lundi 21 décembre 2009

Le découpage territorial, une mission impossible ?

Le découpage territorial, une mission impossible ?

(Un dossier de Kléber Kungu)

La Constitution congolaise a consacré la décentralisation comme mode de gestion et d’organisation politique et administrative du pays. Il n’y a aucun doute sur les bonnes intentions qui avaient animé les concepteurs de l’actuelle Constitution congolaise, adoptée par référendum en février 2006, lorsqu’ils ont proposé un Etat décentralisé après plusieurs années marquées par l’omniprésence et l’arbitraire du pouvoir central. Vu l’immensité du pays et les nombreux problèmes – tous urgents- de la République démocratique du Congo (RDC), sans doute était-il temps de tourner la page et de concrétiser, enfin, une idée déjà ancienne. Nous nous rappelons qu’entre 1962 et 1965, les onze provinces qui existaient lors de l’indépendance avaient été remplacées par 21 « provincettes » d’importance inégale, une mesure qui avait menacé le pays d’atomisation et que le président Mobutu avait abolie dès sa prise de pouvoir en 1965. Selon Jean-Claude Bruneau, « le redécoupage administratif instauré n’a rien d’une première, puisque la scissiparité territoriale fut un processus récurrent tout au long des 125 années d’existence politique du Congo. »

Malheureusement, la décentralisation présente des signes d’une gestation difficile, des signes avant-coureurs qui ne trompent pas : le gouvernement central rechigne à rétrocéder les 40% des recettes aux provinces, des conflits identitaires, la résurgence des tensions ethniques, des caisses de l’Etat qui sonnent creux… Le découpage territorial, qui doit concrétiser cette décentralisation, peine beaucoup à prendre corps. Les choses se passent comme si cette question n’est pas inscrite dans l’agenda des autorités du pays. Des pesanteurs empêchent le découpage territorial de se matérialiser, le rendant une mission impossible à ce jour. Alors que le temps presse, car il ne reste que quelque 3 mois de son entrée en vigueur à la date butoir de mars 2010.

En dépit de l’opportunité que le découpage territorial présente et de tous les avantages qu’il offre pour un pays aux dimensions continentales en vue d’une gestion administrative et politique assez aisée, il y a lieu de craindre à ce jour qu’il présente, aux yeux de ceux qui sont censés le faire appliquer, plus d’inconvénients que d’avantages.

Et pourtant, nous l’avons souligné, les bonnes intentions des concepteurs de la Constitution de la RDC sont manifestes. N’est-ce pas que la décentralisation avait pour objectifs principaux de promouvoir la bonne gouvernance, le développement à la base, de rapprocher les administrés de l’administration. Dans le cadre du découpage territorial, la Constitution a prévu de ramener le nombre de provinces de 11 à 26, quinze nouvelles provinces devaient donc voir le jour d’ici à mai 2010, date butoir. C’est sur cette base même que les sénateurs ont été élus en 2007.

Ecueils

A ce jour, la concrétisation de la décentralisation, avec en toile de fond le découpage territorial, est loin de devenir effective. Bien des écueils empêchent ce rêve de plusieurs Congolais et des constituants de se réaliser.

Le transfert des compétences financières et administratives du pouvoir central aux provinces, concrètement les 40% des recettes du budget national aux provinces, pose problème. La conjoncture actuelle vient donner une raison de plus au pouvoir central qui n’a vraiment pas de volonté d’appliquer cette mesure constitutionnelle. Dans ces conditions, comment doivent fonctionner les gouvernements provinciaux et leurs assemblées, précisément les provinces peu « viables » ? Lorsqu’une province urbaine comme Kinshasa sue sang et eau pour faire réunir ses députés, faute de siège propre à elle, que dire des provinces rurales peu dotées d’infrastructures viables ?

Motions de défiance, motions de censure, armes redoutables des députés

Au nom de la démocratie, les gouverneurs de province sont devenus les bêtes noires des députés provinces qui n’hésitent pas de brandir la redoutable arme que sont la motion de défiance, la motion de censure contre eux. Lors de la première réunion avec le chef de l’Etat Joseph Kabila en juin 2009 à Kisangani dans la Province Orientale, les gouverneurs se sont plaints des pratiques peu recommandables qui régissent leurs rapports avec les députés provinciaux. Les gouverneurs se sont plaints d’être devenus les otages des députés qui ne s’offusquent pas à les menacer avec les motions de censure, généralement « sans aucun rapport avec les programmes de gouvernement ». But inavoué : leur soutirer de l’argent ! Sans doute, les Congolais sont-ils en train de faire les frais du manque de préparation de la décentralisation et de l’absence d’une éducation citoyenne sur les enjeux réels !

Le vice-gouverneur du Maniema, Pierre Masudi Mendes avait été déchu par l’assemblée provinciale, après avoir été désavoué le 14 octobre 2009 par 14 députés sur les 24 que compte l’organe délibérant du Maniema, à la suite d’une motion de défiance initiée par l’un d’eux, le député provincial Dieudonné Mbukani Katebwa. Ils lui reprochaient plusieurs faits dont la mauvaise gestion, faux et usage de faux et la violation des certaines consignes du parlement provincial.

Les partisans du déchu n’ont pas voulu se laisser faire. Ils ont, par conséquent, protesté par une manifestation dans la commune de Mikelenge, fief électoral de Pierre Masudi. La manifestation a été émaillée d’incidents : trois personnes blessées dont le vice-président de l’assemblée provinciale, l’honorable Nyangi Lelo, et un agent de l’assemblée provinciale. En outre, une moto d'un député a été emportée, les vitres de la voiture du président de l’assemblée provinciale, cassées. Le député auteur de la motion de défiance a eu la vie sauve grâce à l’intervention de la police.

Le gouverneur Julien Paluku du Nord-Kivu a été aussi sous le coup d'une motion de censure en début octobre 2009. Il lui était reproché notamment la malversation financière. Le rapport de la commission d’enquête sur l’exécution du budget 2008-2009 de la province du Nord-Kivu, rendu le 08 octobre à l’assemblée provinciale, recommandait notamment la démission en bloc de tout le gouvernement provincial, accusé de mauvaise gestion des deniers publics. Le gouvernement provincial tenait deux comptabilités parallèles, l’une gérée officiellement par un comptable et un ordonnateur délégué ; et l’autre, par le conseiller financier du gouverneur, selon la commission.

Julien Paluku, qui n’était pas à sa première bataille contre les députés de sa province, avait rejeté les accusations portées contre son gouvernement, en accusant le rapport de cette commission de beaucoup d’insuffisances. Fin novembre 2007, les groupes parlementaires du PPRD, du MCR ainsi que du DCF/Cofedec avaient lancé une motion de défiance contre lui. Selon un rapport de la commission économico financière de l’assemblée provinciale, présenté à cet effet, le gouverneur Paluku aurait à l’époque détourné plus de 372 000 USD des recettes perçues sur le droit de péage des routes dans la province. Ces recettes auraient été orientées dans un compte privé dit : « Comité provincial de péage route », dont la présidence est assurée par le gouverneur lui-même.

Mais si le gouverneur Paluku s’en était bien tiré, la motion de défiance lancée contre lui ayant été rejetée le 1er décembre 2007 par la plénière de l’assemblée provinciale à l’issue d’un vote : 27 députés provinciaux s'étaient exprimés contre la motion de défiance et quinze autres, pour, la justice ne l’a pourtant pas lâché.

Le phénomène ne s’étant pas arrêté-là, le Kasaï Occidental a été contaminé. Ici, le gouverneur Trésor Kapuku avait aussi connu la rigueur de la motion de censure, quelque trois mois seulement après son installation à la tête de l’exécutif provincial. La motion de défiance contre le gouverneur, votée le jeudi 7 juin 2007 par l’Assemblée provinciale, exigeait sa démission ainsi celle de toute son équipe gouvernementale sont constitutionnellement réputés démissionnaires.

Par ailleurs, la décentralisation a fait resurgir des conflits identitaires à caractère régionaliste – ‘’provincialiste’’ à travers les provinces. Lors de la rentrée parlementaire de septembre 2008, le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, avait souligné ce point. « Pour d’autres acteurs politiques, la décentralisation signifie le retour du pouvoir dans les terroirs. C’est ainsi que l’on assiste à une accentuation du régionalisme, à une résurgence des conflits identitaires », avait-il fait remarquer. Le Bas-Congo et le Katanga avaient tenté de s’illustrer dans ce sens. Dans le Bas-Congo, le mouvement Bundu dia Kongo (BDK) considère les Congolais venus d’ailleurs comme « des étrangers » n’ayant pas le droit d’occuper des postes les plus élevés dans les entreprises publiques installées dans cette province, tandis qu’au Katanga, le maire de Lubumbashi s’était illustré en instaurant des visas d’entrée dans la ville de Lubumbashi pour tous les Congolais originaires d’autres provinces. La mesure a eu un tel tollé dans l’opinion nationale que l’autorité centrale s’est vue interpeller et l’a vite rappelé à l’ordre.

Découpage territorial a du plomb dans les ailes

Le grand problème qui se pose aujourd’hui est celui du découpage territorial prévu par la Constitution (déja décidée par la Conférence nationale souveraine) et dont la réalisation dans les délais paraît impossible. Il paraît avoir du plomb dans les ailes. La décentralisation voulue par tous et prévue par le constituant fera passer le nombre de provinces de 11 à 26.

