Neutralisation de la LRA en RDC
Vers une coalition FARDC-soldats américains et Monusco
Le degré de nuisance en République démocratique du Congo (RDC) de la
rébellion de l’Armée de résistance du seigneur (LRA pour Lord’s Resistance of
Army) de l’Ougandais Joseph Kony est telle que l’option d’une coalition entre
les Forces armées de la RDC(FARDC), les Casques bleus de la Monusco et l’US
Africom (le Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique). Martin Köbler, patron
de la Monusco a fait cette annonce lors de son dernier déplacement en Ituri, dans la province
Orientale en compagnie du chargé
d'affaires de l'ambassade des États-Unis Eric Madison.
Le représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu
en RDC, Martin Kobler, préconise, dans la lutte contre les rebelles ougandais
de la LRA, des opérations conjointes entre l’armée congolaise, la Monusco et
l’US Africom (Le Commandement des États-Unis pour l’Afrique). Kinshasa,
apprend-on, semble adhérer à cette coopération militaire renforcée.
Martin Kobler a affirmé que le déplacement
des deux personnalités démontrait leur « engagement commun en vue de la
neutralisation de tous les groupes armés en RDC, y compris la LRA". Un
communiqué de la mission onusienne, Martin Kobler et Eric Madison ont profité
de leur rencontre pour débattre des divers moyens visant à accroître la
coopération entre les forces américaines et celles de la Monusco afin
d'accélérer la neutralisation complète de la LRA au Congo Kinshasa.
GI’S sur le sol congolais ?
Des GI’S sur le sol congolais ?
Cette éventualité pousse à quelques questionnements au regard des réticences
des Américains d’intervenir dans des champs militaires extérieurs. Si les
Etats-Unis d’Amérique décident d’envoyer - sans tergiverser - leurs enfants
mourir pour venir en aide aux Congolais confrontés aux exactions de la
rébellion de Joseph Kony, la chose mérite des interrogations et analyses aussi
bien de la part des Congolais que des observateurs bien avertis.
D’autant plus que pour envoyer ses
soldats combattre actuellement contre les djihadistes de l’organisation de
l’Etat islamique en Irak, Washington prend tout son temps pour bien réfléchir
avant de prendre la décision. Aujourd’hui, les Etats-Unis d’Amérique tergiversent
encore avant de décider d’intervenir en Syrie pour mener des frappes aériennes
contre ces islamistes, alors que les rebelles syriens ont commencé à crier au
secours depuis longtemps.
Moralité : si donc la décision
d’intervenir en RDC est vite prise, c’est qu’il y a plus que le souci de
secourir les Congolais. Plus que cela, on peut penser aux intérêts qui peuvent
faire courir les GI’S à des milliers de kilomètres de leur territoire.
En outre, loin de minimiser la
menace que les rebelles ougandais de la LRA font peser en RDC, il y a des
raisons de nous poser la question de savoir la menace que représente la LRA
pour justifier l’arrivée des soldats américains sur le sol congolais.
Quoiqu’encore caractérisée par ses exactions brutales (viols, pillages, kidnappings…),
la LRA, très affaiblie depuis 2005 et amoindrie dans ses effectifs aujourd’hui,
présente moins de dangers qu’il y a quelques années. Certaines sources parlent
de quelques centaines seulement le nombre de combattants que compte
actuellement l’Armée de résistance du seigneur qui sont maintenant parsemés
entre le Nord-Est de la RDC, la Centrafrique et le Soudan du Sud.
Plus de 160 000 militaires
contre 400 rebelles !
Donc, un groupuscule qui, tout en
étant dangereux, bien entendu, est loin d’inquiéter les effectifs des FARDC
(plus de 140 000 soldats), épaulés par ceux de la Monusco (19 539 Casques
bleus et une brigade d’intervention de la Monusco forte de 3 069 soldats. Donc,
que peuvent faire environ 400 rebelles de la LRA contre plus de 160 000 soldats ? Pour cela, il
faudra encore rechercher à renforcer ces effectifs par ceux de l’Africom ?
Pour quelles raisons ?
Il y a lieu de nous rappeler qu’il y
a quelques années, ces mêmes Américains avaient offert leurs services de bons
offices aux pays affectés par les exactions de la LRA – Ouganda, RDC,
Centrafrique et Soudan du Sud pour mieux lutter contre cette pègre ougandaise.
Mais depuis, les rebelles ougandais n’ont pas perdu de leur nuisance.
Si la LRA garde encore son degré de nuisance, c’est
plus un problème de stratégie de lutte mise en place qui est encore inadéquate
et inefficace que celui des effectifs des troupes appelées à combattre ces
rebelles. Car il y a lieu de retenir un élément capital : les rebelles de
la LRA, en nombre réduit, combattent éparpillés dans la forêt, sans endroit
fixe. Ils opèrent par des incursions spontanées et sporadiques.
De la à considérer que plus de
160 000 hommes - auxquels il faut adjoindre des GI’S dont on ignore encore
le nombre - doivent être mobilisés pour combattre quelques centaines de
rebelles, il faut s’interroger sur les véritables motivations de cette option.
Depuis maintenant 26 ans, la LRA du
rebelle ougandais Joseph Kony, terrorise les populations de République
démocratique du Congo (RDC), de la République centrafricaine, de l’Ouganda et
du Soudan du Sud. D’après le HCR, entre décembre 2008 et fin 2011, la LRA
a tué 2 000 personnes, en a enlevé
plus de 2 600 et a provoqué le déplacement de 400.000 habitants notamment en Province
Orientale e dans l'Est de la RDC.
Kléber Kungu
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