jeudi 20 septembre 2012

Pr José Dianzungu : « 95% d’étudiants n’ont jamais lu un seul livre depuis leur naissance ! »

Membre du Conseil d’administration de l’UPC
Dans une mini-enquête réalisée dans quelques universités de la RDC, notamment dans les universités de Luozi, de Mbanza-Ngungu, de Kimpese, de Kinshasa (ISP Gombe, UPN, UPC), le professeur à la retraite Dianzungu dia Biniakunu José, membre du Conseil d’administration de l’Université protestante au Congo (UPC) révèle que le niveau de l’enseignement en général en RDC est catastrophique. Selon ce spécialiste en statistiques, sur 100 étudiants interrogés, seulement moins de 5 % ont lu un livre entier, tandis que les 95% autres n’ont jamais lu un seul livre depuis leur naissance ! « Quand j’ai rapporté ces résultats à mes amis professeurs de Suède, du Canada, des Etats-Unis avec qui je corresponds sur le niveau de l’enseignement supérieur et universitaire, ils m’ont dit : ‘’N’appelez pas ces gens des étudiants ; parce que pour nous, ils ne sont même pas des écoliers.’’ Le niveau des étudiants congolais est si bas que le professeur Dianzungu en a rencontré qui ne savent pas lire. Docteur en planification de l’éducation, Dianzungu dia Biniakunu a étudié à Nivelles, à l’Université Libre de Bruxelles (Belgique), à l’Université de l’Etat de New York à Buffalo aux Etats-Unis d’Amérique. Professeur retraité de l’université Marien Ngouabi à Brazzaville, Pr Dianzungu dia Biniakunu enseigne comme professeur visiteur à Bujumbura, à Libreville, à Kikwit, aux Etats-Unis. Aujourd’hui, cet homme de sciences se consacre dans l’environnement. Il est l’auteur de ‘’Nsi yankatu ngongo eto’’ (1989, Nous refusons un pays désert, NDLR) et ‘’Endiguer la désertification’’ (1991), la version française de la première œuvre. Il vient d’écrire une pièce de théâtre satirique dans laquelle les jeunes critiquent les adultes, de manière acerbe, sur leur gestion du pays. L’Observateur s’est entretenu avec cet homme de sciences qui nous a révélé bien des maux qui minent l’enseignement congolais. Professeur José Dianzungu, vous êtes un enseignant d’université à la retraite. Que pouvez-vous dire sur le niveau actuel de l’enseignement supérieur et universitaire ? Comme je ne suis plus un enseignant actif depuis bientôt 20 ans, même si je réalise des visitings dans d’autres pays comme les Etats-Unis, je n’ai vraiment pas pour le moment un état des lieux, mais je suis resté en contact avec les étudiants en milieux supérieur et universitaire, donc notamment par certains aspects de l’acquisition des savoirs et des savoir-faire supérieur et universitaire comme la lecture. Donc à partir de la lecture, je peux dire que l’état des lieux est terriblement fâcheux, parce que j’ai rencontré des étudiants qui ne savent pas lire, à l’université, s’il vous plaît… Vous parlez des étudiants qui ne savent pas lire. Que voulez-vous dire ? Je veux dire ceci : la lecture comme ayant 3 niveaux principaux : il y a la compréhension littérale, qui consiste à lire un texte et à prononcer ou intérioriser les mots qui sont dedans. C’est l’étape numéro un par laquelle passent tous ceux qui apprennent à lire : les centres d’alphabétisation, les écoliers du primaire, etc. Puis, l’étape de compréhension qu’on appelle la compréhension critique, parce que de la même manière que nous pouvons dire des faussetés, mentir, exprimer lorsque nous parlons et nous pouvons faire autant lorsque nous écrivons, il ne suffit pas à un apprenant et à un enseignant d’apprendre à ses apprenants la compréhension littérale. Elle est importante, tout doit passer par là, mais on ne peut pas s’arrêter là, autrement, on ne forme pas parce que dans ce qu’on va lire ou écrire, on doit pouvoir se critiquer soi-même ou l’auteur qu’on lit pour dire que c’est une opinion qu’il érige en fait. Et le 3ème niveau – il intéresse plutôt les artistes – c’est la compréhension esthétique, d’apprécier la beauté d’un texte, les images, la formation des phrases, les figures de style… Donc, quand je dis que beaucoup d’étudiants ne savent pas lire, j’en ai rencontré qui n’ont même pas encore acquis entièrement la première étape, c’est-à-dire la compréhension littérale. J’ai fait cela à peine une semaine à Luozi, parce que je suis en train de recruter des alphabétiseurs. Donc, je