Un peu d’histoire : le découpage territorial de la RDC ne date pas de maintenant

Selon Jean-Claude Bruneau, professeur de géographie université de Montpellier, « le redécoupage administratif instauré n’a rien d’une première, puisque la scissiparité territoriale fut un processus récurrent tout au long des 125 années d’existence politique du Congo… » (…) « Au début, l’Etat léopoldien répartit son domaine en districts assez flous (11 en 1888, 15 en 1895). Ensuite, avec l’instauration du système colonial véritable, l’encadrement de l’espace et des hommes se renforce peu à peu, notamment afin de geler l’ancienne mobilité des groupes ethniques en les territorialisant. Dès 1914, le Congo Belge est restructuré en 4 grandes provinces, le Congo-Kasaï, l’Equateur, la Province Orientale et le Katanga. S’y articulent les 22 districts existants, divisés en territoires, eux-mêmes subdivisés en secteurs. Ces derniers englobent la multitude des chefferies, agglutinées pour les plus petites, retaillées quand elles semblent trop vastes, voire (assez souvent) assimilées telles quelles à des secteurs, mais toutes solidement amarrées à la nouvelle grille administrative ».

« En 1933, au prétexte de la crise mondiale, l’autonomie de gestion jusqu’alors assez large des provinces est sévèrement rognée, leur nombre passe à 6, et elles prennent le nom de leur chef-lieu : provinces de Léopoldville et Lusambo (par scission du Congo-Kasaï), de Coquilhatville (l’ex-Equateur), de Stanleyville et Costermansville (par scission de la Province Orientale), d’Elisabethville (l’ex-Katanga). En 1947, on les rebaptise encore – provinces de Léopoldville, du Kasaï, de l’Equateur, Orientale, du Kivu et du Katanga – et le nombre des districts est porté à 25 : la trame ainsi formée peut être vue comme « définitive », car les réaménagements ultérieurs respecteront le maillage fondamental des districts (complété par de rares districts urbains), des territoires, et des secteurs ou chefferies (Saint Moulin, 1992). »

« A l’échelle régionale, le morcellement va reprendre après l’indépendance. Au tout début certes, sous l’imperium contradictoire du président Joseph Kasavubu, fédéraliste, et du Premier ministre Patrice-Emery Lumumba, unitariste, sont maintenues les 6 provinces héritées des Belges mais redevenues – cette fois politiquement – autonomes. Mais dès 1962, le chaos de la guerre civile débouche sur leur remplacement de facto par 21 entités bien plus petites, et vite affublées du surnom de « provincettes » : autonomes toujours, elles ont surtout une connotation ouvertement ethnique, ce qu’illustre leur architecture d’ensemble plus ou moins inspirée des anciens districts, mais intégrant aussi – pour y faire pièce – les deux zones en sécession du Sud-Kasaï (d’Albert Kalonji) et du Sud-Katanga (de Moïse Tshombe) (C.R.I.S.P., 1963). Bien que consacrées par la Constitution dite de Luluabourg (1964), elles n’auront guère eu, au demeurant, le loisir d’exister. »

« A partir de 1965 en effet, le régime nouveau de Joseph-Désiré Mobutu cherche à raffermir l’unité du pays. Dans cette optique, il revient à l’organigramme colonial, tout en changeant l’intitulé des divers échelons – on parlera de régions, de sous-régions ou villes, et de zones – et surtout en les vidant de toute réalité politique. Bientôt, en vertu de son idéologie de « retour à l’authenticité », Mobutu rebaptise non seulement le Congo lui-même, qui devient le Zaïre, mais aussi plusieurs provinces. Si l’Equateur et le Kivu gardent leur nom, le Katanga et la Province Orientale deviennent le Shaba et le Haut-Zaïre ; la province de Léopoldville fait place aux régions de Kinshasa, du Bas-Zaïre et du Bandundu ; celle du Kasaï donne naissance au Kasaï-Occidental et au Kasaï-Oriental. On le voit, la logique de l’émiettement territorial n’est que partiellement enrayée, face aux aspirations identitaires. Elle se renforce encore en 1988 avec la création de plusieurs sous-régions (ou villes), et surtout des régions du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Maniema, pour remplacer le Kivu mais aussi à titre expérimental, dans l’optique d’un futur redécoupage de l’ensemble du pays. »

« A cette situation, le régime imposé en 1997 par le coup de force de Laurent-Désiré Kabila n’est pas en mesure de changer grand-chose. Consacrant le canevas territorial en place, il se borne à rétablir les anciens intitulés (provinces, districts et territoires), et à restaurer quelques dénominations d’avant Mobutu : le Zaïre redevient le Congo, et l’on voit renaître le Bas-Congo, le Katanga, la Province Orientale (…) ».

La naissance des nouvelles provinces

Kinshasa, capitale de la RDC, a désormais rang de province. On l’appelle même ville-province. Peuplée en majorité des peuples originaires des provinces limitrophes (les Kongo surtout, les Yaka, et d’autres), la province est bâtie en territoire teke. Cette identité kinoise (appuyée sur l’usage du lingala) fait que la capitale échappe assez largement au schéma ethnocentrique qui sur lequel sont bâties la plupart des provinces.

Le Kongo Central va remplacer le Bas-Congo, qui, exceptionnellement, a échappé à l’émiettement qu’ont subi les autres anciennes provinces. L’un des principaux greniers du pays, la province du Kongo Central forme le corridor vital de la RDC avec le bief inférieur du fleuve, le rail, la route et le port maritime de Matadi. Il coïncide aussi avec le territoire ancestral du peuple kongo. Le nouveau nom, délibérément ethnique, de la province évoque l’antique royaume du Kongo ; Joseph Kasavubu l’avait brandi déjà en 1960 pour revendiquer un État autonome, avant de devenir président de la République.

Le Bandundu est scindé en trois provinces. Au sud, le Kwango n’est que maigrement occupé par les Yaka, les Pelende et les Suku. Au centre, le Kwilu est bien mieux peuplé avec notamment les Pende, les Mbala, les Yanzi et les Mbun. La ville majeure est Kikwit, longtemps pépinière d’intellectuels, qui redevient chef-lieu de province aux dépens de Bandundu (ville) ; du coup celle-ci revendique un rôle similaire dans le Maï-Ndombe limitrophe. Multiethniques, les provinces de Kwango et de Kwilu restent unies par l’usage véhiculaire du kikongo. Le Maï-Ndombe, plus au nord, est bien distinct. Son peuplement, composite et diffus, inclut côté fleuve les Teke, présents au Congo-Brazzaville et même au Gabon ; mais ici leur district des Plateaux, de création récente, semble voué à disparaître.

L’Equateur est émietté en cinq provinces. Celles de la cuvette forestière, au sud, incluent un Equateur très réduit (autour de Mbandaka), la Tshuapa qui ne s’en distingue guère, et la Mongala, fief des Mongo, des Ngombe ou des Mbudja, le Nord-Ubangi (au nord ) et le Sud-Ubangi sont assez bien peuplés par les Ngbaka, Ngbandi et Mbandza, très proches et de parenté centrafricaine.

La scission de la Province Orientale a donné naissance à quatre provinces aux identités contrastées. La Tshopo avec sa capitale pluriethnique Kisangani et peuplée des groupes variés : Pêcheurs du fleuve surtout, Binza, Bali ; le Bas-Uele est ainsi le domaine des Zande, le Haut-Uele celui des Mangbetu, et l’Ituri peuplé par des ethnies, presque toutes non bantoues et d’affinités ougandaises ou soudanaises, comme les Bale et les Alur, les Lugbara, les Ndo, les Bira, et bien d’autres

Le Kivu ancien n’existe plus depuis qu’en 1988, en donnant le Maniema forestier est peu occupé par les Komo, les Bangubangu, ou les quelques Waswahili musulmans du fleuve, le Nord-Kivu occupé par les Nande et le Sud-Kivu, occupé par les Shi, Havu, Fuliru, Bembe ou Rega.

La province du Katanga, elle, est scindée en quatre provinces : le Tanganika (est, très rurale, est la terre des Hemba et des Tumbwe ; le Haut-Lomami (centre-nord, très rural, occupé par les Luba-Katanga), le Haut-Katanga, (sud) est le « scandale géologique » qui a enrichi l’Union minière, puis la Gécamines et le régime zaïrois, le Lualaba (ouest). La scission du Katanga a mis à nu le Sud « utile » et un Nord sous-développé.

Le Kasaï ancien va donner naissance à cinq provinces : le Kasaï-Oriental , occupé par les Luba – dont Etienne Tshisekedi fait partie - réputés contestataire; le Kasaï-Occidental, occupé par les Lulua,. Songye et Kanyoka obtiennent ainsi le Lomami, occupé par les Songye et les Kanyoka avec la ville-gare de Muene-Ditu (porte d’accès à Mbuji-Mayi), laquelle dispute à Kabinda le rôle de capitale de la province ; et le Sankuru, revient aux Tetela (héritiers de Patrice Lumbumba), le Kasaï-Central (avec Kananga) et le nouveau Kasaï (avec les diamants de Tshikapa) restent à dominante lulua.

Mais, à quand le passage de 11 à 26 provinces ?

Mais, à quand le passage de 11 à 26 provinces ? C’est-à-dire à quand la concrétisation du découpage territorial tel que voulu par le constituant ?

Cette question pose la véritable problématique du découpage territorial qui suscite maints débats, alors que l’on s’approche inexorablement de la date butoir. En effet, la Consti­tution de la République avait fixé à travers son article 226, « endéans trente-six mois qui suivront l’installation effective des institutions politiques pré­vues par la Constitution ».
Passons aux calculs pour déterminer la date à laquelle le découpage territorial est censé être effectif. Et partant de l’entrée en fonction du président de la République le 6 décembre 2006, l’installation de l’Assem­blée nationale en décembre 2006, du gouvernement Gizenga en février 2007, du Sénat en mars 2007, on pour­rait retenir mars 2007 comme point de départ pour com­mencer le décompte. S’il faut partir de cette date, c’est en mars 2010, soit dans 2 mois, que les nouvelles provinces sont censées être fonctionnel­les.
La question mérite d’être posée : le gouvernement est-il prêt à passer au découpage territorial et à la mise en place de ces nouvelles administra­tions territoriales, vu le temps qui reste? A l’ouver­ture de la session de septem­bre 2008, l’ancien vice-président de l’Assemblée nationale, Lutundula Apala, faisant of­fice de président de la cham­bre basse du Parlement, avait lancé, dans son mot de circonstance, sa réflexion sur la faisabilité de cette disposition constitutionnelle doutant des possibilités que pourrait avoir le gouvernement congolais pour mener à bien cette opé­ration de division territoriale et d’installation de nouvelles provinces. Il n’avait pas du tout tort. Son appréhension est fort justifiée.
Tout en saluant la nécessité d’avoir plusieurs provinces, cet élu du peuple relevait néan­moins le caractère réaliste de la faisabilité de cette disposi­tion et demandait que l’on y songe dès l’instant pour pré­parer d’autres dispositions constitutionnelles, si néces­saire pour ne pas se retrouver dans un blocage à la veille du délai fixé par la Constitution. Il nous semble que, depuis, rien n’est encore fait.

Répondant aux préoccupations des députés lors d’un de ses passages à la tribune de l’Assemblée nationale, l’ancien ministre de l’Intérieur, Denis Kalume Numbi, avait montré un chronogramme de passage à 26 provinces qui, à ce jour, est resté lettre morte, alors que le compte à rebours a déjà commencé.

Obstacles

Le découpage territorial a plus de chance de ne pas être effectif à la date butoir, plusieurs obstacles risquant de l’en empêcher. Au nombre de ces obstacles, l’absence de campagne de sensibilisation auprès de la population censée intérioriser et connaître cette nouvelle division géographique du territoire national. Comme l’avait reconnu le ministre de l’Admi­nistration du territoire et Décentralisation, Antipas Mbusa Nyamuisi, dans une interview accordée au journal L’Observateur, en janvier 2009, le processus requiert une grande campagne de communication sociale sur la décentralisation en vue d’amener toutes les couches sociales de la population à s’approprier le processus.

Il est revenu, quelques mois plus tard, sur cette campagne au cours d’une confé­rence de presse en annon­çant la mise à disposition par le gouvernement d’un million de dollars américains pour mener, en langues nationales, la prochaine campagne de sensibilisation sur la mise en œuvre de la décentralisation territoriale en RDC. Quand ? Personne ne connaît la date.
Il a indiqué qu’en pré­lude à cette campagne, l’avant projet de loi portant limitation des provinces de 11 à 26, sera soumise, la semaine qui suivait, au Conseil des ministres avant de chercher à obtenir la sanc­tion du Parlement.

En outre, le ministre Antipas Mbusa Nyamuisi avait reconnu que le processus de décentralisation avait certains impératifs qui se traduisaient parfois en obstacles. Le coût des opérations qui appellent la disponibilsation permanente des ressources matérielles, financières et humaines, les guerres récurrentes et autres affrontements armés dans certaines provinces du pays hypothéquaient la bonne marche du processus. En plus, les inégalités des ressources financières propres entre les provinces risquent de constituer aussi d’autres obstacles au transfert effectif des compétences et des charges aux provinces.

L’article 2 de la Constitution prévoit, des 11 actuel­les provinces, l’exis­tence de 25 provinces, plus la ville-province de Kinshasa, dotées toutes de la personnalité juridique. Il s’agit des provinces ci-après : Bas-Uélé, Equateur, Haut-Lomami, Haut-Katanga, Haut-Uélé, Ituri, Kasaï, Kasaï oriental, Kinshasa, Kongo central, Kwango, Kwilu, Lomami, Lualaba, Ka­saï central, Maï-Ndombe, Maniema, Mongala, Nord-Kivu, Nord-Ubangi, Sankuru, Sud-Kivu, Sud-Ubangi, Tan­ganyika, Tshopo, Tshuapa

Les débats que suscite cette question provoque des avis partagés. Pour le professeur Philippe Biyoya Makutu, « le vrai problème n’est pas celui des délais, mais du manque de stratégie. Le découpage devient un problème lorsqu’on ne lui donne qu’un contenu politico-administratif. Le principe devrait être maintenu et encouragé ». Un proche de la présidence estime, quant à lui, qu’ « il est plus raisonnable que la décentralisation soit d’abord expérimentée dans les provinces ayant toutes les infrastructures, tous les moyens humains et matériels, avant de créer de nouvelles provinces. C’est la voie la plus objective si nous voulons être rationnels ».

La question du découpage territorial ne se pose pas seulement en termes de délais. Elle concerne également la cohésion nationale. Une mission des partenaires de la RDC (Banque mondiale, Programme des Nations unies pour le développement, PNUD), après avoir sillonné le pays, a constaté que, dans certains cas, le découpage ne correspondait pas aux réalités ethniques.

Le gouvernement et ses partenaires bilatéraux ne lésinent pas sur les moyens pour consacrer à la décentralisation des ateliers et des séminaires. Par exemple, ce forum national sur la décentralisation tenu du 3 au 5 octobre 2008 au Grand Hôtel Kinshasa et dont le sénateur Jacques Mbadu Nsitu, ancien gouverneur du Bas-Congo, avait fait une importante restitution devant députés et sénateurs lundi 8 octobre.

" Problématique du découpage territorial de la RDC : Opportunité et avantages - faiblesses - avis et considérations ", tel il avait intitulé son exposé. Au cours de cet exposé, qui avait captivé l’attention et l’intérêt des parlementaires, Jacques Mbadu a démontré ce que le découpage territorial présente comme opportunités et avantages et ses faiblesses.

Comme un géographe, il a démontré, en s’appuyant sur des chiffres, la nécessité que la RDC a de découper son territoire, précisément ses provinces, d’autant que sa superficie est de loin plus grande que celles de certains pays européens qui ont adopté également le découpage de leur territoire national. Comme qui dirait, si ces pays moins vastes géographiquement que le nôtre, dont on dit avoir des dimensions continentales, ont résolu de découper leur territoire, pourquoi ne nous essayerons-nous pas sur cette voie ?

Comparez les 2 345 410 Km² de la RDC avec les 550 000 Km² de la France (environ quatre fois moins que la RDC) qui est découpée en 100 départements ou provinces, en 341 arrondissements ou territoires, en 4 039 cantons ou secteurs/chefferies et en 36 782 communes ou groupements. Retenez que l'Allemagne qui, vaste de 357.050 Km², environ sept fois moins que la RDC, moins vaste que la province de l'Equateur (403 282 Km²), est pourtant découpée en 16 régions ou Länder ou provinces, en 26 districts ou territoires et en 16 127 communes (secteurs ou chefferies).
La comparaison ne s’arrête guère à ce niveau. Mettons-nous à comparer les superficies des provinces actuelles de la RDC avec celles de certains pays africains et européens. La plupart des provinces congolaises sont plus vastes que certains pays africains, européens ou asiatiques.

Avec ses 503 293 Km², la Province Orientale, la plus vaste de la RDC, est aussi vaste que l'Espagne et dépasse de loin le Cameroun (475 442 Km²), la Suède (449 964 Km²). Les provinces du Katanga et de l'Equateur, avec respectivement 496 877 Km² et 403 282 Km², sont de loin plus étendues que le Japon (377 801 Km²), la Côte d'Ivoire (322 462 Km²), l'Italie (301 278 Km²).
Le Bandundu, qui a 295 580 Km², supplante le Royaume Uni (244 100 Km²), la Roumanie (237 500 Km²), tandis que le Kasaï Oriental, le Kasaï Occidental et le Maniema, avec respectivement 169 886 Km², 156 967 Km² et 132 250 Km² de superficie sont plus vastes que la Corée du Nord (120 538 Km²), la Corée du Sud (99 221 Km²), le Portugal (92 072 Km²).
Le Sud-Kivu, le Nord-Kivu et le Bas-Congo avec respectivement 69 130 Km², 59 483 Km² et 53 920 Km² dépassent largement en superficie les Pays-Bas (34 182 Km²), la Suisse (41 418 Km²), la Belgique (30 518 Km²), par exemple.
Quant à la ville de Kinshasa avec ses 9 965 Km² de superficie, elle est 3 fois plus étendue que le Luxembourg (2 586 Km²).
Forts de toutes ces données, les défenseurs de la décentralisation ne peuvent trouver que des arguments solides à leur cause en soutenant l'opération du découpage du territoire national, devenant ainsi une opportunité. La situation socio économique de beaucoup de provinces de la RDC n’a-t-il pas poussé bien des Congolais à appeler de tous leurs voeux ce découpage territorial, estimant que le pays aux dimensions continentales, reste difficilement gérable. Par conséquent, pour le gérer assez facilement, il est nécessaire de le découper.
Toutefois, cette opportunité présente des faiblesses dans la mesure où le découpage actuel a pour socle la transformation des anciens districts en provinces, excepté le Bas-Congo.

Faiblesses : quels critères ?
Dans son analyse très pertinente, le sénateur Jacques Mbadu a relevé certaines faiblesses dans le chef des constituants. Pour lui, des critères objectifs de viabilité des nouvelles provinces à créer n’ont pas été pris en compte.
« En effet, il n'y a eu ni recensement des populations, ni consultation préalable des populations concernées, ni inventaire des ressources disponibles dans chaque province à créer, ni consolidation du sentiment du vouloir-vivre collectif, ni formation des experts et animateurs de la Territoriale. Bien plus, on n'a pas, non plus, tenu compte des infrastructures administratives, du redéploiement des fonctionnaires, des moyens financiers à mobiliser pour appliquer la décentralisation, des textes réglementaires, du renfoncement des capacités de gestion », a-t-il fait remarquer, concluant que « cela a pour conséquence, certaines provinces à créer manquent presque de tout. »

Aussi s’interroge-t-il sur les critères à base desquels on a décidé du découpage des provinces. N’y a-t-il pas eu d’autres critères, par exemple ethniques, d’autant que bon nombre de provinces plus peuplées que d’autres seront découpées en nombre inférieur de provinces que d’autres peu peuplées ?« Nous nous demandons alors si le seul critère qui consiste à faire des anciens districts des provinces suffit pour asseoir le découpage territorial », s’est-il demandé. Que dire de « la Province Orientale, la plus vaste des 11 provinces du pays, (qui) ne sera découpée qu'en quatre provinces (et du) Katanga, avec une superficie de 496 877 Km² et 8 949 000 habitants, (qui) n'alignera que quatre provinces alors que celle de l'Equateur avec 403 292 Km² et 6 414 000 habitants en disposera cinq ? L'actuelle province de Bandundu, avec 295 580 Km² et 7 018 000 habitants, ne sera subdivisée qu'en trois provinces au même titre que le Kasaï Oriental deux fois moins étendu (169 886 Km² et 5 421 000 habitants).
Ici, il est important de faire remarquer le nombre des populations de ces provinces, partant de toute la République, est à prendre avec beaucoup de réserve, car le dernier recensement digne de ce nom date de 1984.
Le sénateur Jacques Mbadu est allé plus loin en faisant remarquer que la superficie de la nouvelle province du Kasaï Oriental créée (ou à créer) avec ses 9 481 Km², est moins étendue que la ville-province de Kinshasa qui a 9 965 Km² et vaut plus de 5 fois moins que l’actuel Bas-Congo avec ses 53 920 Km².
Il a fait remarquer que la configuration de certaines nouvelles provinces créées repose sur des critères purement ethniques. Voici les exemples qui étayent ses affirmations. « Il s'agit notamment des provinces ci-après : le Kasaï Oriental est exclusivement pour les Baluba ; le Kabinda pour les Basonge ; le Sankuru pour les Batetela ; le Kasaï Occidental pour les Lulua ; le Nord-Oubangi pour les Ngbandi et nous en passons … »

Faute d’avoir fondé le découpage territorial sur des critères objectifs, il y a lieu de crainte un retour de la manivelle, surtout lorsque les critères ethniques ont prévalu dans ce découpage. Donc, comme l’a prédit le sénateur Jacques Mbadu, le découpage territorial risque d’apporter plus de problèmes au pays qu’il en résoudra.

Cadre juridique non encore en place

Que dire du cadre juridique devant régir la nouvelle gestion territoriale du pays ? Peu de réalisations ont été faites quant aux lois devant régir la décentralisation.

La décentralisation, telle que voulue par la Constitution, doit être assise sur un arsenal de lois et de leurs mesures d’application. Au total, il faut treize lois « pour mieux pratiquer cette technique essentielle d’une administration de proximité », comme l’avait souligné Anselme Meya Ngemba, chef des travaux en Sciences politiques et administratives à l’Unikin, lors d’un atelier de reportages conjoints national, organisé par l’Institut Panos Paris, du 18 au 23 août 2008, à Kinshasa, à l’intention de 12 journalistes de la presse écrite venus de toute la RDC, sur le thème « Problématique du partage et du transfert des compétences et des ressources entre différents paliers du gouvernement ».

Dans cette même interview, Antipas Mbusa Nyamuisi avait déclaré que la mise en œuvre effective du processus de décentralisation exigeait une série de lois organiques qui devraient être édictées. Des 13 lois à édicter, cinq seulement sont déjà édictées, à ce jour, à savoir : la Loi fondamentale, la loi électorale, la loi organique n° 08/015 du 7 octobre 2008 portant modalités d’organisation et de fonctionnement de la Conférence des gouverneurs de province, la loi organique n° 08/016 du 7 octobre 2008 portant composition, organisation et fonctionnement des entités territoriales décentralisées et leurs rapports avec l’Etat et les provinces et la loi n° 08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces. La loi sur la CENI est en adoption à l’Assemblée nationale.

Aujourd’hui, la constatation est fort inquiétante : alors que la date butoir approche très vite, d’autres lois tardent encore d’être promulguées. Plusieurs autres projets de lois sont en examen, soit au niveau du Parlement, soit au niveau du Gouvernement. C’est le cas notamment de la loi organique sur les subdivisions territoriales à l’intérieur des provinces et sur les entités territoriales déconcentrées, provinciales et des entités décentralisées et la loi sur la commission électorale nationale indépendante qui sont en examen au Parlement. Tandis que l’avant-projet de loi portant fixant des limites des provinces et celle de la ville de Kinshasa est soumis au Conseil des ministres pour adoption, par contre, la loi financière, la loi sur la nouvelle nomenclature des taxes des provinces et des entités territoriales décentralisées et la modalité de leur répartition, la loi organique portant organisation et fonctionnement de na Caisse nationale de péréquation, la loi organique portant organisation et fonctionnement des services publics du pouvoir central, la loi sur les statuts des chefs coutumiers, sont encore en élaboration aux ministères techniques concernés.

Entre l’examen de ces lois soit au Conseil des ministres pour adoption, soit leur examen au Parlement pour leur vote, avant leur promulgation par le chef de l’Etat, le chemin est long, d’autant qu’une dizaine de lois attendent ce long processus. Entre temps, le temps presse…

Et que dire de l’application de certaines de ces lois déjà votées et promulguées ? Il y a du chemin à parcourir avant de voir le bout du tunnel.
Jacques Mbadu relève quelques contradictions à ce sujet. « Des dispositions constitutionnelles, fait-il remarquer, comme celles de l'article 175 portant sur la rétrocession aux provinces ou la retenue à la source de 40% des recettes à caractère national donnent lieu à des interprétations contradictoires dont voici quelques-unes : A ce sujet, dans les provinces actuellement appelées ''G3'', à savoir les provinces du Bas- Congo, du Katanga et la ville de Kinshasa, certains crient haut et fort que ces 40 % concernent bel et bien les recettes perçues dans les provinces.
Par contre, dans les 8 autres provinces appelées ''G8'', d'autres déclarent qu'il s'agit de 40% des recettes produites dans l'ensemble du pays et qu'il faut rétrocéder équitablement à toutes les provinces. «
Il va plus loin dans son analyse. « Que dire des recettes de grandes entreprises dont la répartition est aussi querellée ? », S’interroge-t-il cet ancien chef de l’exécutif provincial. « En effet, certaines sociétés payent leurs impôts à Kinshasa alors que les richesses ont été créées dans plusieurs provinces à la fois. C'est le cas de la SNEL, la Regideso, la SNCC, la RVA, l'Onatra, etc.
La rétrocession des recettes des pétroliers producteurs au Bas-Congo présage des violents orages en perspective. Il en est de même des recettes issues des transactions douanières à l'import comme à l'export qui bénéficient aux provinces du Bas-Congo et du Katanga alors qu'elles ne sont ni consommatrices finales des marchandises importées ni productrices des biens exportés », note-t-il.
Il conseille de « trouver la meilleure interprétation possible afin d'éviter des disputes interminables. La route est donc, vous en conviendrez avec nous, semée d'embûches. Il nous faut trouver des mécanismes pour contourner ces difficultés et trouver des réponses adéquates ».
Il conclut « que le découpage territorial de la République Démocratique du Congo est une très bonne chose, nous devons le concrétiser avec beaucoup de volonté politique, mais, s'il vous plait, progressivement, méthodiquement et en nous dotant d'un agenda réaliste et bien réfléchi sans pour autant aller en l'encontre des prescrits de la Constitution en la matière », étant donné que « la finalité est que notre pays, aux dimensions continentales, soit administré de façon optimale (et que) le découpage ainsi pensé est une exigence de bonne gouvernance ».

Eviter de faire les choses dans la précipitation
Tout compte fait, il faut donner à la décentralisation la chance de réussir. Il faut donc lui donner du temps, beaucoup de temps. Pour cela, « le découpage », qui découle de la décentralisation, « doit se faire de façon rationnelle avec la mise en place, outre de la loi sur la Décentralisation, de l'ensemble de l'arsenal juridique y afférent ainsi que de tous les mécanismes de transfert effectif de compétences du pouvoir central au pouvoir provincial, du pouvoir provincial aux entités territoriales décentralisées ».
Puisque « tout ce qui se fait contre le temps est souvent » voué à l’échec et que « rien n'est donc impossible avec le temps », que " rien ne sert de courir, il faut partir à temps ", qu’ « aucun pays ne s'est construit en un jour, mais il faut toujours commencer quelque part et tenir compte du temps », Jacques Mbadu conseille de « commencer par rassembler toutes les données démographiques de la RDC avant d'envisager tout découpage », ce qui « permettrait de connaître le nombre d'écoles maternelles, primaires et secondaires, le nombre d'hôpitaux à construire dans chaque province pour un développement équilibré de tous ! ». Il conseille aussi de « nous doter d'abord de tout l'arsenal juridique et économique qui doit accompagner la loi sur la décentralisation avant d'aller plus loin ». Il va plus loin, jusqu’à proposer de « commencer par recréer l'Ecole nationale d'administration (ENA), qui pourrait servir de creuset à la formation des cadres administratifs et territoriaux » dont le pays aura besoin pour « mieux asseoir notre décentralisation ». Un préalable qui risque d’envoyer aux calendes congolais l’avènement de la décentralisation.
Le PNUD, l’un des bailleurs de fonds de la RDC dans ce secteur, très réaliste, avait aussi proposé d’aller lentement dans cette voie, lors de la tenue du Forum National sur la Décentralisation tenu à Kinshasa du 03 au 05 octobre 2007. « " Il serait plus prudent de programmer la mise en place des nouvelles provinces à partir de la nouvelle législature (en 2011). Car, la mise en place des nouvelles provinces dans deux ou trois ans, soit deux ans avant le renouvellement des mandats des députés provinciaux, est contreproductive et coûteuse. Il serait plus réaliste de démarrer les nouvelles provinces au moment de la deuxième législature ; entre temps le gouvernement central et les gouvernements fédéraux concernés prendront des dispositions spéciales pour créer les conditions matérielles (bâtiments, infrastructures d'accès à certains chefs-lieux, etc.) pour accueillir les nouvelles provinces ", avait-il conseillé.
La décentralisation est un processus qui requiert non seulement beaucoup de temps, mais aussi beaucoup de moyens tant financiers que matériels, mais aussi une dose remarquable de volonté politique. Aussi faudra-t-il éviter de faire les choses dans la précipitation.

