Phénomène « kuluna »
OPJ et bourgmestres condamnent la relaxation des brigands arrêtés
Plus de dix cas de cambriolage, deux vols à main armée ont été enregistrés le week-end du 7 au 8 mai à travers la ville, selon des sources policières. A considérer seulement cette statistique, l’on peut conclure facilement que le phénomène « Kuluna » a encore de beaux jours devant lui. Et lorsque ces malfrats et autres hors-la-loi sont relâchés quelques instants après leur arrestation, il faut seulement dire que ce n’est pas demain que les Kinois seront en paix.
C’est ce dernier fait que les officiers de la police judiciaire (OPJ), les bourgmestres et la population kinoise dénoncent avec beaucoup de regret. Ils se sont donc plaints que des brigands arrêtés par la police, déférés au parquet soient relâchés à ce niveau là. A travers bien des médias congolais, les Kinois, les policiers ne cessent d’en parler publiquement, dénonçant ainsi une certaine complicité de ceux qui se complaisent à relâcher des brigands peu de jours après leur arrestation, sans les faire subir la rigueur de la loi qu’ils enfreignent pourtant à cœur-joie.
L’autorité judiciaire a, de son côté, reconnu ces faits. Aussi, Maître Ruffin Lukoo, le porte-parole du ministre de la Justice s’est expliqué en affirmant qu’en relaxant les prévenus, le juge ne fait qu’appliquer la loi portant protection de l’ enfant promulguée en 2009 qui interdit l’arrestation des mineurs.
Maître Ruffin Lukoo a rassuré cependant qu’une étude était en cours pour examiner comment cette loi pourrait être retouchée. « « Nous sommes au courant de toutes ces plaintes de la population et de la police. Mais je peux vous assurer que la complicité entre la police et le ministère de la Justice est totale, a-t-il affirmé, sur les ondes de la radio Okapi. Et de renchérir. « Vous vous rappelez qu’il y a cette campagne que nous avions montée qui faisait que chaque fois qu’on arrête un « kuluna », un procès était très souvent organisé. Quand le ministre lui-même et les différents procureurs et tous ceux qui ont été condamnés personne n’est rentré, soit à Kinshasa, soit à Lubumbashi. Comment les « kuluna » sont en train de rentrer, c’est vrai, c’est par rapport notamment à la loi sur la protection de l’enfant qui a été promulguée en 2009 ? »
Depuis un certain temps, le phénomène Kuluna prend de l’ampleur dans la capitale et les Kinois sont en train de payer un lourd tribut. Les quelques efforts que la Police nationale congolaise mène sur le terrain pour éradiquer ce phénomène est loin de porter des fruits escomptés.
Dans les quartiers de certaines communes, c’est un suicide que de se promener avec un sac, des bijoux, un téléphone ou de l’argent. Des bandes de jeunes gens armés d’armes blanches (machettes, barres de fer ou d’armes à feu s’organisent pour dépouiller les passants. Ceux des passants qui essaient de poser une résistance à ces malfrats souvent drogués passent de vie à trépas sans autre forme de procès.
Dans certaines communes, plusieurs gangs terrorisent la population. Entre deux gangs, il se passe plusieurs affrontements souvent violents, voire meurtriers.
Le phénomène a pris une telle ampleur que même les autorités municipales semblent dépassées et ne savent plus à quelle autorité supérieure se fier. Certains bourgmestres de Kinshasa pensent que l’éradication du phénomène « Kuluna » passe par le renforcement des capacités de la police, mais aussi par des sanctions exemplaires à l’endroit des auteurs de ces crimes. Et certaines victimes vont plus loin en pensant qu’il faut accuser l’Etat congolais de non assistance à personne en danger.
En dépit de tous les efforts des autorités policières, le mal s’ancre du jour au lendemain. Il ya quelques mois, à la veille des fêtes de fin d’année, le général Jean de Dieu Oleko avait annoncé des mesures spéciales pour éradiquer la criminalité dans la capitale. La nouvelle mesure mise en place par l’inspecteur provincial de la police, le général Jean de Dieu Oleko, consistait en la procédure d’urgence pour des infractions intentionnelles. Ainsi, avait-il annoncé, désormais, pour tout cas de criminalité communément appelé: «Kuluna», la police n’a plus qu’à procéder à l’identification de l’auteur du crime, de la victime et d’un témoin avant de transférer l’affaire à la justice.
Cette mesure tentait de mettre un terme aux procès verbaux de la police jugés souvent incomplets. La nouvelle procédure est censée permettre à la justice de statuer en urgence sur ce cas en chambre foraine. Des numéros de téléphone seraient attribués à ces points d’interventions de la police. Ainsi par ces numéros, la population pourrait contacter la police en cas de problème.
La population est également mise à contribution pour aider à traquer les inciviques. La police a également intensifié des patrouilles dans les quartiers des communes, particulièrement les plus en insécurité. C’est pourquoi, la population kinoise a été souvent invitée à dénoncer tous ces inciviques, sans peur de représailles, pour permettre aux agents de l’ordre de bien mener leur mission.
Kléber Kungu
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