dimanche 8 mai 2011

Portrait d'Oussama Ben Laden

Portrait d'Oussama Ben Laden
Instigateur (cerveau) des attentats du 11 septembre 2001, chef du réseau terroriste d’Al-Qaïda, l’homme le plus recherché au monde, autant de qualificatifs pour désigner Oussama Ben Laden. Qui est cet homme, issu d’une riche famille saoudienne, qui s’est spécialisé à faire du mal aux autres en tuant hommes, femmes et enfants par des moyens, le plus souvent, pas modernes, au point d’avoir aujourd’hui des milliers d’innocentes victimes sur son dos?
Et pourtant rien ne prédisposait le douzième d’une fratrie de 12 enfants du magnat du bâtiment Mohammed ben Laden à devenir un révolutionnaire et l’homme le plus recherché au monde, haï par les uns, adulé et respecté par les autres.
Fils d'une riche famille saoudienne, Oussama ben Laden s'est forgé un destin de financier islamiste et combattant antisoviétique en Afghanistan, avant de se radicaliser pour devenir l'inspirateur d'un djihad mondial anti occidental.
Né à Ryad en Arabie saoudite en 1957 (la date exacte n'est pas confirmée), Oussama ben Laden étudie le génie civil et le commerce à la prestigieuse université King Abdul Aziz de Djeddah, au sein de laquelle il se lie dès 1973 à des groupes islamistes. Ben Laden, qui s'est d'abord marié avec une cousine syrienne à 17 ans, aurait eu au moins 23 enfants de cinq femmes ou plus. Il avait perdu son père Mohamed dans un accident d'avion après une erreur apparente de son pilote américain. Adolescent timide, étudiant moyen, il obtiendra un diplôme de génie civil.
Qu’est-ce qui a tracé l’itinéraire de ce fils du magnat du bâtiment Mohammed ben Laden, immigré yéménite devenu richissime, dont les amis de l'époque décrivent comme un jeune homme pieux, réservé, assidu dans l'étude des textes principaux du wahabisme, forme rigoriste de l'islam sunnite en vigueur dans son pays ? On dit aussi qu’il est le 17e des 57 enfants. De ce Yéménite millionnaire.
Son parcours semble tout tracé: intégrer le groupe familial et ses multiples filiales. Mais, cela va change après l'invasion de l'Afghanistan par les troupes de Moscou en 1979. Il répond à l'appel du djihad, très populaire en Arabie Saoudite et dans tous les pays du Golfe à cette époque. Avec la bénédiction des autorités saoudiennes, il entreprend d'organiser le soutien logistique aux moudjahidines afghans. Il sillonne la péninsule arabique pour y lever des fonds et s'installe à Peshawar, base arrière au Pakistan de la guérilla antisoviétique, où il rencontre celui qui deviendra son mentor, le palestinien Abdullah Azzam, l'un des principaux organisateurs de la résistance antisoviétique.
Les volontaires, arabes pour la plupart, affluent. Ben Laden les accueille, les encadre, et élabore pour cela une base de données qui se transformera au fil des ans en une organisation, Al-Qaïda ("la base"). Ainsi, dira-t-on, est née l’organisation terroriste qui a fait ses preuves de nuisance à travers la planète.
Il lutte contre les Soviétiques (bien que très rarement les armes à la main) avec l'aide indirecte de la CIA, qui fait transiter ses subsides par l'intermédiaire des services secrets pakistanais. Après la déroute russe, en 1989, il rentre en héros dans son pays, où il multiplie les conférences, dans les mosquées et les écoles, sur les succès du djihad. Après l'attaque du Koweït par l'armée irakienne, il propose au roi Fahd de bouter l'envahisseur hors de la péninsule avec l'aide de sa "légion islamique" d'anciens de l'Afghanistan. Le souverain saoudien refuse: Oussama Ben Laden s'estime trahi, estimant que le sol sacré de son pays est souillé par la présence de milliers de soldats américains.
En 1992, Ryad, inquiet de ses critiques et de son soutien à l'opposition, lui retire son passeport. Il s'installe au Soudan, avec la bénédiction des autorités de Khartoum. Les renseignements américains le soupçonnent de financer des camps d'entraînement terroristes. Sa nationalité saoudienne lui est retirée en 1994, après la publication de "fatwas" dénonçant les Etats-Unis et la famille royale saoudienne. En 1996, le Soudan, soumis à des pressions internationales, lui demande de partir. Il refait surface avec hommes, armes et bagages en Afghanistan, d'où il lance de nouveaux appels anti-américains, de plus en plus radicaux, juste avant la prise du pouvoir à Kaboul par les talibans.

