vendredi 27 mai 2011

Rond-point Ngaba, repaire de vrais faux agents de l'ordre

Tracasseries
Rond-point Ngaba, repaire de vrais faux agents de l'ordre
Tenue ordinaire faite d’une chemise, d’un pantalon, de chaussures ordinaires, d’un képi (parfois), se promenant souvent en groupe, sans ordre de mission, se déplaçant d’un véhicule à un autre, parlant généralement le lingala. Prenez Voyagez dans le Bas-Congo en prenant votre véhicule au parking du rond-point Ngaba, réputé également pour son armée de voleurs et autres pickpockets, vous vivrez ce que j’ai vécu dernièrement : faute de papier d’identité – qu’ils exigeaient –une passagers qui se rendaient à Kuilu-Ngongo a dû débourser 5 700 FC pour ‘’éteindre le feu’’ (boma moto).
‘’Kuilu-Ngongo tina Sadisa’’, s’époumone celui que je prenais pour le receveur, alors que c’était le chauffeur. Il est 10h30, lorsqu’une meute de jeunes hommes, trentaine, en tenue civile, se faisant passer pour des agents de la DGM (Direction générale de migration) exige nos papiers d’identité. « Maman, montrez-nous votre laissez-passer », demande un des agents qui est monté dans le véhicule, alors qu’un autre se pointe sur la portière largement ouverte et quatre autres investissent le véhicule de tous les côtés. « Je n’ai pas un autre papier », rétorque la maman, après avoir remis une carte que les agents déclarent être fausse.
Les agents ne désarment pas. Ils font pression sur cette femme, la cinquantaine révolue, une potentielle vache laitière. Passez maîtres en stratégie d’extorsion, ils ne tarissent pas de moyens. L’agent posté à la porte et qui paraissait être leur chef presse le citron. « Maman, je vois que votre jambe a une déformation, sinon je vous aurais demandé de descendre et de nous suivre au bureau. Pour ‘éteindre le feu’’, remettez 5 000 FC à mes agents pour leur bière », lance-t-il, faussement réconciliant et compatissant.
Prise de panique, surtout à l’évocation de la menace d’être conduite au bureau où devant le chef, il n’y a plus de négociation, la maman délie sa bourse avant de se mettre à compter des billets de 500 FC. Elle en remet 5 à l’agent à l’intérieur. « Je n’ai que cela », répond-elle, alors que les agents lui font comprendre que si elle tient que le ‘’feu soit vraiment éteint’’, elle a intérêt à doubler la mise. « Maman, vous nous remettez seulement 2 500 FC pour une grande infraction ! Alors, laissez-moi appeler la police », menace le ‘’chef’’, qui se saisit de son téléphone, faisant semblant de chercher le numéro de téléphone du policier.
Il va changer d’avis quelques minutes plus tard. La proie est prenable, se dit-il, il faut faire plus de pression. « Bon, maman, descendez et veuillez vous entretenir avec notre chef », intime le vrai faux chef. Le chef de ces vautours est un filiforme, arborant une chemise blanche, un pantalon bleu et une paire de souliers qui ont longtemps servi ailleurs avant d’en exiger un ultime service en RDC. La qualité de cette tenue est telle qu’à sa vue, vous refusez directement de croire qu’il est le chef de cette meute d’agents. C’est une autre stratégie pour mieux extorquer la pauvre maman.
L’entretien, qui va prendre seulement quelques minutes, entre la maman et le vrai faux chef se déroule à côte du véhicule, derrière la portière. La femme revient quelques minutes plus tard, après avoir augmenté la facture :5 500 FC. Suivie du 2e vrai faux chef qui se met à lui poser quelques questions sur son secteur, son territoire sa province. La femme en sort avec beaucoup de peine.
« Maman, vous avez donné combien ? » demande le premier vrai faux chef, qui revient en charge, le second ayant rempli sa mission. Lorsque la femme répond ‘’5 500 FC’’, l’escroc agent s’écrie : « Oh ! maman, sur 20 dollars, vous n’avez remis que ce montant ? » S’étant ressaisie, la femme leur répond calmement qu’elle n’a que cela. Satisfait, le groupe lâche la proie saignée. Mais le premier vrai faux chef reste insatiable. « Maman, donnez-moi ces 200 FC pour me permettre de boire de l’eau ».
Les 200 FC empochés, l’agent suit les autres. Plus loin, on les aperçoit en train de se disputer. Quelques minutes plus tard, l’un d’eux revient et demande à la femme combien elle leur a remis.
Des agents de cet acabit, des vautours de ce genre, le rond-point Ngaba en est complètement infesté. Ils opèrent de jour comme de nuit avec toute la quiétude possible, au vu et au su de tout le monde comme si cela est tout normal. Ce parking a cette particularité : y embarquent des passagers à destination d’Angola. Donc, des passagers pas comme les autres : potentiellement disposés à débourser de l’argent pour monnayer leur sortie de Kinshasa. C’est au rond-point Ngaba que débarquent les passagers d’Angola via Kuilu-Ngongo, Songololo…
Ce parking est loin d’être invivable en raison de la seule présence d’agents – vrais et faux – d’ordre. Y opère également une armée de voleurs, pickpockets. L’endroit est si étroit, avec marchands, passagers de tout genre et autres passants, véhicules en stationnement et en mouvement, motos, vélos, pousse-pousse… qu’il offre un cadre propice aux voleurs. Bien des personnes imprudentes y ont déjà laissé leurs biens et autres objets.
A ce jour, en dépit de quelques actions d’éclat contre les agents de l’ordre véreux, le rond-point Ngaba a de fortes chances de garder pendant plusieurs années sa réputation d’endroit parmi les plus dangereux de Kinshasa. Le laxisme et la complicité de certaines autorités avec ces agents véreux aident encore ceux-ci et ceux-là à continuer d‘y opérer tranquillement. Pour que des années durant cet endroit restera un repaire dangereux d’agents de l’ordre véreux et de voleurs.
Kléber Kungu

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