dimanche 27 juin 2010

Les précisions de Jeanine Mabunda sur l'après-Progosa

Entretien avec la ministre du Portefeuille sur la situation à l’Onatra
Les précisions de Jeanine Mabunda sur l'après-Progosa
La ministre du Portefeuille a reçu jeudi le Conseil d’administration de l’Office national des transports (Onatra) conduit par son président Guillaume Kahasha. A l’ordre du jour, la situation de l’entreprise à la fin du contrat d’assistance technique de la firme Progosa. Pour Jeannine Mabunda, « le gouvernement a voulu être responsable en donnant à la fin de ce contrat un sens dans le respect des lois. On ne gouverne pas dans la rue. Lorsqu’on gouverne dans la rue, c’est là qu’on effraie les travailleurs de l’Onatra ». Le souci du gouvernement, comme celui du gouverneur du Bas-Congo, est celui « de voir le gouvernement agir vite pour permettre de donner les mêmes chances à l’Onatra en matière de modernisation, pour permettre aussi à la population du Congo mais du Bas-Congo en particulier qui vit de ce port d’être rassurée que nous poursuivons le cap, que nous maintenons le cap des réformes dans un souci d’amélioration des services à la population congolaise, dans un souci de gagner la compétition que la RDC a avec ses voisins sur la question des ports maritimes. Mon message est de dire que le gouvernement a pris toute la mesure de l’accélération qu’il faut donner au plan de modernisation de l’Onatra et qu’il va s’assumer dans la discipline et dans le respect des attentes de la population congolaise. » C’est ce message en substance que Jeannine Mabunda a livré à travers une interview qu’elle a accordée à L’Observateur.


Mme la ministre, vous avez reçu le Conseil d’administration de l’Onatra. De quoi en a-t-il été question ?
Effectivement, à la suite de la lettre du 18 juin de Son Excellence monsieur le Premier ministre relativement à la réforme de l’Onatra dans le contexte du contrat de gestion de Progosa, j’ai réuni les mandataires pour leur faire part des instructions et des orientations du Premier ministre dans le cadre de la politique gouvernementale sur la réforme.

Qu’en est-il exactement de ce contrat Progosa ? Est-il résilié ? Et quelle est la suite ?

Je crois que les choses sont assez claires. Le contrat que nous avons établi il y a deux ans a commencé à une date donnée et ensuite il y a une période de stabilisation. Les deux ans sont arrivés à échéance par voie normale le 31 mai. Et donc, plus de trois semaines après, il était tout à fait normal qu’au niveau du gouvernement, on puisse prendre acte de la cessation ou de l’expiration du terme du contrat et que l’on puisse se revoir au niveau de la structure gouvernementale appropriée du Gouvernement qui est l’Ecofin pour réfléchir sur les options à prendre ensemble pour la capitalisation des acquis obtenus mais peut-être aussi pour l’accélération. Parce qu’on compare l’Onatra à la SNCC et à la RVA qui sont aussi dans une réforme du secteur du transport. On situe aussi l’Onatra dans la politique de réforme en matière d’entreprises publiques appliquées au secteur du transport.

Y a-t-il eu une évaluation du contrat Progosa et quelle en est la suite ?

Une évaluation du contrat Progosa, certainement. Comme toute performance, les entreprises publiques font l’objet d’évaluation. L’évaluation de ce contrat a été faite et la primeur en est réservée au gouvernement puisque c’est un contrat du gouvernement. Je ne voudrais pas préjuger ici du jugement que le gouvernement va porter sur ce contrat.

Quels sont les tableaux qu’on peut déjà préconiser ? Va-t-on revenir à l’ancienne formule ou peut-on continuer à traiter avec les firmes étrangères ?

