mercredi 3 décembre 2014

Les transporteurs routiers maintiennent leur grève

Déclenchée le 29 septembre
Les transporteurs routiers maintiennent leur grève
La FEC redoute la montée des prix des marchandises
            La grève, décrétée depuis le 29 septembre par les transporteurs routiers exploitant l’axe routier Matadi – Kinshasa, se poursuit en dépit de multiples réunions  entre les parties en conflit.La Fédération des entreprises du Congo (Fec) craint une flambée de prix de denrées de première nécessité, qui serait due à la rareté de ces marchandises, une des conséquences de cette grève, à la énième dans ce secteur en l’espace d’une année.
            La Fédération des entreprises du Congo (Fec) redoute déjà les conséquences négatives de la grève des transporteurs routiers Matadi -Kinshasa, notamment la rareté de certaines marchandises sur le marché de Kinshasa et l’engorgement au port de Matadi. 
            Le ministre des Transports et Voies de communication, Justin Kalumba, a encore réuni lundi 6 octobre  les employeurs et leurs travailleurs. A l’issue de cette rencontre, le président du syndicat Forc a pris l’engagement de se rendre à Matadi, chef-lieu de la province du Bas-Congo, pour discuter avec sa base pour que la grève soit levée, au plus tard, mardi 7 octobre à midi.
            La commission de délivrance de la vignette est appelée à se réunir dans le meilleur délai pour que cette opération soit le plus vite appliquée. Ne pourront acheter ces vignettes, selon les participants à cette rencontre, que seules les entreprises en ordre avec le protocole du 19 février 2013, conclu à l’issue à l’issue de la première grève des transporteurs.
            Ce protocole accorde l’équivalent de 375 dollars au chauffeur et 200 dollars au convoyeur, comprenant salaire, prime et frais de mission. C’est en raison de la non-observance de ce protocole par les employeurs que les chauffeurs et convoyeurs ont déclenché cette nouvelle grève.
            Du côté de la Fec, on estime qu’il y a eu de la négligence dans le chef du ministère du Travail et Prévoyance sociale qui aurait pu éviter cette grève s’il avait réagi à temps au préavis déposé par le syndicat. Le ministère du Travail n’a pas été regardant, non plus, dans le suivi des résolutions prises à l’issue des précédentes grèves déclenchées, il y a une année, par les mêmes chauffeurs et convoyeurs.
            La Fec craint aussi pour l’engorgement du port de Matadi. Le gros des marchandises que les navires déchargent dans ce port sont évacués par les transporteurs routiers, le trafic ferroviaire  étant devenu quasi nul.

Première grève
            La première grève déclenchée par les chauffeurs et convoyeurs des poids lourds qui exploitent la route Kinshasa-Matadi-Boma avait été déclenchée lundi 7 janvier 2013. Ils voulaient ainsi manifester pour obtenir l’amélioration de leurs conditions de travail qu’ils jugent « précaires».
            La grève avait été levée deux semaines plus tard - le 19 janvier -  après que les camionneurs grévistes et leurs employeurs eurent trouvé un compromis sur le salaire, la prime et le début des négociations sous les auspices du gouvernement congolais.
            A l’issue de ces négociations, il était conclu  que le salaire minimum des transporteurs a été majoré de 50 à 300 000 Francs congolais (soit de 55 à 333 $US) pour les camionneurs. Celui des convoyeurs était passé de 22 500 à 150 000 FC (Soit 25 à 166 $ US), soit la moitié de celui des chauffeurs.

