vendredi 24 juin 2011

Le décor déjà planté : injures, invectives, provocations, affrontements, violences, intolérance…

Campagne électorale à haut risque
Le décor déjà planté : injures, invectives, provocations, affrontements, violences, intolérance…
Quelque 4 mois nous séparent des élections dont nous cessons de parler chaque jour. Si nous parlons de ces élections qui seront les deuxièmes démocratiques que nous aurons à organiser après celles - les premières – de 2006, certains esprits éveillés craignent qu’elles ne se déroulent pas comme nous les souhaitons : apaisées, paisibles. Des signes précurseurs de ce qu’elles seront, à commencer par la campagne, parlent déjà d’eux-mêmes. Le Katanga semble donner le coup d’envoi de ce que sera une campagne électorale que je crains être à haut risque. Par-ci par-là, des feux couvent et des allumeurs de ces feux ne lésinent pas sur les moyens pour qu’ils –feux – brûlent haut. Injures, invectives, provocations, affrontements, violences, intolérance, voilà des ingrédients qui vont envenimer la campagne.
Il y a quelques jours, ce que nous pouvons appeler la guerre entre les partisans de J-C. Muyambo et ceux de Moïse Katumbi, a défrayé la chronique, mettant à nu l’intolérance politique de certains politiciens que la RDC compte, à quelques mois seulement des élections qui s’annoncent très houleuses, dangereusement houleuses.
Il a fallu que Jean Claude Muyambo se mît à critiquer la gestion ou le mandat de Moïse Katumbi Chapwe. Pour l’ancien ministre des Affaires sociales, l’actuel gouverneur du Katanga, dont les œuvres ont traversé les frontières du Katanga, a déçu les attentes des électeurs. Voilà l’étincelle qui a allumé ce feu.
Sans se laisser prier deux fois, les partisans de second sont descendus dans la rue. Femme, hommes, filles, garçons, jeunes et vieux, pour la plupart des personnes identifiées comme appartenant aux supporters du Tout-puissant Mazembe appelés «Cent pour Cent » s’y sont donné rendez-vous. Destination : le siège de la télévision de celui qui a osé critiquer les leur. Une descente punitive qui a failli coûter très cher au patrimoine de cet homme politique si l’intervention des agents de l’ordre était arrivée fort en retard.
D’autre part, quelques jours auparavant, comme pour donner le ton de ce que lui voudra que soient les élections, le très bouillant président de l’assemblée provinciale du Katanga et président de l’Union des fédéralistes nationalistes congolais (Unafec), Kyungu wa Kumwanza, s’est arrogé le droit de demander à ses militants de s’en prendre à ceux qui ne voteraient pas en faveur de leur candidat lors des prochaines élections. Un discours qui n’est rien d’autre qu’une incitation à la haine. Seigneur, merci que tu pousses ceux qui avaient chassé Mobutu pour avoir instauré le parti unique, à cheminer lentement vers cette voie périlleuse !
« Si Kabila échoue, il faut commencer à rentrer chez vous vous-même, car ici c’est le fief de Joseph Kabila… », avait menacé Kyungu wa Kumwanza. Une menace à peine voilée qui cache difficilement les mauvaises intentions du président de l’Assemblée provinciale du Katanga.
La situation de l’intolérance politique semble se généraliser à travers toutes les provinces de la RDC. Deux autres provinces ont connu une situation pareille. Le Bandundu a vécu des moments tendus entre les partisans d’Olivier Kamitatu et ceux de Tryphon Kin Kiey Mulumba, tous deux de la Majorité présidentielle (MP), y compris le Kasaï oriental où des conflits sont signalés entre le CCU de Lambert Mende et le MSDD de Christophe Lutundula. Comme quoi, la famille politique présidentielle est rongée par l’intolérance politique, à quelque 4 mois des élections qu’elle veut à tout prix remporter haut la main.
Le secrétaire intérimaire de la Majorité présidentielle (MP), Louis Koyagialo, peut beau avoir appelé à la dédramatisation de cette situation, le mal est déjà fait et le crédit politique de la famille politique du chef de l’Etat est fort entamé.
De quoi la campagne électorale des élections de 2011 sera-t-elle faite ? Le décor semble déjà planté quelques mois avant les échéances qui s’annoncent très chaudes avec des discours de haine, d’exclusion, de discrimination, de violence.
Le jeu démocratique, qui paraît un couteau à double tranchant en appelant les adversaires à la tolérance et au respect de la liberté d’expression et d’opinion, reste dans la pratique un exercice difficile et périlleux.
L’intolérance politique qui vient d’élire domicile au sein de la famille politique de Joseph Kabila est si criante que le silence de donneurs de leçons nous semble incompréhensible, aussi coupable que complice.
Il est de l’intérêt de l’autorité morale de la MP de rappeler à l’ordre tous ceux qui, inutilement trop zélés, risquent de mettre tout en feu, au point de remettre en cause tout le processus électoral. Il appartient également au pouvoir d’éviter de donner l’impression de prendre fait et cause pour ceux de la MP. Assurer la sécurité de personnes et de leurs biens sans discrimination liée notamment à l’appartenance politique, tribale, ethnique provinciale et raciale doit être leur préoccupation majeure durant cette période très cruciale.
Car, si aujourd’hui les partis politiques de la MP, par des partisans des leaders de ces partis interposés, n’hésitent pas à s’affronter, demain, nous craignons d’assister à la guerre entre les partisans des leaders des partis politiques de la MP et de l’opposition.
Ce qui risque de faire beaucoup de dégâts que nous nous mettrons à regretter plus tard.
Kléber Kungu

vendredi 17 juin 2011

Contrat Gouvernorat Bas-Congo-Solutions for Africa : où en est-on ?

Cité de Kuilu-Ngongo
Contrat Gouvernorat Bas-Congo-Solutions for Africa : où en est-on ?
Le 21 août 2010, le gouvernorat du Bas-Congo signait un contrat avec la société Solutions for Africa SPRL pour un montant de 271 627 dollars américains pour l’adduction d’eau à Kuilu-Ngongo, précisément aux quartiers Nsele et Tumba. Le contrat devait être exécuté pour une durée de… 77 jours. Mais, près d’une année plus tard, les choses semblent stagner. Aujourd’hui, la population bénéficiaire se demande où l’on en est avec ce contrat.
Le gouvernorat du Bas-Congo a signé le 21 août 2010 un contrat avec la société Solutions for Africa SPRL, représentée par Dhiren Raithatha, directeur du siège de Kinshasa, pour un montant de 271 627 dollars américains, dans le cadre du partenariat public-privé. Le contrat consistait au forage de deux puits d’eau et à la construction de bornes fontaines par la société Solutions for Africa SPRL dans les quartiers de Nsele et de Tumba de la cité de Kuilu-Ngongo.
Selon une source officieuse contactée sur place, les travaux devaient prendre 77 jours (36 jours pour le quartier Nsele et 41 jours pour le quartier Tumba). Donc, la population de ces quartiers devait s’approvisionner en eau, fruit de ce contrat, depuis la mi-novembre. Malheureusement, depuis que les travaux ont pris fin, l’eau tarde à couler des puits et de bornes-fontaines construites par Solutions for Africa SPRL.
Pourquoi ? Ya-t-il des préalables à l’écoulement de cette denrée rare à Kuilu-Ngongo ? Quelqu’un serait derrière ce blocage inexplicable ? Telles sont les principales questions que les bénéficiaires de ces ouvrages ne cessent de se poser, alors que bientôt on atteindra une année depuis que les travaux ont pris fin sans que ces puits et ces bornes-fontaines ne servent à ceux pour qui ils ont été aménagés.
Nous avons été voir le responsable de Solutions for Africa SPRL pour en savoir plus sur ce dossier, mais nous avons reçu en retour une promesse d’être appelé plus tard par le ‘’Boss’’ qui était absent. Depuis – plus de deux semaines viennent de s’écouler -, nous n’avons reçu aucun appel de la part de cette société spécialisée en forage.
Kuilu-Ngongo, en dépit de son activité principale, la fabrication du sucre à l’échelle mondiale, reste à ce jour, l’une des cités de la RDC où l’eau reste en ce XXIème siècle une denrée rare, au point où s’y approvisionner demeure un véritable calvaire pour les habitants de cette cité. Donc, priver des centaines de personnes de cette boisson indispensable à la vie quotidienne, c’est en quelque sorte les tuer à petit à petit.
Kléber Kungu

