Les
rebelles ougandais narguent les FARDC
Une cinquantaine de Congolais massacrés par
les ADF-Nalu à Beni
Une délégation de l’Assemblée Nationale est attendue à
Beni pour évaluer la situation qui prévaut dans cette région.
En l’espace de quarante-huit heures,
une cinquantaine de personnes ont été massacrées par des assaillants identifiés
aux rebelles ougandais des ADF-Nalu au cours de deux attaques différentes d’une
rare violence dans le quartier de Ngadi, à 7 kilomètres du centre-ville de Beni
et à Erengeti. Le massacre est tel que le territoire de Beni en particulier et
toute la nation congolaise en général sont traumatisés par cette situation
d’insécurité. Une délégation de l’Assemblée nationale est annoncée dans ce
territoire martyr.
Le territoire de Beni a vécu une
situation apocalyptique en l’espace de deux jours en fin de semaine dernière en
perdant une cinquantaine de ses filles et fils au cours des deux attaques d’une
rare violence. La première attaque est survenue à la tombée de la nuit de mercredi
15 à jeudi 16 octobre, dans le quartier de Ngadi, situé à sept kilomètres du
centre-ville de Beni. Au cours de cette attaque, une trentaine de civils ont
été massacrés froidement par des rebelles ougandais des ADF-Nalu armés de fusils,
de machettes, de haches et de marteaux.
Les assaillants ont d’abord massacré
13 personnes et blessé plusieurs autres, avant d’en tuer 14 autres dans leur
fuite en direction du parc des Virunga lorsque les éléments des FARDC se sont
mis à les repousser.
La seconde attaque est
intervenue vendredi 17 octobre vers 22
heures (heure locale), après l’inhumation de 27 premières victimes. Au cours de
cette incursion, vingt-quatre
personnes, dont un militaire, ont été tuées dans la localité d’Eringeti dans le
territoire de Beni.
Ces présumés rebelles ougandais se
seraient introduits dans plusieurs maisons des quartiers Abialose et
Mapiki avant de se mettre à massacrer les civils à la machette et à la hache,
et à incendier trois habitations. Certaines victimes étaient menottées.
Les ADF n’ont eu l’intention que de tuer
Selon France 24, les assaillants
n’avaient pas l’intention de piller, ou de faire des dégâts matériels, mais
uniquement de tuer des civils. Pour preuve, ils n’ont rien pris dans les
maisons qu’ils ont attaquées et n’ont pas brûlé les habitations. Au cours de
cette attaque d’une rare violence, les rebelles ougandais ont préféré tuer
leurs victimes à la machette ou frapper à la tête avec un marteau.
Depuis janvier que l’armée traque
des groupes rebelles dans cette zone, l’ampleur du massacre n’a pas eu d’égal
dans cette région, estiment des observateurs. D’ailleurs, Beni bénéficiant de
la présence de nombreux militaires des FARDC qui y patrouillent, de jour comme
de nuit, était considérée, avant cette attaque meurtrière, comme une ville
intouchable et bien sécurisée.
Quoiqu’une dizaine d’attaques ait eu
lieu ces deux dernières semaines dans des villages éloignés d’une cinquantaine
de kilomètres de Beni, c’est la première fois que cette ville est frappée dans sa banlieue proche, à quelques
kilomètres du centre-ville. D’ailleurs, beaucoup d’habitants de ces zones préféraient
se réfugier dans la ville de Beni où ils se sentent plus en sécurité en raison de
la présence de nombreux militaires.
Des assaillants qui parlent lingala et
kinyarwanda
Des blessés rencontrés par l’un des
membres de la Société civile du Nord-Kivu, Omar Kavota, ont déclaré avoir vu
des "hommes en uniformes militaires, d’autres en civil, qui parlaient
lingala et kinyarwanda", deux langues qui ne sont pas majoritairement
parlées au Nord-Kivu, mais utilisées par des combattants ADF-Nalu.
Certains observateurs locaux voient
dans ces attaques un message clair dont
le destinataire est l’armée congolaise, elle, qui a fait de la traque des
rebelles ougandais, depuis le début de cette année, une priorité. Mener des attaques
dans plusieurs endroits différents, la ville de Beni comprise, semble être une
stratégie des rebelles qui paie. En effet, dans ces attaques qui interviennent
alors qu’on ne s’y attend le moins du monde, l’élément-clé dans cette guerre
asymétrique est l’effet de surprise, une stratégie qu’adorent les groupes
armés. Question d’éparpiller les efforts de l’armée sur plusieurs endroits.