Quoique des pays occidentaux –européens et américains aient réussi à asseoir cette façon de gérer la chose publique, et africains soient en train d’y cheminer, clopin-clopant, cette mode de gestion ne répond à aucun modèle sur lequel s’appuyer pour réussir le sien. Il appartient donc à chaque pays de modeler sa décentralisation en fonction de ses besoins et des contraintes qui lui sont propres. Comme quoi, la décentralisation, même si elle obéit à des principes généraux, ce processus est long et compliqué. C’est du sur-mesure et non du prêt-à-porter. C’est aussi là sa complicité.

Cependant, il n’est pas interdit de s’inspirer d’exemples de décentralisation réussis comme celui du Canada, d’Allemagne, et des pays africains comme le Mali, le Sénégal et l’Afrique du Sud, qui sont en train de faire des progrès considérables dans ce domaine. Mais aucun de ces exemples ne peut être transposé en République démocratique du Congo, chaque pays étant unique en ce qui concerne ses réalités géographiques, démographiques, historiques, culturelles, ethniques, tribales…

Le découpage territorial, une mission impossible ? Non, il faut du temps, des moyens, mais surtout de la volonté politique pour le réussir. Il se fait qu’à ce jour, tout cela est loin d’être au rendez-vous.

Des chanteurs d’obscénités pour stopper le sida ?

Humeur… très maussade

Des chanteurs d’obscénités pour stopper le sida ?

Des méga panneaux annoncent la sortie d’un opus sur le VIH/Sida, fruit du concours de tout ce que le Congo démocratique compte de stars de la musique. : " Stop Sida" est le titre de cet opus, qui sera sur le marché disques, pardon, d’obscénités, d’insanités d’ici à la nouvelle année. Les panneaux, comme celui qui vous frappe la vue à la gare centrale, vous présentent un bon nombre de stars de la musique de la RDC.

Quand j’ai vu ce panneau, surtout ces stars qui doivent chanter contre le Sida, j’ai applaudi de la main gauche cette belle initiative, tandis que la droite, immobile, était prête à déchirer ce panneau. Pardon, que dis-je, à frapper certaines de ces stars qui avilissent la musique autant qu’elles corrompent la jeunesse. Et aujourd’hui, demander à ces stars de changer contre le VIH/Sida, me paraît une blague de mauvais goût.

Aujourd’hui, quel est ce Congolais, qui a encore la pudeur, ne s’offusque pas en auditionnant certaines chansons de ces stars d’obscénités et d’insanités. Ecoutez les chansons qui font tabac aujourd’hui, vous saurez pourquoi elles cartonnent. C’est parce qu’entre autres « Sima ya muana ekoli » (traduisez : le derrière, le postérieur de l’enfant a pris du volume), c’est parce que « Na chambre osalaka rien, oyebi koyemba te » (traduisez : tu ne fais rien dans la chambre, tu es incapable d’y chanter). Questions : de quel travail il s’agit en chambre ? De quelle chanson peut-il s’agir ?

A travers leurs chansons, pardon, obscénités, insanités, quelle morale que ces propagateurs d’immoralité véhiculent ? Rien, sinon le goût à la débauche, à la prostitution. Et comment leur demander aujourd’hui de chanter contre une maladie qu’ils contribuent à propager au sein d’une jeunesse friande de ces obscénités ? Comment associer des célébrités d’obscénités musicales qui n’éprouvent aucune gêne de se dénuder publiquement, même devant des étrangers ?

Des chanteurs d’obscénités musicales pour stopper le sida ? Je n’y crois vraiment pas. Les organisateurs de cette campagne devraient commencer à les pousser à une campagne contre leurs propres obscénités et insanités, avant de leur offrir une opportunité de se remplir les poches. Une façon de les encourager de persévérer dans cette voie immorale.

Heureusement, des exceptions existent quand même, quoique en nombre très négligeable. Jean Goubald Kalala, Lokua Kanza, Barly Baruti, Félix Wazekwa, Manda Chante, Souzy Kaseya et les autres repris sur les panneaux et dont je n’ai pas cité les noms, je vous présente toutes mes félicitations pour tout dont vous disposez comme pudeur et respect envers vos publics, vos compatriotes, vos fans !

Kléber Kungu

Jeannine Mabunda a parlé de l’impact des entreprises publiques

La ministre du Portefeuille face aux étudiants de l’UPC

Jeannine Mabunda a parlé de l’impact des entreprises publiques

« On a le choix : soit on attend et on ne fait rien, ou on fait quand même quelque chose », étant donné qu’ « on ne peut pas changer toutes les choses en un an avec des résultats palpables ». Cette déclaration de Jeanine Mabunda résume la volonté et la détermination de son gouvernement de faire quelque chose lorsqu’il a lancé la reforme des entreprises publiques, en dépit de la lenteur de l’impact et de la visibilité des actions sur le terrain.

C’est devant une grande foule d’étudiants de l’Université protestante au Congo (UPC), sous la conduite de leur recteur, le professeur Ngoy Bolia, que la ministre du Portefeuille, Jeanine Mabunda, a parlé mercredi 16 décembre de l’impact des entreprises publiques dans la réalisation de cinq chantiers de la République, qui a une incidence sur notre vie de tous les jours.

Elle a parlé « de la Snel qui nous alimente en électricité, de la Regideso dont nous dépendons pour notre fourniture en eau potable, de l’Onatra qui nous transporte sur ses trains et bateaux et nous facilite l’accès aux produits de première nécessité, de la RVA qui garantit la sécurité de nos aéroports… ». Elle a donc parlé de certains instruments dont l’Etat congolais dispose pour répondre aux besoins de la population. C’est pour lever les zones d’ombre et les timides progrès sur la contribution de la réforme des entreprises de l’Etat à la réalisation de 5 chantiers.

Le chef de l’Etat Joseph Kabila, élu à la tête du pays, devait répondre aux attentes de ses électeurs qu’il avait classées en 5 chantiers prioritaires, qui englobent les infrastructures (routes, ponts aéroports, chemins de fer), la santé et l’éducation (hôpitaux, écoles, universités…), l’eau et l’électricité, logement et l’emploi. Pour les réaliser, des moyens financiers, techniques devaient être disponibilisés et ce sont les entreprises de l’Etat qui devaient lui aider à réaliser sa politique économique et sociale. Malheureusement, la plupart de ces entreprises étaient des canards boiteux qui nécessitaient une thérapeutique de choc. D’où la réforme, qui devait « insuffler un élan nouveau aux entreprises de l’Etat en vue d’améliorer leur production, leur rentabilité et la qualité du service rendu à la population et de contribuer à renforcer la compétitivité de ces entreprises et de l’ensemble de l’économie ». Voilà la naissance des 5 chantiers, la signification du portefeuille de l’Etat et de la réforme des entreprises étatiques, développées avec brio par Jeanine Mabunda.

Apport des entreprises publiques réformées

Aujourd’hui, la réforme semble porter ses fruits, bien que timidement, vu la profondeur de la déliquescence dans laquelle étaient plongées ces entreprises. Les entreprises comme la SNCC, la RVA, l’OCPT, l’Onatra, City Train, l’Office des routes, l’OVD, la Snel, la Regideso, l’Okimo, donnet des signes de résurrection économique qui donne de l’espoir. Le gouvernement en fait l’une de ses principales préoccupations.

La Société nationale des chemins de fer (SNCC), par exemple, a remis en service des locomotives de grande puissance et 50 wagons marchandises, en doublant le nombre des passagers transportés, qui est passé de 2 530 en mai à 5 150 en octobre 2009 et en réalisant un chiffre d’affaire, qui est passé de 2,1 millions USD à 4,3 millions USD pour la même période). La Régie des voies aériennes (RVA), de son côté, s’est employée à entreprendre des travaux de réhabilitation des infrastructures aéroportuaires, dont la piste de N’djili pour 45 millions de USD et de Muanda (3,8 millions).

L’Office congolais des postes et des télécommunications (OCPT) a installé des fibres optiques devant permettre de réduire le coût des communications et d’améliorer la qualité des services. L’Office national des transports (Onatra) a réhabilité les bateaux Kamoto, Lukamba et Aketi pour 170 000 USD, sur fonds propres,des unités fluviales comme Kalamu pour le transport des personnes Boma-Banana, Lubudi pour le transport des marchandises Kinshasa-Ilebo), Kotakoli pour le convoi mixte cargo et passagers sur le fleuve Congo. Il a également réhabilité le bac Ikamba pour les chantiers navals pour 180 000 USD.

City Train a mis en service des autobus pour le transport en commun à Kinshasa et à Mbandaka, tandis que l’Office des routes et l’Office des voiries et drainage (OVD) ont modernisé des boulevards Lumumba et du 30 juin, réhabilité de nombreuses routes au Bas-Congo, dans la Province Orientale, à Kinshasa, au Sud-Kivu, au Nord-Kivu pour plus de 1 000 km.

Jeanine Mabunda a également épinglé les réalisations faites par la Société nationale d’électricité (Snel) et la Régideso au Bas-Congo, à Kinshasa, au Katanga, à l’Equateur, au Sud-Kivu, au Nord-Kivu, au Maniema et au Kasaï Oriental, Kasaï Occidental.

