L’insécurité a
la peau dure dans le territoire de Beni
Kabila menace les
ADF, les rebelles le défient
Au cours d’une adresse à
la population de Beni, lors de son dernier séjour dans le territoire éponyme
meurtri par une série de massacres d’une centaine de ses habitants, Joseph
Kabila a menacé les rebelles ougandais des ADF/Nalu de les vaincre à tout prix.
Les rebelles ont riposté en tuant une dizaine d’autres personnes quelques jours
après le départ de Joseph Kabila. Un défi que les FARDC appuyées par la Monusco
se doivent de relever coûte que coûte.
Le président Joseph Kabila s’adressait ainsi en swahili à
la population de la ville de Beni peu avant son retour à Kisangani, Province
Orientale, après avoir séjourné à Beni pour
compatir au malheur de la population endeuillée par des massacres à répétition
attribués aux rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF)
"Les ADF doivent comprendre que nous allons les
vaincre. Ceux qui pensent que nous devons négocier avec les ADF, qu'ils
oublient, car la réponse est non. On ne peut pas négocier avec les
terroristes", a-t-il menacé, la rage au cœur.
Tout en réarmant le moral d’une population meurtrie par
cette série de massacres très meurtriers, Joseph Kabila a invité son interlocutrice à l’unité pour
chasser hors du territoire national cet ennemi commun que sont ces rebelles
ougandais.
Ne pas avoir peur
"Nous ne devons pas avoir peur, nous devons rester
soudés pour bouter hors du territoire congolais les ADF", a-t-il insisté. "Nous ne devons pas tomber dans
le piège de l'ennemi, qui consiste à stigmatiser les musulmans. L'islam n'est
pour rien dans les barbaries qui se font chez nous, à Beni", a plaidé
Joseph Kabila
Le président Joseph Kabila, qui est arrivé mercredi 29
octobre à Beni, chef-lieu du territoire éponyme, situé dans la province du Nord-Kivu,
s'exprimait pour la première fois depuis une série de massacres commis dans ce
territoire meurtri par de nombreuses attaques attribuées aux présumés rebelles
ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF), actives dans une zone
montagneuse de la région depuis 1995.
Depuis janvier, les FARDC et la Monusco ont lancé
plusieurs attaques contre ces rebelles. Des attaques qui les ont affaiblis,
sans les avoir anéantis. Ainsi ont-ils repris leurs attaques aussitôt après le
décès brutal, samedi 30 août, en Afrique du Sud, du général Jean-Lucien Bahuma,
qui menait les opérations contre ces rebelles. Dans la foulée, Joseph Kabila a
annoncé un changement de commandement des opérations de lutte contre les ADF,
sans en dévoiler la teneur.
L’adresse du chef de
l’Etat est intervenue après avoir rencontré
différentes couches de la population du territoire de Beni.
14 autres personnes
tuées
Comme pour défier le
président Kabila, qui séjournait encore à Beni, quatorze autres personnes
venaient d’être massacrées à la machette
dans une attaque menée dans la nuit de mercredi 29 à jeudi 30 octobre dans la
localité de Kampi ya Chui, territoire de Beni. Cette localité, une carrière
minière, dans une zone reculée, se trouve au nord de la ville de Beni.
Les 14 morts portaient
ainsi à 100 le nombre de personnes tuées au cours du seul mois d’octobre dans
cette partie de la RDC en proie à une forte insécurité.
Alors qu’on croyait les
rebelles menacés avoir eu peur, nous avons appris qu’une dizaine d’autres
personnes venaient d’être tuées par des hommes armés
dans la nuit de samedi 1er novembre,
dans la ville de Beni, quelques heures après le départ de Joseph Kabila de
cette ville où il a séjourné pendant quatre jours. La société civile,elle,
parle de 14 morts. Ce massacre est incontestablement un défi lancé aux FARDC
par bandits armés.
La nouvelle attaque meurtrière, apprend-on,
est perpétrée aux environs de 19 heures locales lorsque les assaillants ont
fait incursion dans la commune de Rwenzori. Selon la Société civile citée par
le site web de la Radio Okapi, l’attaque a fait
14 morts dont deux militaires. .Au quartier Boikene, ces hommes
armés ont tiré sur les habitants des cellules de Sobiede et
Municipale avant de disparaître dans la brousse vers Kasinga à l’arrivée
des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
Ce
nouveau massacre a poussé la population des quartiers Ngadi et Boikene à
descendre dimanche 2 novembre
matin dans la rue pour protester contre ces massacres à
répétition.Pris de colère, les manifestants ont d’abord endommagé le
monument du chef de l’Etat Joseph Kabila, situé dans le quartier Malepe, avant
de se diriger ensuite vers la mairie de Beni où ils ont été dispersés par
les policiers et les militaires.
Défi lancé aux FARDC et à la Monusco
Perpétré quelques heures après le départ du chef de
l’Etat de la ville de Beni, où il a séjourné pendant quatre jours, ce nouveau
massacre paraît comme un véritable défi lancé à l’armée congolaise et à la Monusco et en
même temps un affront au chef de l’Etat qui, dans son adresse à la population
de Beni, a exprimé sa volonté de vaincre les rebelles ougandais des ADF.
Au cours de son séjour à
Beni, Joseph Kabila s’était entretenu avec les forces sociales et
politiques de cette ville pour mettre fin à l’insécurité qui prévaut depuis
plus d’un mois dans ce territoire du Nord-Kivu où les présumés rebelles
ougandais des ADF ont tué plus de 80 personnes en l’espace d’un mois. Les victimes sont pour
la plupart des hommes, des femmes et des enfants tués essentiellement à l'arme
blanche (machette, marteau, hache) et parfois décapités.
Dans
son adresse vendredi 31 octobre à la population de Beni, Joseph Kabila a
souhaité voir la Monusco renforcer sa présence dans cette zone pour faire face
aux problèmes d’insécurité. ..
Le représentant
spécial du secrétaire général des Nations unies en RDC, Martin Kobler, a
« accueilli favorablement » la demande du président Joseph
Kabila de renforcer la présence des troupes de la Monusco dans le territoire de
Béni et les environs (Nord-Kivu).
Ainsi,
dans un communiqué de presse publié vendredi 31 octobre, le patron de la
Monusco a assuré que ces renforts «permettront aux FARDC de s’engager plus
vigoureusement contre les rebelles de l’ADF».
Depuis un mois, le territoire de Beni fait face à des
attaques d’hommes armés dont des présumés rebelles ougandais des ADF, qui ont
fait plus d’une centaine de personnes en l’espace d’un mois. Quatorze personnes
ont été massacrées à Beni pendant que le
chef de l’Etat séjournait dans cette ville, après que neuf corps ont été
découverts quelques jours avant.
Alors
que l’opération « Sokola » est appelée à être relancée et que la
Monusco à renforcer sa présence dans ce territoire, voilà que des assaillants
viennent à nouveau de lancer un défi aux FARDC et à la Monusco. Les deux forces
doivent relever ce défi à la hauteur des pertes en vies humaines subies En
outre, le problème de l’insécurité chronique due aux massacres à répétition
dépasse le seul cadre des ripostes militaires. Il y a nécessité de voir plus
clair s’il n’existe pas de complicités tant militaires que civiles qui
facilitent cette insécurité.
Kléber Kungu
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