Selon une équipe
internationale de chercheurs
Le Sida serait parti de Kinshasa dans les
années 1920
La pandémie du
Sida serait partie de Kinshasa, alors Léopoldville, capitale de la République
démocratique du Congo (RDC), alors Congo belge, dans les années 1920, avant de se propager
dans le monde en pleine mutation selon une étude menée par une
équipe internationale de chercheurs des
universités britannique d'Oxford et belge de Louvain, publiée dans la revue
"Science" jeudi 2 octobre et publiée dans le magazine
Science. Une étude dont le résultats viennent de bouleverser de nombreuses
versions au sujet de l’origine de la maladie dite du siècle.
Cette
étude vient en effet de reconstituer le cheminement du virus du Sida,
responsable de 75 millions d'infections et de 36 millions de décès dans le
monde depuis son apparition. L’étude en question basée sur la génétique et la
biogéographie désigne Léopoldville à l'époque, Kinshasa aujourd’hui comme
origine de la propagation du rétrovirus. Cette équipe internationale de recherche a
pu reconstituer l'histoire génétique du rétrovirus VIH (virus de
l'immunodéficience humaine) responsable du sida, se concentrant sur la souche
du groupe M, la plus fréquente.
Les
chercheurs ont démontré dans leurs travaux que ce rétrovirus a été transmis des
singes à l'homme au moins à treize reprises, mais qu'une seule de ces
transmissions est responsable de la pandémie humaine. Ils ont abouti à la
conclusion selon laquelle c'est seulement cette transmission spécifique qui a
abouti à l'émergence du VIH-1, à l'origine de cette pandémie.
Pourquoi Kinshasa et non une autre ville
africaine ?
Les
résultats de ces travaux parus jeudi dans la revue américaine Science suggèrent
que l'ancêtre commun du VIH est "très probablement" apparu à Kinshasa
vers les années 1920.
"Nous
pouvons ainsi dire avec un degré élevé de certitude d'où et quand la pandémie
est partie", a déclaré le professeur Oliver Pybus du département de
zoologie d'Oxford, l'un des principaux auteurs de l'étude."Pour la
première fois, nous avons analysé toutes les données génétiques disponibles en
recourant aux dernières techniques phylogéographiques pour estimer
statistiquement l'origine du virus", a-t-il expliqué. "Nous pouvons
ainsi dire avec un degré élevé de certitude d'où et quand la pandémie est
partie", a-t-il précisé.
Donc
en prenant en compte certains paramètres dont les souches
responsables des nouvelles infections, leur origine génétique et leur
répartition géographique, les résultats de ces travaux suggèrent que l'ancêtre
commun du VIH est "très probablement" apparu à Kinshasa vers les
années 1920.
Au cours de
leur étude on ne peut plus médicale, les
chercheurs ont recouru à des échantillons du virus HIV pour reconstituer son
«arbre généalogique»). Les travaux offrent une présentation très claire des
conditions économiques et sociales qui ont formé un «alignement
des planètes» qui ont aidé la pandémie à se disséminer, là
où d’autres «variantes» du virus
sont restées contenues.
Comment le virus est-il passé du
singe à l'homme ?
Les chercheurs
pensent que le rétrovirus a été transmis des singes à l'homme au moins à treize
reprises. Toutefois, une seule de ces transmissions serait responsable de la maladie
chez l'homme. Tout en retenant que la théorie la plus communément admise est
celle de la viande de brousse. De là, plusieurs hypothèses : le
"patient zéro" serait un chasseur ayant subi une morsure par un singe
infecté, une écorchure consécutive au dépeçage de la proie ou ayant consommé
une viande insuffisamment cuite.
Le
virus se serait ensuite répandu le long du fleuve Congo jusqu’à atteindre
Léopoldville, aujourd’hui Kinshasa grande ville facilitant la transmission, en
raison de sa grande population et de sa position de hub, notamment en ce qui
concerne le réseau ferroviaire naissant.
Comment
le virus est parti de Kinshasa pour d’autres pays africains ? Nuno Faria, l’un
des virologues de l'Université d'Oxford donne la réponse. "Les
informations des archives coloniales indiquent qu'à la fin des années 40, plus
d'un million de personnes transitaient par Kinshasa par le train chaque
année". Il souligne que "nos données génétiques nous disent aussi que
le virus VIH s'est propagé très rapidement à travers le Congo, d'une superficie
équivalente à l'Europe de l'Ouest, se déplaçant avec des personnes par les
chemins de fer et les voies d'eau".
