre à la première rue. A ce niveau, c’est là que je peux attraper facilement un bus », répond l’enfant. Le chauffeur rétorque qu’il se charge de transporte l’enfant au voyage retour.
Avant de descendre, je lui pose les dernières questions et le photographie. L’enfant tente d’esquiver la pose.
Le pays, singulièrement Kinshasa est plein de Plamedi inconnus, anonymes qui courent les rues de la capitale en quête permanente de survie. Mon Plamedi peut avoir été un enfant de la rue, un escroc, mais sa sincérité, la pitié qu’il m’a inspirée, sa voix innocente, sa beauté et son récit combien profond nous ont convaincu, les quelques passagers et moi que nous étions dans ce bus qui desservait la ligne N’djili et Victoire. Comment son récit serait-il parvenu à convaincre facilement des Kinois pourtant si méfiants à l’égard de nombreux enfants qui courent les rues kinoises ? Plamedi est l’échantillon de ces nombreux enfants sans soutien, abandonnés, rejetés par la société pour plusieurs raisons.
Kléber Kungu

Tigo lance « Le jeu, c’est nous »

En prévision de la Coupe du monde 2010
Tigo lance « Le jeu, c’est nous »
Un match de football dont les équipes étaient formées d’agents et autres abonnés de Tigo, un autre de nzango et une autre compétition de jonglage de balle ont ponctué l’ouverture de la campagne ‘’Le jeu, c’est nous’’. Des activités qui ont été clôturées par une conférence de presse organisée par le directeur clientèle.
Pour lancer cette campagne dénommée ‘’Le jeu, c’est nous’’, Tigo a organisé plusieurs activités sportives en faveur de ses nombreux abonnés, tant pour les hommes que pour les femmes. Pour le football, une rencontre a été organisée ayant opposé de deux côtés des agents et abonnés de Tigo. Ceux portant les vareuses rouges ont battu l’équipe portant les vareuses blanches. Il y a aussi une rencontre de nzango et une compétition de jonglage de balle.
En marge de ces activités sportives, une conférence de presse a été également organisée pour le lancement officiel de cette campagne dédiée officiellement aux nombreux abonnés de Tigo, particulièrement aux sportifs. Pour le directeur clientèle de cette société de télécommunication cellulaire, «en Afrique, beaucoup de choses nous divisent : la culture, la géographie, la politique, l’idéologie et les langues. Mais quand nous regardons un match de football, nous pouvons nous rendre compte que quelque chose […] nous unit. C’est notre passion pour ce sport dit roi : le football]
Par cette campagne, la société, a déclaré son directeur clientèle, offre son soutien en devenant « le sponsor officiel de votre passion ». Et l’honneur est fait au fan. Il va souligner l’importance du fan, l’élément le plus important d’un match de football. Car, va-t-il démontrer, « sans les fans, il n’ y aurait aucune équipe, aucune superstar, aucun maillot vendu, aucun billet de match, donc des stades vides. Hormis la dépense physique sur le terrain, les supporters éprouvent les mêmes sentiments que chaque footballeur : la joie de la victoire et l’immense tristesse de la défaite ».
Le directeur clientèle a soutenu que « les fans sont aussi les stars du football. Qu’ils soient au Ghana, au Sénégal, au Tchad, en Tanzanie, au Rwanda ou en République démocratique du Congo, le but principal de cette campagne et notre ambition, avec ce focus sur ce supporter de football, est de ’’connecter chaque supporter de football congolais à ses amis et à des personnes qu’il aime afin de partager chaque moment d’un match de football’’ ».
« Peu importe notre âge, a avoué le directeur clientèle, le football est notre langue commune ! Nous pouvons ne rien avoir en commun : le football constitue toujours un sujet de conversation parfait. Sujet de conversation pour tous ceux qui aiment ce sport : les fans ! Si le football est ce qu’il est aujourd’hui, c’est grâce à chacun de ses supporters […] »
Ce qui justifie « le soutien de sa société aux supporters de football africains, aux supporters de football congolais ! » tout en nourrissant « l’espoir que cette parenthèse sportive et pacifique donnera par un exemple magnifique des idées de paix à tout le continent et à notre grand et beau pays […] »
« Le jeu, c’est nous…et nous assurons la victoire, la couverture, l’ambiance ! C’est cette campagne, qui a commencé avant la Coupe du monde 2010 et qui va aller au-delà de cette fête de football internationale.
Le complexe sportif Shark Club à l’athénée de la Gombe a servi de cadre au lancement de cette campagne.
Kléber Kungu

L’éducation en RDC est-elle de qualité ?

