jeudi 18 août 2011

De L’Exploit à L’Observateur : les 20 ans d’un grand quotidien

De L’Exploit à L’Observateur : les 20 ans d’un grand quotidien
L’Observateur, ce quotidien qui a vu le jour un certain lundi 12 août 1991, au lendemain de l’ouverture de la Conférence nationale souveraine (CNS), alors que ses géniteurs tenaient absolument que cela soit entre le 7 ou le 8 août, jour de l’ouverture de la CNS, est à son 21ème année d’existence. Il a fêté ses 20 ans dans une ambiance festive dénuée de tout faste qui caractérise ce genre d’événement. Même s’il a vu le jour dans la commune de Ngiri-Ngiri, il a préféré célébré ses 20 ans dans ses nouvelles installations sises dans la commune de la Gombe, sur l’avenue colonel Ebeya au numéro 4722A. Diplomates, journalistes, enseignants d’université, hommes politiques, des acteurs de la société civile ont découvert les circonstances qui ont prévalu à la naissance de leur journal et ceux qui l’animent.
Au four et au moulin, Mankenda Voka, cet homme entêté, persévérant, au finish qui croit à ce qu’il fait, tout en croyant à ce que font les autres, est tout excité. C’est lui qui introduit tous ceux qui ont pris la parole : Luc-Roger Mbala Bemba, ce jeune étudiant hier, aujourd’hui vieillissant avec le journal qu’il a contribué à faire ses premiers pas en cheminant avec lui 20 ans durant, l’un des fidèles les plus fidèles ; Thomas Makambu, l’autre créateur de L’Observateur.
Ces deux combattants de première heure – que les politiciens me permettent de leur emprunter cette expression – vont aider les convives et même les journalistes à découvrir le chemin parcouru par ce journal à qui d’aucuns ne donnaient pas cher, particulièrement Félix Mvuemba, le PAD de la Socir et jeune frère de celui qui, après s’être essayé dans bien des secteurs aussi variés que l’alimentation et l’hôtellerie, s’est échoué dans le média.
Entré stagiaire à L’Observateur, au même moment que Jerry Kalemo, aujourd’hui rédacteur en chef et journaliste sportif, Luc-Roger Mbala Bemba va exploser dans une historique aussi brève que précise sur la naissance de L’Observateur.
L’Observateur va passer d’un hebdo à un bi-hebdo avant de devenir un quotidien avec l’acquisition de ses propres imprimeries. Dans la foule, il « va augmenter son tirage avec l’ouverture de bureaux en provinces. Son tirage va par conséquent augmenter. En 2004, avec la création de son propre site internet, le nombre de ses abonnés va augmenter, passant ainsi de 53 à 180. « Les entreprises de la place, les chancelleries, les ambassades, la Banque centrale du Congo (BCC), les Nations unies et leurs agences et beaucoup d’autres sociétés privées » sont le soutien de L’Observateur depuis 20 ans.
20 ans après, L’Observateur travaille avec au moins 20 journalistes à temps plein, appuyés par un nombre important de correspondants provinciaux. Des journalistes aussi compétents dont le professionnalisme a éclos à travers les années. Ainsi, à ce jour, L’Observateur est-il fier d’avoir couvert de grands événements : les négociations politiques congolaises comme « Sun City1, Sun City 2, Pretoria 1, Pretoria 2, Pretoria 3, Pretoria 4, Bruxelles », les réunions annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).