lundi 13 juin 2011

Les distributeurs nationaux défavorisés, les expatriés favorisés

Vente de sucre à la Sucrière de Kwilu-Ngongo
Les distributeurs nationaux défavorisés, les expatriés favorisés
Ce qui se passe à la compagnie sucrière de Kwilu-Ngongo doit interpeller les autorités congolaises. Une situation qui est quasiment chronique. Les opérateurs économiques expatriés reçoivent plus de faveur que les nationaux dans l’achat de sucre. Alors que les expatriés reçoivent facilement 2 000, 3 000, 4 000, 6 000 voire 10 000 sacs, les distributeurs congolais peinent à obtenir leurs quotas habituels – de 20 à 1 000 sacs - qui sont de loin inférieurs à ceux des expatriés. Il arrive même que certains expatriés n’ont aucun point de vente sur le territoire congolais. Au nombre de ces expatriés, Lakshmi, UTC, Moga, qui représentent un infime échantillon du nombre d’expatriés impliqués dans ce trafic. Par conséquent, pour écouler leur quantité, ils la proposent aux distributeurs nationaux. Ils reçoivent cette quantité de sucre pour, disent-ils, l’écouler à l’intérieur, alors qu’il en est rien en réalité. Tous ces services rendus sont rétribués moyennant commission. La discrimination ne s’arrête pas là : tandis que les nationaux reçoivent la plupart du temps du sucre en vrac, aux expatriés, on sert du sucre en sachets, appelé communément 10X5. Question : sur quels critères ce sucre est distribué de cette manière, sinon sur des critères fondés sur des intérêts égoïstes.
Donc, à en croire diverses sources, le sucre constitue à ce jour un trafic qui frise de la maffia dont un certain nombre de personnes d’un cercle restreint tirent gracieusement profit. Le service commercial de la Sucrière serait à la base de ce trafic qui bénéficie du laxisme des autorités économiques congolaises et de l’absence de la loi sur le petit commerce qui constitue le cadet des soucis des députés.
Vu son importance dans l’alimentation et l’industrie alimentaire, le sucre est l’un des produits alimentaires de première nécessité dont la consommation par les Congolais reste aussi quotidienne qu’en grande quantité. Ce qui explique que son commerce donne beaucoup d’appétits à certaines personnes qui s’y adonnent au point d’en faire du trafic. Sans que les autorités congolaises ne s’en rendent compte. Au détriment des Congolais qui en paient un lourd tribut.
Il arrive souvent que les distributeurs expatriés, avec une quantité importante de sucre, se mettent à les revendre aux commerçants nationaux, obligés, eux, à les revendre aux consommateurs à un prix prohibitif. C’est le commerce triangulaire qui affame le peuple congolais !
Lors de la distribution (achat) à l’usine, le distributeur congolais doit s’armer de beaucoup de patience, tellement l’attente est longue pour retirer quelques sacs seulement, alors que les expatriés sont servis avec beaucoup d’empressement. Nous tenons d’une source digne de foi qu’au mois d’avril, par exemple, aucun dépositaire congolais n’a acheté du sucre en sachet, appelé communément 10X5, celui-ci n’ayant été vendu qu’aux expatriés qui, à leur tour, l’ont revendu entre 72 et 75 dollars le sac après l’avoir acheté ou obtenu à…50 dollars le sac. Aux distributeurs congolais l’usine n’a vendu que du sucre en vrac. Le sac de sucre à l’usine coûte 50 dollars - un prix qui ne change pas. Le sucre en vrac est acheté à l’usine au même prix que celui en sachet. Mais, la différence est que les consommateurs préfèrent le sucre en sachet à celui en vrac.
La conséquence de toutes ces pratiques est que le marché du sucre connaît une surenchère qui érode la bourse des consommateurs congolais dont le panier est déjà réduit à un sachet. Voilà donc l’une des causes qui mettent en mal les 5 chantiers de la République qui s’emploient à améliorer le vécu quotidien des Congolais.
Face à une situation qui persiste, les Congolais n’arrivent pas à s’expliquer le silence des autorités congolaises, principalement celles ayant en charge l’économie. Ils interpellent également M. Vanecoute, le représentant de la Sucrière en République démocratique du Congo. En effet, les esprits les plus avisés ne comprennent pas comment celui qui représente les intérêts de la compagnie semble ne pas comprendre ce qui se passe sous sa barbe, sans aucune réaction. Ainsi certains n’hésitent pas de parler de sa complicité avec M. Nobre, le directeur financier commercial. Comme pour dire que ce trafic implique aussi les adjoints de M. Nobre. Sinon, comment expliquer son silence tonitruant sur cette situation dont L’Observateur avait parlé abondamment en 2007 ?

