mercredi 20 février 2013

Laurent Gbagbo sollicite sa libération, décision le 28 mars

Cour pénale internationale (CPI) Laurent Gbagbo sollicite sa libération, décision le 28 mars Sera-t-il jugé ou pas ? Laurent Gbagbo le saura dans une dizaine de jours que prendra l'audience de confirmation des charges pesant contre lui qui s'est ouverte à La Haye, mardi 19 février. En attendant, l’ancien président ivoirien, incarcéré depuis 14 mois, a sollicité sa libération. La CPI lui répondra le 28 mars prochain. L’ouverture de l’audience de confirmation des charges de Laurent Gbagbo, à La Haye, le 19 février a été marqué par des échanges houleux. Les avocats de Laurent Gbagbo ont demandé aux juges de prononcer l’irrecevabilité de l’affaire, de suspendre définitivement les procédures engagées contre leur client et d’ordonner sa mise en liberté immédiate. Une décision sera rendue le 28 mars prochain. C’est la juge principale Silvia Fernandez de Gurmendi qui a ouvert l’audience à 14h30. Laurent Gbagbo, qui avait invoqué des problèmes de santé depuis son incarcération, est apparu mardi en bonne forme. L'audience devrait se conclure le 28 février. Les juges auront ensuite deux mois pour statuer. C’est vêtu d'un costume bleu nuit, d'une chemise ciel et d'une cravate rayée et en bonne forme que l'ancien président, assis derrière ses défenseurs, est apparu. Après plus de quatorze mois d’incarcération dans sa cellule de Scheveningen, Gbagbo semble avoir repris du poil de la bête. Il affichait une mine réjouie et a salué les journalistes et ses nombreux amis venus assister à sa comparution. Les horaires sont aménagés avec des pauses toutes les heures pour lui permettre de suivre les débats dans les meilleures conditions. Après des rappels préliminaires sur la tenue des débats qui vont durer une dizaine de jours, la juge principale de la chambre préliminaire a demandé au greffier de rappeler les charges. À 67 ans, l’ancien dirigeant est soupçonné d'être « co-auteur indirect » de plusieurs crimes contre l'humanité, à savoir : meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains, commis pendant les violences postélectorales de 2010-2011. Des crimes qui auraient provoqué, selon l’accusation, des centaines de morts et qui découleraient du refus Gbagbo de reconnaître la victoire électorale, le 28 novembre 2010, de son rival Alassane Ouattara, aujourd’hui au pouvoir, apprend-on de Jeune Afrique. L'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo saura bientôt s'il sera jugé pour des crimes contre l'humanité commis après l'élection présidentielle du 28 novembre 2010. Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont entamé mardi l'examen des preuves rassemblées par le bureau du procureur, la Gambienne Fatou Bensouda, pour savoir si ces éléments sont suffisamment solides pour permettre ultérieurement la tenue d'un procès. Laurent Gbagbo, 67 ans, arrêté le 11 avril 2011 dans son bunker d'Abidjan après avoir refusé de céder la place à son rival Alassane Ouattara, élu à la présidentielle du 28 novembre, avait été transféré à La Haye le 29 novembre 2011. Il est le premier chef d'État remis à la CPI en tant que telle - le Libérien Charles Taylor et le Serbe Slobodan Milosevic avaient été traduits devant des tribunaux ad hoc. L'ex-président est soupçonné de quatre chefs de crimes contre l'humanité (meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains). Quatre événements particulièrement sanglants ont été retenus par l'accusation: la répression d'une manifestation de femmes à Abobo, le bombardement du marché de ce quartier de la capitale ivoirienne, les violences contre des manifestants devant le siège de la télévision et le massacre de Yopougon qui avait fait des centaines de morts, le 12 avril 2011. Les moyens limités de la CPI Selon l'accusation, ces attaques ont été commises dans le cadre d'un «plan» mis en œuvre par les forces pro-Gbagbo, elles revêtaient un «caractère généralisé et systématique» et étaient dirigées «contre des communautés ethniques ou religieuses spécifiques». Pour les observateurs, si la comparution de Laurent Gbagbo, constitue un succès pour la justice internationale, beaucoup reste à faire pour incriminer les responsables de violences commises de part et d'autre qui ont fait quelque 3 000 morts en quatre mois en Côte d’Ivoire. «On assiste pour l'instant à une justice des vainqueurs. La CPI n'a pas émis de mandats dans le camp Ouattara et cela permet aux autorités ivoiriennes de justifier l'absence de poursuites au niveau national», dénonce Géraldine Mattioli, chargée de la justice internationale à Human Rights Watch (HRW). En Côte d'Ivoire, où l'audience était très attendue, 150 mises en accusation ont visé les partisans de Laurent Gbagbo, aucune ceux d'Alassane Ouattara. Du côté de la CPI, on invoque des moyens limités et on rétorque que des enquêtes ont été ouvertes qui pourraient mener à des mandats d'arrêt, y compris dans le camp Ouattara. Sous le coup d'un tel mandat, Simone Gbagbo, l'épouse de l'ancien président, n'a toujours pas été transférée à La Haye. Pour la CPI, l'enjeu d'un éventuel procès Gbagbo est considérable. L'acquittement, en décembre dernier, d'un ex-milicien congolais accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité avait été perçu comme un revers pour le CPI. « M. Gbagbo est accusé en tant que coauteur indirect, des crimes contre l’humanité suivants ou, subsidiairement, d’avoir contribué à la commission de ces crimes, soit : le meurtre d’au moins 166 personnes, le viol d’au moins 34 femmes et jeunes filles et le fait d’avoir infligé à 94 personnes au moins des atteintes graves à l’intégrité physique et de grandes souffrances ou, à titre subsidiaire, d’avoir attenté à leur vie. En outre, M. Gbagbo doit répondre du crime contre l’humanité de persécution pour des motifs d’ordre politique, national, ethnique et religieux à l’encontre d’au moins 294 victimes ». Si la défense a marqué des points à l’audience d’ouverture, l’accusation devrait prendre sa revanche les jours à venir. Ils devraient être à l’avantage du procureur Bensouda qui a présenté sommairement toutes les charges à retenir, selon elle, contre Laurent Gbagbo à la fin de l’audience du jour. Et qui doit les développer dans les prochains jours. Propos liminaires de Fatou Bensouda, procureur de la CPI « En décembre 2010, au travers d’élections pacifiques, le peuple ivoirien avait l’occasion de se rassembler et de choisir la personnalité qu’il voulait voir à la tête du pays. Mais il a été privé de cette possibilité par, entre autres, M. Gbagbo, qui a eu recours à la violence contre des civils pour rester au pouvoir… Nous sommes là pour envoyer un message fort à ceux qui prévoient, essaient d’accéder au pouvoir ou de s’y maintenir en ayant recours à la violence et à la brutalité : ils devront dorénavant répondre de leurs actes. » (...) « M. Gbagbo a mobilisé les forces qui lui étaient subordonnées et leur a ordonné de mettre en œuvre la politique visant à le maintenir au pouvoir par la force. Concrètement, il a ordonné de faire cesser les manifestations et a fait déployer des militaires lourdement armés, qui ont eu recours à la force létale contre des manifestants non armés dans la rue. » (...) Kléber Kungu

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