Alors qu’on les disait affaiblis et
en débandade à l’issue de l’opération Sokola lancée en mars dernier, les
rebelles des ADF-Nalu semblent reprendre les poils de la bête avec toutes ces
incursions plus meurtrières les unes que les autres qui ne faiblissent pas.
Relancer une autre
opération de grande envergure
Une raison pour l’armée congolaise
de relancer une autre opération de grande envergure, à l’instar de celle
dénommée Sokola qui a donné des résultats satisfaisants. A ce jour, la violence,
l’insécurité, la psychose, le désarroi, le désespoir ont pour nom Beni dont la
population ne sait plus sur quelle armée compter pour être en sécurité.
Aussitôt la nouvelle opération
lancée, plus question de donner un moindre répit à l’ennemi pour se réorganiser. Sans doute, les nombreux
« hauts faits » sanglants à l’actif de ces rebelles ougandais qui
n’opèrent que dans un pays qui n’est pas le leur sont-ils consécutifs au repos
dont ils ont bénéficié pour se réorganiser.
Redonner confiance à la population
envers son armée, l’armée de son pays, doit être le soubassement de la traque
« new look » que doit mener l’armée congolaise en si peu de temps. En
effet, en attaquant de cette manière,
une population qui a placé sa confiance aux éléments des FARDC, les ADF visent
à semer le doute dans les esprits de cette population quant à la capacité de
l’armée de la sécuriser convenablement.
Au départ, fait-on remarquer, les
attaques de groupes rebelles étaient ciblées en représailles contre des chefs
de village, des familles suspectées de collaborer avec l’armée et de donner des
renseignements. Mais depuis les deux dernières attaques, celles des 16 et 17
octobre, c’est tout le monde dans le territoire qui est visé. D’où la grande
psychose qui s’empare d’une population désemparée.
A qui le prochain tour ? Chaque
habitant de ce territoire meurtri qui vient de basculer dans une insécurité
grandissante est en train de se poser
cette question.
Plus de quatre-vingts
morts en un mois
Ces attaques meurtrières presque
simultanées interviennent alors que le
commandant de la 3ème zone de défense des FARDC, Léon Mushale, est
en visite dans la région depuis une semaine pour évaluer la situation militaire
et sécuritaire, et que le gouverneur du Nord-Kivu vient de débuter à Beni les consultations avec
plusieurs couches de la société civile pour tenter de comprendre les causes de
la recrudescence des tueries dans ce territoire.
Elles interviennent aussi au moment
où se déroule, depuis le 1er octobre, le procès sur l’assassinat de
Mamadou Ndala en janvier dernier, qui juge une vingtaine de prévenus.
Selon la Société civile du
Nord-Kivu, en un mois, les attaques de
groupes rebelles, dont l’ADF-Nalu, ont fait plus de 80 personnes tuées et près de 100 000
déplacés.
Des sources officielles rapportent
qu’une délégation de l’Assemblée nationale est attendue à Beni dans les
prochaines heures pour évaluer la situation au sujet de ces tueries. Il
s’agirait des députés élus des territoires de Beni et Lubero.
Au sujet de l’insécurité à Beni, le
président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, a interpellé le Gouvernement
pour que la population soit mieux sécurisée dans cette région. Un appel similaire,
apprend-on, a été lancé par le président de la société civile à Beni, Teddy
Kataliko, à la Tribune du 8 mars de Beni où étaient exposés les corps des
personnes tuées mercredi. Il a appelé les
autorités congolaises à relancer l’opération « Sokola à
l’échelle de ce qu’on a vu au mois de mars et avril ayant
apporté de bons résultats où on a vu l’ennemi en déroute ».
Les attaques du territoire de Beni sont
un défi que les ADF ont lancé aux FARDC. Celles-ci qui avaient défait une
rébellion coalisée au Nord-Kivu en décembre 2013, jusqu’à quand doivent-elles
continuer à se faire défier et narguer dans leur propre territoire par une
rébellion étrangère ? Les vaillants
militaires des FARDC ont le devoir patriotique de faire feu de tout bois pour
laver cet affront. Un affront ? Il en est en effet un. Qui doit être puni
sévèrement, à la mesure de la perte en vies humaines subie par la population
congolaise en général.
Kléber Kungu
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