Absence de loi sur le commerce
Tout compte fait, il est clair que toute cette situation est favorisée par un paysage commercial sans loi sur le petit commerce qui devrait réglementer ce secteur où beaucoup de choses se passent comme si les nationaux étaient des étrangers et des expatriés des nationaux. Alors l’opinion se demande pourquoi les députés n’ont jamais songé à voter une loi sur le commerce, alors que l’on est à quelques mois seulement de la fin de la législature. Selon un confrère couvrant les plénières de l’Assemblée nationale, il existe plusieurs projets de loi dans les tiroirs du bureau de l’Assemblée nationale qui n’ont jamais fait l’objet d’un examen quelconque, y compris certainement celle sur le commerce, un secteur qui mérite d’être assaini.
En raison principalement de ce désordre dans le secteur du commerce, l’on déplore que l’importation soit entre les mains des expatriés qui détiennent en même temps le commerce en gros, en demi-gros et en détail. Un état des choses constamment dénoncé par les Congolais qui se sentent marginalisés et abandonnés par ceux-là même qui devraient prendre leur défense en les protégeant avec des lois incitatives. Cela dit, l’on rencontre des commerçants expatriés, financièrement très forts, qui vendent en gros, en demi-gros et en détail, mettant
La situation du commerce du Congo Kinshasa peut s’avérer unique au monde, car c’est dans ce pays, par exemple, qu’on remarque que les produits locaux deviennent l’apanage du commerce des expatriés.
Il est donc temps que le commerce revienne aux nationaux et que, pour mieux faire les choses, que les députés votent une loi réglementant ce secteur tant névralgique pour l’économie d’un pays. Une économie détenue pour la plupart par des opérateurs expatriés ne peut être stable.
Voilà, entre autres, qui anéantit les activités commerciales des opérateurs économiques nationaux qui ne savent plus à quel gouvernement s’adresser pour trouver une solution à leurs problèmes qui minent leur secteur.
Le cas de la Sucrière de Kwilu-Ngongo n’est qu’un échantillon de tout ce qui se passe dans d’autres sociétés commerciales installées en RDC qui se livrent à ce genre de pratiques qui torpillent l’économie nationale. Partout, les expatriés bénéficient d’un traitement de faveur, alors que les nationaux suent sang et eau pour s’approvisionner en produits locaux. Le plus souvent, aux commerçants étrangers on livre des produits qui s’écoulent bien et facilement sur le marché, alors qu’aux nationaux on préfère vendre ceux qui se vendent difficilement. La RDC est l’un des rares pays au monde où le commerce se pratique dans un désordre tel que les opérateurs économiques étrangers assurent à eux seuls tous les circuits commerciaux, en étant en même temps importateurs, grossistes, demi-grossistes et détaillants. Ce qui est loin d’être admissible sous d’autres cieux.

De la maffia organisée
Sur place à Kwilu-Ngongo, certains opérateurs ont dénoncé une certaine maffia organisée dans ce commerce. « A l’approche de la campagne [qui a débuté vendredi le 20 mai, NDLR), le sucre se raréfie. Sur le plan commercial, c’est comme si Kwilu-Ngongo est marginalisé. La Sucrière, dénonce-t-il, accorde plus de priorités aux opérateurs économiques de Kinshasa. Il y a un désordre créé, peut-être il y a de la maffia. C’est la loi de l’offre et de la demande qui crée cette surenchère », affirme cet ancien opérateur économique. « Il y a un service des affaires économiques chargé d’assurer le contrôle. Que fait-il ? S’il y a maffia ou non, pourquoi on accorde priorité à Kinshasa ? » Demande-t-il. Et pourtant, Kinshasa se plaint que la Sucrière accorde la priorité à l’intérieur. Comment doit-on d’abord penser prioritairement à l’intérieur pendant que les besoins de la capitale ne sont pas satisfaits ? S’interrogent les Kinois. On n’est pas loin de conclure que c’est M. Nobre et Cie qui favorisent cette situation pour leurs intérêts personnels.
Comme un feu qui couve, la situation du sucre est telle qu’il est suicidaire que d’attendre le lendemain pour y mettre fin. On appelle à la vigilance du ministre de l’Economie qui ne doit pas laisser pourrir indéfiniment une situation qui risque de dégénérer un jour. N’est-ce pas que les esprits des Congolais doivent être dans un état apaisé à l’approche des élections.
En plus, nous regrettons qu’à quelques mois de la fin de leur mandat, ceux qui se disent élus du peuple n’aient pas songé à voter une loi sur le commerce, un secteur où se passent des choses incroyables.
Il appartient également à la Sucrière/Belgique de se pencher sur ce dossier qui appelle un contrôle immédiat et sérieux sur la vente du sucre à la Sucrière de Kwilu-Ngongo.
En somme, il ne reste qu’au chef de l’Etat, Joseph Kabila, de s’y impliquer, comme il a l’habitude de le faire lorsque les intérêts de ses concitoyens sont menacés, pour mettre fin à cette maffia qui étouffe l’émergence de la classe moyenne dont il a fait son cheval de bataille au cours de son premier mandat.
Kléber Kungu

