mercredi 3 décembre 2014

Le Sida serait parti de Kinshasa dans les années 1920

Selon une équipe internationale de chercheurs
Le Sida serait parti de Kinshasa dans les années 1920
            La pandémie du Sida serait partie de Kinshasa, alors Léopoldville, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), alors Congo belge, dans les années 1920, avant de se propager dans le monde en pleine mutation selon une étude menée par une équipe internationale de chercheurs des universités britannique d'Oxford et belge de Louvain, publiée dans la revue "Science" jeudi 2 octobre et publiée dans le magazine Science. Une étude dont le résultats viennent de bouleverser de nombreuses versions au sujet de l’origine de la maladie dite du siècle.
            Cette étude vient en effet de reconstituer le cheminement du virus du Sida, responsable de 75 millions d'infections et de 36 millions de décès dans le monde depuis son apparition. L’étude en question basée sur la génétique et la biogéographie désigne Léopoldville à l'époque, Kinshasa aujourd’hui comme origine de la propagation du rétrovirus. Cette équipe internationale de recherche a pu reconstituer l'histoire génétique du rétrovirus VIH (virus de l'immunodéficience humaine) responsable du sida, se concentrant sur la souche du groupe M, la plus fréquente.
            Les chercheurs ont démontré dans leurs travaux que ce rétrovirus a été transmis des singes à l'homme au moins à treize reprises, mais qu'une seule de ces transmissions est responsable de la pandémie humaine. Ils ont abouti à la conclusion selon laquelle c'est seulement cette transmission spécifique qui a abouti à l'émergence du VIH-1, à l'origine de cette pandémie.
Pourquoi  Kinshasa et non une autre ville africaine ?
            Les résultats de ces travaux parus jeudi dans la revue américaine Science suggèrent que l'ancêtre commun du VIH est "très probablement" apparu à Kinshasa vers les années 1920.
            "Nous pouvons ainsi dire avec un degré élevé de certitude d'où et quand la pandémie est partie", a déclaré le professeur Oliver Pybus du département de zoologie d'Oxford, l'un des principaux auteurs de l'étude."Pour la première fois, nous avons analysé toutes les données génétiques disponibles en recourant aux dernières techniques phylogéographiques pour estimer statistiquement l'origine du virus", a-t-il expliqué. "Nous pouvons ainsi dire avec un degré élevé de certitude d'où et quand la pandémie est partie", a-t-il précisé.
            Donc en prenant en compte certains paramètres dont les souches responsables des nouvelles infections, leur origine génétique et leur répartition géographique, les résultats de ces travaux suggèrent que l'ancêtre commun du VIH est "très probablement" apparu à Kinshasa vers les années 1920.
            Au cours de leur étude on ne peut plus  médicale, les chercheurs ont recouru à des échantillons du virus HIV pour reconstituer son «arbre généalogique»). Les travaux offrent une présentation très claire des conditions économiques et sociales qui ont formé un «alignement des planètes» qui ont aidé la pandémie à se disséminer, là où d’autres «variantes» du virus sont restées contenues.

Comment le virus est-il passé du singe à l'homme ?
            Les chercheurs pensent que le rétrovirus a été transmis des singes à l'homme au moins à treize reprises. Toutefois, une seule de ces transmissions serait responsable de la maladie chez l'homme. Tout en retenant que la théorie la plus communément admise est celle de la viande de brousse. De là, plusieurs hypothèses : le "patient zéro" serait un chasseur ayant subi une morsure par un singe infecté, une écorchure consécutive au dépeçage de la proie ou ayant consommé une viande insuffisamment cuite.
            Le virus se serait ensuite répandu le long du fleuve Congo jusqu’à atteindre Léopoldville, aujourd’hui Kinshasa grande ville facilitant la transmission, en raison de sa grande population et de sa position de hub, notamment en ce qui concerne le réseau ferroviaire naissant.
            Comment le virus est parti de Kinshasa pour d’autres pays africains ? Nuno Faria, l’un des virologues de l'Université d'Oxford donne la réponse. "Les informations des archives coloniales indiquent qu'à la fin des années 40, plus d'un million de personnes transitaient par Kinshasa par le train chaque année". Il souligne que "nos données génétiques nous disent aussi que le virus VIH s'est propagé très rapidement à travers le Congo, d'une superficie équivalente à l'Europe de l'Ouest, se déplaçant avec des personnes par les chemins de fer et les voies d'eau".
            En définitive, les virologues ont établi que l'émergence et la propagation du sida à partir de Kinshasa ont été favorisées par la combinaison de facteurs, dont les pratiques alimentaires, l'urbanisation rapide, la construction des chemins de fer en République démocratique du Congo (RDC), alors le Congo belge, ainsi que des changements dans le commerce du sexe, entre les années 1920 et 1960, une période d’environ quarante ans.
            Ces données précisent que le VIH aurait atteint Mbuji-Mayi et Lubumbashi dans l'extrême Sud et Kisangani dans le Nord entre la fin des années 30 et le début des années 50. Les premiers foyers se sont ainsi créés dans des villes qui disposaient de bons réseaux de communication avec les pays du sud et de l'est du continent.
            En faveur d’une industrie du sexe en pleine expansion, BBC souiigne qu’«un grand nombre de travailleurs mâles arrivaient en ville, déséquilibrant le rapport entre les sexes dans une proportion de deux hommes pour une femme et conduisant à une explosion du sexe tarifé». A ce facteur s'ajoute un phénomène médical: dans les cliniques qui traitaient les MST à l'époque, les injections se faisaient souvent à l'aide de seringues non stérilisées.