L’éducation en RDC est-elle de qualité ?
(Un reportage de Kléber Kungu)
L’éducation en RDC est-elle de qualité ? La question est d’actualité. La réponse est d’emblée négative. Elle se susurre et le plus souvent elle se parle à haute voix sur plusieurs lèvres, aussi bien des acteurs de l’éducation que de la population en général, cible privilégiée. A ce jour, où le gouvernement Muzito II ne lui a alloué que 7, 2% du budget national, la descente aux enfers de l’éducation est loin d’arrêter sa course. Quelques acteurs de l’éducation nationale ont donné de la voix pour présenter leur position sur cette question. Chefs d’établissement du primaire et du secondaire, des enseignants de ce secteur, y compris des élèves, sont arrivés à une évidence : l’éducation en RDC est loin d’être de qualité. Tous sont aussi d’avis que l’éducation de qualité passe par certains préalables : payer décemment l’enseignant, le recycler régulièrement, équiper les écoles en matériels didactiques et en manuels scolaires, supprimer la prise en charge des enseignants par les parents qu’ils considèrent comme « une pratique honteuse », reprendre par l’Etat la prise en charge des enseignants…Des souhaits exprimés par ces acteurs du secteur de l’éducation que nous avons rencontrés dans leurs lieux de travail ou d’études.
A l’école primaire 1 Lukaya située au quartier 5 de la commune de N’djili, nous rencontrons le directeur Wamba Robert, 74 ans dont 48 ans de carrière. Il nous reçoit dans un bureau étroit où les documents et les livres scolaires, les cartes géographiques accrochées aux murs constituent la principale richesse. Lorsque nous lui demandons comment marche son travail, il lance, haut : « Il faut supprimer la prise en charge des enseignants par les parents. C’est un système très honteux qui n’honore pas notre pays ». Une entrée en matière qui annonce l’état d’esprit de ce directeur qui a vu de toutes les couleurs dans ce secteur qui ne veut pas le lâcher.
« Il n’ y a pas une éducation de qualité en RDC pour le moment, parce qu’il y a trop de laisser-aller », répond-il, courageusement à notre question de savoir s’il y a une éducation de qualité en RDC. Pour lui, pour sortir de cette situation malheureuse, « il faut assurer une existence décente à l’enseignant » qui, en bénéficiant d’un salaire décent, il va se donner en travaillant colle il se doit ». Conséquence, l’enseignement retrouvera ses lettres de noblesse d’avant l’indépendance.
Le dirécole Wamba reconnaît la qualité des programmes en vigueur dans l’enseignement, mais il faut supprimer la prise en charge des enseignants par les parents car faute de moyens de la plupart des parents d’élèves, les enfants sont régulièrement chassés de l’école et ne suivent pas régulièrement les cours. Il suggère également d’avoir à recycler régulièrement les enseignants pour attendre d’eux un bon travail.
La directrice de l’EP2 Lukaya, Mme Miafukama Mikunga, 63 ans avec 36 ans de carrière dans le secteur, qui nous reçoit dans son bureau avec pratiquement le même décor trouvé dans le bureau de son collègue, aborde dans le même sens, en ajoutant qu’ « il faut revoir les programmes » que les télévisions congolaises offrent à leurs téléspectateurs.
Avec une éducation de qualité, le pays aura à « se développer, la mentalité des gens va changer, le nombre de chômeurs va diminuer », a-t-elle proposé comme avantages d’une éducation de qualité.