Le festival se termine sans la RDC

Succès international pour Festimaj
Le festival se termine sans la RDC
Les rideaux de la 8ème édition du festival international de films d'écoles 2011, qui s’est déroulé du 23 mai au 1er juin à Meyzieu et à travers le monde, sont tombés. Pas moins de 50 pays et lieux de diffusion y sur les 5 continents ont marqué de leur présence cette grande rencontre des cinémas des jeunes. Comme d’habitude, la République démocratique du Congo (RDC) dont les
écoles absentes auraient été mobilisées par une association peu connue en RDC, à savoir "Tableau noir-Ecran blanc". Heureusement que cette bruyante absence de la RDC a été valablement représentée à cette grande fête cinématographique par deux de ses vaillants fils : l’écrivain In Koli Jean Bofane, qui en a présidé le jury, et le Dr José Mambwini, président-directeur général de GKV TV Network, une chaîne de télévision éducative & culturelle congolaise, comme membres du jury. A la clé, de nombreux prix glanés par des jeunes réalisateurs du monde cinématographique.
Le festival de cette année a été ouvert à toutes les catégories d'enseignement de la maternelle à l'enseignement supérieur ainsi qu'aux jeunes réalisateurs du monde entier. Les films ont été présentés soit par une école, un centre culturel, soit par une maison de quartiers ou par des jeunes réalisateurs exerçant le cinéma de manière indépendante. La grande absente, comme elle en a l’habitude dans ce genre de rencontre internationale, a été la République démocratique du Congo.
Plus de 30 000 spectateurs ont voté pour les 60 films en compétition : Albanie, Algérie, Allemagne, Belgique, Bolivie, Brésil, Bulgarie, Burkina-Faso, Espagne, France métropolitaine et Dom-Tom (Mayotte & Nouvelle-Calédonie), Italie, Kurdistan d'Irak, Madagascar, Maroc, Niger, Québec, RDC, Roumanie, Royaume-Uni, Sénégal, Togo, Turquie.
Selon un communique de presse publié à la suite de ce film, en République Démocratique du Congo, pays natal d’In Koli Jean Bofane, président du jury, la semaine mondiale a été un véritable succès : À Kananga, chef-lieu du Kasaï occidental, où les films étaient diffusés à l’Alliance franco-congolaise, toute la ville s’est mobilisée pour cette première, où 5 000 spectateurs se sont bousculés. L’engouement a été tel que la maire de Kananga, sous l’émotion, a adressé ses chaleureux remerciements à l’équipe de Festimaj. À Lubumbashi, chef-lieu de la province du Katanga, où l’organisation était prise en charge par la Halle de l’étoile (institut français), les organisateurs ont souhaité étendre les séances de projection sur 6 lieux de diffusion répartis sur 10 séances. La projection a entraîné plus de 3000 spectateurs. À Mbanza-Ngungu, en province du Bas-Congo, les locaux de GKV Network TV, chaîne de télévision éducative et culturelle, du Dr José Mambwini Kivuila-Kiaku ont été pris d’assaut par plus de 3 000 spectateurs. L’engouement a été tel que les organisateurs ont été contraints d’installer des tentes pour diffuser les films sur plusieurs écrans. Les diffusions à la télévision ont également remporté un franc succès.

