jeudi 14 février 2013

L’Eglise kimbanguiste demande à l’Etat d’octroyer une personnalité juridique aux dissidents

Pour éviter la confusion, le désordre et l'anarchie L’Eglise kimbanguiste demande à l’Etat d’octroyer une personnalité juridique aux dissidents La crise déchirant l’Eglise kimbanguiste où une partie de fidèles sont en dissidence, appelés les dissidents de Monkoto (26+1) a atteint un point de non-retour. « Pour éviter la confusion, le désordre et l’anarchie qui risquent de perturber l’ordre public, l’’Eglise kimbanguiste demande au Gouvernement de la République six choses, notamment « l’octroi à la dissidence d’une personnalité juridique distincte à celle de l’Eglise kimbanguiste, conformément à la loi » régissant « les associations sans but lucratif ». Le Collège exécutif national en RDC, réuni le 12 février, à Nkamba, a donné la position de l’Eglise kimbanguiste face à la dissidence de Monkoto 87. La salle Mama Muilu du Centre kimbanguiste d’accueil et de conférences de Kinshasa (CKACK) a reçu une grande foule de fidèles kimbanguistes pour suivre cette position lue par le révérend Matondo Biyeye. A cet événement si important, l’Eglise a invité le Premier ministre (représenté), la ministre de la Justice et des Droits humains (représentée) ainsi que les chefs d’états-majors généraux de la Police nationale congolaise et des Forces armées de la RDC (FARDC) (représentés). L’Eglise kimbanguiste, éprise de paix, a appelé l’Etat congolais à intervenir pour que soit mise fin, une fois pour toutes, à l’imbroglio entretenu par la dissidence du groupe dit 26+1. Aussi a-t-elle demandé la poursuite de l’exécution des arrêtés n° 204 et 205/CAB/MIN/J/2009 du 4 décembre 2009 pris par le ministère de la Justice et des Droits humains le 4 décembre 2009, l’octroi aux dissidents de Monkoto d’une personnalité juridique distincte à celle de l’Eglise kimbanguiste, conformément à la loi sur les associations sans but lucratif, la sécurisation du Chef spirituel et représentant légal, de ses conseillers directs et des dignitaires de l’Eglise ; la sécurisation de Nkamba, siège international de l’Eglise ainsi que de ses installations ; la récupération et la restitution à l’Eglise de ses concessions, domaines et parcelles spoliés par la dissidence. Enfin, l’Eglise kimbanguiste a demandé le rejet des demandes de visas formulées auprès des missions diplomatiques par les éléments dissidents au nom de l’Eglise kimbanguiste parce qu’ils créent partout du désordre et sèment la confusion en Afrique, en Europe et en Amérique. Dans un document de 14 pages, dont L’Observateur a obtenu copie, l’Eglise kimbanguiste a brossé la genèse de crises, particulièrement de trois dissidences auxquelles a déjà fait face depuis 1959. Donc, l’Eglise kimbanguiste n’est pas à sa première dissidence, la première remontant de 1959 à1962, suivie de la deuxième ou la révolte des neveux de 1963 à1964 et la dernière datant de 2002. Voici donc 11 ans depuis que les fidèles kimbanguistes sont écartelés par cette dissidence. De la première dissidence… A peine le pays indépendant et elle-même reconnue par le pouvoir colonial belge, le 24 décembre 1959, l’Eglise kimbanguiste fut secouée par une première crise : des anciens collaborateurs du prophète Simon Kimbangu, revendiquant « le droit à la succession pour avoir été relégués avec Simon Kimbangu », ils entendaient ainsi exprimer « ouvertement leur mécontentement à la désignation de Papa Diangienda Joseph en qualité de chef spirituel, pourtant choisi par Papa Simon Kimbangu (…) ». Pour mettre fin à ce différend, le Chef spirituel convoqua une assemblée générale extraordinaire du 25 au 31 décembre 1961. Des résolutions sanctionnèrent cette rencontre. Elles sont encore en vigueur jusqu’à ce jour. Certains dissidents avaient réintégré le bercail de leur propre gré. Quant à certains autres dissidents, l’Etat avait octroyé la personnalité juridique pour sauvegarder la paix sociale. Ainsi naquirent l’Eglise des Noirs en Afrique, l’Eglise de deux témoins à Ntimansi dans le Bas-Congo en 1964, une autre Eglise d’Emmanuel Bamba, l’Eglise Lumière à Mbuji-Mayi (Kasaï Oriental, membre des Communautés de l’Eglise protestante et l’Eglise du Saint-Esprit (le Tocoïsme) en Angola … à la deuxième… De 1963 à 1964, le vent de la dissidence vint de nouveau secouer les kimbanguistes. Cette fois-ci, ce furent les neveux de Simon Kimbangu, se ralliant aux anciens collaborateurs du prophète, qui réclamèrent les clés du mausolée du prophète, prétextant qu’il était leur oncle maternel. Cette crise poussa l’Eglise à supprimer dans le programme de la partie sociale des cultes kimbanguistes la rubrique réservée à la « salutation des membres de la famille Simon Kimbangu » pour prévenir les tendances séparatistes et d’accaparement de l’Eglise par les membres de famille qui