L’enseignant ressemble à un vaurien
Mavambu Ndangi Simon, enseignant de 6ème primaire de cette école, 47 ans, dont 14 de service, estime qu’il « n’existe plus une éducation de qualité car l’agent principal qu’est l’enseignant est abandonné, rejeté par l’Etat au point de ressembler à un vaurien ». Pour y remédier, il opte pour la « restauration du système de recyclage des enseignants qui leur permettrait d’être à jour sur les matières à enseigner. » Il pense que l’Etat dispose de moyens pour y parvenir, mais il refuse de les appliquer. Quant aux avantages qu’aura la RDC d’avoir une éducation de qualité, il estime que le pays va acquérir de bons cadres devant le diriger, il y aura également la suppression des antivaleurs comme la corruptionet l’analphabétisme et les diplômes délivrés dans les universités congolaises ne seront plus refusés dans certains pays comme le Cameroun, le Gabon, les Etats-Unis d’Amérique.
En reconnaissant qu’il n’existe pas une éducation de qualité en RDC, Diakanua Samba, 55 ans, dont 33 de service, enseignant de l’EP1 Lukaya, pense que l’éducation de qualité passe par la mise sur pied un programme national que toutes les écoles sont tenues d’appliquer, il faut également « équiper les écoles en manuels, en matériels didactiques et en mobiliers avec des enseignants bien formés et recyclés. »
Il ajoute que le pays a besoin des « enseignants de carrière, ayant des qualifications requise pour enseigner à l’école primaire ou au secondaire où on a besoin des finalistes de l’UPN ».
Plusieurs machines et appareils électriques ornent le bureau de la direction scolaire de l’Institut technique professionnel (ITP) Tatamana à Masina. C’est dans ce bureau que René Mundala Matomisa, 52 ans révolus, dont 26 de service, préfet des études de cette école nous reçoit. Il sort de la salle de classe pour dispenser les cours. M. Mundala opte pour la suppression totale de la prise en charge des enseignants par les parents en améliorant le salaire, les conditions de vie et de travail des enseignants et des élèves. En déinitive, propose-t-il, il faut pousser l’Etat à prendre en charge les enseignants. Pour cet ingénieur électronicien, une éducation de qualité doit être tributaire des enseignants avec des qualifications scientifiques et méthodologiques. Et en définitive, le pays formera des hommes compétents ayant le savoir-être et le savoir-faire.
Gérard Munuana, la cinquantaine révolue, préfet des études du collège 1 Abbé Loya, à Ngiri-Ngiri, estime, qu’il est difficile d’assurer, à ce jour, une éducation de qualité, d’autant que l’Etat ne s’efforce pas à y parvenir, pendant que « l’école se donne beaucoup de peine pour faire en sorte qu’il y ait une formation de qualité ». Il souligne que « malgré cela, dans cette école, les enseignants dispensent quand même une formation de qualité aux élèves en vue de leur permettre de refléter une bonne image, non seulement de l’école, mais aussi du pays ».
Pour l’une des enseignants de cette même école, Mme Judith Bikalu, 40 ans, « avant qu’un enfant reçoive une éducation de qualité, il faudrait au préalable que l’enseignant soit bien formé tout en respectant certains principes de base d’une éducation ». Géographe de formation, Mme Bikalu ajoute qu’« assurer une éducation de qualité est également une tâche qui revient aux parents qui doivent accorder, de leur côté, une place importante à l’éducation, parce qu’une éducation de base se donne à la famille, donc les parents et les enseignants se complètent mutuellement » dans cette tâche si exaltante.
Les élèves ont également donné leur point de point sur cette question d’actualité. Patricia Yatalo, 16 ans, élève en 3ème année de la même école, se « réjouit d’étudier dans une école où il y a la discipline et une formation intégrale de l’homme » en estimant que cela la « différencie des autres » et espère qu’à travers cette éducation de qualité, elle sera un jour très utile à la société.
Matiti Mukwaba, 20 ans, élève en 5ème des humanités pédagogiques de cette école fait l’apologie de l’éducation dispensée dans son école. « Dans mon école par exemple, dit-il, malgré toutes les contraintes, les enseignants tiennent toujours à la rigueur. C’est ce qui, estime-t-il, qui justifie la qualité des élèves au collège1 Abbé Loya ». Il pense que pour mieux assurer une bonne éducation, il importe de mettre des moyens nécessaires en pensant à une remise à niveau des enseignants et restructurer le secteur de l’éducation pour une meilleure formation des enfants afin de remédier à certaines pratiques de la délinquance qui ravage la ville de Kinshasa. L’élève ajoute que l’Etat congolais devrait également accorder une place importante à l’éducation nationale pour assurer une relève des personnes de qualité visant le développement du pays.
De bonnes déclarations faites par les acteurs de l’éducation qui vivent au quotidien les réalités malheureuses d’un secteur, pourtant capital pour le développement d’un pays, mais devenu le cadet des soucis des dirigeants de la RDC. Jusqu’où va aller l’écho des voix des acteurs de l’éducation ? Atteindra-t-il le destinataire ? Leur message l’émouvra-t-il ?

J’ai rencontré Isella Natalina, la ‘’mère Teresa’’ au Foyer Ek’abana (3)

Bukavu livre ses autres secrets
J’ai rencontré Isella Natalina, la ‘’mère Teresa’’ au Foyer Ek’abana (3)
(Par Kléber Kungu)
De petite taille, le regard vif enfoui derrière une paire de lunettes claires, le langage direct, Isella Natalina, 63 ans, c’est cette dame italienne qui prend en charge les enfants de Bukavu accusés de sorcellerie, dans son centre, d’une dénomination symboliquement significative : Foyer Ek’abana (les enfants sont à la maison, NDLR). Nous la rencontrons dans ce ‘’foyer’’, toujours au four et au moulin, près de ses protégés et prête à leur rendre cette chaleur familiale qu’ils n’ont plus, étant rejetés par les leurs.
C’est Dieudonné Muhananu, animateur principal et chargé de stage et animations culturelles au Foyer Ek’abana, qui nous reçoit avant d’être rejoints par Isella Natalina, coordonnatrice du Centre.
Il va nous parler des activités du Centre. En 2002, le Centre, qui devait être consacré à l’informatique, a dû prendre une autre orientation plus humanitaire : encadrer des enfants accusés de sorcellerie. Cette année-là, il a accueilli 9 jeunes filles. C’est le départ de toute une grande histoire du Centre qui a vocation de récupérer dans la rue tous les enfants que la société rejette en les accusant d’être des sorciers.
Une fois au centre, les enfants sont scolarisés, du moins pour ceux qui en ont encore l’âge. Selon Dieudonné Muhananu, la plupart des enfants pensionnaires de Foyer Ek’abana étudient dans des écoles de Bukavu où ils se révèlent de brillants élèves. Les frais scolaires et la restauration sont assurés par le Centre jusqu’à l’âge de 18 ans. A cet âge, le Centre organise une sorte d’au revoir à l’enfant devenu adulte. A cette occasion, on remet à l’enfant un kit composé d’une machine à coudre. Si le Centre n’arrive pas à retrouver les parents dont l’enfant est sur le point de quitter le Centre, on le transfère.

8 ans d’existence, environ 300 enfants accueillis
A ce jour, le Centre a déjà accueilli environ de 300 enfants en 8 ans d’existence. Le Centre n’accueille pas que des enfants dits sorciers, mais tous ceux qui sont très vulnérables. Le Centre s’occupent également des 600 enfants dits ‘’ mai mihogo’’ (eau contre manioc), qui sont dans leurs foyers et pour qui il paie les frais scolaires. Il y a, en outre, une cinquantaine de filles dépourvues de métier que le Centre forme en payant les frais d’atelier.
Foyer Ek’abana à la particularité d’être inconnu : c’est le propre même des personnes ou des choses qui font de grandes choses sans beaucoup de bruits. C’est le Centre de protection de l’enfance de Cimpunda, situé au quartier SNCC, une jeune œuvre du diocèse de Bukavu créée en janvier 2002.
Le Centre organise quelques activités d’encadrement des enfants : le sport, l’agriculture, les danses et les chants traditionnels, modernes et étrangers, la coupe et couture, le jardin, l’élevage.
Aujourd’hui, le Centre butte à plusieurs difficultés, notamment la demande qui excède l’offre, le manque de financement (le Centre ne vivant principalement que des dons et legs, la difficulté à réinsérer les filles, le manque de collaboration des parents, la pauvreté des familles.
Le Centre ne se limite pas à recevoir les enfants, mais il mène également des activités de sensibilisation commune avec la police, les chefs de quartier, les curés de paroisse dans des quartiers sur la question de sorcellerie dont on accuse les enfants.
L’animateur principal estime que les activités de sensibilisation portent des fruits. Aujourd’hui, l’on constate une baisse du nombre d’enfants jetés dans la rue à cause de la sorcellerie, par rapport aux années antérieures.
Foyer Ek’abana a quatre animateurs du terrain, il dispose de la commission sociale, de l’aumônerie, de la réception où est enregistrée l’identité de l’enfant et de ses parents. Il y a également une cuisine, un réfectoire, une bibliothèque, une grande salle pour le théâtre.
Depuis 1976 en RDC, Isella Natalina, estime que les humanitaires ne font rien sur le terrain, d’autant que son centre ne bénéficie d’aucune aide humanitaire, alors que Foyer Ek’abana peine pour trouver des bailleurs de fonds. Quant aux autorités politiques du pays, elle les appelle à l’application stricte des lois sur la protection de l’enfant.
« Vous ne pouvez pas vous reposer tant qu’il y aura une petite fille à laquelle vous pouvez être utile ». Cette phrase de Don Lucca Passi est bien affichée au Centre. Isella Natalina en a fait son leitmotiv. Lorsqu’elle nous fait visiter son Centre, elle en profite pour nous montrer son amour envers les rejetés de la société. Un mot tendre ici, un encouragement là, quelle tendresse, quelle dose de générosité verbale envers ses pensionnaires. Voilà Isella Natalina, cette ‘’Mère Teresa’’ de Bukavu qui ne dort pas sur ses lauriers tant qu’elle se rend compte que Bukavu compte des centaines d’enfants auxquels elle doit être utile.