1 500 000 téléspectateurs
Sur un bassin d’environ 1 500 000 téléspectateurs, plus de 10% auraient suivi les diffusions quotidiennes (spectateurs non votants). Et si à Kinshasa et à Matadi les diffusions ont été plus modestes, elles ont réuni plus de 300 spectateurs sur une séance.
La 3ème édition de la Semaine mondiale & francophone de films d’écoles 2011 sous la présidence d’In Koli Jean Bofane a connu une très forte participation de l’ensemble des publics africains sur les 7 autres pays du continent ayant totalisé à lui seul plus de 70% des spectateurs, preuve que ce festival a vraiment marqué de son empreinte un continent et une jeunesse oubliés du cinéma. Tandis que les 30% se répartissent sur les 4 autres continents, soit environ 25% en Europe et 5% sur les continents asiatique, océanien et américain.
Six films par chaque catégorie ont été sélectionnés par le public mondial et présentés au jury le 1er juin à Meyzieu dans l’est lyonnais. Ce jury international présidé par l’écrivain congolais In Koli Jean Bofane (auteur de « Mathématiques congolaises ») était composé de 12 jurés : réalisateurs, acteurs et producteurs marocains et iranien, artistes et scénaristes français, directrice de la médiathèque de Meyzieu, un écolier français, une lycéenne allemande et un étudiant marocain. Une sélection du jury internationale : France, Belgique, Espagne, Maroc et Madagascar (ce dernier a obtenu le prix de la Maison de la francophonie). Dans ce jury, on compte deux congolais, In Koli Jean Bofane et José Mambwini Kivuilu-Kiaku.
Celui-ci a été invité à intervenir au cours de la Douzième caravane des cinémas d'Afrique qui aura lieu à Sainte Foy lès lyon (en France) du 22 mars au 1er avril 2012. C'est ce qui ressort des entretiens que notre compatriote José Mambwini a eus, le jeudi 2 juin 2011, avec son président, François Rocher qui garde une très belle impression sur l’intervention du PDG de GKV Network TV lors de la 11 édition de cette caravane où il a commenté le court métrage "Un instituteur au Congo", produit par Festimaj que dirigent Anne-Claude Lumet et M. Gille Lemouneaud.
En juillet dernier, les efforts conjoints de Zandu Films et de Festimaj avaient abouti à trois fictions, œuvres des jeunes réalisateurs amateurs formés en un temps record par Anne-Claude Lumet et Gilles Lemounaud. Les courts-métrages Taxi, Bobine 16 et La valise bleue réalisés respectivement à Lubumbashi, Matadi et Kinshasa ont marqué le passage avec succès de Tableau noir-Ecran blanc du documentaire à la fiction.
Festimaj 2011 au passé, les jeunes cinéphiles congolais attendent Festimaj 2012 où ils espèrent faire éclater leurs talents pour représenter leur pays.
Kléber Kungu

