dimanche 16 septembre 2012
Roger Lumbala a quitté le Burundi pour la France
Après plus d’une semaine de planque
Roger Lumbala a quitté le Burundi pour la France
Roger Lumbala Tshitenge a pu quitter samedi 15 septembre l’ambassade sud-africaine à Bujumbura où il s’était réfugié depuis le 3 septembre, pour se rendre en France. Une fuite qui a surprise quasiment tout le monde, surtout les autorités congolaises qui attendaient certainement son extradition à Kinshasa.
Après plus d’une semaine de planque dans l’ambassade d’Afrique du Sud à Bujumbura, de crainte d’être arrêté et livré aux autorités congolaises, le député congolais de l’opposition s'est envolé vers Paris samedi 15 septembre. Un dénouement inattendu, alors que récemment encore, Bujumbura affirmait attendre la demande d'extradition de Kinshasa, pour y renvoyer l'opposant, accusé de haute trahison par son pays pour ses liens supposés avec la rébellion du M23.
Selon RFI, Roger Lombala est arrivé à l’aéroport international de Bujumbura à 11 heures, 9 heures temps universel, accompagné de diplomates de l’ambassade sud-africaine, et d’un haut fonctionnaire du bureau du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés à Bujumbura. Puis il est monté dans un avion de Kenya Airways, direction Paris, où il devait arriver ce dimanche 16 septembre.
Un départ pour la France de l’opposant congolais qui a pris de court tout le monde à Bujumbura, quand il y a encore deux jours, le gouvernement burundais disait attendre une demande formelle d’extradition et envisager sérieusement de le livrer à Kinshasa qui l’accuse de haute trahison, pour ses liens supposés avec la rébellion du M23 qui combat dans l’est de la RDC contre l’armée régulière.
Contacté par RFI la veille, le ministre burundais des Relations extérieures, Laurent Kavakure, a confirmé le départ de l’opposant congolais, mais n’a pas voulu faire de commentaires.
Même discrétion du côté des ambassades française et sud-africaine à Bujumbura. Mais plusieurs diplomates disent avoir poussé un soupir de soulagement après un tel dénouement qui n’a été possible, selon l’un d’eux, que parce que Kinshasa n’avait pas envoyé officiellement jusqu’ici une demande d’extradition.
L’escapade de Roger Lumbala, président du RCD-National et propriétaire de la chaîne de télévision RLTV, aujourd’hui fermée, risque d’être un précédent fâcheux dans les relations bilatérales de la RDC et du Burundi. Déjà refroidies en raison de la guerre au Nord-Kivu, les relations entre les deux pays risquent de prendre un coup sérieux.
Le jeudi 13 septembre, le ministre burundais des Affaires étrangères, Laurent Kavakure, a, au cours d’une conférence de presse, abordé le cas Roger Lumbala en disant que son pays avait reçu une «demande verbale» d’extradition de Roger Lumbala. Et d’ajouter : «Le gouvernement de la République démocratique du Congo envisage dans les 48 heures, je pense, de déposer une demande d’extradition. Elle nous avait été exprimée verbalement. Maintenant si la République démocratique du Congo formule cette demande, nous allons l’analyser avec les différents partenaires concernés. Je pense qu’il est prématuré de dire ce qui sera issu des différents discussions qui vont être engagées».
Roger Lumbala parti, quelle sera la réaction de Kinshasa ? Alors que les autorités congolaises ont toujours été très coopératives avec Bujumbura en lui remettant certains opposants ou rebelles burundais opérant ou résidant en terre congolaise.
C’est le cas, par exemple, de Claver Nduwayezu, surnommé "Carmel" ou "Mukono" (le Manchot), un ex-commandant de la rébellion burundaise, considéré par Bujumbura comme l'un des principaux chefs des groupes armés actifs à la frontière avec la RDC et que les FARDC étaient parvenues à tuer en mai dernier avant de remettre son corps aux autorités burundaises.
Kinshasa menacera-t-il Bujumbura de représailles politiques ou de soutien aux opposants burundais ? La seconde option est trop suicidaire pour qu’un pays constamment victime d’agression puisse y adhérer. Dans tous les cas, les relations entre Kinshasa et Bujumbura ne sortiront jamais intactes du feuilleton Roger Lumbala.
Kléber Kungu
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