Rapport mondial 2011 de suivi sur l’Education pour tous 2011
Les conflits armés ont un impact négatif sur l’éducation
Les conflits impactent négativement sur l’éducation et qu’il n’y a pas de fonds suffisants consacrés au secteur éducatif. Telle est la substance qui se dégage du Rapport mondial de suivi sur l’Education pour tous (EPT) 2011 de l’Unesco publié au cours du mois de mai. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) a organisé un café de presse jeudi 5 mai dans la salle de réunions VNU (Immeuble Losonia) animé par le panel du secteur éducatif représenté par des responsables de l’Unesco, de l’Unicef et du Point focal résolution 1612).
Placé sous le thème « La crise cachée : les conflits armés et l’éducation », le rapport souligne que des 67 millions d’enfants non scolarisés au primaire, 28 millions vivent dans des pays touchés par des conflits armés, soit plus de 40%. La RDC fait partie des pays qui ont fait l’objet d’une étude dans ce rapport.
Le Rapport note quelques progrès notoires réalisés en RDC avec une augmentation des taux de scolarisation à l’enseignement primaire de 47% à 90% entre 1999 et 2008, et de 18% à 35% au secondaire.
Cependant, ces progrès sont annihilés par quelques obstacles majeurs liés aux conflits armés. Il s’agit notamment, note le rapport, d’importantes inégalités aussi bien entre régions qu’entre les garçons et les filles. En République démocratique du Congo, pour chaque groupe de 10 garçons, seulement 8 filles ont accès à l’école primaire et 2 garçons contre une seule fille accèdent l’éducation secondaire.
Dans les provinces où persistent des conflits armés, en l’occurrence le Sud-Kivu, les violences sexuelles impactent de manière négative sur l’éducation. Dans cette province, 1/3 des viols ont touché des enfants, 13% des enfants de moins de 10 ans. A cause de l’insécurité persistante, les parents refusent d’envoyer leurs filles à l’école. Les victimes abandonnent le chemin de l’école en raison du traumatisme psychologique dû aux blessures graves, grossesses précoces, maladies sexuellement transmissibles.
Pour le Nord-Kivu, le rapport note que 32% de la population âgée entre 17 et 22 ans se trouvent dans un état de dénuement éducatif préoccupant. Ici, le dénuement en matière d’éducation pour les filles les plus pauvres a atteint un taux de 47%.
Parmi les obstacles de l’accès à l’éducation, le rapport note aussi le système fragmenté et les frais scolaires directs et indirects, surtout pour les familles les plus démunies. A ce sujet, le panel appelle le gouvernement à poursuivre l’élimination des frais scolaires, de la prise en charge des salaires des enseignants par les parents.
Un autre obstacle de taille est la modicité du pourcentage que l’aide humanitaire en RDC a consacré à l’éducation : seulement 1% et moins de 20% des demandes du secteur éducatif ont été financés en 2009. Cela signifie que, comme le souligne le rapport, l’éducation est négligée au sein du système d’aide humanitaire. Face à cette faiblesse, le rapport invite le gouvernement et les bailleurs de fonds à prioriser l’éducation.
Malheureusement, les pays riches, qui constituent la majorité de bailleurs de fonds, préfèrent dépenser plus d’argent dans l’armement. Ainsi 1029 milliards de dollars américains sont des dépenses militaires totales des pays riches, alors qu’avec les dépenses engagées pendant six jours seulement, on peut scolariser tous les enfants du monde.
En dépit de nombreux appels de la communauté internationale à pousser les parties en conflit à mettre fin aux conflits armés, à « engager la responsabilité des auteurs de crimes abominables tels que le viol systématique et d’appuyer les résolutions des Nations unies en prenant des mesures fermes », comme l’a souligné le directeur du rapport, Kevin Watkins, la situation reste inchangée. En effet, tant que les auteurs des actes ignobles bénéficieront de l’impunité, les choses demeureront inchangées durant des décennies.
Kléber Kungu
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