jeudi 5 juillet 2012
Julien Paluku rejette en bloc toutes ces allégations
Accusé par le Rwanda de collaborer avec les FDLR
Julien Paluku rejette en bloc toutes ces allégations
Dans une conférence de presse tenue à Goma jeudi 5 juillet, Julien Paluku Kahongya, gouverneur du Nord-Kivu, a rejeté en bloc toutes les allégations des autorités rwandaises selon lesquelles il aurait été chargé par le président de la République Joseph Kabila à travers son conseiller pour les questions de sécurité, Pierre Numbi, de relancer la coopération entre son armée et les rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) en vue de lancer des attaques contre le Rwanda. "En conséquence, deux responsables politiques des FDLR, voyageant avec des passeports belges, se trouvent actuellement à Rutshuru, dans le Nord-Kivu, pour rencontrer le commandement des FDLR sur le terrain et le convaincre de relancer la collaboration avec les forces armées congolaises", a poursuivi Yolande Makolo. Les deux responsables politiques des FDLR ont remis 100 000 dollars à un responsable militaire des FDLR, toujours selon elle. Murego Faustin et Nzabonimba Joseph sont, pour le Rwanda, « deux responsables politiques des FDLR ».
Dans une mise au point, il a apporté des éléments de réponse à la prétendue collaboration dont le Rwanda, par la voie de Yollande Makolo, la directrice de communication du président Paul Kagame, l’a accusé. Julien Paluku s’est étendu sur ce qu’a été le cheminement des accords signés entre la RDC et le Rwanda pour mettre fin à la menace des FDLR pour la paix et la stabilité des deux pays et de la région des Grands Lacs.
Tout est parti de la signature à Nairobi, un certain 9 novembre 2007, d’un communiqué conjoint entre la RDC et le Rwanda pour mettre fin à la menace pour la paix et la stabilité des deux pays et de la région des Grands Lacs. Chacun des gouvernements de deux pays s’était engagé à faire aboutir ce processus dans de bonnes conditions.
Les points 9(a), (b) et (d) du communiqué conjoint stipule clairement que le gouvernement de la RDC s’engage à « préparer un plan pour désarmer les ex-FAR/Interahamwe… il sera demandé à la Monuc de fournir un soutien… le plan inclura la réactivation et optimisation, parallèlement à l’exercice de la pression militaire, des efforts destinés à sensibiliser les éléments ex-FAR/Interahamwe à déposer les armes et à rentrer au Rwanda. »
Depuis, des contacts se sont multipliés de part et d’autre : entre les dirigeants congolais et les partenaires et, entre les autorités congolaises et les responsables des FDLR. Une commission interministérielle composée de Chikez Diemu, Jean-Claude Muyambo et Antipas Mbusa Nyamwisi, respectivement ministres de la Défense, des Affaires sociales et des Affaires étrangères vit le jour. Elle devait étudier les voies et moyens pour aboutir au rapatriement des combattants FDLR et de leurs dépendants. Deux rencontres avaient été prévues entre le gouvernement congolais et les éléments des FDLR : la première le 26 mai 2008 à Kisangani, chef lieu de la Province Orientale, la seconde a été organisée à Rome (Italie) par l’ONG catholique Sant’ Egidio.