Et les autres continents ?
            Reste à savoir comment le virus a pu voyagé d’un continent à l’autre. Selon Gilles Pialoux, auteur de "Sida 2.0" et chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon, à Paris, le rétrovirus aurait été introduit en Haïti en 1966, puis en l'Amérique du Nord en 1972, et enfin en Europe à la fin des années 1970 ou au début des années 1980.
            Dès 1981, la première description du nouveau syndrome du sida par Mike Gottlieb dans le "Morbidity Mortality Weekly Report" avait évoqué la très grande fréquence de la maladie parmi les immigrés haïtiens aux États-Unis. Dans une étude parue en 2007, le chercheur américain Michael Worobey propose également le même cheminement. Sa conclusion est sans équivoque : surgi d'Afrique, le virus s'est développé à Haïti entre 1962 et 1970. Puis une variation a émergé aux États-Unis, véhiculée depuis Haïti par une seule personne en 1969, sans précision sur son identité.
            Depuis sa découverte en 1981, la pandémie est déjà responsable de 75 millions d'infections et de 36 millions de décès dans le monde.

Quelles théories cette étude contredit-elle ?
            Jeune Afrique, dans son site web, a également traité de ces travaux scientifiques en aidant à donner la réponse à la question de savoir les théories que cette étude a contredites. La "contre-théorie" des origines du sida qui connaît probablement la plus grande audience est celle du vaccin anti-polio oral de Hilary Koprowski. Le journaliste Edward Hooper suggère ainsi en 1999 que l’introduction du VIH dans la population humaine est due à un vaccin antipoliomyélique oral, administré à environ un million de personnes par le docteur Hilary Koprowski entre 1957 et 1960 dans l’ex-Congo Belge. Selon lui, les premiers vaccins de ce type ont été "produits à l’aide de cellules de chimpanzés du camp Lindi contaminées par le virus du sida du singe".
            "Le virus du Sida est si différent de par sa structure de tout autre virus qu'il ne peut absolument pas avoir été formé par notre mère, la Nature", affirme quant à lui le Dr Robert Strecker. Ce pathologiste américain soutient que le Sida est un virus fabriqué par l'homme, et plus spécifiquement par le gouvernement américain. Selon le Dr Léonard Horowitz, diplômé de santé publique de Harvard, les agents de Santé des USA, auraient même propagé les germes pathogènes via des campagnes de vaccination menées parallèlement en Amérique et en Afrique, et ce, avec la complicité de l'Organisation mondiale de la santé.
            L’avocat en Droits humains internationaux, Boyd Graves, a quant à lui porté plainte contre l'État fédéral américain pour obtenir des excuses du gouvernement. Il soutient que les autorités ont "fabriqué" puis "diffusé" le virus du sida à travers un projet de recherche secret, le "U.S. Special Virus program" de 1948 à 1978. L'avocat a déclaré : "On comprend mieux pourquoi les Noirs comptent pour 13% de la population et 50% des cas de personnes frappées par le sida".
            Selon d'autres théories, cette arme bactériologique aurait été inoculée lors de campagnes de vaccination à l'encontre des homosexuels. Des scientifiques affirment ainsi que l'épidémie a éclaté à Manhattan en 1978, à la suite d'une campagne contre l'hépatite B pratiquée sur des homosexuels avec un vaccin infecté par le sida.

Kléber Kungu

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