les ai soumis à un test de lecture française, un test de lecture kikongo, une dictée française et une dictée kikongo. J’ai constaté que la plupart d’entre eux n’ont même pas encore acquis la totalité de la première phase : la compréhension littérale. C’est qu’ils lisent mais ne comprennent pas ou ne peuvent même pas lire. A qui incombe cette responsabilité ? J’ai écrit une pièce de théâtre en kikongo que j’ai intitulé : « Tubebele ». Ce sont des adolescents qui parlent et qui disent qu’ils en ont marre de la manière dont la société est gérée, de la manière dont ils sont encadrés par les adultes, de la manière dont ils sont encadrés dans les écoles. Vraiment une critique acerbe par la jeunesse de la gestion de notre pays. Premièrement, la faute incombe à l’Etat. Parce que c’est l’Etat qui est garant de l’acquisition par chaque citoyen et chaque citoyenne de ce pays d’un niveau de culture. La Constitution stipule que l’école primaire est obligatoire et gratuite. Or, la fonction primaire de l’école primaire, c’est les 3 objectifs fondamentaux : l’écolier doit acquérir la lecture (surtout les 2 premiers niveaux), l’écolier doit acquérir l’écriture (quand vous voyez comment nos jeunes écrivent, c’est incroyable) et l’écolier doit acquérir le calcul. Parce que ce n’est pas tout le monde qui fera l’enseignement secondaire et encore moins l’enseignement supérieur et universitaire. Il faudra donc qu’au sortir du secondaire, cet écolier ait acquis l’essentiel des outils intellectuels d’acquisition de connaissances ou de savoir-faire. Qu’il devienne charpentier, fermier ou agriculteur, etc., il devra lire. C’est vrai que ça ne se passe pas ainsi chez nous, parce que le pays est mal géré. Mais ailleurs, c’est-à-dire les pays que nous voulons imiter lorsque nous parlons de devenir pays émergent, les choses se passent tout à fait autrement. Vous allez aux Etats-Unis, chaque fermier a un abonnement à au moins un périodique de son domaine et aux Etats-Unis, les périodiques spécialisés, domaine par domaine, c’est innombrable. C’est là qu’il va apprendre comment il va adapter son équipement, son matériel par son travail. C’est vrai qu’il va retourner de temps en temps dans des centres d’encadrement (des fermiers, des éleveurs), mais l’essentiel de ses nouvelles connaissances, il les acquiert par la lecture. Donc, la lecture, pour moi, dire qu’un étudiant, c’est-à-dire quelqu’un qui a fait six ans au primaire, 6 ans au secondaire, ne sait pas lire, c’est simplement une hécatombe, c’est inadmissible. Et aujourd’hui, il y a des écoles où les notes [de l’examen d’Etat] sont comprises entre 50 et 52%. Or, au départ, en 1967, quand vous n’aviez pas 60%, vous n’avez pas un diplôme, vous avez un certificat. Ce qui veut dire dans la plupart des écoles, nos élèves échouent. On n’accorde des diplômes à des gens qui ne le méritent pas. Je vais vous donner un exemple d’un pays développé où j’ai étudié. L’année où je quittais les Etats-Unis en 1980, il ya un ancien bachelier de l’Etat de New York où j’ai étudié qui a porté plainte contre l’Etat de New York. Pour le motif qu’on lui avait décerné un diplôme (un baccalauréat, le diplôme de secondaire là-bas) qui ne signifiait rien. La raison ? Il est passé par plusieurs entreprises pour chercher de l’emploi. Or, aux Etats-Unis quand vous cherchez de l’emploi, on vous fait lire. Et partout, on lui a dit qu’il ne savait pas lire [rires]. Alors, il a intenté un procès à l’Etat de New York au motif qu’on lui avait décerné un baccalauréat qui n’avait aucune signification. Il a gagné le procès [rires] et a été dédommagé à coups des millions de dollars. C’est pour vous dire que la lecture est tellement fondamentale que si on n’a pas acquis cette capacité-là, on n’est pas grand-chose dans la vie. Donc, pour vous dire que, le premier responsable c’est l’Etat car c’est lui qui organise l’enseignement, c’est un monopole. Il peut, bien sûr, accorder le pouvoir à d’autres personnes, mais sous son contrôle. Il l’a fait chez nous, il a attribué des écoles à des Eglises, à des associations, mais toujours sous la surveillance et le contrôle de l’Etat. Parce que c’est l’Etat qui doit organiser, l’Etat qui doit former, recruter les enseignants. Or, quand j’étais préfet des études dans les années 1960, pour