dimanche 5 juin 2011

Catherine Bragg : « L’insécurité est la grande question qu’il faut combattre


Sous-secrétaire générale aux Affaires humanitaires des Nations unies
Catherine Bragg : « L’insécurité est la grande question qu’il faut combattre
(Kléber Kungu, de retour de Bunia, Dungu et Bukavu)
Catherine Bragg vient de boucler une mission de 3 jours dans la Province orientale et au Sud-Kivu où elle a visité Bunia, Dungu et Bukavu. La situation humanitaire reste très préoccupante, d’autant plus que l’insécurité occasionnée par des attaques répétitives des rebelles de la LRA et d’autres groupes armés est telle qu’elle constitue à ce jour une question à laquelle il faut s’attaquer prioritairement. Car, en raison de l’insécurité, plusieurs personnes déplacées meurent de faim et les acteurs humanitaires sont incapables de leur apporter de l’aide dont elles ont grandement besoin. La sécurité conjointe assurée par des éléments des FARDC appuyés par les casques bleus de la Monusco est loin d’apporter la paix tant attendue.
Catherine Bragg, sous-secrétaire générale aux Affaires humanitaires des Nations unies et coordonnatrice adjointe des secours d’urgence a eu de ses autorités la mission d’évaluer la situation humanitaire à Bunia, à Dungu dans la Province orientale et à Bukavu au Sud-Kivu pendant trois jours - du 1er au 3 juin. A l’issue de sa mission, elle conclut que la situation humanitaire des parties visitées très préoccupante et l’insécurité y est telle qu’elle empêche les acteurs humanitaires de remplir convenablement leur mission auprès des milliers de déplacés qui ont besoin de l’aide.
A Bunia, où, aussitôt arrivée, elle a rencontré les acteurs humanitaires et les forces de maintien de la paix de la Monusco, à Dungu, où elle a été accueillie par une pluie qui est tombée quelques heures plus tôt avant sa rencontre avec les humanitaires et la Monusco, à Bukavu, où elle a également rencontré les organisations humanitaires et les autorités politico-administratives locales, le message de ses interlocuteurs également pratiquement le même : l’insécurité grandissante empêche les humanitaires de remplir correctement le travail, affamant ainsi des centaines de milliers de personnes déplacées.
« La situation humanitaire [dans les endroits visités, NDLR] est assez critique, d’autant plus qu’il y a des personnes auxquelles les humanitaires ne peuvent pas accéder », a reconnu Catherine Bragg, alors qu’elle visitait le site de Women for Women International de Kavumu. « Ce groupe de personnes constitue, a-t-elle affirmé, notre grande préoccupation. Il y a quelques années, nous ne pouvions pas atteindre ces personnes, aujourd’hui, nous ne pouvons pas, non plus, les atteindre », a-t-elle ajouté.
La présence persistante et les attaques répétitive des rebelles ougandais de la LRA et d’autres groupes armés qui pullulent dans la région sont une véritable épine dans le travail des humanitaires, en grand nombre, chacun dans son domaine d’intervention. Ce qui provoque des déplacements massifs internes des populations civiles dont le nombre est évalué aujourd’hui à 1,7 million.
A Dungu, Catherine Bragg s’est retrouvée devant une cruelle réalité : 1 359 personnes, soit 271 ménages peuplent le camp de Linakofo qui existe depuis février 2010. Globalement des pêcheurs, ces personnes sont venues des villages Nakudu et Napidi, au bord de la rivière Dungu d’où elles avaient été chassées par les attaques des rebelles de la LRA. Ces déplacés y mènent une vie que les acteurs humanitaires essaient de rendre vivable. Ce jeudi 2 juin, le PAM, dont les avions ont assuré le déplacement de la délégation de Catherine Bragg, leur a distribué de la nourriture : chaque bénéficiaire en a reçu comme ration de 30 jours, 12 kg de kaunga (farine de maïs), 3,6 kg de haricots, 900 gr d’huile et 150 gr de sel. Il arrive que les rebelles de la LRA leur rafle cette seule ration au lendemain de la distribution !
Ils en ont assez de cette vie. Les habitants du camp de Linakofo l’ont fait savoir par des messages écrits sur des bouts de papier brandis par certains d’entre eux. « Nous ne savons pas à quand le retour : pas besoin d’assistance permanente, mais d’une assistance durable », «Protection et sécurité : plus de sécurité en augmentant le nombre de militaires (FARDC et Monusco », «Protection et sécurité : notre périmètre de sécurité est très réduit (limité dan un rayon de 3 km. Le danger reste à nos portes », «Protection abris : améliorer nos conditions d’habitation. Nous sommes exposés», «Santé et maternité : avoir des enfants, c’est bon, mais les avoir en vie, c’est encore mieux », «Santé : être nourri, c’est bon, mais permettre de nous soigner, c’est encore mieux ».
Des messages très clairs que Catherine Bragg a certainement lus avec un grand pincement au cœur, car elle y a donné une réponse quasi rapide. « Merci pour les messages. J’en ferai rapport à qui de droit », a-t-elle promis. Une personne, sous le couvert de l’anonymat, m’a confié ceci, quand je lui ai fait part de ces messages : « Ce sont les mêmes messages à chaque occasion ». Cela veut dire qu’en dépit de l’insistance de ces messages, la satisfaction est loin de rencontrer l’assentiment des messagers.
Visitez ce qui sert de maison à ces compatriotes, de salles de classe à leurs enfants, vous aurez des larmes aux yeux, autant qu’ils en font couler régulièrement, d’autant plus que leur calvaire est loin de prendre fin. « Ils ont été à deux reprises victimes d’attaques des rebelles de la LRA en 2010 », m’a confié l’un des agents de l’ONG ADSSE, partenaire du PAM, Déogratis Simupila, qui ne cache pas sa joie de travailler dans ces conditions périlleuses.
Un tour dans une salle de classe : j’y rencontre un enseignant en train de dispenser joyeusement des leçons à des enfants assis l’sur des bois. La joie de l’enseignant contraste avec ses conditions de travail ! Si le numéro un de l’EPSP en RDC peut y faire un tour ! Heureusement, des humanitaires comme le CICR tente de pourvoir aux besoins en eau de cette population qui demande de ne plus continuer à vivre dans ces conditions. Catherine Bragg s’est fait expliqué une pompe d’eau érigée dans le camp : communiant avec les déplacés, elle n’a pas hésité de boire un peu d’eau de cette pompe !

