mercredi 4 juillet 2012

Le film du massacre des gardes et des okapis

Terreur à Epulu Le film du massacre des gardes et des okapis Dimanche 24 juin, les combattants Maï-Maï du chef milicien Morgan ont surgi à la station d’Epulu avant de massacrer deux gardes-parc et quinze okapis, au cours de l’attaque de la réserve de faune à Okapis d’Epulu, en Province Orientale. Les gardes de la réserve ont été tués au cours des échanges des tirs qui ont eu entre eux et les assaillants. Le film du drame. « Morgan a coupé la jambe du garde Amisi au niveau du genou, a retiré la viande, brandi le fémur comme un trophée et hurlé : je vais tous vous manger si vous ne faites pas ce que je vous dit…» Ce témoignage aussi poignant que macabre est du témoin du massacre survenu à la station d’Epulu, au cœur de la réserve de faune à okapis dans le nord du Congo. L’homme qui a vécu ce drame indicible est toujours sous le choc. Il est cité par notre consœur Colette Braeckman. Dimanche 24 juin, des hommes lourdement armés de fusils AK47 et de deux PKM (des Kalachnikov à canon léger) et d’un téléphone satellite surgi entre les bâtiments, en provenance, semblait-il, de Kisangani. Certains d’entre eux sont entièrement nus, d’autres portent de faux uniformes de l’armée congolaise et chantentent à tue tête comme des forcenés. Un certain Morgan se trouve à leur tête. Braconnier tristement célèbre dans la région, Morgan avait déjà été arrêté à trois reprises proximité d’Epulu, alors qu’il chassait des éléphants. Originaire du village Epene, dans la collectivité de Bombo, premier centre de capture des okapis, ce chef des combattants Maï-Maï nourrissait depuis longtemps une haine particulière, mortelle et viscérale à l’encontre du garde Amisi, qui l’avait mis en prison et, selon certains, torturé. La vengeance de Morgan et de son corps expéditionnaire de « Simbas » (lions) est terrible : deux gardes sont tués sur le champ, le corps de l’un d’entre eux et celui de la femme d’Amisi furent brûlés vifs sous le regard de tous. Au total sept personnes trouvent la mort et la plupart des gardes prennent la fuite en direction de la forêt. Les assaillants attaquent aussi les bâtiments de la station d’Epulu, toutes les maisons sont saccagées et pillées, le bureau administratif, le corps du garde, le centre d’accueil sont incendiés, les stocks de rations et autres équipements emportés, les véhicules mis à feu. Un nombre indéterminé de civils sont emmenés en otages dans la forêt, afin qu’ils transportent le butin des assaillants et plusieurs femmes sont enlevées et violées. L’expédition punitive des combattants Maï-Maï ne s’arrêtent pas là. Ils s’en prennent aussi aux okapis, qui faisaient la fierté de la station : tous les animaux en captivité, soit 14 d’entre eux, sont tués par balles. Seule une femelle, retrouvée avec trois balles dans le corps, a survécu et un vieux mâle a été soigné par un Pygmée. L’attaque de la station d’Epulu ayant abouti au massacre des okapis et des gardes constituent un coup dur pour l’Institut congolais de conservation de la nature (ICCN), qui s’efforçait de réhabiliter la réserve d’okapis, classée par l’Unesco, à l’instar du parc des Virunga au Nord-Kivu, comme patrimoine mondial de l’humanité. L’okapi, dont l’allure rappelle à la fois celle du zèbre et de la girafe, est un animal qui vit exclusivement en Ituri en RDC. Espèce protégée depuis 1993, l’animal figure sur la liste rouge des espèces menacées de disparition de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Le nombre total d’okapis ne dépasse plus les 3 600 unités qui vivent en liberté autour d’Epulu, dans une région de 13 000 km2. Son habitat est de plus en plus restreint. Même à l’intérieur de la réserve d’Epulu, l’animal est victime du braconnage. C’est précisément afin de leur permettre de se reproduire, d’être étudiés et admirés par des visiteurs que la station avait capturé une quinzaine d’entre eux. La fureur bestiale du chef des miliciens Maï-Maï Morgan et de ses hommes en a décidé autrement, détruisant un centre qui faisait la fierté de la région et commençait à attirer un nombre croissant de touristes. Question : qui alimente ces miliciens braconniers en armes lourdes ? Kléber Kungu

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