« Une force éducatrice pour changer les mentalités »
Mankenda Voka n’a pas voulu confier la délicate tâche de présenter ceux qui, 20 ans durant, chacun à des étapes temporelles différentes, ont fait de L’Observateur un grand journal en lui faisant acquérir, comme l’a souligné son numéro deux, « cette force éducative pour changer les mentalités au sein de la société congolaise ». A tour de rôle et selon l’ordre d’entrée au journal, l’éditeur Mankenda Voka a présenté, avec une couche bien dosée de qualificatifs mélangée avec autant d’humour pour chaque agent. Luc-Roger Mbala Bemba et Jerry Kalemo, ces deux journalistes qui sont au journal depuis le premier numéro au point qu’ils ont le même âge professionnel que ce journal. Le premier a visité pratiquement les 5 continents, le second couvre plusieurs compétitions sportives nationales, africaines et internationales. Envers ces deux journalistes, il a une immense dette morale, Blandine Lusimana, une femme secrétaire de rédaction qui a plusieurs journalistes sous ses ordres, Jean-Pierre Seke, le spécialiste maison des questions de la Régideso et de la Snel, Kléber Kungu, le tout premier correspondant provincial du journal, Bakeba Kitoko Maurice, un petit baobab de la presse, transfuge d’Elima, Philippe Wete, qui, avec Luc-Roger Mbala, a couvert les négociations intercongolaises, Wakudinga, spécialiste des questions de l’opposition, Pathou Kinzala, un des meilleurs reporters, Otaba, Freddy Longangu, un autre spécialiste de l’opposition, Marthe Mbueno, le numéro deux administratif de la maison, Dominique Lumumba, « Dr Lumumba » qu’il a connu quand il était administrateur à la Fec, Nsingani Joseph, ce comptable « qui balance nos comptes qui sont régulièrement en rouge », Les photographes Kokolo, Jean Decky Kihonsa, Jean-Pierre Ngalimi, le directeur à tout faire, Roger Mabanza, le metteur en page très expérimenté, Michel Kabeya, Fatki, patron de l’imprimerie, ingénieur de l’Ista qui a 4 agents sous ses ordres, Trésor Kibambe, l’homme de tous les coups…
Voici comment Mankenda Voka va conclure cette présentation. « Notre joie est que, lorsque vous prenez de grandes structures politiques, économiques ou techniques, elles ont vraiment confiance en notre outil [L’Observateur, NDLR], si bien qu’aux conférences annuelles de la Banque mondiale, du FMI, il y a toujours un journaliste de L’Observateur. Notre pauvreté apparente ne peut pas permettre aux gens de comprendre que régulièrement nous sommes dans des rencontres des grands. Voilà ce qui nous renforce sur le plan psychologique pour ne pas baisser les bras. Sans le concours des gens que je viens de vous présenter, je n’aurais pas pu tenir. Nous traversons des moments très difficiles, mais ils continuent à tenir le coup, ils refusent d’être débauchés. Ils croient que le Vieux [Mankenda Voka, NDLR] s’en sortira. Et il s’en sortira avec nous. Mais simplement, j’ai tenu à vous remercier devant témoins [Applaudissements]. Des hommes comme ceux-là, on n’en rencontre pas tous les jours. Sincèrement. Nous terminons souvent vers minuit, une heure, et ils sont toujours aux commandes. Merci infiniment. Je crois que Dieu exaucera nos prières et que nous allons véritablement nous en sortir cette fois-ci » [Applaudissements].
Quelques minutes plus tard, sans être invité, c’est au tour de l’honorable Thomas Dacquin Makambu de se lever pour prendre parole. Il est vite dissuadé par le maître de la fête. Mais qu’a-t-il d’important à dire pour qu’il puisse prendre la parole sans être invité ?
Par cet homme, nous serons agréablement étonnés d’apprendre une mine d’informations sur le journal, mais surtout sur Mankenda Voka, qui va le présenter comme son « jeune frère, un combattant de la première heure ». Il est parmi « les gens qui croient toujours aux autres quand d’autres ont commencé à désespérer ». C’est avec lui qu’il fondé son « L’Observateur ». L’histoire qu’il va nous raconter va montrer que les deux fondateurs du journal viennent de loin.
Nous apprendrons qu’ils ont grandi ensemble à Kisantu, à plus ou moins 131 km à l’ouest de Kinshasa, quoique étant des âges différents. « Il connaît ma vie, je connais sa vie », confessera cet ancien député.