Auteur de plusieurs attentats spectaculaires
Ben Laden y met en place des camps d'entraînement terroristes qui attirent des milliers d'hommes venus du monde musulman et planifie une série d'attaques meurtrières qui l'élèvent au rang d'ennemi public numéro 1 aux Etats-Unis. Ses attentats les plus spectaculaires, avant ceux du 11 septembre 2001, ont lieu en août 1998, lorsque des véhicules piégés frappent simultanément les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya (224 morts).
En 2002, des discothèques sont attaquées à Bali (Indonésie) par la Jemaah Islamiah, "filiale" d'Al Qaïda en Asie ; il y a 202 morts. Des attentats perpétrés dans des trains à Madrid le 11 mars 2004 font 191 morts. A Londres, des kamikazes font 52 morts en juillet 2005. D'autres activistes frappent en Irak, en Turquie, en Egypte, en Algérie, au Maroc, en Mauritanie, en Arabie ou au Yémen.
Depuis 2001, son "adjoint" Ayman al Zaouahri et lui ont diffusé à eux deux une soixantaine de messages émaillés de menaces qui visent parfois à enfoncer un coin entre Washington et ses alliés européens. Après George Bush, Ben Laden accuse son successeur Barack Obama de pratiquer une politique analogue.
Les raids de représailles américains au Soudan et contre des camps d'entraînement en Afghanistan semblent des coups d'épée dans l'eau. Ils sont loin d’ébranler sa détermination et sa volonté de mener une guerre sainte contre l’Occident, principalement les Américains. L'homme reste insaisissable, mais en octobre 2000, l'attentat contre l'USS Cole, navire américain lance-missiles, dans le port d'Aden, au Yémen, semble porter sa signature. Dix-sept de ses membres d'équipage périssent.
En territoire afghan, où sa richesse et son islamisme radical lui ont donné accès au premier cercle du régime taliban, Ben Laden organise des camps d'entraînement où des activistes sont préparés à des opérations terroristes à travers le monde. Liées par la haine de l'Occident, d'Israël et des dirigeants arabes modérés, ces recrues prêtes à mourir viennent d'Asie centrale et du Sud-Est, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Europe.
Survient le 11-Septembre. Jamais attaqués sur leur sol, les Américains enregistrent près de 3.000 morts et sont durablement traumatisés. L'administration Bush parle d'acte de guerre, désigne Ben Laden et décrète une "croisade" contre ce qu'il incarne en se jurant de l'"enfumer dans son terrier". Peu d'ennemis de la superpuissance américaine avaient comme Ben Laden les moyens d'une telle opération. Les taliban, évincés de Kaboul, paient le prix de l'hébergement qu'ils lui ont accordé. Des bombes américaines l'auraient manqué de peu quand il quittait avec son entourage la zone de Tora Bora, fin 2001.
Après les attaques du 11 septembre, les Etats-Unis lancent une vaste traque pour retrouver le chef d'Al-Qaïda. Ils offrent 25 millions de dollars, plus tard 50 millions, pour toute information permettant sa capture. Ben Laden, qui échappe fin 2001 à l'intervention des troupes américaines en Afghanistan, est localisé pour la dernière fois par des témoins en novembre 2001 à Kandahar dans le sud afghan. Pour les services de renseignements régionaux ou occidentaux, l’homme se cache dans la zone bordant la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan. Mais les spécialistes confessaient en privé qu'ils n'avaient aucune piste sérieuse.
Soupçonné de se cacher dans les zones tribales pakistanaises proches de l'Afghanistan où continuait la guerre, ou dans des grottes afghanes, sans plus de contrôle sur son mouvement, il excluait de se laisser capturer dans un message audio en 2006. "Je jure de ne mourir qu'en homme libre", y affirmait-il. Lundi 2 mai, les Américains sont parvenus à concrétiser ce rêve.
Kléber Kungu

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