La tenue de la rencontre de Kisangani sera confirmée à Brazzaville en marge de la réunion du comité interministériel régional de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), au cours de laquelle, Richard Sezibera, ambassadeur du Rwanda chargé de la région des Grands Lacs, a fait savoir qu’il n’avait pas « de position particulière à ce sujet », poursuivant que « le Rwanda croit que la liste de 6997 génocidaires publiée par son pays en février dernier (2008 ndlr), ne doit rien bloquer », a-t-il rassuré, avant de calmer le jeu : « ils peuvent rentrer, puisque c’est leur propre pays, car tous ceux qui sont en RDC ne sont pas forcément des génocidaires »
Mais 2 ans plus tôt, en juin 2007, le ministre congolais des Affaires étrangères et de la Coopération internationale avait écrit à Mgr. Jean Luc Kuye Ndondo, de l’Eglise du Christ au Congo (ECC), en mettant à contribution Kare Lode, consultant norvégien, lui signifiant, dans le cadre du processus de paix dans la région des Grands lacs, son appui de l’initiative de l’ECC/Kivu et de Kare Lode, consultant norvégien en collaboration avec la Mission extérieure des Eglises de Pentecôte en Norvège (PYM) et le Centre pour la Communication interculturelle (SIK), à travers les deux projets suivants : le rapatriement des réfugiés et combattants rwandais (FDLR, Interahamwe) ainsi que les groupes burundais et ougandais et leurs assimilés vivants en RDC ; et le rapatriement des Mbororos. »
La volonté manifeste de la RDC à en finir avec le phénomène FDLR a montré des résultats probants, notamment le regroupement des combattants FDLR à Kasiki, territoire de Lubero. En effet, juillet 2008, grâce à la sensibilisation de l’ECC, du Gouvernement congolais et des civiles rwandais identifiés à travers le monde, environ 168 FDLR et leurs dépendants étaient regroupés dans la localité de Kasiki, territoire de Lubero. Une délégation rwandaise, dont M. Damacene de la Présidence rwandaise, fera son déplacement à Kasiki pour constater les efforts.
L’intensification de la sensibilisation sera telle qu’on arrivera à rassembler près d’1 millier de combattants dans les environs de Kasiki. Mais l’agression de la RDC par le Rwanda en août 2008 anéantira ce processus et en raison de l’avancée des troupes de Nkunda soutenues par le Rwanda vers Kanyabayonga à une vingtaine de kilomètre de Kasiki, tous les ex-combattants ainsi que leurs dépendants disparaitront dans la nature au cours d’une nuit.
Ainsi s’envolèrent tous les efforts du Gouvernement congolais, de l’ECC et des partenaires. Aussitôt les troupes de Nkunda vont arrêter leur progression vers Kanyabayonga en tournant les canons désormais vers Goma en octobre 2008, après avoir constaté le démantèlement du camp regroupement des FDLR à Kasiki.
Ainsi dit, entre la RDC et ceux qui ont créé la guerre de Nkunda, qui d’entre les acteurs s’est réellement investi dans la recherche de la paix ? Qui a finalement provoqué la fuite des combattants rwandais regroupés à Kasiki ? s’est interrogé Julien Paluku.
107 817 Rwandais rapatriés depuis 1999
Celui-ci arrivé à la tête de la province du Nord-Kivu en 2007, peu avant la signature du communiqué de Nairobi, il a fait du retour de la paix dans sa province la priorité des priorités. Aussi, à la suite d’une forte sensibilisation sur avec le désarmement, la démobilisation et le rapatriement des FDLR dans leur Rwanda natal plus de 28 000 sujets rwandais ont été rapatriés dans leur pays par la Commission nationale pour les réfugiés en partenariat avec le Gouvernement provincial du Nord-Kivu et le HCR. A en croire ces chiffres : 2 549 (en 2007), 3 809 (en 2008 ), 9 019 (en 2009), 7 666 (en 2010) et 5 562 (en 2011). Pour 2012, 4 522 Rwandais ont été rapatriés au Rwanda
Depuis 1999 à nos jours, 107 817 Rwandais y compris les combattants FDLR ont été rapatriés en bonne et due forme vers le Rwanda.
Pour Julien Paluku, il ne reste plus que moins d’un millier de FDLR au Nord-Kivu, les autres étant des FDLR dites « Congolais » qu’on retrouve aussi bien à Masisi, Walikale, Rutshuru et Sud Lubero.
Que montre toutes ces statistiques de rapatriement, sinon la ferme volonté de la RDC de pacifier la région des Grands Lacs.
