dimanche 27 juin 2010

Pétrole de l’Ituri: la société civile s’oppose au contrat de Caprikat

Le gouvernement doit réparer l’erreur commise
Pétrole de l’Ituri: la société civile s’oppose au contrat de Caprikat
Le dossier de ce que nous pouvons appelé « le pétrole de l’Ituri » prend une allure de plus en plus sérieuse. Aujourd’hui, la contestation de la population de l’Ituri est telle que le dossier devient un véritable bras de fer entre elle et le gouvernement congolais. En l’espace de moins d’un mois, la société civile vient de montrer son opposition sur ce dossier aux contours très flous. Le 18 juin, elle a adressé un mémo aux autorités politiques du pays avant de revenir à la charge le 24 juin par une déclaration. Les deux documents révèlent les irrégularités qui entourent le contrat liant le gouvernement congolais à Caprikat sur l’exploitation du pétrole de Graben Albertine.Par ce dernier document, la société civile de l’Ituri vient de donner de la voix en s’opposant au contrat que le gouvernement congolais par le ministère des Hydrocarbures a signé avec la société Caprikat et en demandant au Président Joseph Kabila de ne pas approuver par ordonnance, conformément aux dispositions légales, ce bradage des ressources pétrolières de la RDC.
Dans un mémo rendu public mercredi 23 juin à Bunia, la Société civile de l’Ituri demande au président Joseph Kabila de ne pas cautionner le nouveau contrat agréé le 2 juin par le gouvernement congolais en faveur de la compagnie pétrolière Caprikat. Ce contrat octroie à cette entreprise l’exploitation des blocs pétroliers 1 et 2 du Graben Albertine. Qui a floué qui dans ce dossier ? S’interroge l’opinion nationale, en particulier la société civile de l’Ituri. Pouvons-nous conclure que le gouvernement en est arrivé à se faire flouer en bradant les 50 milliards de dollars que valent les 800 millions de barils du site Graben Albertine en accordant l’exploitation des blocs I et II à Caprikat, une société pétrolière sans référence avérée dans le domaine pétrolier ?
Selon le président de la société civile de l’Ituri, ces deux blocs font l’objet d’un contentieux non encore résolus par le gouvernement entre les compagnies pétrolières Tullow Oil et Divine Inspiration.
Le mémo indique que la population de l’Ituri ne cèdera pas à l’exécution de ce «contrat porteur des magouilles perpétrées par certains membres du gouvernement imbus d’intérêt égoïste». La société civile de l’Ituri dénonce « le bradage des ressources nationales de la RDC par le gouvernement à travers les sociétés susmentionnées, lesquelles sont basées dans le paradis fiscal des Iles vierges. »
« Ces pseudo entreprises détenues en réalité par un sujet israélien, Dan Gertler, un sujet sud-africain et des sujets congolais ne possédant ni compétence technique moins encore des compétences financières et humaines pour une exploitation rationnelle et efficiente des blocs pétroliers leur cédés », déplore le document de la déclaration des députés nationaux et sénateurs de l’Ituri, dont la rédaction de L’Observateur a obtenu une copie.

Que Caprikat se retire
Le président de la société civile de l’Ituri appelle Caprikat à se retirer de ces réserves pétrolières querellées parce que les contrats liant le gouvernement aux parties en conflit (Tullow Oil et Divine Inspiration) ne sont pas encore résiliés.
Dans notre édition d’hier, nous avons dénoncé le fait que depuis 2006, les blocs I et II de Graben Albertine ont été attribués à trois exploitants différents, le dernier étant Caprikat, alors que les contrats liant les deux précédents exploitants – Tullow Oil et Divine Inspiration – courent encore. Comment et pourquoi le gouvernement congolais, pourtant très méticuleux en matière d’attribution de ce genre de contrats, s’est fait-il floué, lui qui a besoin de renflouer ses caisses pour réaliser son programme ambitieux des 5 chantiers ? Pour le gouvernement congolais n’a-t-il pas tiré une leçon dans cette affaire qui avait valu en 2008 au ministre Mende une interpellation à l’Assemblée nationale avec la question du député Bamanisa ?
Tout peut porter à croire qu’à un certain niveau, de prise de décision, il y a eu quelqu’un qui s’est fait flouer ou qui a floué les autres. Les documents en notre possession lèvent une partie de voile sur cette affaire très scabreuse. La source rapporte que le ministre des Hydrocarbures, Célestin Mbuyu Kabango aurait présenté pour signature au Président de la République un document autre que celui défendu au Conseil des ministres. Dans cette partie en plus – quelque deux pages – on note quelques irrégularités, mieux faussetés, par exemple, celle faisant état de la faiblesse du Contrat de partage de production (CPP) signé par un vice-ministre, feu Nicolas Badingaka, alors que le ministre titulaire était présent à Kinshasa. La réalité est que le ministre Salomon Banamuhere se trouvait en mission à l’intérieur du pays.

Le gouvernement devant ses responsabilités
Dans un long et pertinent questionnement, sous la forme d’une mise au point, les députés et sénateurs de l’Ituri signataires de la déclaration mettent le gouvernement devant ses responsabilités, le rendant in fine responsable de tout ce qui adviendrait si le mauvais traitement d’un dossier très scabreux. Pourquoi le Gouvernement s’est-il caractérisé par un mutisme face aux recommandations de l’Assemblée nationale en rapport avec les contrats des hydrocarbures sur le Graben Albertine dont celui de lui faire rapport ? Pourquoi l’Etat congolais n’a-t-il pas pris soin de clarifier les anciens contrats soit par leurs revisitations, soit par leurs annulations ? Quel est intérêt du Gouvernement d’octroyer à une société off shore apparemment créée pour besoin de la cause et au mépris de la procédure requise, tous ses droits sur son patrimoine dont la valeur dépasse les 50 milliards de USD ? Pourquoi le Gouvernement n’a-t-il pas recouru à un appel d’offre international, mais plutôt à des entreprises inconnues et/ou peu crédibles dans le secteur pétrolier ? Sachant que Caprikat va s’empresser de vendre des droits acquis sur don seul papier du contrat de partage de production, sans avoir au préalable déployer ses propres capacités d’exploration qui coûteraient plusieurs centaines de millions de dollars, pourquoi le Gouvernement lui aurait fait ce cadeau au moment où il doit mobiliser toutes les ressources financières pour faire face à ses engagements et aux défis du développement de la RDC ?
Si le gouvernement a failli – ce qui n’est pas impossible – il est temps qu’il corrige cette erreur. Car persister dans cette erreur serait très préjudiciable aux nombreux Congolais qui attendent beaucoup de leurs gouvernants. Ne dit-on pas que se tromper est humaine et que demeurer dans cette erreur est diabolique ?
Kléber Kungu

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