En dépit de toutes ces réalisations, la population reste sceptique et non convaincue sur leur impact socio économique. « Il faut donc du temps et de la patience avant de commencer à en percevoir les effets concrets », car « vous devez tenir compte d’où nous venons avant de savoir où nous allons. Les entreprises publiques viennent de loin compte tenu du fait que, pendant longtemps, elles ont été considérées comme des biens sans maîtres que chacun pouvait utiliser à sa guise », a déclaré Jeanine Mabunda. Il n’ y a pas à désespérer car « les efforts que nous fournissons actuellement se verront dans 3 à 5 ans » avec « la réhabilitation des infrastructures de base, la création de l’emploi, l’amélioration de la qualité des services attendus par la population et l’augmentation de la contribution des entreprises au PIB et au budget de l’Etat ».

Kléber Kungu

Joseph Kabila, Mbatshi Batshia, Moïse Katumbi Chapwe se sont distingués

Ceux qui ont marqué 2009 en RDC

Joseph Kabila, Mbatshi Batshia, Moïse Katumbi Chapwe se sont distingués

Il ne reste que deux petites semaines avant que l’année 2009 ne prenne fin. L’heure est au bilan pour les hommes politiques qui ont marqué cette année. Le Point a sondé les Kinois pour connaître ceux qui, des hommes politiques, des provinces à la capitale, ont marqué de manière significative, 2009. Le président de la République, les ministres, les députés et les sénateurs ainsi que les gouverneurs de province sont passés au peigne fin de l’opinion nationale, dans une enquête réalisée du 4 au 8 décembre par la maison des sondages Le Point.

Le président de la République, Joseph Kabila, les gouverneurs de province Mbatshi Batshia, Moïse Katumbi Chapwe, les députés Kin Kiey Mulumba, Gilbert Kiakwama kia Kiziki, les ministres Raymond Tshibanda, Lambert Mende se sont distingués, chacun dans son institution ou secteur.

Dans ce sondage, sept grands événements ont attiré l’attention des enquêtés, à savoir : le double sacre africain de la RDC avec les Léopards (Chan) et le Tout-Puissant Mazembe en champion's league occupe la première place des événements ayant marqué les Congolais en 2009 avec 34%. Ces événements sportives sont suivies des deux sommets de la SADC et de la CEEAC, 21% ; le discours sur l’état de la Nation du chef de l’Etat Joseph Kabila, la démission de Vital Kamerhe (16%) ; l'offensive conjointe FARDC-RDF contre les FDLR au Nord-Kivu (12%), le lancement des 5 chantiers (6%) ; la série de révocation et la mise à la retraite des magistrats et fonctionnaires de l'Etat (4%) ; l’arrestation de Laurent Nkunda (2%), autres événements moins de 1% (5%).

Joseph Kabila obtient 76 %

Les Kinois se sont exprimés sur le discours sur l’état de la Nation du chef de l’Etat, Joseph Kabila.87% des sondés l’ont jugé très équilibré et réaliste au regard de la situation conjoncturelle mondiale liée à la crise financière qui n’a pas épargné la RDC. Parmi les points ayant le plus intéressé la population, se trouve la promesse sur le chantier social dont la population attend avec beaucoup d’intérêt la concrétisation en 2010. Un paragraphe de ce discours est devenu une récitation dans certains milieux kinois : « … Au Gouvernement, je tiens à dire que nous ne pouvons pas, dans ce domaine comme dans bien d’autres, aller d’études en études, de conseils d’experts en conseils d’experts, ce qui souvent n’est qu’une excuse pour ne rien faire ». Globalement, le Chef de l’Etat a obtenu une moyenne de 76% d’opinions favorables pour l’année 2009. Ce qui le place en première position des personnalités qui ont marqué la RDC en 2009.

Au niveau des gouvernorats, la grogne sociopolitique dans la quasi-totalité des provinces a marqué l’actualité. La pratique démocratique a fait naître des querelles entre les assemblées provinciales et les gouverneurs avec des motions de défiance et/ou de censure accusant les chefs d’exécutifs provinciaux de mégestion. Les provinces du Katanga, du Nord-Kivu, du Maniema, du Sud-Kivu se sont distingués dans des motions de défiance et/ou de censure. La population accuse les gouverneurs de fossoyeurs et de mauvais gestionnaires.

Malgré cette décote, deux d’entre eux ont émergé du lot : Mbatshi Batshia du Bas-Congo qui bénéficie de la confiance de ses administrés à cause de son programme agricole et quelques actions sociales. Il est suivi par Moïse Katumbi Chapwe du Katanga dont le soutien aux Léopards vainqueurs de la CHAN et son sponsoring de Mazembe vainqueur du champion’s league de la Caf ont fait de lui, aux yeux de l’opinion nationale, l’un des hommes politiques congolais les plus populaires.

Les actions de 2009 des parlementaires ont été également passées au peigne fin pour connaître ceux des députés ou sénateurs qui ont marqué l’année qui s’achève. Les sondés ont placé le député Kin Kiey Mulumba est à la première place avec une moyenne annuelle de 36,5% avec la sortie officielle de son parti politique, le Parti pour l’Action (PA).

Il est talonné par les députés Kiakwama Kia Kiziki (20%) qui demeure une référence dans le Bas-Congo et Puis Mwabilu Mbayu (PPRD), élu de la ville de Kinshasa. Suivent Kengo wa Dondo,

Ghonda Mangalibi (PPRD), Sesanga Himpungu (Indépendant), Katumba Mwanke (PPRD), Kanku Bukasa Clément, Vuemba Luzamba, Mbuku laka Boris (ARC), Boshab Mabud (PPRD), François Mwamba Tshishimbi (MLC), Lola Kisanga (RCR), Emeri Okundji (Fonus), Kande Mupompa (MLC), Kiaviro Ernest.

Pour le moment, les députés n’ont pas « bonne presse » auprès de leurs élus, qui les attendent au tournant lors des prochaines élections de 2011 pour leur faire payer leur « ingratitude ».

Gouvernement : absence de visibilité

La population accuse la plupart des membres du gouvernement d’être invisibles sur le terrain des actions à impact visible durant les 12 mois de 2009, même si les actions de certains membres du gouvernement leur ont permis d’émerger. Il s’agit de Raymond Tshibanda de la Coopération Internationale et Régionale (avec une moyenne annuelle de 15%) à qui la population reconnaît la réussite de certains grands événements qui ont marqué l’année 2009, dont la consolidation de la paix à l’Est de la République, la rencontre entre le Président Joseph Kabila et son homologue rwandais, Paul Kagame, l’organisation avec succès des sommets de la SADC et de la CEEAC. Suivent Maj Kisimba (8,15% de moyenne annuelle) des Affaires foncières, Lambert Mende (6%), de la Communication et des Médias, apprécié par les Kinois pour sa force de communiquer, sa compétence, son manque de complexe et sa capacité de défendre les intérêts de la nation chaque fois que les circonstances l’exigent et ses différentes interventions pertinentes, lorsque l’intérêt du pays est menacé, sont positivement appréciées par la population.

Suivent Maker Mwangu (5%), de l’EPSP, qui connaît une forte croissance de cote justifiée par le succès de l’organisation de l’examen d’Etat et la publication des ses résultats, ex-aequo avec Luzolo Bambi de la Justice, qui a connu une progression jusqu’en juin, avant de chuter à la suite des mécontents de l’opération Tolérance zéro, et Mashako Mamba de l’ESU qui s’est illustré vers le début du troisième trimestre avec son souci de réformer de fond en comble son secteur gangrené par plusieurs maux.

Kléber Kungu

« Simon Kimbangu est plus qu’un héros national », selon Pr Biyoya

Clôture de la conférence sur les 50 ans de l’Eglise kimbanguiste

« Simon Kimbangu est plus qu’un héros national », selon Pr Biyoya

« Simon Kimbangu est non seulement faiseur des miracles, le père spirituel et fondateur du destin noir, le fondateur de la République, le prophète du panafricanisme, il est plus qu’un héros national…Simon Kimbangu est plus que l’or et l’argent. C’est un capital à fructifier ». Le professeur Philippe Biyoya Makutu s’exprimait ainsi samedi 19 décembre, dernière journée de la conférence sur le cinquantenaire de l’Eglise kimbanguiste, organisée par l’Université Simon Kimbangu, sous le haut patronage de Son Eminence Simon Kimbangu Kiangani, chef spirituel et représentant légal de l’Eglise de Jésus-Christ sur la Terre par son envoyé spécial Simon Kimbangu (EJCSK), qui a ouvert et clôturé cette conférence.

Sans être kimbanguiste, le professeur Biyoya, né des parents catholiques et d’obédience méthodiste, qui s’adressait aux non-kimbanguistes (sic !), s’est appesanti très longuement sur la grandeur du prophète Simon Kimbangu pour reconnaître qu’il est Dieu, qu’il est le dieu des Congolais, le dieu des Noirs, qu’il est son dieu, car, conclut-il, Dieu est incarné en lui. Arguant ses propos, il a soutenu que ni Paul ni Pierre n’ont opéré de miracles plus grands que ceux faits par lui. C’est pourquoi, il « ne peut être un simple souvenir, mais il doit être immortel. Il doit sortir de l’Eglise, car ses idées ne sont pas que religieuses.

