vendredi 27 juillet 2012
Plus de 2 millions de déplacés internes en 6 mois
Insécurité récurrente dans les provinces orientales
Plus de 2 millions de déplacés internes en 6 mois
Alors qu’on note un regain des combats au Nord-Kivu entre les FARDC et les mutins du M23, des attaques des groupes armés au Sud-Kivu et Katanga, le nombre de déplacés ne fait qu’augmenter et leurs conditions de vie deviennent de plus en plus inquiétantes. A ce jour, on l’on dénombre plus de 2 millions de personnes déplacées internes en 6 mois.
Pour le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), le nombre de ces PDI est passé de 2 017 898 à 2 240 254 du 31 mars au 30 juin 2012, soit une augmentation de plus 220 000 personnes au cours du second trimestre. Elle ajoute que, comparé au total de 1 776 663 rapporté jusqu’au 31 décembre 2011, la population des PDI de la RDC s’est accrue de plus de 460 000 personnes en seulement six mois.
La situation sécuritaire est à la base de cette accroissement qui accroissement résulte principalement, d’une part, de la population déplacée au Nord-Kivu qui abrite environ un tiers de la population déplacée à travers le pays, et d’autre part, de l’augmentation de plus de 100% de la population au Katanga qui est passée de 71 692 à 149 812.
Les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Nord du Katanga et la Province Orientale sont les plus touchées par l’instabilité sécuritaire qui entraine le déplacement massif de la population civile. Au Nord-Kivu, les affrontements entre les FARDC et les mutins du M23 ont provoqué le déplacement de la population dans la localité de Rutshuru vers Kibati, Kanyaruchinya et Munigi dans le territoire de Nyiragongo où certains passent la nuit à la belle étoile, dans des conditions infrahumaines.
Dans le Sud-Kivu, l’insécurité persistante dans les deux provinces des Kivus prive des milliers de personnes vulnérables de l’assistance médicale de base. Médecin sans Frontière (MSF) a annoncé la semaine dernière l’arrêt de son programme régulier dans la zone à cause de la précarité de la situation sécuritaire dans les Hauts Plateaux d’Uvira au Sud-Kivu.
Cette situation amène certains organismes humanitaires à arrêter leurs assistances humanitaires aux déplacés. Il en est aussi de l’ONG Internationale Médical Corps (IMC) et le MSF qui ont également suspendu leurs activités médicales vitales dans la région. Ces suspensions récurrentes rendent l’accès aux soins de santé aléatoires.
Dans un communiqué publié par l’OCHA, le coordonnateur humanitaire pour la RDC, Fidele Sarassoro a exhorté les partenaires internationaux à fournir tout le soutien supplémentaire approprié, y compris celui financier, pour que les agences onusiennes et les organisations non gouvernementales puissent continuer à fournir des aides aux PDI, malgré les difficultés opérationnelles.
Pour le Nord-Kivu avec son regain des combats, près de 28 000 déplacés sont enregistrés à Nyiragongo, selon le Service de protection civile du gouvernement provincial du Nord-Kivu, alors que depuis le début des hostilités entre les FARDC et les mutins du M23, on dénombre plus de 470 000 déplacés.
Celui-ci a en effet enregistré 5 583 ménages, soit 28 000 personnes, jeudi 26 juillet soir dans le camp de Kanyaruchinya en territoire de Nyiragongo au Nord-Kivu. A en croire ce Service, ces déplacés ont commencé à affluer dans ce camp depuis le mardi 24 juillet dernier, fuyant la localité de Kibumba où les Forces armées de la RDC (FARDC) s’affrontent aux rebelles du M23. Un autre groupe de déplacés, non encore enrôlés, est arrivé dans le même camp en provenance de Rumangabo où les combats ont repris jeudi 27 juillet entre l’armée régulière et les rebelles.
Aussi le coordonnateur provincial de la protection civile, Joseph Makundi, a appelé le gouvernement central à sécuriser rapidement les zones en conflit pour favoriser le retour de ces personnes déplacées dans leurs milieux d’origine.
«Nous risquons d’aller jusqu’à 5 mille ou 6 mille ménages alors qu’il n’y a pas de maisons pour les accueillir. Par conséquent, bon nombre d’entre eux passent nuit à la belle étoile et manquent de la nourriture», a expliqué Joseph Makundi.
Depuis le début de la mutinerie du M23 en avril dernier, des milliers de personnes ont fui leurs maisons dans le Nord-Kivu, pour trouver refuge dans d‘autres contrées de cette province. Le plus souvent, ces personnes errent, comme des apatrides, entre plusieurs localités, en quête de sécurité.
Appel du HCR à la protection des populations civiles
Le Haut commissariat aux réfugiés de l'Onu (HCR), Andrej Mahecic, a lancé un appel vendredi 27 juillet pour la "protection des civils pris dans les combats à l'est de la République démocratique du Congo" (RDC), a indiqué vendredi un porte-parole de l'agence onusienne à Genève qui a estimé que "des dizaines de milliers de personnes ont été forcées à fuir leurs foyers dans la province du Nord-Kivu, et beaucoup d'entre elles ont cherché refuge en Ouganda ou au Rwanda", a-t-il déclaré.
Andrej Mahecic a déclaré que "l’ organisation est choquée par les rapports faisant état d’ abus et de violations de droits de l’ homme sur les populations civiles de la RDC fuyant les combats qui font rage depuis 4 mois entre les troupes gouvernementales et les groupes de rebelles armés".
Le personnel sur place du HCR a recueilli de nombreux témoignages de violations régulières des droits de l'homme dans cette région. "Cela inclut des exécutions sommaires de civils, des viols et autres abus sexuels, des tortures, des arrestations arbitraires, des attaques, des extorsions de fonds ou de vivres, des destructions de propriétés, du travail forcé, des recrutements militaires forcés, y compris d'enfants, et des violences pour raison éthnique".
Le représentant du HCR a déclaré que "les combats dans l’est de la RDC se déroulent sans respect de la sécurité des civils et en violation claire des principes internationaux humanitaires et des droits de l’homme". Le HCR insiste pour que "les parties en présence évitent de prendre pour cible les populations civiles et les régions peuplées".
Depuis le mois d’avril jusqu’ au 15 juillet, les agences humanitaires ont enregistré plus de 7 000 incidents sur les territoires du Nord Kivu (Masisi, Walikale, Rutshuru et Beni). Le porte-parole a déclaré que "le HCR craint qu’il puisse y avoir plus de cas mais que les gens soient trop effrayés ou honteux pour en parler surtout lorsqu’ il s’ agit de cas de viols. La plupart des victimes sont des villageois et des déplacés internes.
Le HCR estime que plus de 470 000 Congolais ont été déplacés dans cette région depuis avril 2012, dont 220 000 au Nord Kivu, 200 000 au Sud-Kivu, alors que plus de 51 000 ont fui vers l'Ouganda ou le Rwanda.
La poursuite des affrontements armés entre les militaires des forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23 augmentent le nombre de personnes déplacées internes (PDI).
Kléber Kungu
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire