lundi 30 mai 2011

Le BCNUDH offre deux cliniques juridiques à NDJF et à AFEAC

Grâce au financement de l’ASDI
Le BCNUDH offre deux cliniques juridiques à NDJF et à AFEAC
Le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’Homme (BCNUDH) a offert deux nouvelles cliniques juridiques à la Nouvelle dynamique de la jeunesse féminine (NDJF) et à l’Association des femmes avocates (AFEAC) au cours d’une cérémonie organisée vendredi 27 mai, dans la commune de Kalamu, quartier Matonge.
Avec l’appui financier de l’Agence internationale de la coopération suédoise (ASDI) et l’aide de ses partenaires, la Monusco notamment, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’Homme a procédé à l’installation de ces cliniques juridiques à Kinshasa dont l’objectif est de faciliter l’accès à la justice des victimes de violences sexuelles à Kinshasa.
Les bénéficiaires de ces cliniques, par la voix de leurs responsables, ont reconnu l’importance et le rôle qu’auront à jouer ces juridictions dans la lutte contre les violences sexuelles. Aussi ont-elles salué l’initiative ainsi que l’aide et l’appui des partenaires. Pour Alfred-Marie Ekolo, coordonnatrice de la NDJF, les violences sexuelles dont sont les femmes et les filles sont constamment victimes sont principalement dues aux nombreux conflits qui ont élu domicile en RDC. Elle a affirmé l’engagement de son association à venir en aide aux victimes de ces violences qui ne cessent de prendre une augmentation exponentielle, tout en promettant de donner le meilleur d’elle-même.
Liliane Kanashy, représentante de l’AFEAC, a reconnu que les violences sexuelles ont pris une telle violence que toute femme et toute fille sont de potentielles victimes. Elle a affirmé l’engagement de son association à promouvoir et protéger les droits de l’homme, particulièrement ceux des femmes en luttant contre les violences sexuelles.
Comme pour joindre l’utile à l’agréable, une représentation théâtrale a cimenté ces déclarations en montrant les étapes à suivre, de l’acte à la justice en passant par des examens médicaux, pour se plaindre à la justice. L’assistance, composée de la ministre provinciale l’Education, Environnement, Communication et Genre, Thérèse Olenga Kalonda, le représentant du bourgmestre de Kalamu, le directeur adjoint du BCNUDH, Louis-Marie Bouaka, la représentante du ministre de la Justice, des représentants des ONG du secteur des droits de l’Homme, des éléments de la Police nationale congolaise (PNC) de la commune de Kalamu, ont pu suivre une saynète relatant un cas de viol d’une jeune fille Malaïka par l’adjudant Ntumba Ntumba. Accompagnée de son avocate, la victime va se plaindre au commissariat de police le plus proche, où, malheureusement, l’OPJ va tenter de se faire corrompre.
Les examens médicaux ayant attesté que Malaïka a été violée, l’affaire est portée au tribunal, où l’auteur présumé va se présenter, y compris la victime et son avocate. Alors qu’il est en train de prononcer le verdict, le juge sera interrompu par un coup de fil d’un certain officier de l’armée lui intimant l’ordre de surseoir au prononcé du verdict.