« Dieu a béni le Congo par Simon Kimbangu »

Encouragé par des salves d’applaudissements qui ponctuaient régulièrement ses propos sur le prophète Simon Kimbangu, le conférencier a estimé que les choses marcheront bien en RDC le jour où nous considérerons que le fondement spirituel de Simon Kimbangu doit nous guider. Aussi n’est-il pas nécessaire de se demander pourquoi depuis l’obtention de notre indépendance pourquoi le Congo ne marche pas. « On ne peut être nationaliste, on ne peut réussir en politique, sport, en économie si on ne se donne pas comme fondement le kimbanguisme », a-t-il conclu. « Simon Kimbangu avait été condamné comme acteur politique. Et tant que nous ne continuerons pas cette action, il y aura immobilisme dans le développement de notre pays, a prévenu Philippe Biyoya.

C’est pourquoi, il a souhaité que « les idées de Simon Kimbangu constituent la morale politique des Congolais », estimant que « Dieu a béni le Congo et l’Afrique par Simon Kimbangu. Celui-ci, par conséquent, n’appartient pas aux kimbanguistes, ni à sa famille biologique, ni au Kongo Central (sa province d’origine, NDLR) ; il appartient au Congo. Il est trop grand pour que ces entités le contiennent », a déclaré le conférencier.

Dans son intervention apologique sur le prophète Simon Kimbangu, le conférencier a estimé que « l’Eglise kimbanguiste devrait être notre patrimoine, (le patrimoine) des Congolais. (Par conséquent) le président de la République ne devrait pas chercher à quelle foi (chrétienne ou religieuse, NDLR) il appartient ». Pour lui, la foi de Simon Kimbangu doit être celle du président de la République, du Premier ministre.

Il faut un monument en faveur de Simon Kimbangu

Compte tenu de ce beau tableau sur le prophète Simon Kimbangu, Philippe Biyoya encourage les fidèles kimbanguistes à revendiquer la suprématie de leur Eglise. Par voie de conséquence, il est estime que « les idées de Simon Kimbangu doivent être enseignées non seulement dans les écoles kimbanguistes, mais aussi dans toutes les écoles congolaises, pourquoi pas africaines, étant donné que le combat de ce grand homme est loin de ne concerner que ses compatriotes. Son combat a donné la voie aux indépendances africaines.

Pourquoi ne pas ériger un monument pour un homme qui est plus qu’un héros ? Patrice-Eméry Lumumba ne serait pas ce qu’il est s’il n’avait pas suivi le même chemin que Simon Kimbangu (arrêtés et emprisonnés à Thysville, actuel Mbanza-Ngungu), avant d’être transférés et mourir à Elisabethville, actuel Lubumbashi où ils vont mourir, chacun à sa date). Pourquoi ne pas consacrer une journée nationale sur lui dans le calendrier. ? Pourquoi ne pas construire un musée pour garder les reliques de ce grand prophète, qui avait tenu tête à la puissance des colonialistes ? Pourquoi ne pas songer à faire endroits comme la prison de Mbanza-Ngungu, de Lubumbashi où il avait été incarcéré, son tombeau à Lubumbashi, des lieux de pèlerinage ?

Réaliser ces choses serait reconnaître le rôle combien inestimable de Simon Kimbangu dans la libération des Congolais et des Africains du joug colonial, dans la lutte du peuple noir contre l’oppression et l’exploitation multiforme des Noirs par les Blancs, la victoire du peuple opprimé sur les oppresseurs.

A la 2ème journée, d’éminents professeurs, des historiens ont animé divers thèmes, notamment « l’Eglise kimbanguiste et ses relations extérieures » (Pr. Labama), qui a parlé de l’expansion de l’Eglise à travers le monde (dans 10 Etats africains, 10 européens, 2 américains et 1 asiatique), « l’œuvre de Simon Kimbangu et les indépendances africaines » (Pr Isidore Ndaywel), qui a reconnu en Simon Kimbangu le symbole de la contestation, de la résistance, de non violence comme Gandhi, et que Simon Kimbangu méconnu au Congo et en Afrique, il appartient à l’Eglise kimbanguiste de le faire connaître, « Les Conditions carcérales de Simon Kimbangu (Pr Botela), « les vestiges de Simon Kimbangu » (Pr Sabakinu) qui a relevé entre autres que 20 thèses de doctorat sur Simon Kimbangu ont été défendues dans le monde.

Ces hommes de science ont fait quelques recommandations à l’Eglise kimbanguiste, notamment solliciter le statut d’observateur auprès des institutions internationales, multiplier des visites dans les Etats où elle est implantée, solliciter que la cité de N’kamba devienne autonome, bien que cela soit presque impossible dans le contexte actuel, introduire les enseignements sur Simon Kimbangu dans les écoles congolaises, réunir toute la documentation sur le prophète, créer un centre de documentation à l’Université Simon Kimbangu, etc.

Aux fidèles kimbanguistes rangés derrière tous les Congolais de faire entendre tous ces souhaits et recommandations auprès des décideurs pour qu’ils deviennent un jour une réalité.

Kléber Kungu

Le Gabon doté de la TNT, la RDC toujours analogique !

Guerre de la technologie audiovisuelle

Le Gabon doté de la TNT, la RDC toujours analogique !

Le Gabon vient d'étonner le monde en basculant vers la télévision numérique terrestre (TNT), alors que certains pays, qui étaient technologiquement plus avancés que lui, comme la RDC, sont encore à la traîne et continuent dans le monde analogique. Ce basculement fait du Gabon le tout premier pays d'Afrique centrale à se doter de la télévision numérique terrestre. Cette nouvelle doit faire réfléchir les autorités congolaises, qui ne cessent de signer accord sur accord et partenariat et partenariat avec certaines firmes qui se présentent comme expertes en la matière, sans qu’aucun signe

Tout est parti le 16 juin 2006, à Genève en Suisse, où s'était achevée la Conférence régionale des radiocommunications 2006, en sigle CRR 06. Durant 5 semaines, des délégués de 104 pays d'Europe, d'Afrique et du Proche-Orient, avaient, sous l'égide de l'Union internationale de télécommunications (IUT), défini et adopté un nouvel accord notamment sur les fréquences devant être exploitées pour la TNT par chaque pays et sur la période de la transition de la Télévision Analogique Terrestre (TAT) à la Télévision Numérique Terrestre. Connu sous le nom de «ACCORD GE 06 », cet accord avait, dans son article 12, fixé le début de la transition vers le numérique au 17 juin 2006 à 1heure UTC (cf. article 12.5) et la fin de la transition au 17 juin 2015 pour les fréquences UHF et jusqu'au 17 juin 2020 pour les fréquences VHF (cf. article 12.6). C’est suivant les recommandations de cet accord, que, contre toute attente, le Gabon vient de se doter de la TNT, étonnant ainsi le monde, alors que certains pays qui étaient technologiquement plus avancés que lui sont encore à la traîne.

Le Gabon, un bond de géant vers la TNT

A l’heure de la démocratisation des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), la TNT est devenu un enjeu socio-économique très important au point que tous les pays du monde ou presque, membres de l’Union Internationale de Télécommunications, s’y investissent pour ne pas rater le rendez-vous du 17 juin 2015. Suivant à la lettre les recommandations de cet Accord, le Gabon d'Omar Bongo, s'était mis «silencieusement» au travail. Un opérateur de télécommunications français spécialisé en TNT avait élaboré un projet de plusieurs milliers d'euros relatif «à l'introduction et le développement de la Télévision Numérique Terrestre dans le paysage audiovisuel gabonais », avec Libreville comme site expérimental. Sans trompette, ni tambour battant, les autorités politiques gabonaises avaient pesé de leur poids pour que la TNT s’installe rapidement dans leur pays. Le 9 octobre 2009, ce qui devrait être un simple d'essai technique du signal expérimental de la TNT s'est alors transformé en un véritable basculement du paysage télévisuel gabonais de l'analogique vers le numérique. Les résultats enregistrés sur le terrain lors de cet «essai» ont dépassé tous les pronostics. Ainsi, au lieu de prolonger la période d'essai, les autorités gabonaises ont carrément choisi de passer directement à l'étape suivante, celle du «tout numérique». Et c’est la ministre de la Communication, Madame Laure Olga Gondjout, qui avait présidé, dans un hôtel de Libreville, la cérémonie officielle de lancement de la TNT à Libreville, faisant ainsi du Gabon le premier pays de l’Afrique centrale à se doter de cette nouvelle technologie audiovisuelle. Cette prouesse technologique inattendue lui a exceptionnellement valu une page entière dans l'incontournable Télé Satellite Numérique, dans son édition de décembre 2009, numéro 240, page 29, sous le titre évocateur « Gabon : la TNT débarque à Libreville ».

L'exploitation et la gestion de la TNT Gabon sont confiées à l'opérateur TNT Africa. Le «bouquet TNT gabonais » propose 40 chaînes publiques et privées, nationales et internationales confondues. Déjà à Libreville, plus de 140 000 foyers sont connectés au réseau TNT. Le chiffre avoisine 300 000 foyers au niveau national.

Pour faciliter l'accès de la TNT à toute la population gabonaise, l'opérateur TNT Africa s'est efforcé de s'adapter aux réalités socio-économiques du pays. Cette politique lui a permis de proposer un abonnement mensuel allant de 1 500 F CFA à 2 000 F CFA. Concrètement, la TNT gabonaise propose plusieurs « bouquets » : primo : le « Bouquet Informations généralisées » comprenant 5 chaînes pour 2 000 F CFA par mois, secundo : Un bouquet proposant 2 chaînes musicales pour un abonnement mensuel de 1 500 F CFA et le «Bouquet Mbolo» comprenant un assortiment de 14 chaînes internationales, en plus des chaînes nationales, pour 2 500 F CFA par mois. Le décodeur, quant à lui, est vendu à 50 000 F CFA. Hormis ces bouquets cryptés et donc payants, les chaînes nationales sont toutes reçues en clair et gratuitement.