faisaient déjà jour. Ici, l’Eglise a souligné le fait que Simon Kimbangu n’appartient plus à sa famille biologique (…) mais plutôt à la grande famille chrétienne universelle ». Crise actuelle La crise actuelle a commencé vers 1990 lorsqu’on remarqua la désobéissance notoire de quelques petits-fils et des anciens collaborateurs de Simon Kimbangu à ses trois filles :Kisolokele, Dialungana et Diangienda. Les petits-fils commencèrent à se disputer le leadership de l’Eglise. Et entre 1990 et 1992, la résidence de Monkoto fut prise en otage, alors que Diangienda se trouvait en séjour médical en Europe. Et le premier chef spirituel décédé, les dissidents s’emparèrent des entités ecclésiastiques de l’Eglise. Un des petits-fils pris en otage l’Eglise kimbanguiste au Congo Brazzaville et celle d’Angola par un pseudo petit-fils… La crise d’accentua après la mort de trois papas et lorsque l’actuel chef spirituel Simon Kimbangu Kiangani fut désigné comme tel. Quelques petits-fils s’y opposèrent. Ce désordre poussa le numéro un de l’Eglise à convoquer une assemblée générale extraordinaire du 7 au 21 octobre 2002 à Nkamba. A l’issue de cette rencontre, des résolutions furent prises pour assainir la structure et l’administration de l’Eglise kimbanguiste. Ce qui va pousser ces petits-fils à faire la dissidence en quittance volontairement l’Eglise, se ralliant avec les anciens collaborateurs de Simon Kimbangu en se réfugiant sur Monkoto au n° 87 dans la commune de Ngiri-Ngiri. Aujourd’hui, ces dissidents, déplore l’Eglise kimbanguiste se livrent à une bataille éhontée par voie d’invectives, d’injures, de calomnies, de diffamations, de contre-vérités, de menaces à l’encontre d’elle et principalement de son chef spirituel. Faire la différence entre famille et Eglise Les autorités de l’Eglise ont souligné la différence qu’elles établissent entre la famille et l’Eglise, précisant que « le chef spirituel de l’Eglise kimbanguiste n’est pas le chef de famille, coutumièrement parlant », ajoutant qu’il « ne gère jamais la famille quand bien même qu’il témoigne d’un grand amour envers ses frères et sœurs. La famille ne peut non plus gérer les affaires de l’Eglise. » Quant au sujet de la succession, le Collège exécutif national a souligné que, contrairement « aux autres confessions religieuses », la succession « intervient par révélation ou inspiration divine et c’est le chef spirituel en fonction qui désigne son successeur par son pouvoir discrétionnaire. » S’agissant de la réintégration au sein de l’Eglise, les portes de l’Eglise sont largement ouvertes à tous ceux des dissidents désireux de réintégrer. Mais par une seule voie : l’Eglise « reprend les repentis par un rite spirituel de réintégration qui implique la notion de rétablissement. r» Donc, c’est la réintégration qui est la procédure appropriée dans le domaine spirituel, car le problème des dissidents n’a nullement un caractère familial, sentimental ou social. » Quant à la réconciliation, elle « est un raccommodement entre personnes, une remise en accord des personnes brouillées. » L’Eglise kimbanguiste a donné des précisions sur les procédures de réintégration. Celles-ci demandent à l’intéressé d’écrire au pasteur de sa paroisse de résidence, de déclarer qu’il n’y a qu’un seul chef spirituel et représentant légal, de s’engager à respecter les statuts, les règlements et les résolutions de l’Eglise kimbanguiste. Lorsqu’on est admis à réintégrer, on redevient un simple chrétien, quels qu’en aient été ses titres précédents. Il est soumis à une période d’observation de dix ans avant d’accéder à des fonctions ecclésiastiques de peur qu’il ne retombe dans la rébellion. Quant aux anciens responsables, les meneurs, ils doivent s’engager par écrit qu’ils ne retomberont plus dans les mêmes erreurs et leur réintégration est organisée pendant les trois grandes fêtes de l’année, à savoir : le 6 avril, le 8 juillet et le 12 octobre de chaque année. C’est ici que les choses se compliquent. Alors que la voie la plus courte et la plus simple serait, pour les dissidents, la réconciliation qui n’est malheureusement pas dans l’ordre du jour, puisque ne figurant pas dans la doctrine kimbanguiste pour réintégrer l’Eglise. A l’Etat congolais d’aider l’Eglise kimbanguiste, la fierté africaine, à mettre fin à cette situation. S’il ne peut pas l’aider à s’entendre avec les dissidents, il peut, au moins, aider la dissidence à avoir sa personnalité juridique. Ce qui l’empêchera d’user malhonnêtement des insignes propres à l’Eglise kimbanguiste. Dans tous les cas, l’Eglise kimbanguiste, qui proclame son unité et son indivisibilité, déclare haut et fort qu’il n’ya ni différend en son sein, ni crise ni schisme et elle n’a guère de communautés. Elle est une et indivisible. Kléber Kungu

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