Depuis 2009, après les opérations conjointes, les FARDC ont poursuivi les opérations contre les FDLR avec à la tête Bosco Ntaganda qui va se révéler par la suite comme celui qui les approvisionnait en armes. Les troupes qui n’avaient pas de consigne de Bosco Ntaganda ont réellement exécuté leur mission au point d’en finir presque avec le phénomène FDLR. Avant que le scénario rwandais n’intervienne avec la naissance du M23 qui est venue pour saboter encore une fois tous les efforts de pacification et ainsi détourner l’attention du gouvernement congolais qui, par reflexe de conservation, ne s’occupait plus de la mutinerie en lieu et place des questions importantes liées aux FDLR.
Lettre du Gouverneur adressée à la Monusco
Le regain de violence a poussé l’ECC à reprendre son bâton pour tenter de sensibiliser les quelques FDLR ayant échappé aux opérations de 2009, l’objectif étant de faire référence au communiqué de Nairobi qui alliait pression militaire et sensibilisation. Le 6 juin 2012, le 2ème vice président national de l’ECC, le Rév. Milenge Mwenelwata, adressera trois lettres d’invitation à Kare Lode (du centre pour la communication interculturelle Misjonsveien , à Norvège), à Murego Faustin à Bruxelles, Royaume de Belgique et à Nzabonimba Joseph à Bruxelles, Royaume de Belgique. Par ses lettres, l’ECC a invités les 3 personnalités à séjourner en RDC « afin de participer au suivi-évaluation des projets de l’ECC financés par le Gouvernement Norvégien par le biais du PYG. »
Reçue en audience le 19 juin par le Gouverneur Julien Paluku, l’ECC exprimera sa ferme volonté de poursuivre la sensibilisation des FDLR dans laquelle elle était totalement impliquée depuis 2007. Conduite par Mgr Dieudonné Mbaya, modérateur national, la délégation sollicitera auprès de l’Autorité provinciale une facilité d’obtention d’un moyen de transport vers Motongo en territoire de Walikale.
Julien Paluku accordera une attention particulière à cette demande et sollicitera auprès de la Monusco une demande de MOP en faveur de 8 personnes, à savoir : Lode Kare, Rév. Kipindula Morisho (ECC), Mgr. Dieudonné Mbaya Tshiakany (ECC), Mgr. Bulambo Lembelembe Josué (ECC), Me Kyalangalilwa Dieudonné (ECC), Nzabonimpa Joseph (facilitateur belge), Murego Faustin (facilitateur belge) et Félicien Miganda (Gouvernorat de province). Dans sa lettre, il a insisté sur le fait que « les concernés sont des animateurs du projet « paix et réconciliation » de l’Eglise du Christ au Congo, ECC, en collaboration avec la Norvège et s’y rendent pour la poursuite de la sensibilisation au retour des FDLR »
Le groupe, qui devait se rendre à Mutongo, où l’attendaient 350 combattants des FDLR, a dû annuler son voyage, le 22 juin la réponse de la Monusco tardant à venir. « …Pour le moment, la facilitation de transport s’étant révélée difficile, nous sommes obligés d’interrompre la mission malgré la longue attente d’environ 350 combattants à Mutongo », a écrit Tshiakany Dieudonné à madame le chef de bureau de la Monusco à Goma.
Toute cette vérité mise à jour, Julien Paluku a voulu montrer la volonté et la détermination de son pays n’entend ménager « aucun effort pour détruire les dernières poches des FDLR, n’en déplaisent à ceux qui veulent en faire un objet de chantage. Voilà pourquoi nous en appelons à la CEPGL, à la CIRGL, à la SADC, à l’UE ainsi qu’aux systèmes des Nations Unies de soutenir la RDC dans ses efforts de rétablissement de la paix seul gage du développement dans la région des Grands Lacs. »
Kléber Kungu
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