utiliser un G3 comme professeur au cycle long, en 5e et 6e secondaires, il fallait détenir l’autorisation du ministère de l’Education nationale. Parce qu’un G3 n’est pas habilité, d’après nos textes, à enseigner au cycle long. Il peut enseigner seulement entre la première année du cycle secondaire et la 4ème année, c’est-à-dire le cycle court. Ce sont les licenciés et seuls les licenciés qui enseignent au cycle long. Et aujourd’hui, les instructions n’ont pas changé. Or, aujourd’hui, dans nos écoles, surtout en milieux ruraux, enseignent en 5ème et 6ème secondaires, des diplômés d’Etat, même les cours de spécialité sont remis à des diplômés d’Etat. L’Etat voit et accepte ça. Pour moi, c’est incompréhensible, pour moi, c’est un Etat irresponsable, d’après nos propres textes, c’est dans la Constitution, c’est dans les directives du ministère de l’Education nationale. Quand on ne fait pas ce qui revient dans le cahier des charges, on est à côté. La responsabilité de l’Etat se situe à un tel niveau qu’elle englobe presque le reste. Parce que même les parents, c’est l’Etat qui doit les encadrer. Or, ce sont les mêmes parents qui sont dans cette situation dans laquelle on pousse l’école à faire monter de classe un enfant qui a échoué. Parce qu’il a payé ses frais scolaires, on doit le faire monter de classe. Il y a des écoliers et des élèves qui ne savent pas lire, mais qui passent de classes. Un conseiller d’enseignement primaire à qui j’ai posé la question de savoir si les instructions en matière de passage de classe ont changé, m’a répondu : « Elles n’ont pas changé, mais c’est nous les gestionnaires qui avons changé ». [Rires] Car, quand j’étais en fonction, il était inconcevable qu’un élève qui ne sait lire puisse monter de classe. Donc, les parents, les élèves et, naturellement, l’école, ont des responsabilités. Dans certaines universités du Bas-Congo, il y a des cours qui sont assurés par des licenciés ; des fonctions comme secrétaire général académique, par des G3. Ca doit être assumé par un doctorat de thèse, c’est-à-dire qui a soutenu une thèse, c’est lui et lui seul peut être un secrétaire général académique. Faire autre chose, c’est vraiment se moquer des textes, c’est se moquer du sérieux. Est-ce que le système d’enseignement lui-même n’est pas à incriminer dans cette situation ? Oui, quand je dis l’Etat, c’est y compris le système qu’il a mis en place. Je vais vous donner un exemple : vous trouvez en 6ème primaire, un écolier qui ne sait pas lire. Qui est responsable ? C’est l’Etat. Parfois, cet écolier peut lire un texte écrit en écriture cursive, c’est-à-dire manuscrite, mais incapable de lire le même texte écrit en caractères imprimés [Rires]. La raison est que pendant toute sa scolarité, il n’a jamais lu dans le livre et donc il n’a jamais rencontré les caractères imprimés. Moi, quand j’étais écolier et élève, et ensuite chef d’établissement à Nsundi Lutete et à Kimpese, [dans le Bas-Congo,NDLR] dans chaque discipline chaque élève avait au moins un livre. A l’école secondaire, il y avait des cours où j’avais jusque 2 ou 3 livres. C’est important. Parce que de la même manière qu’à l’université, l’enseignement qui se fait dans l’auditoire, la grande orientation, le guide, c’est le squelette, mais c’est la chair, le sang et l’eau, à l’étudiant de l’ajouter par la lecture, notamment des livres. C’est pour cela que dans chaque école sérieuse, il y a au moins une bibliothèque, il y a des livres pour toutes les disciplines. C’est pour vous dire que les nôtres ne sont pas sérieuses, parce que vous trouverez rarement des bibliothèques même là où on en a laissé. On doit apprendre à lire, mais on encourage la lecture qui n’est pas spécifiquement pour les cours, mais pour l’élargissement de la culture, des connaissances, ce qui est très important pour le 3ème millénaire au début duquel nous nous trouvons. Vous avez parlé, en l’effleurant, d’une enquête que vous avez menée dans certaines universités. A quels résultats avez-vous abouti ? Des résultats plus que catastrophiques. C’est une enquête que je n’ai pas encore terminée car je n’ai pas encore été à l’Unikin, mais j’ai été à Luozi, à Kimpese, à Mbanza-Ngungu et ici à Kinshasa, j’étais à l’ISP Gombe, à l’UPN et à l’UPC. J’ai interrogé les étudiants de G1 à L2 sur la lecture. La question était : l’année 2010, combien de livres entiers avez-vous lus ? Mais je ne compte pas dedans les syllabus, mais des livres que vous auriez achetés, que vous auriez empruntés soit à la bibliothèque, soit auprès d’un ami. J’ai trouvé le résultat suivant : moins de 5 % ont lu un livre entier et les 95% autres n’ont jamais lu un seul livre depuis leur naissance ! Quand j’ai rapporté ces résultats à mes amis professeurs de Suède, du Canada, des Etats-Unis avec qui je corresponds sur le niveau de l’enseignement supérieur et universitaire, ils m’ont dit : « N’appelez pas ces gens des étudiants ; parce que pour nous, ils ne sont même pas des écoliers » [Rires] Dans les milieux américains et canadiens, par exemple, un élève qui termine l’école primaire a déjà lu des centaines si pas des milliers de livres. Moi-même, quand nous étions aux Etats-Unis, au départ, nos enfants étaient tous au primaire, mais vers la fin, un seul était au primaire et les deux autres au secondaire, nous avons trouvé que la place de la lecture dans la culture américaine était telle que nous n’avons pas hésité à faire acquérir cette même capacité à nos enfants… Vous avez parlé des universités où il manque des bibliothèques. A qui la faute ? Des universités sont organisées par qui ? Les grandes universités (Kisangani, Kinshasa, Lubumbashi), c’est l’Etat. Il y a d’autres institutions d’enseignement supérieur et universitaire. Même celles qui sont privées, elles sont considérées comme des établissements publics, c’est-à-dire dont les programmes et les institutions elles-mêmes sont agréées par l’Etat. Aux Etats-Unis et dans tous les autres pays développés, quand on dit qu’aux Etats-Unis, l’université n°1, c’est Harvard, le hasard fait c’est aussi la plus ancienne (mais ce n’est pas pour cette raison). La raison principale, c’est que c’est cette université qui possède le plus de livres à la bibliothèque. Et dans ces pays, pour créer, une institution d’enseignement supérieur, il faut que vous ayez avant l’ouverture au moins 250 ouvrages dans la bibliothèque. L’Etat congolais doit en faire une exigence obligatoire : vous ne créez pas d’institution d’enseignement supérieur ou universitaire si vous n’êtes pas capable de leur donner le nombre d’ouvrages qu’il faut. Revenons à la vitesse de la lecture. Que voulez-vous dire à ce sujet ? Le jour où vous voulez aller étudier aux Etats-Unis, on vous fera passer un test qu’on appelle TOEFL (test of english as foreign language). Tous les étrangers qui vont aux Etats-Unis pour des études doivent affronter ce test. C’est pour savoir si vous avez acquis le niveau de compréhension littérale et critique suffisant. Si ce n’est pas le cas, vous devez commencer par apprendre l’anglais. L’objectif est de savoir si vous devez passer par une période d’apprentissage de l’anglais. Et dans cet apprentissage de l’anglais, l’un des éléments les plus importants qu’on va vous faire acquérir, c’est la vitesse de la lecture. C’est-à-dire combien de mots par minute vous êtes capable de lire. Et aux Etats-Unis, si vous n’êtes pas capable de lire entre 300 et 350 mots par minute, on va vous dire qu’à cette vitesse de lecture, vous n’avez pas de chance de réussir. Ils vont vous laisser si c’est vous-même qui payez les études, mais si c’est eux qui paient, il faut que vous augmentiez votre vitesse de lecture. La raison est simple : aux Etats-Unis – et moi c’est comme cela que j’enseignais aux Etats-Unis, à Brazzaville, à Libreville, à Bujumbura, à Nairobi, - le premier jour des cours, la première rencontre entre professeur et étudiant, le professeur vous remet une feuille A4 sur laquelle sont inscrits les objectifs et les exigences du cours pour le réussir. Parmi les exigences, il y a justement la lecture, beaucoup de lecture. Le professeur va vous dire, avant de venir à mon examen, il faut avoir lu tel ouvrage, entier alors. Ensuite, quelques chapitres dans d’autres ouvrages et naturellement 3 ou 4 articles des périodiques scientifiques. Le président Kennedy lisait jusqu’à 1000 mots par minute. C’est des innovations qu’on doit introduire dans notre enseignement. Or, à l’école américaine et canadienne que je connais bien, la vitesse de lecture s’enseigne dès l’école primaire. On mesure à quelle vitesse