La lettre du Premier ministre est très claire à ce sujet. Il dit que nous avons déjà fait un petit progrès en passant une réforme dans le secteur du transport basée sur l’appel à des équipes de gestion mixtes composées de Congolais et d’expatriés. Il demande à la ministre du Portefeuille de voir des options d’accélération pour la modernisation de l’entreprise Onatra. Nous nous réjouissons de voir qu’à la RVA, pour donner un exemple, dans le cadre de la mobilisation des énergies des Congolais, la société a été capable de lancer des chantiers qui sont en bonne voie. Je pense que, dans la conception de Son Excellence Monsieur le Premier ministre, que le même rythme d’accélération intervienne dans les autres entreprises du secteur du transport. C’est dans ce cadre-là que l’Onatra a reçu du gouvernement une feuille de route en novembre 2009. Dans cette feuille de route, on a demandé à l’Onatra d’accélérer les travaux d’amélioration du chemin de fer urbain pour Kinshasa, d’améliorer le chemin de fer Kinshasa-Matadi pour pouvoir désengorger plus rapidement le port de Matadi. Nous avons, pour ce faire, négocié avec la Banque mondiale qui a déjà lancé un appel d’offre pour 5 locomotives qui sont livrables après juin 2011 et qui vont permettre d’améliorer les capacités de traction de l’Onatra. Enfin, nous restons préoccupés, dans le cadre du climat des affaires, par la compétitivité du port de Matadi. Il faut savoir qu’aujourd’hui, le Cameroun, le Gabon et le Congo Brazzaville sont en train de moderniser leurs ports. Ils sont donc en train de prendre de l’avance sur nous. L’orientation que le Chef du gouvernement a donnée sur l’Onatra, c’est qu’on accélère la démarche de modernisation. Donc, on ne va pas revenir au système ancien, on ne va pas revenir au statu quo. Si les autres - RVA, SNCC – avancent, il faut que l’Onatra avance aussi. Au crédit des 10 000 travailleurs de l’Onatra, ils ont compris le sens de l’urgence. Ils ont compris le sens de défendre le port de Matadi et ont commencé des efforts notamment avec la réhabilitation du quai Venise.

Quel est le statut des mandataires actuels de l’Onatra ?

Ils ont le même statut que tous les autres mandataires. Ils sont nommés par le Chef de l’Etat et je n’ai pas à commenter les pouvoirs exclusifs de ceux qui doivent nommer ces personnes.

L’Onatra est-il prêt à être transformé aujourd’hui ?

Je pense qu’il faut poser la question aux clients de l’Onatra et aux Congolais. Votre question me semble être une façon de dire : « nous les Congolais avons l’impression que l’Onatra ne veut pas nous rendre service, qu’il est un Etat dans l’Etat et qu’il veut vivre à sa façon et selon son propre rythme ». Je comprends votre souci et votre impatience d’avoir un port de bonne réputation, un chemin de fer Kinshasa-Matadi qui soit plus performant… Nous avons compris le cri de détresse des piétons de Kinshasa mais aussi du reste du Congo qui veulent avoir des services de qualité par nos entreprises du transport. A l’Onatra, s’ils sont citoyens, ils ont le même souci que nous de voir le Congo changer pour le mieux-être de toute la population.

Un message pour le personnel de l’Onatra ?

Le gouvernement a voulu être responsable en donnant à la fin de ce contrat un sens dans le respect des lois. On ne gouverne pas dans la rue. Lorsqu’on gouverne dans la rue, c’est là qu’on effraie les travailleurs de l’Onatra. Je pense particulièrement à ceux de Matadi qui étaient préoccupés et cette préoccupation a été prise en charge par le gouvernement du Bas-Congo qui, à nos cotés, est très acquis à une modernisation de l’Onatra, notamment au niveau du port de Matadi. Le gouverneur du Bas-Congo nous a fait part de sa volonté de voir le gouvernement agir vite pour permettre de donner les mêmes chances à l’Onatra en matière de modernisation, pour permettre aussi à la population du Congo mais du Bas-Congo en particulier qui vit de ce port d’être rassurée que nous poursuivons le cap, que nous maintenons le cap des réformes dans un souci d’amélioration des services à la population congolaise, dans un souci de gagner la compétition que la RDC a avec ses voisins sur la question des ports maritimes. Mon message est de dire que le gouvernement a pris toute la mesure de l’accélération qu’il faut donner au plan de modernisation de l’Onatra et qu’il va s’assumer dans la discipline et dans le respect des attentes de la population congolaise.
Propos recueillis par Kléber Kungu

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