Campbell, porte-parole des kuluna ?
Rien ne va plus entre la République
démocratique du Congo (RDC) et le Bureau conjoint des Nations
unies aux droits de l’homme (BCNUDH). Entre le gouvernement congolais et le
directeur pays du BCNUDH, Scott
Campbell, c’est le désamour parfait. A la base, le rapport du fonctionnaire
onusien sur l’opération Likofi dont le caractère partial a été dénoncé par le gouvernement
congolais. Etre le porte-parole des kuluna en défendant les crimes que ces
bandits urbains ont fait subir à la population congolaise, des années durant,
bien des observateurs doutent que Scott
Campbell ait décidé d’endosser cette casaque déshonorante.
Au commencement, était
le phénomène kuluna. Le phénomène kuluna engendra l’opération
« Likofi ». Le phénomène kuluna prit naissance dans des communes
comme Ngiri-Ngiri, Kalamu, avec des bagarres rangées entre des jeunes
délinquants de ces communes organisés en bandes dénommées « écuries »
dirigés par des chefs. En pleine journée ou la nuit, ces délinquants ne
craignaient personne ni rien : pour rien au monde, ils se mettaient à
casser tout sur leur passage lors des funérailles, des fêtes (mariages,
collation des grades académiques, baptêmes, anniversaires…)
L’appétit venant en
mangeant, pardon, la mort venant en violentant, ces jeunes délinquants ont vite
versé dans les violences les plus cruelles comme l’assassinat des paisibles
citoyens. Des hommes en armes compris. Des cas de violences dues aux kuluna
n’étaient plus à compter, tellement le phénomène avait gagné pratiquement
toutes les communes de Kinshasa. C’était la terreur la plus totale. Même les hommes
en armes avaient pris peur, une grande peur.
Des
policiers et des militaires assassinés par des kuluna
En effet, il est arrivé
que des policiers ou des militaires fussent blessés ou assassinés par des
kuluna. Les plus chanceux ont eu leurs membres coupés. Des crimes que la
plupart des médias congolais n’ont pas hésité à relayer. Et plusieurs chaînes
de télévision, particulièrement Molière TV, ont fait de ces feuilletons
macabres leurs choux gras. Diffusant des images d’une rare violence. Qu'a fait l’Onu lorsque les Kuluna
ont abattu froidement au quartier Jamaïque à Ngaliema le commandant second de
la base militaire de Kitona en 2013, ou
lorsqu'ils ont tranché la main d'un policier à Kasa-Vubu, ou lorsqu'ils
ont violé des jeunes filles qui étaient en veillée de prière dans une église à
Makala….? C’était l’apocalypse. Des cris de
détresse de la population se firent entendre de partout, criant au secours.
Des cris de détresse qui
étaient sans doute parvenus aux oreilles bien longues de Scott Campbell. Des
images qui n’ont pas échappé à la vigilance et à l’attention soutenues de
BCNUDH. Mais la population terrorisée n’a pas vu Scott Campbell et son équipe
lever leurs petits doigts investigateurs pour dénoncer ces crimes. Eux qui
n’avaient trouvé ni l’occasion ni le temps de mener des investigations, les
nombreux crimes de ces bandits urbains ont échappé à leur plume alerte. Sans
doute, ces crimes ne constituaient pas de violations des droits de l’homme. Car
commis par des kuluna sur des personnes qui ne sont pas des hommes ou qui n’ont
aucun droit à faire valoir !
Les cris de détresse de
la population victime ont été si bruyants qu’ils n’ont pas tardé à atteindre
l’oreille attentive du gouvernement. Qui décide de lancer l’opération
« Likofi » (Coup
de poing, en langue lingala). Nous sommes le 15 novembre 2013. Le ministre de
l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, Richard Muyej
donne des ordres précis aux éléments précis aux policiers commis à cette tâche.
L’objectif est de ne pas donner libre cours à tout dérapage.
Ouf de soulagement
Quelques semaines plus tard, la
population poussa un ouf de soulagement. Les résultats de la traque des kuluna
ne tardèrent pas à se faire voir auprès de la population. Ce fut la joie
totale. Ce fut le calme dans des quartiers naguère oasis d’insécurité. On peut
désormais sortir ou rentrer tard la nuit sans craindre les machettes des
kuluna.
La traque poursuivit son bonhomme de
chemin jusqu’au15 février 2014. Trois mois de lutte contre le banditisme urbain
bien réussie. Pour que les Kinois en particulier passent des fêtes de fin
d’année apaisées, le gouvernement a habillé cette opération d’une action
pédagogique, dissuasive par rapport au degré de criminalité dans laquelle la
ville de Kinshasa était plongée.
L’accueil que la
population congolaise dans son ensemble a réservé à l’opération
« Likofi » a constitué toute la légitimité populaire que seuls les
kuluna, leurs parents et toutes les personnes qui tirent bénéfice des crimes
commis ne peuvent que salir en lui faisant porter des bavures relevées par les
stylos du BCNUDH.
Tirer des dividendes de
toute nature des crimes commis par des bandits drogués nous semble la
justification de la publication du rapport du Bureau conjoint des Nations unis
des droits de l’homme qui est passé sous silence la souffrance que la
population congolaise a endurée pendant plusieurs années.
Une appréhension
soutenue par le silence incompréhensible de cette même équipe d’enquêteurs sur
le calvaire infernal subi par les nombreux Congolais expulsés des villes du
Congo-Brazzaville à partir du mois d’avril courant par des exactions entraînées
par l’opération « Mbata ya bakolo » (gifle des aînés en lingala). Des
exactions qui n’ont pas échappé à l’œil et à l’oreille du patron de la Monusco,
Martin Kobler.
Silence sur
les violences subies par les expulsés d’Angola
Et que dire des
violences subies par les Congolais expulsés régulièrement d’Angola en plusieurs
vagues ? Pourquoi le BCNUDH n’a jamais publié aucun rapport sur
elles ? Est-ce parce qu’ils ne lui parviennent jamais ou c’est parce que
les victimes sont des Congolais qui ne sont pas des hommes ou qu’ils n’ont
aucun droit à revendiquer ?
Pourquoi Scott Campbell au sens de rigueur élevé,
d’impartialité sans faille et de justice incontestable a failli dans son
enquête sur l’opération « Likofi » ? Lui dont le Bureau n’est
pas à son premier rapport sur les violations des droits de l’homme, dont celui
sur les violations des droits de l’homme commises par les miliciens sur les
populations civiles dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu publié en 2012.
C’est parce que lui ou ses hommes n’habitent pas les quartiers infestés par des
kuluna ? Est-ce parce qu’un des leurs n’a jamais été victime de violence
de ces bandits sans pitié ?
Oublier que l’opération « Likofi » a
sauvé des millions de personnes d’une situation désespérée, oublier aussi que
les crimes commis calmement des années durant par des kuluna méritaient un
répondant à la taille de la gravité de ces crimes, c’est, à notre avis, faire
le porte-parole de ces gangsters, c’est prendre faits et cause pour eux. Et
plus grave, c’est montrer aux délinquants que les actes qu’ils commettent ne
sont pas répréhensibles. Un pas vite franchi par le très méticuleux Scott
Campbell. En devenant d’un coup défenseur des droits des kuluna de commettre des
crimes.
Kléber Kungu
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