Etape importante pour la lutte contre les violences sexuelles
Pour le directeur adjoint du BCNUDH, Louis-Marie Bouaka, l’installation des cliniques juridiques est une étape importante pour la lutte contre les violences sexuelles, autant qu’elle constitue une avancée significative dans la lutte contre l’impunité dont bénéficient souvent les auteurs présumés de viols. D’autant plus que les violences sexuelles ne sont plus l’apanage des provinces orientales, le reste du territoire national est aussi concerné. Pour preuve, en 2010, à Kinshasa, on a dénombré 1207 cas de violences sexuelles ont été recensés, selon le Fonds des Nations unies pour la population.
L’ouverture des cliniques juridiques, qui est au cœur du projet, constitue un signal fort montrant aux victimes des violences sexuelles qu’elles ne sont pas abandonnées et qu’il y a des avocats compétents pour les défendre, a-t-il plaidé. Le BCNUDH ne reste pas dans des discours creux. Il a annoncé un appui matériel (matériel informatique, mobilier, matériel) et des fonds nécessaires pour les dépenses de fonctionnement, la collecte et le suivi des cas de violences sexuelles à remettre aux cliniques juridiques.
La ministre provinciale l’Education, Environnement, Communication et Genre, Thérèse Olenga Kalonda, a reconnu la délicatesse et le caractère poignant du sujet traité. Hier, apanage des territoires en conflit, les violences sexuelles, a-t-elle reconnu, a atteint la capitale Kinshasa. Voilà pourquoi, a-t-elle plaidé, « il est important de conjuguer nos efforts pour éradiquer ce fléau », tout en reconnaissant que la justice est un levier important dans l’éradication de ce fléau et qui a peu de chance de réussir tant que l’impunité ne sera pas combattue.
Elle a également souligné l’importance de la sensibilisation. Aussi a-t-elle loué la démarche entreprise par la violée de la saynète. Mais toute la problématique ou la quadrature du cercle reste ces interventions intempestives des personnalités haut placées qui constituent autant des pesanteurs que des handicaps à la justice.
Peu avant la visite guidée de la clinique juridique de la NDJF que Thérèse Olenga a inaugurée en coupant le ruban symbolique, sa coordonnatrice Alfred-Marie Ekolo a reçu de celle-ci l’aide logistique, don du BCNUDH. « Vous avez une tâche noble, mais avec détermination, nous allons donner corps à la tolérance zéro », a déclaré Thérèse Olenga en remettant ce don.
Les cliniques juridiques offrent une assistance pré-judiciaire et judiciaire gratuite aux victimes de violences sexuelles et à leurs familles afin de les aider à saisir les juridictions et les institutions compétentes. Cela pour deux objectifs : d’abord, pour obtenir les arrestations et les condamnations des auteurs de violations, ensuite, pour faire le suivi des décisions judiciaires.
Elles organisent également des activités sensibilisations dans les communautés, afin d’encourager les victimes de violences sexuelles à refuser les arrangements à l’amiable et à recourir à la justice. La distance géographique, l’absence d’une assistance judiciaire efficace, les frais de justice et le manque de moyens du système judiciaire national sont autant d’obstacles à l’accès à la justice des victimes que les cliniques juridiques permettront de surmonter. Par ailleurs, les cliniques juridiques orientent les victimes de violences sexuelles vers les structures médicales, psychosociales et de réintégration socio-économiques pour une prise en charge holistique des victimes de violences sexuelles.
Aujourd’hui, au nombre des cliniques juridiques existant à Kinshasa s’ajoutent les deux nouvelles : la clinique juridique Nouvelle dynamique de la jeunesse féminine (NDJF) située sur l’avenue de la Victoire nº A5,Q/Matonge, dans la commune de Matonge et la clinique juridique Association des femmes avocates (AFEAC), située sur le boulevard Lumumba, nº20, Immeuble de la jeunesse, dans la commune de N’djili.
A ce jour, au total, 12 nouvelles cliniques juridiques ont été ouvertes tout au long des mois de mars et avril 2011 par le BCNUDH avec l’aide de ses partenaires locaux dans les provinces du Bandundu, du Bas-Congo, dans les deux Kasaï, au Katanga et de Kinshasa. Ces 12 cliniques juridiques sont les premières cliniques installées dans le cadre du projet financé par ASDI. Entre 2008 et 2010, grâce au soutien de l’Agence canadienne pour le développement international (ACDI), 11 autres cliniques juridiques avaient été ouvertes dans les deux Kivu. A celles-ci s’ajoutent 10 autres cliniques juridiques installées en 2008 et 2009 dans les provinces du Maniema, de l’Equateur et la province Orientale, dans le cadre du soutien du Royaume de Belgique.
Les cliniques juridiques n’auront de l’impact attendu que lorsque le nombre de cas de violences sexuelles ira décroissant. A ce moment, ce cadre juridique aura servi à quelque chose, comme l’a déclaré l’un des acteurs de la troupe théâtrale : « Il faut un cadre juridique, qui doit être respecté par tous, pour mettre fin aux violences sexuelles » Comme pour dire que « Finie la récréation, la porte des prisons sont largement ouvertes, Tolérance zéro », ne seront plus de vains slogans et que les « Kuluna sexuels » ne resteront plus impunis.
Kléber Kungu

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