Aujourd'hui, les autorités gabonaises se frottent les mains car des signes montrent que, du point de vue social et économique, l'implantation et l'exploitation de la TNT seront très rentables et dépasseront même les prévisions. En effet, dès la mise en exploitation de la TNT, des milliers de Gabonais ont envahi et continuent d'envahir les magasins spécialisés pour se procurer le fameux décodeur. De même, de nouveaux opérateurs Telecom se bousculent au portillon du Gabon pour proposer leurs services. Et le ministère gabonais des PTT trouve en la TNT une occasion de diminuer « la pollution visuelle » de Libreville grâce à l’harmonisation de l’espace urbain en réduisant le nombre de pylônes et des champs d’antennes qui « dénaturent » l’image de la capitale gabonaise.

La TNT en Afrique: état des lieux

La prouesse technologique que vient de réaliser le Gabon nous conduit à faire l’état des lieux de la TNT en Afrique. D’une manière générale, l’Afrique est le mauvais élève de l’UIT. D'après les données en notre possession, seuls 9 pays ont déjà pris le train de la TNT, mais 4 seulement sont vraiment dans le cercle restreint de la véritable TNT: l’Afrique du Sud, le Maroc, le Kenya et enfin le Gabon.

L'Afrique du Sud a débuté ses essais en février 2000. Le 1er novembre 2008, le pays de Nelson Mandela est devenu le tout premier pays africain à entrer «audiovisuellement » dans l'ère de la TNT numérique» et est décidé à basculer complètement au « tout numérique » le 1er novembre 2011. Depuis 2008, l'Algérie prépare timidement son entrée dans le monde de la TNT et estime terminer sa migration vers le « tout numérique » en 2014. Le Maroc, deuxième pays africain à se doter de la technologie TNT, avait entrepris ses essais en février 2007. Il estime abandonner complètement l'analogique en 2015.

L'Ile Maurice, qui a entrepris ses essais le 30 septembre 2005, est aujourd'hui très avancée dans sa chevauchée vers la TNT. Selon les autorités mauriciennes, l'année prochaine, plusieurs villes de cette île seront connectées au réseau TNT mis en place dans la capitale. La Namibie, malgré son économie en déliquescence, a commencé ses essais le 18 février 2005. Les observations techniques enregistrées sur le terrain sont prometteuses. Le Kenya, troisième pays africain à amorcer un virage de 180 degrés vers le numérique, estime achever sa migration en 2015. Le Nigeria qui avait aussi pris le train de la TNT a promis d’être prêt en 2015.

La Tunisie qui a entrepris ses essais expérimentaux en 2001 pourra bientôt devenir le 5me pays africain doté de la TNT. La première phase commencée en 2008 (mais annoncée dès 2004 pour 2006) a consisté en l’installation de 41 émetteurs numériques répartis sur tout le territoire du pays. La seconde phase concernant la numérisation des stations d’émission des programmes télévisés de façon à garantir une couverture numérique du pays à hauteur de près de 90% vient de se terminer.

La «véritable situation» de la RDC en matière de la TNT

Eu égard à ce qui précède, l’on ne peut que se poser cette question : « quelle est la véritable situation de la TNT en RDC ? » Nombreux de nos lecteurs connaissent déjà la réponse. Notre pays est encore au « point mort », nonobstant les annonces soporifiques de Téléconsult, sur son site, selon laquelle la « la TNT sera bientôt opérationnelle en RDC » ou encore «La RDC sur l’orbite des Nouvelles technologies de l’information et de la communication. Sur le terrain, aucun signe matériel n’est visible. Dans nos éditions n° 3271, 3272 et 3273 respectivement de mercredi 9, jeudi 10 et vendredi 11 à dimanche 13 décembre 2009, nous avons consacré un dossier spécial consacré à cette question, intitulé « Paysage audiovisuel congolais, Télévision numérique terrestre en RDC : qui trompe qui ? », en ouverture d’une importance réflexion de M. José Mambwini intitulée « la télévision congolaise émet-elle vraiment (déjà) en numérique ? », comme si nous étions dans le secret de l'alcôve gabonais, nous nous sommes posé la question de savoir , à propos justement de la TNT, qui trompe qui.

Le mutisme observé par les autorités congolaises n'augure rien de bon. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on ne sait rien du « dossier congolais sur la TNT». Un flou opaque l’entoure. Sinon des déclarations fort tapageuses et fortement médiatisées annonçant l’avènement de la TNT pour bientôt. Un bientôt que nous avons qualifié de biblique. Le seul élément en notre possession, curieusement méconnu de la très célèbre Télé Satellite Numérique, la seule revue francophone spécialisée en TNT dans le monde entier, est les «deux brèves » que nous retrouvons sur le site de la firme italienne Teleconsult qui, tambour battant, nous annonçait, en juin 2008 - la même information relayée par quelques confrères de Kinshasa - l'inauguration du pylône de 150 m érigé par cette firme italienne au centre d'émission de Binza-Pigeon (ouest de Kinshsa).

Depuis, comme des moines bénédictins, presque toutes les chaînes TV de la capitale propageaient la fausse nouvelle d'émettre en TNT. La RDC est-elle vraiment intéressée par la TNT? Est-ce que les Congolais et leurs autorités savent ce que c’est une TNT et son importance ? Est-il des personnes qui profitent de l’ignorance des Congolais en cette matière pour se faire passer pour des docteurs ès TNT et tirer profit de cette situation? De quoi ne dispose pas le gouvernement congolais qu’a le gouvernement gabonais pour qu’il puisse arriver à supplanter notre pays, pourtant potentiellement disposé à acquérir la TNT sans beaucoup de problème et avant le Gabon ? Exceptionnellement la volonté politique.

Les questions valent leur pesant d'or. En effet, lors de la tenue de la CRR 06, nous apprenons avec étonnement que notre pays avait brillé par son absence ou mieux s’était absenté avec brio à ce rendez-vous qui devrait sceller le destin de la T.A.T et inaugurer l'ère de la très intéressante TNT dans le monde. L'absence très remarquée de la RDC est signalée noir sur blanc dans l'article 12, plus précisément dans l'article 12.6 de l'Accord GE 06. Et pourtant la RDC est l'une de rares Administrations (c'est-à-dire pays membres) de l'UIT occupant un statut spécial dans la mesure où elle avait, plusieurs années durant, hébergé le siège régional de l'UIT.

Pourquoi cette absence alors que dans plusieurs réunions antérieures, la délégation congolaise, composée entre autres des valeureux ingénieurs du ministère congolais des PTT, pesait de tout son poids par sa connaissance de la «région», c'est-à-dire du continent africain.

Le bond de géant dans le monde de la TNT réalisé par le Gabon nous incite à interpeller le ministère des PTT afin qu’il nous dise où nous en sommes avec la TNT.

Un projet « DVB-T CONGO » existe mais...

Parce que le développement d'un pays n'est pas de la seule responsabilité de l'État ou de tel ou tel Gouvernement, certains fils du pays résidant en Europe ont usé de leur «carte de visite» dans le monde très fermé de la TNT pour ainsi favoriser le transfert de cette nouvelle technologie dans notre pays sans que cela grève le portefeuille du Trésor public. Nous avons évoqué l’exemple de ce projet tout fait de la TNT configuré sur le site de Kinshasa élaboré, à l’initiative d’un Congolais, par quelques ingénieurs français, membres de l'association loi-1901 (loi française) Solidarite France-Congo, (Sofraco). Dénommé «DVB-T Congo: projet expérimental d'installation et d'exploitation d'une plate-forme DVB-T pour la diffusion et la télédiffusion de la télévision numérique terrestre à Kinshasa et sa périphérie », ce projet de 63 pages contient de très précieuses informations sur la réalisation d'une plateforme TNT dédié au site de Kinshasa. Ces informations concernent notamment le type de «configuration de planification » susceptible d'être adopté pour le site de Kinshasa, le type de « réseau de référence » à privilégier à Kinshasa, les «caractéristiques spécifiques », la «forme géométrique » et surtout le « paramétrage du système informatique » applicables sur le réseau TNT de Kinshasa.

Le projet propose même deux « architectures conceptuelles » pouvant être développées sur le site de Kinshasa. Lors de son séjour à Kinshasa, l'initiateur de ce projet, le Dr José Mambwini (joignable par courriel à l'adresse suivante globalkivideo@yahoo.fr), a voulu le mettre gracieusement à la disposition du Gouvernement congolais. Malheureusement, comme il ne dispose pas d'entrée dans les milieux très convoités et hermétiquement fermés du monde politique congolais, ce précieux projet moisit dans un de ses tiroirs. Nous avons pu le joindre depuis Paris où il est en mission. Sa réaction est prometteuse : « Ce que le Gabon vient de réaliser en un temps record peut également être fait en RDC. Il suffit d’une dose de volonté politique. Concrètement, si la Présidence congolaise et le Gouvernement congolais nous font confiance, s’ils se décident de nous donner un mandat officiel et des moyens financiers conséquents nous permettant de mener des expertises sur le terrain, de trouver un « bon opérateur télécoms exécutant », un bon équipementier en matériels télévisuels numériques de qualité irréprochable, nous pouvons disposer d’ici là d’une infrastructure TNT compatible au standard MPEG-4 pour la ville de Kinshasa ».

Quand on sait que le projet TNT gabonais a coûté beaucoup d'argent au trésor public gabonais, on se demande pourquoi le gouvernement congolais reste sourd à tout ce que nous avons écrit dans nos colonnes.

Que Dino Mandefu, le représentant de Téléconsult en RDC ou lui-même Angelo Parenti, le numéro un de Téléconsult, dise où il en est avec sa TNT que tout Congolais attend avec impatience. Il est temps que la firme Teleconsult sorte de son cocon pour éclairer l'opinion congolaise qui aspire à cette nouvelle technologie, d’autant que c’est elle qui ambitionne de relever le pari de l’avènement de la TNT en RDC.


Kléber Kungu kia Mputu