Deuième grève en avril
            La trêve n’a pas été de longue durée. Car il a fallu attendre le 18 avril 2013 pour vivre une autre grève des chauffeurs et convoyeurs des véhicules poids lourds opérant sur la route Matadi- Kinshasa. Une grève d’une durée illimitée. Ils protestaient contre le non-respect, par leurs employeurs, de l’accord signé par les deux parties en janvier dernier, accordant au conducteur un salaire de 300 000 Francs congolais (326 dollars américains) et la moitié aux convoyeurs. A cela devaient s’ajouter leurs primes de mission, qui s’élèveraient à 50 dollars américains pour les chauffeurs et 25 dollars américains pour les convoyeurs.
            Les grévistes conditionnaient toute reprise de travail à l’application effective de cet accord, signé sous l’égide du ministre du Travail et de la Prévoyance sociale, Modeste Bahati Lukwebo.
Ce document prévoyait un salaire mensuel 300 000 francs congolais (326 dollars américains) pour le conducteur et 150 000 francs (163 dollars américains) pour le convoyeur.
            La nouvelle grève des Transporteurs était déclenchée deux jours après la publication du communiqué conjoint de ministres des Transports et de l’Emploi. Selon ce document, seuls quatre de vingt-quatre transporteurs routiers ont respecté leurs engagements.
            Justin Kalumba et Modeste Bahati Lukwebo avaient lancé aux vingt sociétés de transport un ultimatum de sept jours « pour respecter cet engagement librement souscrit », promettant de retirer l’autorisation d’exploitation aux réfractaires.
            La liste de vingt transporteurs qui ne voulaient pas appliquer le nouveau traitement salarial se présentait comme suit :  Afritrans, Agence de consulting et d’assistance, FC Congo, Fretin Consulting, Getragri, Italco, Ken Logistic, Malta Forrest, Matfil, NRJ, SAT, Sep Congo, Sococid, Sodeic, TRC, Tic, Ledya, Trans Benz, Trans Gazelle, Trans-Congo, Transmac.

3ème grève
            La 3ème grève  des camionneurs de la Nationale n° 1 est intervenue le 3 février 2014. En effet, les chauffeurs et convoyeurs des poids lourds de la route Kinshasa-Matadi-Boma ont réédité leur grève lundi 3 février. Motif : comme d’habitude, ils accusaient leurs employeurs de n’avoir pas honoré les accords signés le 20 avril dernier en rapport avec leur situation salariale.
            Ce texte faisait passer le salaire minimum des transporteurs de 50 000 à 300 000 Francs congolais (soit d’environ 50 à 300 dollars américains). Celui des convoyeurs devait passer de 22 500 à 150 000 FC (soit 25 à 166 dollars américains).
            En décembre dernier, le ministre national du Travail, Modeste Bahati Lukwebo, avait notamment sommé les employeurs des poids lourds de s’affilier à une organisation professionnelle des transporteurs et de payer aux chauffeurs et convoyeurs la prime convenue à chaque catégorie des véhicules poids lourds.
            Pour la troisième fois consécutive donc les propriétaires des véhicules poids lourds exploitant la route Kinshasa-Matadi-Boma ont prouvé leur mauvaise foi dans l’application des accords qu’ils signent librement avec leurs employés sous l’égide du ministre du Travail et Prévoyance sociale. Pour la 3ème fois, ils ont prouvé qu’ils pouvaient défier l’autorité congolaise sans crainte d’être inquiétés.
            Et voici que pour la quatrième fois, les chauffeurs et convoyeurs des poids lourds sur cette route viennent de déclencher la grève. Pour la même raison : non-respect ou non-application par les propriétaires expatriés des accords signés avec leurs employés au sujet du salaire minimum de ceux-ci.
            Aujourd4hui, si les patrons des véhicules poids lourds ont accepté de payer 300 dollars américains de salaire aux chauffeurs et 150 dollars américains aux convoyeurs, ils ont décidé de les prendre au tournant. Le chauffeur, par exemple de la société Sodeic est obligé de se faire retrancher dans son salaire 600 dollars pour un pneu qui se serait abîme en cours de route. Il en est de même pour le surplus de carburant qu’il pourrait acheter en cours de route.
            Pour descendre à Matadi, la société donne 145 litres de carburant. Que cette quantité suffise ou non pour atteindre la ville portuaire, le chauffeur doit se débrouiller, sinon, il doit accepter de se faire retrancher le montant du prix de la quantité de carburant acheté en route. Et souvent, la quantité peut atteindre 50 litres. Ce qui lui couterait quelque 68750 FC. Tandis qu’au retour à Kinshasa, avec la charge, le chauffeur reçoit une quantité de carburant selon le tonnage. Pour 25 tonnes, on leur donne 180 litres qui restent souvent peu suffisants car la consommation est supérieure. Malheur au chauffeur qui réclame du supplément de carburant : il doit accepter de se voir retrancher sur son salaire le montant du prix d’achat de ce carburant !
            Cette situation de grèves à répétition n’a fait que trop durer. Faudra-t-il que lui-même le chaf du gouvernement Matata Ponyo intervienne en rappelant à l’ordre les propriétaires des véhicules poids lourds pour qu’ils se mettent au pas. Pourquoi continuent-ils à s’entêter dans cette logique ? Le ministre du Travail et Prévoyance sociale doit mettre fin à cette situation.

            Kléber Kungu

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