vendredi 5 décembre 2014

Campbell, porte-parole des kuluna ?

Campbell, porte-parole des kuluna ?
            Rien ne va plus entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH). Entre le gouvernement congolais et le directeur pays  du BCNUDH, Scott Campbell, c’est le désamour parfait. A la base, le rapport du fonctionnaire onusien sur l’opération Likofi dont le caractère partial a été dénoncé par le gouvernement congolais. Etre le porte-parole des kuluna en défendant les crimes que ces bandits urbains ont fait subir à la population congolaise, des années durant, bien des observateurs doutent que  Scott Campbell ait décidé d’endosser cette casaque déshonorante.
            Au commencement, était le phénomène kuluna. Le phénomène kuluna engendra l’opération « Likofi ». Le phénomène kuluna prit naissance dans des communes comme Ngiri-Ngiri, Kalamu, avec des bagarres rangées entre des jeunes délinquants de ces communes organisés en bandes dénommées « écuries » dirigés par des chefs. En pleine journée ou la nuit, ces délinquants ne craignaient personne ni rien : pour rien au monde, ils se mettaient à casser tout sur leur passage lors des funérailles, des fêtes (mariages, collation des grades académiques, baptêmes, anniversaires…)
            L’appétit venant en mangeant, pardon, la mort venant en violentant, ces jeunes délinquants ont vite versé dans les violences les plus cruelles comme l’assassinat des paisibles citoyens. Des hommes en armes compris. Des cas de violences dues aux kuluna n’étaient plus à compter, tellement le phénomène avait gagné pratiquement toutes les communes de Kinshasa. C’était la terreur la plus totale. Même les hommes en armes avaient pris peur, une grande peur.

Des policiers et des militaires assassinés par des kuluna
            En effet, il est arrivé que des policiers ou des militaires fussent blessés ou assassinés par des kuluna. Les plus chanceux ont eu leurs membres coupés. Des crimes que la plupart des médias congolais n’ont pas hésité à relayer. Et plusieurs chaînes de télévision, particulièrement Molière TV, ont fait de ces feuilletons macabres leurs choux gras. Diffusant des images d’une rare violence.            Qu'a fait l’Onu lorsque les Kuluna ont abattu froidement au quartier Jamaïque à Ngaliema le commandant second de la base militaire de Kitona en 2013, ou  lorsqu'ils ont tranché la main d'un policier à Kasa-Vubu, ou lorsqu'ils ont violé des jeunes filles qui étaient en veillée de prière dans une église à Makala….? C’était l’apocalypse.  Des cris de détresse de la population se firent entendre de partout, criant au secours.
            Des cris de détresse qui étaient sans doute parvenus aux oreilles bien longues de Scott Campbell. Des images qui n’ont pas échappé à la vigilance et à l’attention soutenues de BCNUDH. Mais la population terrorisée n’a pas vu Scott Campbell et son équipe lever leurs petits doigts investigateurs pour dénoncer ces crimes. Eux qui n’avaient trouvé ni l’occasion ni le temps de mener des investigations, les nombreux crimes de ces bandits urbains ont échappé à leur plume alerte. Sans doute, ces crimes ne constituaient pas de violations des droits de l’homme. Car commis par des kuluna sur des personnes qui ne sont pas des hommes ou qui n’ont aucun droit à faire valoir !
            Les cris de détresse de la population victime ont été si bruyants qu’ils n’ont pas tardé à atteindre l’oreille attentive du gouvernement. Qui décide de lancer l’opération « Likofi » (Coup de poing, en langue lingala). Nous sommes le 15 novembre 2013. Le ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, Richard Muyej donne des ordres précis aux éléments précis aux policiers commis à cette tâche. L’objectif est de ne pas donner libre cours à tout dérapage.

Ouf de soulagement
            Quelques semaines plus tard, la population poussa un ouf de soulagement. Les résultats de la traque des kuluna ne tardèrent pas à se faire voir auprès de la population. Ce fut la joie totale. Ce fut le calme dans des quartiers naguère oasis d’insécurité. On peut désormais sortir ou rentrer tard la nuit sans craindre les machettes des kuluna.
            La traque poursuivit son bonhomme de chemin jusqu’au15 février 2014. Trois mois de lutte contre le banditisme urbain bien réussie. Pour que les Kinois en particulier passent des fêtes de fin d’année apaisées, le gouvernement a habillé cette opération d’une action pédagogique, dissuasive par rapport au degré de criminalité dans laquelle la ville de Kinshasa était plongée.
            L’accueil que la population congolaise dans son ensemble a réservé à l’opération « Likofi » a constitué toute la légitimité populaire que seuls les kuluna, leurs parents et toutes les personnes qui tirent bénéfice des crimes commis ne peuvent que salir en lui faisant porter des bavures relevées par les stylos du BCNUDH.
            Tirer des dividendes de toute nature des crimes commis par des bandits drogués nous semble la justification de la publication du rapport du Bureau conjoint des Nations unis des droits de l’homme qui est passé sous silence la souffrance que la population congolaise a endurée pendant plusieurs années.
            Une appréhension soutenue par le silence incompréhensible de cette même équipe d’enquêteurs sur le calvaire infernal subi par les nombreux Congolais expulsés des villes du Congo-Brazzaville à partir du mois d’avril courant par des exactions entraînées par l’opération « Mbata ya bakolo » (gifle des aînés en lingala). Des exactions qui n’ont pas échappé à l’œil et à l’oreille du patron de la Monusco, Martin Kobler.

Silence sur les violences subies par les expulsés d’Angola
            Et que dire des violences subies par les Congolais expulsés régulièrement d’Angola en plusieurs vagues ? Pourquoi le BCNUDH n’a jamais publié aucun rapport sur elles ? Est-ce parce qu’ils ne lui parviennent jamais ou c’est parce que les victimes sont des Congolais qui ne sont pas des hommes ou qu’ils n’ont aucun droit à revendiquer ?
            Pourquoi Scott Campbell au sens de rigueur élevé, d’impartialité sans faille et de justice incontestable a failli dans son enquête sur l’opération « Likofi » ? Lui dont le Bureau n’est pas à son premier rapport sur les violations des droits de l’homme, dont celui sur les violations des droits de l’homme commises par les miliciens sur les populations civiles dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu publié en 2012. C’est parce que lui ou ses hommes n’habitent pas les quartiers infestés par des kuluna ? Est-ce parce qu’un des leurs n’a jamais été victime de violence de ces bandits sans pitié ?
             Oublier que l’opération « Likofi » a sauvé des millions de personnes d’une situation désespérée, oublier aussi que les crimes commis calmement des années durant par des kuluna méritaient un répondant à la taille de la gravité de ces crimes, c’est, à notre avis, faire le porte-parole de ces gangsters, c’est prendre faits et cause pour eux. Et plus grave, c’est montrer aux délinquants que les actes qu’ils commettent ne sont pas répréhensibles. Un pas vite franchi par le très méticuleux Scott Campbell. En devenant d’un coup défenseur des droits des kuluna de commettre des crimes.

Kléber Kungu

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