RDC
Le gouvernement congolais gèle
la sortie d’enfants adoptés
La République démocratique du Congo
(RDC) a décidé de geler la sortie d'enfants congolais adoptés par des couples
étrangers. C’est depuis le 25 septembre 2013 que la Direction générale de migration
(DGM) avait suspendu la délivrance d'autorisations de sortie pour les enfants
adoptés à l'étranger.
A l'époque, la DGM, avait indiqué que cette
suspension pourrait durer jusqu'à douze mois. Les autorités ont cependant décidé
de maintenir cette suspension « jusqu'à nouvel ordre ».
Un an déjà s’est écoulé depuis le
début du moratoire sur l’adoption des enfants de la RDC par des étrangers. En
reconduisant cette décision, le gouvernement congolais veut tout simplement
dire que les enquêtes doivent être poursuivies sur les allégations d’une
seconde adoption de ces enfants dans les
pays de destination.
En outre, d’autres allégations font
état de l’adoption des enfants par des
couples d’homosexuels. Ce qui demeure une chose inadmissible en RDC.
Aujourd’hui, la loi sur l’homosexualité tarde à être votée au Parlement
congolais dans un pays qui ne veut pas entendre parler de mariage entre
personnes de même sexe.
Découverte des
circuits parallèles
A tout prendre, l’origine même des
enfants destinés à l’adoption pose aussi problème au Congo-Kinshasa. Il y a
peu, la Direction générale de migration (DGM) a découvert que certains enfants
en partance pour les Etats-Unis d’Amérique ont tout simplement été vendus par
des proches parents les faisant passer pour des enfants sans famille. Ce qui ne
peut être qualifié simplement que de trafic illicite d’êtres humains.
La DGM est intriguée surtout par
l’obstination de certains étrangers qui, malgré le moratoire, cherchent à
contourner la décision et faire sortir coûte que coûte des enfants du pays. Le
démantèlement récent d’un réseau à partir de la frontière avec la Zambie a mis
en cause aussi certains responsables de l’administration à Kinshasa et à
Lubumbashi. Ces responsables sont accusés de faux et usage de faux en fabriquant de faux documents avec lesquels
les faux parents voyagent pour les Etats-Unis en compagnie des enfants.
Souci de protéger les enfants
En 2013, la DGM avait
justifié sa mesure de gel par un souci de protection de l'enfance, après avoir
reçu des informations selon lesquelles des enfants congolais adoptés dans
certains pays auraient été maltraités ou transférés à des couples homosexuels. Or,
la loi congolaise interdit l'adoption d'enfants par des couples homosexuels.
La décision de prolonger la
suspension sine die a été prise parce que les enquêtes "sur la situation
post-adoption des enfants congolais dans les pays d'accueil" n'ont
"pas encore abouti", selon une source. Une source diplomatique citée
par l’agence d’information belge Belga, une mission d'enquête comptant
plusieurs représentants du gouvernement congolais qui devaient se rendre il y a
quelques mois dans un pays occidental a été annulée à la dernière minute par
les autorités de Kinshasa.
La suspension des autorisations de
sorties pour les enfants adoptés concerne plusieurs centaines d'enfants. Depuis
un an, quelques dizaines d'enfants ont pu obtenir l'autorisation de sortie et rejoindre
leurs familles adoptives, à la suite de dérogations accordées après des
tractations diplomatiques. Ce sont des familles américaines, belges,
canadiennes, françaises et italiennes qui adoptent principalement les enfants
congolais..
Lobbying de John Kerry
En visite à Kinshasa au mois de mai
dernier, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a profité de son séjour
congolais pour demander au Président Joseph Kabila de lever la mesure que le
gouvernement a pris sur la suspension de déplacement du territoire congolais
des enfants adoptés.
A l’origine du lobbying de John
Kerry, beaucoup de couples étrangers ayant adopté en RDC se trouvaient
concernés par cette décision. Notamment la Belge Sénéchal qui s’était vu non
seulement interdire de voyager avec l’enfant qu’elle avait adopté vers la Belgique,
mais aussi elle vait été condamné à des peines privatives de liberté.
Quatre mois après l’intervention de
M. Kerry, la position du gouvernement congolais n’a pas bougé d’un iota. Une
position du reste responsable car il tient à tout prix à voir clair sur
l’avenir de plus de quinze enfants congolais adoptés par des Belges depuis 2012
et qui sont bloqués à l’ambassade de Belgique en RDC.
Kléber Kungu
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