La Conférence internationale sur Simon Kimbangu
Luzolo Bambi : « Simon Kimbangu n’a jamais été un criminel »
« En termes clairs, l’histoire universelle retiendra que Simon Kimbangu n’a jamais été un criminel comme l’a relevé le Conseil de guerre de Thysville [appellation coloniale de Mbanza-Ngungu]. C’est donc à tort qu’il avait été condamné à mort en 1921 ». Le ministre de la Justice et Garde sceaux, Luzolo Bambi, qui ouvrait la série des conférences au cours de la Conférence internationale sur Simon Kimbangu, l’a déclaré alors qu’il faisait son exposé intitulé : « Le procès de Simon Kimbangu : de la condamnation à la révision » à la 2ème journée de cette grande rencontre qui réfléchissait sur la personne de Simon Kimbangu, son œuvre et sa contribution au processus de libération de l’homme noir. Une journée qui a connu également l’exposé du Pr. Jean-Pierre Bozon « Figures, fonctions et usages des prophètes en Afrique ».
« Révision en droit judiciaire congolais et les conditions d’une révision », « pourquoi la Haute cour militaire a révisé le procès ayant condamné Simon Kimbangu » et « que retenir de l’arrêt 002 du 23 juillet » sont les trois points qui ont constitué l’exposé de Luzolo Bambi qui a consisté à expliquer pourquoi on en est arrivé à révision le procès ayant condamné à mort Simon Kimbangu et 14 de ses coaccusés à des peines diverses.
Le fondement de la révision d’un procès part du principe selon lequel la justice est rendue par les hommes et qu’elle est susceptible d’être entachée de failles, étant donné que les hommes ne sont pas des saints. Donc, les hommes qui rendent des jugements.
Il existe deux voies de recours : le recours ordinaires (opposition, appel) et les voies de recours extraordinaire (pourvoi en cassation, pourvoi en révision).
Le ministre de la Justice, ce spécialiste en droit pénal et en droit judiciaire, a expliqué que la révision était une voie de recours toute particulière, en ceci qu’elle permet de réparer, corriger une erreur judiciaire commise par une juridiction à l’endroit d’un justiciable. Il a en outre précisé qu’en droit congolais, seules les condamnations sont susceptibles de révision. A la seule condition que cette décision de condamnation soit égale ou supérieur à 2 mois.
En code judiciaire militaire, il est établi que c’est la Haute cour militaire (HCM) qui procède à la révision d’un jugement. Mais, il faut qu’au préalable apparaisse un fait nouveau, par exemple, l’innocence.
« Pourquoi avoir révisé le jugement contre Simon Kimbangu ? »
La réponse à cette question est que parce que le Conseil de guerre colonial de Thysville avait condamné un innocent. La HCM a réhabilité l’innocent, ayant constaté que Simon Kimbangu était innocent. En effet, le principe judiciaire est que lorsque la justice a constate qu’elle avait condamné un innocent, en vie ou mort, elle est dans l’obligation de l’innocenter.
Ce qu’il faut retenir de l’arrêt du 22 juillet de la HCM, c’est qu’il a annulé la condamnation du Conseil de guerre de Thysville. « En termes clairs, l’histoire universelle retiendra que Simon Kimbangu n’a jamais été un criminel comme l’a relevé le Conseil de guerre de Thysville [appellation coloniale de Mbanza-Ngungu]. C’est donc à tort qu’il avait été condamné à mort en 1921 ».
Luzolo Bambi a conclu que « l’injonction du ministre de la Justice a été l’élément déclencheur de la révision du jugement ». Et conséquemment à cette décision, il arrive que la personne innocentée en vie, ou lorsqu’elle est morte, ses héritiers peuvent réclamer des dommages-intérêts. Mais il s’avère qu’aucune juridiction en RDC n’est habilitée à accorder des dommages-intérêts à un tiers, même à titre posthume.
Le ministre de la Justice a souligné que la révision est une décision rare qu’une juridiction peut prendre. Par conséquent, la HCM qui existe depuis 1968 n’en a pris qu’au moins 3. « Cette décision à un impact dans le monde. C’est une concrétisation de la liberté de l’homme noir partout où il se trouve.
« Le gouvernement se considère très satisfait d’avoir lavé la mémoire de Simon Kimbangu », s’est réjoui son ministre de la Justice.
« Figures, fonctions et usages des prophètes en Afrique, lecture d’anthropologue »
Le professeur français Jean-Pierre Bozon, qui est versé dans la recherche sur le prophétisme et le prophète en Afrique, principalement en Afrique centrale, depuis qu’il avait 23 ans, a affirmé que « dans tous ces prophétismes et prophètes étudiés, le kimbanguisme et Kimbangu restent les plus connus de tous. Ces mouvements en Afrique ont perturbé toutes les données des colonisateurs qui faisaient tous pour réprimer de manière brutale pour enfin éviter la pérennisation ».
Il a reconnu en ces prophètes la force de mobilisation et d’activisme et que la combinaison de leurs discours et de leurs actions fait leur succès.
Ce spécialiste de la Côte d’Ivoire a fait une étude comparative du prophétisme de la RDC et de la Côte d’Ivoire, deux pays qui ont traversé des étapes d’histoires caractérisées par des guerres et des conflits.
Les prophètes étaient des inventeurs de nouvelles religions. En le faisant, ils ont créé des événements et écrit une nouvelle histoire car, en raison du prophétisme, les colonisés ne sont pas restés à la place leur assignée par les colonisateurs. Les Eglises qu’ils ont créées constituaient un canal d’expression populaire et actuellement, un patrimoine national.
Kléber Kungu
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