mercredi 3 décembre 2014

Le Fonds vert cherche fonds

Le sommet de NewYork sur le climat
Le Fonds vert cherche fonds

            Les caisses du Fonds vert pour le climat (FVC) sonnent creux. Elles ont besoin d’être renflouées, grandement renflouées pour permettre de panser les plaies béantes que les folies des grands pollueurs de ce monde ont aidé, des décennies durant, à tailler. Alors que le FVC espère récolter 600 milliards d'euros d'ici à 2020, donc dans les 15 ans à venir, soit 40 milliards d’euros l’an – pour les 100 milliards souhaités, les bourses du sommet de New York tardent à se délier. A ce jour, excepté le 1 milliard d’euros promis par Paris pour les 4 ans à venir, les autres pays ne veulent pas mettre la main à la poche. Sinon quelques promesses faites ici et là. Entre temps, la planète est gravement menacée par le réchauffement climatique.

            La planète plie sous le poids de nombreuses menaces de toutes sortes : la guerre en Syrie, une autre en Irak, le virus Ebola en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Alors que le réchauffement climatique, une autre menace, très insidieuse et plus dangereuse, semble être occultée par d’autres. La mobilisation internationale pour lutter contre le réchauffement climatique semble marquer le pas. Depuis mardi 23 septembre, 125 chefs d'Etat ou de gouvernement sont à New York pour préparer un nouvel accord international destiné à juguler la hausse des températures d'ici à 2100, en régulant notamment l'utilisation des énergies fossiles. 

            Comme d’habitude, à l’image d’autres sommets consacrés au climat, des promesses sont en train de prendre le dessus sur les actions concrètes qu’attend la planète pour l’épargner d’une catastrophe imminente. Sur fond des discours qui n’atteignent pas le fond de cœur de ceux dont dépend la solution.

            Le secrétaire général de l’Onu, le Sud-Coréen Ban Ki-moon, a ouvert ce sommet avec un discours d’interpellation adressé aux 125 dirigeants du monde réunis à New York, les  invitant à "changer de cap" devant la menace du réchauffement climatique et à réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement. A la fin du siècle, a-t-il ajouté, « nous ne devons pas émettre plus de carbone que notre planète ne peut en absorber ». Pour ce faire, il a déclaré qu'il fallait « fixer un prix pour le carbone ». Soulignant que « personne n'échappe au changement climatique », il a également appelé les gouvernements à alimenter de 100 milliards de dollars par an le Fonds vert pour le climat, décidé à Copenhague en 2009, mais qui manque cruellement de moyens.

Agir face à la « menace croissante » du changement climatique
            Barack Obama a appelé à agir face à la « menace croissante » du changement climatique, tout en reconnaissant la « responsabilité particulière » de son pays et de la Chine, les deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre de la planète. Le président américain a appelé à la conclusion d'un accord « ambitieux », « global, car tous les pays doivent s'impliquer », et « flexible, car différents pays font face à des réalités différentes ». « Le climat change plus rapidement que nos efforts pour y répondre. Nos citoyens manifestent. Nous ne pouvons faire semblant de ne pas les entendre. Nous devons répondre à l'appel », a-t-il lancé.
            Barack Obama a en outre réaffirmé que les Etats-Unis d’Amérique tiendraient leurs engagements pour 2020 en réduisant les émissions de gaz à effet de serre de 17 % par rapport à leur niveau de 2005.
            L’appel de M. Ban a été suivi de quelques promesses financières, parmi lesquelles celle de Paris. Le président François Hollande a annoncé que son pays allait verser 1 milliard de dollars au cours des prochaines années pour alimenter le Fonds vert des Nations unies, actuellement en cours de création, et destiné à aider les pays vulnérables à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à s'adapter aux effets du réchauffement. Selon la conseillère du président pour le climat, Marie-Hélène Aubert, la somme devrait être versée d'ici à 2018.
            M. Hollande a par ailleurs rappelé sa volonté de parvenir « à un accord global et ambitieux » lors de la conférence sur le climat qui se déroulera à Paris en décembre 2015. Le dérèglement climatique menaçant « la paix et la sécurité du monde », le chef de l'Etat français a souligné que tout devait être fait pour « contenir l'augmentation de la température moyenne de la planète en dessous de 2 °C ».

La Corée du Sud va lancer un marché carbone national
            La Corée du Sud s'est, elle, engagée à verser 100 millions de dollars pour le Fonds vert, et a confirmé le lancement d'un marché carbone national en 2015. Le Parlement sud-coréen a en effet voté, le 3 mai 2012, la création d'un système d'échange de droits d'émission de gaz à effet de serre qui permettra, à partir de 2015, aux entreprises d'acheter ou de vendre des crédits carbone en fonction de leurs besoins. La Corée du Sud a vu ses émissions de gaz à effet de serre doubler en vingt ans pour s'établir aujourd'hui à quelque 600 millions de tonnes par an.
            Le Costa Rica a, lui, confirmé sa volonté d'être neutre en matière d'émission de carbone dès 2021, sur fond d’un moratoire sur le pétrole. L'ancien président du Costa Rica et Prix Nobel de la paix, Oscar Arias, avait déjà fait cette promesse en 2009
            Le Costa Rica a développé depuis la fin des années 1980 un important dispositif institutionnel et juridique pour protéger l'environnement. N'occupant que 0,1 % de la superficie de la Terre, le Costa Rica abrite environ 3 % de sa biodiversité. Les parcs nationaux et les zones protégées couvrent plus de 13 000 kilomètres carrés, environ le quart du territoire.
            Ban Ki-moon sera-t-il à même d’infléchir la position de grands pollueurs qui se comptent aussi bien parmi les nations que parmi les grands groupes industriels et les grosses fortunes, en les incitant à de donner pour le FVC ?

Problème double
            Car il n’est un secret pour personne que le problème du réchauffement climatique est double. Il ya d’un côté, les pays industrialisés qui doivent accepter de réduire leurs émissions de CO2, le principal gaz à effet de serre. Plusieurs pays, comme les Etats-Unis sont fort en retard à ce sujet, car ils n’ont presque rien fait. De l’autre côté, il y a les pays émergents qui n'admettent pas de devoir freiner leur croissance et leur développement au prétexte qu'il serait polluant. D'autant plus que les plus grands pollueurs, comme les Etats-Unis d’Amérique et la Chine refusent de montrer l'exemple.
            Ainsi devant cette impasse, les spécialistes estiment que la solution passerait par la collecte des fonds qui serviront à aide financièrement ces pays, d'un côté pour changer de modèle de développement... mais aussi, de l'autre, pour s'adapter aux conséquences du réchauffement : montée des eaux, désertification....
            In fine, le sommet de New York a reçu plus de promesses que des actions ou actes concrets des dirigeants de la planète. Des promesses évaluées à moins de 2 milliards d’euros sur les 100 milliards attendus chaque année. Entre temps, le réchauffement climatique n’attend pas. Il continue à faire ses ravages sur notre environnement.

Kléber Kungu

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