« L’Observateur est une marque »
Une fois revenu au pays, un diplôme universitaire en poche, obtenu à l’Université libre de Bruxelles, Mankenda Voka, va s’essayer dans plusieurs secteurs, notamment dans l’alimentation et l’hôtellerie avant d’échouer dans le média. «Il trouvait qu’être dans l’alimentation, dans l’hôtellerie, tout le monde était capable de le faire. Mais lui voulait faire quelque chose que tout le monde n’est pas capable de faire ». C’est le journal qu’il va fonder, malgré le scepticisme de M. Makambu.
La décision prise, la dénomination du nom L’Observateur va sortir à l’issue de maintes recherches. Faute d’autorisation de paraître, L’Observateur va sortir pendant 5 éditions sous le nom de L’Exploit, un journal qui avait déjà son autorisation de paraître.
Publier dans ce pays, dans des conditions qui étaient à l’époque, ce n’était pas une sinécure. Ainsi, malgré leur détermination de sortir le premier numéro de L’Observateur le 7 ou le 8 août, à la date de l’ouverture de la Conférence nationale souveraine, le rêve de Mankenda Voka ne sera concrétisé que le 12 août 1991.
Aujourd’hui, Thomas-Dacquin Makambu est un homme comblé car, 20 ans après, « L’Observateur a un nom dans la ville, dans le pays. Nous devons tous en être fiers ». Aussi ne manque-t-il pas de féliciter celui qui refuse de passer sa vie comme une chenille qui « naît, rampe, mange des feuilles, finit par devenir un papillon avant de disparaître ». Oui, Mankenda Voka a décidé de laisser des marques. « Je crois que L’Observateur est une marque », conclut M. Makambu sous une salve d’applaudissements.
Mankenda Voka a aussi une autre « jeune frère ». Celui-ci est parmi les sceptiques qui avaient cru que l’aventure L’Observateur ne vivrait pas longtemps. C’est le professeur Félix Mvuemba, PAD de Socir. Celui-ci, après avoir nourri beaucoup de scepticisme quant à cette aventure, s’est ravisé il y a 10 ans lorsqu’il remarqué que L’Observateur se renforçait au jour le jour. « Premier geste, a reconnu l’éditeur Mankenda Voka, il a souscrit des abonnements. Depuis que ce journal existe, il a toujours été parmi les meilleurs souscripteurs. Il ne nous a jamais abandonné. » Il croit que cet homme est compté parmi les « gens qui croient aux autres. C’est aussi bon que les autres puissent croire en eux » C’est le phénomène ascenseur qui doit aller dans les deux sens.

L’exemple de Béchir Ben Yahmed m’a requinqué
S’il est des gens de la confrérie qui ont permis à Mankenda Voka se donner de l’espoir, c’est Béchir Ben Yahmed, de Jeune Afrique, dont l’interview lors du 50ème anniversaire du journal l’a beaucoup inspiré. Ecoutez son témoignage : « J’ai lu, il y a quelque temps, l’interview de Béchir Ben Yahmed, à l’occasion du 50ème anniversaire de Jeune Afrique. Cette interview m’a vraiment requinqué au moment où j’ai commencé à croire que c’était la fin. Béchir Ben Yahmed, dans son interview, a dit pendant 7 ans, il n’arrivait pas à payer ses hommes. Alors que nous lisons toujours Jeune Afrique, en croyant que c’est une boîte très prospère. Pendant 7 ans, il a perdu plus de la moitié de ses collaborateurs. Pendant 7 ans, il a vendu tout ce qu’il avait comme biens, à part la maison où il habite. Pendant 7 ans, il avait cru que son heure était arrivée. Et aujourd’hui, il a repris. Il dit : « Dieu merci. J’ai compris que la dans la vie, on n’est jamais seul. Quand on fait quelque chose de valable, il y en a qui vous abandonnent à la première épreuve, mais il y en a d’autres qui continuent à croire en vous. Et moi Béchir et Jeune Afrique si nous tenons, c’est parce que vraiment il y a des gens qui continuent à croire en nous et nous revoici prospères. »
Et Mankenda Voka de conclure : « Je suis convaincu que c’est ce qui est en train de nous arriver. »
Pour terminer, il a remercié les ambassadeurs de Suède, des Pays-Bas, de Grande-Bretagne, par le biais de leurs conseillers, les considérant comme des partenaires très précieux.
A ses collaborateurs, il a demandé de « continuer à croire à notre aventure commune », tout en souhaitant qu’elle survive, à tous : à lui-même, à eux et à ses enfants. Une aventure, le long du parcours duquel plusieurs collègues n’ont pas survécu, ayant été rappelés dans l’au-delà par le Créateur. Luc-Roger Mbala a fait observer une minute de silence en leur mémoire.
Kléber Kungu










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