Que la Monusco applique son mandat de protection des civils
Question : face à la persistance de cette situation d’insécurité, que font les éléments des FARDC et les casques bleus de la Monusco qui y sont déployés. Jean-Charles Dupin, chef de sous-bureau Ocha/Province orientale à Dungu, reconnaît le travail abattu par les FARDC et la Monusco, « mais elle attend de la Monusco plus que cela : l’application de son mandat de protection des civils. Etant donné que les humanitaires sont guidés par un grand principe : on ne veut pas que l’assistance donnée à la population soit en danger ». Et même ceux qui la donne. Malheureusement, c’est cette réalité que les humanitaires de Dungu - le territoire le plus frappé par les attaques de la LRA - vivent quasiment au quotidien pour apporter de l’aide à 308 254 personnes déplacées pour le Bas-Uélé (53 304) et le Haut-Uélé (254 950).
Catherine Bragg estime qu’avec 1,7 million de personnes déplacées à l’est et au nord-est, la situation humanitaire reste particulièrement préoccupante dans cette partie de la RDC. Aussi appelle-t-elle à l’engagement plus accru de la communauté internationale dans le financement de l’aide humanitaire. « Mais avec un financement de seulement 41%, la communauté internationale doit s’engager de manière plus décisive. La survie de presque 2 millions de personnes déplacées, bien plus récemment retournés, et d’autres personnes vulnérables encore dépend largement de l’aide internationale », a-t-elle plaidé.
Excédée et préoccupée par le nombre de femmes et filles violées et les conséquences que cela entraîne, Catherine Bragg a relayé et répété les nombreuses menaces de la communauté internationale contre les auteurs des viols. « Beaucoup l’ont dit, mais laissez-moi le dire encore : l’usage de la violence sexuelle par des groupes armés pour terroriser les civils est inacceptable, et ceux qui commettent de tels crimes, ainsi d’autres graves violations des droits humains, doivent savoir que tôt ou tard, ils seront amenés devant la justice », a-t-elle menacé.

Appel au gouvernement congolais à rétablir l’autorité de l’Etat
Face à une situation d’insécurité qui n’en finit pas, il y a lieu de se demander si l’on doit la laisser pourrir infiniment. Catherine Bragg appelle particulièrement le gouvernement congolais à « faire plus pour rétablir son autorité à travers les provinces, de manière à garantir la sécurité de son peuple et celle des acteurs de l’aide » qu’il peine manifestement à apporter à une population en détresse. C’est là toute problématique de la question sécuritaire de la partie orientale de la RDC. Car, a-t-elle insisté, « le gouvernement de la RDC est en dernier ressort [en premier ressort, NDLR) responsable de la protection de son peuple. Le gouvernement doit agir pour prévenir des abus par des militaires et des forces de sécurité, ainsi que pour privilégier les réformes des systèmes de sécurité et de la justice », tout en encourageant « le gouvernement à s’embarquer résolument dans ces réformes et à étendre l’autorité de l’Etat dans les zones les plus reculées ».
Elle n’a pas oublié les casques bleus de la Monusco dont le rôle est primordial dans la sécurisation des populations civils et des acteurs humanitaires. « La communauté internationale veut également voir des efforts plus importants de la part de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco) dans l’implémentation complète de son mandat », a déclaré la sous-secrétaire générale aux Affaires humanitaires des Nations unies.
Apporter de l’aide à des personnes déplacées en nombre en constante augmentation, assurer la protection et la sécurité autant à ces personnes qu’aux acteurs humanitaires, restaurer l’autorité de l’Etat particulièrement dans cette partie du pays en s’attaquant notamment à l’impunité contre les auteurs civils ou militaires de ces actes, mobiliser les donateurs à respecter les engagements pris pour ce qui est de l’aide, autant de défis auxquels le travail immense des acteurs humanitaires est confronté.