dimanche 2 septembre 2012
Kigali décide de retirer environ 280 soldats
Coincé de tous côtés et par tous
Kigali décide de retirer environ 280 soldats
Le Rwanda a annoncé le 31 août le départ du contingent rwandais présent sur le sol congolais depuis 2009. Il s'agirait, selon le ministère rwandais de la Défense, de soldats qui travaillaient aux côtés des FARDC dans un bataillon conjoint. Le contingent opérait sur le territoire de Rutshuru contre les rebelles hutus rwandais des FDLR. Des opérations avaient bien été menées il ya trois ans en 2009 mais on pensait les soldats repartis depuis longtemps. Ce contingent n’a rien avoir avec les rebelles du M23 qui opèrent au Nord-Kivu et que Kigali est accusé de soutenir activement.
L’annonce de ce retrait a fait l’effet de surprise dans l’opinion congolaise et internationale parce que le Rwanda n’était plus censé disposer des troupes en RDC. Des troupes rwandaises sont effectivement entrées en territoire congolais début 2009 pour mener une lutte conjointe avec l’armée congolaise contre les rebelles hutus rwandais FDLR et elles s’étaient déjà retirées du territoire congolais, en février 2009. Visiblement donc, elles ne s’étaient pas toutes retirées.
Alors que Kigali est accusé par la RDC, l’Onu ainsi que certaines ONG de soutenir les mutins du M23, la présence des troupes rwandaises devenait problématique. D’autant plus que depuis le déclenchement de la vague de ces accusations, Kigali n’a pas jamais parlé de la présence de ces troupes, préférant nier être impliqué dans ce qui se passait au Nord-Kivu ni de près ni de loin.
En plus, après les opérations conjointes FARDC-APR (Armée patriotique rwandaise) en 2009 contre les FDLR, dans le cadre des opérations intitulées Kimia II et Umoja Wetu, il était donc difficile de croire que le Rwanda disposait toujours de troupes en RDC. En plus, il était difficile d’imaginer en même temps des troupes rwandaises travaillant avec les troupes congolaises. Ce que reconnaît d’ailleurs le Rwanda dans un communiqué de son ministère de la Défense: « L’environnement opérationnel a changé, nous avons donc négocié ce retrait avec la RDC et la Monusco ».
Côté congolais, on ne voit pas les choses de cette façon. Le porte-parole du gouvernement dit ne pas être informé « d’une présence non autorisée des forces rwandaises après la fin des opérations conjointes depuis le 25 février 2009 ».
Selon le ministère rwandais de la Défense, deux bataillons rwandais travaillent main dans la main avec leurs homologues congolais dans la région Nord-Kivu depuis plus de trois ans.
L’objectif à l’origine de cette coopération en 2009 est de combattre la rébellion hutu des Forces démocratiques de libération du Rwanda, les FDLR dont certains membres sont toujours recherchés par Kigali pour leur rôle présumé dans le génocide de 1994 contre les Tutsis.
Depuis, selon le ministère rwandais de la Défense, le Rwanda et la RDC ont continué à mener des opérations conjointes dans cette zone. Le porte-parole de l’armée rwandaise affirme que ces opérations auraient permis de neutraliser bon nombre de FDLR et de groupes affiliés et de rapatrier certains au Rwanda.
Ce brusque changement de cap peut s’expliquer par le récent regain de tension dans ce territoire de l’est de la RDC dans lequel les mutins du M23, issus d’une ancienne rébellion congolaise, affrontent l’armée régulière de Kinshasa. Une mutinerie que le Rwanda soutiendrait selon un rapport de l’ONU, ce que Kigali dément.
Kigali assure avoir "planifié et négocié" le retrait de ses soldats "depuis un certain temps". De son côté, Kinshasa affirme avoir exprimé à son voisin son "souhait" de voir ces soldats partir, entre autres pour prévenir les tentations d'alliance entre les forces spéciales et le M23.
Les troupes devraient passer la frontière ce samedi au niveau de la frontière de Moudende au nord-ouest du pays.
Le retrait annoncé des troupes rwandaises intervient alors que mercredi 29 août le Rwanda, la RDC et les experts de l’Onu ont été entendus à huit clos par le Comité des sanctions de l’Onu. Au cours de cet oral, Kigali n’est pas parvenu à convaincre l’opinion internationale lorsqu’il s’est défendu ne pas être impliqué dans la guerre de la RDC ni de près ni de loin.
Vendredi 31 août, les autorités congolaises ont par conséquent demandé à l'Onu de sanctionner des responsables militaires rwandais -sans préciser lesquels- pour leur soutien au M23.
Des questions sur ce retrait
Le départ des forces spéciales rwandaises de l'est de la RDC, où elles opéraient discrètement avec l'armée congolaise, soulève des questions sur la nature de leur mission et sur un éventuel rôle dans la rébellion du M23, présumée soutenue par Kigali.
Ces forces spéciales, dont le départ a été annoncé officiellement vendredi, faisaient partie d'un bataillon conjoint, en place depuis mars 2011. Ce bataillon était composé de quatre compagnies -deux rwandaises et deux congolaises- selon le ministère rwandais de la Défense.
Ce bataillon, "public" et "officiel" selon le ministre congolais de la Défense, Alexandre Luba Ntambo, était basé dans le territoire de Rutshuru pour combattre la rébellion hutu des FDLR tant recherchées par Kigali pour leur rôle dans le génocide de 1994 contre les Tutsi.
Selon le ministre congolais de la Défense, ce bataillon conjoint avait "succédé" aux opérations militaires congolo-rwandaises de janvier-février 2009 contre les FDLR, et les troupes rwandaises restées en RDC pour participer à ce bataillon avaient un mandat d'"observation" de la rébellion hutu.
Reste que le départ de ces soldats - dont le nombre exact n'a pas été précisé mais qui pourrait avoisiner les 280 hommes, une compagnie comptant environ 140 hommes en général - intervient alors que les relations entre Kinshasa et Kigali se sont considérablement refroidies, le premier accusant le second de soutenir les rebelles du M23 qui combat les FARDC au Nord-Kivu.
"Le gouvernement congolais accuse le Rwanda d'avoir soutenu le M23, en même temps qu'il y a les forces armées rwandaises qui soutiennent les forces armées congolaises", raille pour sa part le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole du M23.
"A partir du moment où ces forces se sont retrouvées dans une zone que le M23 contrôlait, toutes les collaborations qu'ils donnaient, on ne pouvait pas les observer de notre côté correctement", a expliqué Alexandre Luba Ntambo.
Selon Jason Luneno, député national à Goma "ces militaires rwandais qui participaient aux opérations de début 2009, beaucoup d'entre eux étaient restés, s'étaient enrôlés dans les FARDC", et "très, très vite" ont soutenu le M23 quand les combats avec l'armée ont commencé.
Pour Thomas D'Aquin Muiti, président de la Société civile du Nord-Kivu, les militaires rwandais qui soutiennent le M23 sont venus directement du Rwanda.
Tout compte fait, la pression exercée sur le Rwanda après la publication du rapport onusien l’accusant de soutenir le M23 a finit par porter des fruits, ayant poussé le Rwanda à céder. Mais ce retrait ne suffit pas – et c’est cela la ruse des Rwandais – pour dire qu’il est lavé de toutes les accusations qui pesaient sur lui quant à son soutien aux mutins du M23.
Il appartient aux autorités militaires congolaises de veiller au grain et de continuer de faire pression et sur le Rwanda et sur le Conseil de sécurité en exigeant des sanctions contre cet agresseur qui est à son énième coup.
A ce jour, dans l’attente de la formation et du déploiement de la Force neutre internationale sur la frontière entre le Rwanda et la RDC, consécutifs aux récentes décisions de principe de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, la présence de ces troupes sur le sol congolais ne se justifie plus. Car un mécanisme nouveau a été mis en place par la CIRGL en vue de combattre les forces négatives dans la région.
Kléber Kungu
Coincé de tous côtés et par tous
Kigali décide de retirer environ 280 soldats
Le Rwanda a annoncé le 31 août le départ du contingent rwandais présent sur le sol congolais depuis 2009. Il s'agirait, selon le ministère rwandais de la Défense, de soldats qui travaillaient aux côtés des FARDC dans un bataillon conjoint. Le contingent opérait sur le territoire de Rutshuru contre les rebelles hutus rwandais des FDLR. Des opérations avaient bien été menées il ya trois ans en 2009 mais on pensait les soldats repartis depuis longtemps. Ce contingent n’a rien avoir avec les rebelles du M23 qui opèrent au Nord-Kivu et que Kigali est accusé de soutenir activement.
L’annonce de ce retrait a fait l’effet de surprise dans l’opinion congolaise et internationale parce que le Rwanda n’était plus censé disposer des troupes en RDC. Des troupes rwandaises sont effectivement entrées en territoire congolais début 2009 pour mener une lutte conjointe avec l’armée congolaise contre les rebelles hutus rwandais FDLR et elles s’étaient déjà retirées du territoire congolais, en février 2009. Visiblement donc, elles ne s’étaient pas toutes retirées.
Alors que Kigali est accusé par la RDC, l’Onu ainsi que certaines ONG de soutenir les mutins du M23, la présence des troupes rwandaises devenait problématique. D’autant plus que depuis le déclenchement de la vague de ces accusations, Kigali n’a pas jamais parlé de la présence de ces troupes, préférant nier être impliqué dans ce qui se passait au Nord-Kivu ni de près ni de loin.
En plus, après les opérations conjointes FARDC-APR (Armée patriotique rwandaise) en 2009 contre les FDLR, dans le cadre des opérations intitulées Kimia II et Umoja Wetu, il était donc difficile de croire que le Rwanda disposait toujours de troupes en RDC. En plus, il était difficile d’imaginer en même temps des troupes rwandaises travaillant avec les troupes congolaises. Ce que reconnaît d’ailleurs le Rwanda dans un communiqué de son ministère de la Défense: « L’environnement opérationnel a changé, nous avons donc négocié ce retrait avec la RDC et la Monusco ».
Côté congolais, on ne voit pas les choses de cette façon. Le porte-parole du gouvernement dit ne pas être informé « d’une présence non autorisée des forces rwandaises après la fin des opérations conjointes depuis le 25 février 2009 ».
Selon le ministère rwandais de la Défense, deux bataillons rwandais travaillent main dans la main avec leurs homologues congolais dans la région Nord-Kivu depuis plus de trois ans.
L’objectif à l’origine de cette coopération en 2009 est de combattre la rébellion hutu des Forces démocratiques de libération du Rwanda, les FDLR dont certains membres sont toujours recherchés par Kigali pour leur rôle présumé dans le génocide de 1994 contre les Tutsis.
Depuis, selon le ministère rwandais de la Défense, le Rwanda et la RDC ont continué à mener des opérations conjointes dans cette zone. Le porte-parole de l’armée rwandaise affirme que ces opérations auraient permis de neutraliser bon nombre de FDLR et de groupes affiliés et de rapatrier certains au Rwanda.
Ce brusque changement de cap peut s’expliquer par le récent regain de tension dans ce territoire de l’est de la RDC dans lequel les mutins du M23, issus d’une ancienne rébellion congolaise, affrontent l’armée régulière de Kinshasa. Une mutinerie que le Rwanda soutiendrait selon un rapport de l’ONU, ce que Kigali dément.
Kigali assure avoir "planifié et négocié" le retrait de ses soldats "depuis un certain temps". De son côté, Kinshasa affirme avoir exprimé à son voisin son "souhait" de voir ces soldats partir, entre autres pour prévenir les tentations d'alliance entre les forces spéciales et le M23.
Les troupes devraient passer la frontière ce samedi au niveau de la frontière de Moudende au nord-ouest du pays.
Le retrait annoncé des troupes rwandaises intervient alors que mercredi 29 août le Rwanda, la RDC et les experts de l’Onu ont été entendus à huit clos par le Comité des sanctions de l’Onu. Au cours de cet oral, Kigali n’est pas parvenu à convaincre l’opinion internationale lorsqu’il s’est défendu ne pas être impliqué dans la guerre de la RDC ni de près ni de loin.
Vendredi 31 août, les autorités congolaises ont par conséquent demandé à l'Onu de sanctionner des responsables militaires rwandais -sans préciser lesquels- pour leur soutien au M23.
Des questions sur ce retrait
Le départ des forces spéciales rwandaises de l'est de la RDC, où elles opéraient discrètement avec l'armée congolaise, soulève des questions sur la nature de leur mission et sur un éventuel rôle dans la rébellion du M23, présumée soutenue par Kigali.
Ces forces spéciales, dont le départ a été annoncé officiellement vendredi, faisaient partie d'un bataillon conjoint, en place depuis mars 2011. Ce bataillon était composé de quatre compagnies -deux rwandaises et deux congolaises- selon le ministère rwandais de la Défense.
Ce bataillon, "public" et "officiel" selon le ministre congolais de la Défense, Alexandre Luba Ntambo, était basé dans le territoire de Rutshuru pour combattre la rébellion hutu des FDLR tant recherchées par Kigali pour leur rôle dans le génocide de 1994 contre les Tutsi.
Selon le ministre congolais de la Défense, ce bataillon conjoint avait "succédé" aux opérations militaires congolo-rwandaises de janvier-février 2009 contre les FDLR, et les troupes rwandaises restées en RDC pour participer à ce bataillon avaient un mandat d'"observation" de la rébellion hutu.
Reste que le départ de ces soldats - dont le nombre exact n'a pas été précisé mais qui pourrait avoisiner les 280 hommes, une compagnie comptant environ 140 hommes en général - intervient alors que les relations entre Kinshasa et Kigali se sont considérablement refroidies, le premier accusant le second de soutenir les rebelles du M23 qui combat les FARDC au Nord-Kivu.
"Le gouvernement congolais accuse le Rwanda d'avoir soutenu le M23, en même temps qu'il y a les forces armées rwandaises qui soutiennent les forces armées congolaises", raille pour sa part le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole du M23.
"A partir du moment où ces forces se sont retrouvées dans une zone que le M23 contrôlait, toutes les collaborations qu'ils donnaient, on ne pouvait pas les observer de notre côté correctement", a expliqué Alexandre Luba Ntambo.
Selon Jason Luneno, député national à Goma "ces militaires rwandais qui participaient aux opérations de début 2009, beaucoup d'entre eux étaient restés, s'étaient enrôlés dans les FARDC", et "très, très vite" ont soutenu le M23 quand les combats avec l'armée ont commencé.
Pour Thomas D'Aquin Muiti, président de la Société civile du Nord-Kivu, les militaires rwandais qui soutiennent le M23 sont venus directement du Rwanda.
Tout compte fait, la pression exercée sur le Rwanda après la publication du rapport onusien l’accusant de soutenir le M23 a finit par porter des fruits, ayant poussé le Rwanda à céder. Mais ce retrait ne suffit pas – et c’est cela la ruse des Rwandais – pour dire qu’il est lavé de toutes les accusations qui pesaient sur lui quant à son soutien aux mutins du M23.
Il appartient aux autorités militaires congolaises de veiller au grain et de continuer de faire pression et sur le Rwanda et sur le Conseil de sécurité en exigeant des sanctions contre cet agresseur qui est à son énième coup.
A ce jour, dans l’attente de la formation et du déploiement de la Force neutre internationale sur la frontière entre le Rwanda et la RDC, consécutifs aux récentes décisions de principe de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, la présence de ces troupes sur le sol congolais ne se justifie plus. Car un mécanisme nouveau a été mis en place par la CIRGL en vue de combattre les forces négatives dans la région.
Kléber Kungu
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