l’enfant lit. Plus on avance, plus on monte aussi en vitesse. Y a-t-il d’autres éléments à ajouter ? J’ai commencé par dire que les 3 objectifs de l’école primaire, c’est la lecture, l’écriture et le calcul. Le ministère de l’Education nationale (EPSP, NDLR) doit faire en sorte que les instructions soient suivies en matière de gestion des écoles, notamment les conditions de passage d’une classe à la classe supérieure. On ne peut pas, à l’école primaire, faire monter une classe à un écolier qui n’a pas acquis la compréhension littérale, c’est-à-dire qui peut lire à vive voix, il faut aussi une partie de la compréhension critique. A Luozi, j’ai vu des étudiants incapables de lire silencieusement. Parce que, j’ai compris que dans nos écoles primaires, quand on n’a pas de livres, on va lire quoi silencieusement ? [Rires] Je trouve criminel – je pèse bien les mots – de faire passer à un écolier 6 à l’école et ne pas lui faire acquérir la capacité de lecture. Pour moi, c’est un crime. Ca doit cesser. Pour cela, il faut que toutes nos écoles soient aux mains des enseignants dont l’aptitude à enseigner, l’aptitude à lire, l’aptitude à écrire ont été attestées. Il ne suffit pas de recruter sur la seule base du diplôme, parce que le diplôme dans notre pays est trompeur. Donc, il faut qu’un enseignant au primaire, au secondaire et à l’université soient recrutés sur la base des exigences de l’Etat. Nous les connaissons, il y a un vade-mecum de l’enseignement supérieur et universitaire et au niveau de l’école primaire et secondaire, il y a aussi un vade-mecum qui renferme toutes les instructions de la manière dont il faut gérer, sur tous les plans (discipline, administration, enseignement, vacances, finances, etc.). Le ministre de l’EPSP, Maker Mwangu, dont j’admire la bravoure, doit se battre bec et ongles pour arracher un budget qui est plus que 2%. A l’époque de Kasa-Vubu, le budget de l’enseignement variait entre 20 et 25% du budget national. Parce que le ministère le plus important en matière d’effectifs, de travail et d’engagement, c’est le ministère de l’EPSP. Dans ce pays, on achète le diplôme, on achète les notes, on achète les bulletins, on doit mettre fin à cela. Je voudrais entendre le Ministre Maker Mwangu qu’il est opposé à tout cela, sinon il devient complice. Il doit engager l’Etat dans un plan de redressement de l’école primaire et secondaire. Dans ce plan de redressement, il y a le recrutement des enseignants, l’équipement des écoles en matériel, en manuels scolaires et, naturellement, réaliser la gratuité de l’enseignement primaire. Il faut vraiment un redressement radical de notre enseignement. Je sais que la tâche est immense. Je suis réaliste. Je ne vaux pas voir ça en 1 an. Mais je voudrais entendre parler d’un plan de redressement de 10 ans ; c’est-à-dire d’ici 10 ans, il n’y aura plus un seul écolier sans manuel de lecture, sans un manuel de calcul, sans un manuel d’écriture. Ce qui est vrai pour le primaire, ça doit aller aussi pour le secondaire et l’université. J’ai des amis professeurs étrangers qui m’ont dit qu’il ya que le nom qui est resté. Quand ils voient le nombre d’étudiants dans les auditoires, quand ils examinent les laboratoires, les bibliothèques, ils disent que c’est de la farce. [Rires]. A l’UPC, nous venons de mettre en place un plan de redressement de 10 ans. Dans ce redressement, la lecture et l’écriture doivent être le numéro un. Si on ne sait lire ni écrire, on ne peut pas être un citoyen responsable au 3ème millénaire. Parce qu’il n’y a tellement de savoirs et de savoir-faire à acquérir qu’on ne peut pas acquérir sans connaître l’écriture. La meilleure préservation de la culture et du savoir, savoir-faire, c’est l’écrit. Comme journaliste, vous avez bien fait de choisir l’écrit dans la communication parce que ce que vous allez faire toute votre vie va rester et sera consulté par des générations et des générations. Or, pour faire cela, il faut qu’à partir du primaire, vous ayez acquis cette capacité de lire et de lire de manière critique. Il faut que vous écriviez des choses qui sont vraies, vérifiables, contrôlables. Vous n’allez pas transformer vos propres opinions en des faits. [Rires] Propos recueillis par Kléber Kungu

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