Laurent Nkunda : à quand sa mise en liberté ?
A quand la mise en liberté provisoire de Laurent Nkunda ? L’ex- chef du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) Laurent Nkunda doit prendre son mal en patience. Il devra patienter un mois de plus pour savoir s’il doit ou non être remis en liberté. Le tribunal militaire de Kigali a décidé de reporter au 11 juin l’examen de la mise en liberté de l’ex-homme fort du CNDP qui croupit dans les geôles du Rwanda depuis janvier 2009. C’est po
Le Tribunal militaire de Kigali a décidé de reporter au 11 juin l’examen de la demande de mise en liberté de l’ex-chef rebelle congolais. Cependant, l’examen de cette demande est loin d’être une partie de plaisir pour les deux parties : congolaise et rwandaise. Une bataille juridique très complexe qui met en selle les difficiles relations entre Kigali et Kinshasa. D’autant plus que la RDC exige depuis longtemps au Rwanda l’extradition de Laurent Nkunda. Cependant, Kigali n’est pas disposé à accéder à cette demande.
Mais pourquoi le Tribunal militaire de Kigali a reporté au 11 juin l’examen de la mise en liberté de Laurent Nkunda ? On évoquerait un problème de traduction des débats qui serait la cause de ce report. On avance que l’un des avocats de Laurent Nkunda, le Canadien Stephan Bourgon, ne comprenant pas le kinyarwanda (la langue nationale rwandaise, choisie pour les débats), doit se faire traduire le dossier rédigé en kinyarwanda. Selon Me Aimé Bokanga, du barreau de Kigali, l’autre avocat de M. Nkunda, un report d’un mois a été décrété pour lui permettre de trouver un interprète.
Détention illégale
La défense de Laurent Nkunda continue de dénoncer et la détention illégale de l'ancien leader du CNDP congolais. Le 26 mars, la Cour suprême du Rwanda s'était pourtant déclarée incompétente et avait renvoyé l'affaire devant la justice militaire.
Les autorités de la RDC demandent son extradition, mais leurs homologues du Rwanda n'ont pas réellement intérêt à laisser partir leur ancien allié, détenteur de nombreuses informations sur le soutien du Rwanda aux rebelles tutsis du CNDP. Le Rwanda avait également obtenu, en échange de l'arrestation de Laurent Nkunda, la chasse des rebelles hutus des FDLR pour la République démocratique du Congo. Laurent Nkunda sera peut-être fixé sur son sort le 11 juin, mais une libération immédiate semble plus qu’improbable : les deux protagonistes du dossier - le Rwanda et la RDC - n'ont pas intérêt à voir Laurent Nkunda humer l’air frais : Nkunda en prison arrange tout le monde, Kigali comme Kinshasa.
L’ancien chef rebelle a été arrêté en janvier 2009 à Gisenyi, ville rwandaise frontalière avec Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), alors qu'il était à la tête de la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), quelques jours après le déclenchement de l’opération militaire conjointe congolo-rwandaise. Laurent Nkunda est depuis lors en résidence surveillée en périphérie de Kigali. En guerre contre Kinshasa et opérant dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), Laurent Nkunda avait posé quelques revers militaires aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) en octobre 2008 et menacé de faire tomber la ville de Goma, frontalière de Gisenyi, au Rwanda.
L’offensive FARDC-RDS a commencé le 20 janvier dernier, à la suite d’un accord intervenu le 5 décembre 2008 entre le Rwanda et la RDC pour la traque des FDLR, les rebelles Hutus rwandais réfractaires au désarmement, qui constituent l’une des causes principales de l’instabilité dans la région
La rébellion du CNDP avait été affaiblie lorsque son chef d’état-major Bosco Ntaganda et les principaux officiers du mouvement avaient fait défection et annoncé, le 16 janvier dernier, la fin des hostilités et leur ralliement aux Forces armées de la RDCongo.
Le chef rebelle était en cavale devant l’offensive conjointe des éléments des deux armées, après avoir opposé une brève résistance et abandonné ses hommes pour se rendre vers la localité rwandaise de Bigogwe, près de Ruhengeri.
C’est à Gisenyi qu’il avait été arrêté en janvier 2009 par James Kabarebe, alors chef d’état-major de l’armée rwandaise en janvier 2009, à la suite d’un retournement d’alliance entre Kigali et Kinshasa, et le début d’opérations conjointes dans l’est de la RDC.
Ses avocats accusent James Kabarebe d’« arrestation » et de « mise en détention » « illégales » de leur client. Depuis, James Kabarebe a été nommé ministre de la Défense par le président, Paul Kagamé. Du fait du statut de militaire de James Kabarebe, la Cour suprême du Rwanda s’était déclarée incompétente et avait renvoyé l’affaire devant la justice militaire le 26 mars dernier.
Un long parcours
Dans un entretien accordé dans Jeune Afrique n° 2572-2573 du 25 avril au 8 mai 2010, Paul Kagamé a déclaré ceci au sujet de la libération de Laurent Nkundabatware : « Laurent Nkunda est un grain de sable dans les relations entre le Rwanda et la RDC (…) Ce n’est pas de décider de son sort dans la précipitation. La justice est là, et nous avons notre temps pour trouver une solution qui nous impliquera, qui impliquera le gouvernement congolais et qui impliquera Nkunda ainsi que ses partenaires. C’est un long parcours. »
Une déclaration qui ne cache pas la complexité du problème Nkunda compte tenu de tous les enjeux politiques que ce personnage comporte.
Mais comment les autorités rwandaises vont sortir de la quadrature du cercle dans laquelle elles se trouvent enfermées ? Il est évident qu’elles peuvent difficilement l'extrader pour le livrer à Kinshasa et ne peuvent éternellement le garder au secret.
Entre temps, une question taraude les esprits avisés : le 11 juin sera-t-elle la bonne fois pour que le tribunal militaire accorde la liberté provisoire à M. Nkunda après avoir reporté à quatre reprises l'examen de cette requête ?
Kléber Kungu
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