En définitive, les virologues ont
établi que l'émergence et la propagation du sida à partir de Kinshasa ont été
favorisées par la combinaison de facteurs, dont les pratiques alimentaires, l'urbanisation
rapide, la construction des chemins de fer en République démocratique du Congo
(RDC), alors le Congo belge, ainsi que des changements dans le commerce du sexe,
entre les années 1920 et 1960, une période d’environ quarante ans.
Ces
données précisent que le VIH aurait atteint Mbuji-Mayi et Lubumbashi dans
l'extrême Sud et Kisangani dans le Nord entre la fin des années 30 et le début
des années 50. Les premiers foyers se sont ainsi créés dans des villes qui
disposaient de bons réseaux de communication avec les pays du sud et de l'est
du continent.
En faveur d’une industrie du sexe en pleine
expansion, BBC souiigne qu’«un
grand nombre de travailleurs mâles arrivaient en ville, déséquilibrant le
rapport entre les sexes dans une proportion de deux hommes pour une femme et
conduisant à une explosion du sexe tarifé». A ce facteur s'ajoute
un phénomène médical: dans les cliniques qui traitaient les MST à l'époque, les
injections se faisaient souvent à l'aide de seringues non stérilisées.
Et les autres continents ?
Reste
à savoir comment le virus a pu voyagé d’un continent à l’autre. Selon Gilles
Pialoux, auteur de "Sida 2.0" et chef de service des maladies
infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon, à Paris, le rétrovirus aurait été
introduit en Haïti en 1966, puis en l'Amérique du Nord en 1972, et enfin en
Europe à la fin des années 1970 ou au début des années 1980.
Dès
1981, la première description du nouveau syndrome du sida par Mike Gottlieb
dans le "Morbidity Mortality Weekly Report" avait évoqué la très
grande fréquence de la maladie parmi les immigrés haïtiens aux États-Unis. Dans
une étude parue en 2007, le chercheur américain Michael Worobey propose
également le même cheminement. Sa conclusion est sans équivoque : surgi
d'Afrique, le virus s'est développé à Haïti entre 1962 et 1970. Puis une
variation a émergé aux États-Unis, véhiculée depuis Haïti par une seule
personne en 1969, sans précision sur son identité.
Depuis
sa découverte en 1981, la pandémie est déjà responsable de 75 millions
d'infections et de 36 millions de décès dans le monde.
Quelles théories cette étude contredit-elle ?
Jeune
Afrique, dans son site web, a également traité de ces travaux scientifiques en
aidant à donner la réponse à la question de savoir les théories que cette étude
a contredites. La "contre-théorie" des origines du sida qui connaît
probablement la plus grande audience est celle du vaccin anti-polio oral de Hilary Koprowski. Le
journaliste Edward Hooper suggère ainsi en 1999 que l’introduction du VIH dans
la population humaine est due à un vaccin antipoliomyélique oral, administré à
environ un million de personnes par le docteur Hilary Koprowski entre 1957 et
1960 dans l’ex-Congo Belge. Selon lui, les premiers vaccins de ce type ont été
"produits à l’aide de cellules de chimpanzés du camp Lindi contaminées par
le virus du sida du singe".
"Le
virus du Sida est si différent de par sa structure de tout autre virus qu'il ne
peut absolument pas avoir été formé par notre mère, la Nature", affirme
quant à lui le Dr Robert Strecker. Ce pathologiste américain soutient que le Sida est un virus fabriqué par l'homme,
et plus spécifiquement par le gouvernement américain. Selon le Dr Léonard
Horowitz, diplômé de santé publique de Harvard, les agents de Santé des USA,
auraient même propagé les germes pathogènes via des campagnes de vaccination
menées parallèlement en Amérique et en Afrique, et ce, avec la complicité de
l'Organisation mondiale de la santé.
L’avocat
en Droits humains internationaux, Boyd Graves, a quant à lui porté plainte
contre l'État fédéral américain pour obtenir des excuses du gouvernement. Il
soutient que les autorités ont "fabriqué" puis "diffusé" le
virus du sida à travers un projet de recherche secret, le "U.S. Special
Virus program" de 1948 à 1978. L'avocat a déclaré : "On comprend
mieux pourquoi les Noirs comptent pour 13% de la population et 50% des cas de
personnes frappées par le sida".
Selon
d'autres théories, cette arme bactériologique aurait été inoculée lors de campagnes de vaccination à l'encontre des
homosexuels. Des scientifiques affirment ainsi que l'épidémie a éclaté à
Manhattan en 1978, à la suite d'une campagne contre l'hépatite B pratiquée sur
des homosexuels avec un vaccin infecté par le sida.
Kléber Kungu
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