Virus Ebola
La communauté internationale en quête de un milliard de dollars
Un projet de résolution sur Ebola en élaboration au
Conseil de sécurité
2 461 morts sur 4 985 personnes contaminées,
tel est le bilan macabre de la maladie à virus Ebola dont la progression est
loin de s’arrêter. Depuis son déclenchement en Guinée Conakry en décembre 2013,
avant de s’étendre sur d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, le Liberia, la
Sierra Leone, le Nigeria, et d’Afrique centrale, notamment la République démocratique
du Congo (RDC), quoiqu’ici d’une autre souche, l’épidémie, contre lequel aucun
traitement ni aucun vaccin n’existe, compte à son actif plus de 2.400
morts, selon le dernier bilan de l’OMS. Il n’a pas
fallu plus de victimes pour que la communauté internationale, les Etats-Unis
d’Amérique à sa tête, sorte de sa presque torpeur.
Face à ce qu’elles ont qualifié d’"un
énorme défi financier", les Nations unies sont passées à la vitesse supérieure en demandant,
mardi 16 septembre, à Genève (Suisse), près d'un milliard de dollars
(773 millions d'euros) pour lutter contre le virus qui frappe l'Afrique de
l'Ouest et la RDC. Cette demande a été évoquée par la patronne des opérations
humanitaire des Nations unies, Valérie Amos, au cours d’une conférence de
presse. Une somme qui correspond à près du double des fonds déjà demandés
par l'organisation.
Les
besoins pour enrayer l’épidémie ont été estimés, ces dernières semaines, par l'Organisation
mondiale de la Santé à au moins 370 millions, puis à 450
millions d'euros début septembre.
Lorsque l’OMS, par la voix de son directeur général adjoint, Bruce
Aylward, a indiqué que 22,3 millions de personnes vivent dans des régions
où le virus a été signalé, que l'épidémie a fait 2 461 morts sur
4 985 personnes contaminées dans cette zone et que, par conséquent, "la crise à laquelle nous sommes
confrontés n'a pas d'équivalent dans l'époque moderne", la communauté
internationale a pris la mesure de l’ampleur du drame humanitaire qui se
déroulait sous ses yeux sans qu’elle ne réagisse convenablement.
Pour faire bouger les choses, il
importait d’user d’un discours alarmiste capable de toucher la sensibilité de
la communauté internationale. Pour Bruce Aylward, les précédentes estimations évoquant jusqu'à 20 000
contaminations
ne semblent désormais plus si élevées, en s’alarmant que. "Nous ne savons pas jusqu'où grimperont
ces chiffres". Toutefois, le nombre de cas pourrait
rester dans l'ordre des dizaines de milliers si la réaction de la communauté
internationale est "bien
plus rapide".
D'après le document de l'Onu qui estime
que 20.000 personnes seront infectées par Ebola d'ici à la fin de l'année, il
précise que 16% seront en Guinée, 40% au Liberia et 34% en Sierra Leone.
Les Etats-Unis en
danse
Les
Etats-Unis d’Amérique n’ont pas voulu rester en dehors de cette croisade contre
le virus Ebola. Aussi le président américain, Barack Obama, a-t-il présenté au Congrès mardi 16 septembre son plan
d’action pour endiguer le fléau du virus Ebola en Afrique de l’Ouest. Il a réclamé
l’engagement des autres pays occidentaux pour une enveloppe de 88 millions de
dollars américains. Le vote, dont l’issue favorable semble acquise,
devrait avoir lieu cette semaine. Sur ce total, 30 millions seront
consacrés à l’envoi de matériel et d’experts sur le terrain et 58 millions au
développement de traitements et de vaccins. Ce qui
porterait à 250 millions de dollars la contribution totale des Etats-Unis.
L’initiative pourrait comprendre
l’envoi de nouveaux hôpitaux mobiles, de médecins et d’experts, de matériel
médical ainsi que la mise en place de formations pour les personnels de santé
locaux. Barack Obama veut également profiter de l’assemblée générale des
Nations Unies, la semaine prochaine, pour réclamer un plan de bataille
international renforcé, et notamment des engagements financiers et la
fourniture de matériel et de personnel médicaux.
Le Conseil de sécurité des Nations
unies va tenir, par ailleurs, une «réunion d’urgence» demain jeudi 18 septembre
après-midi sur le sujet. Pour l’ambassadrice américaine à l’Onu, Samantha
Power, il est très inhabituel que le Conseil de sécurité, chargé de veiller à
la paix et à la sécurité internationales, se saisisse d’un dossier de santé
publique.
Détermination à contrer le fléau
Samantha Power a exprimé la détermination des Nations unies à
contrer la maladie, tout en évitant de céder à la panique. «Nous pouvons
contenir [l’épidémie d’Ebola] et il faut éviter de céder à la panique (...)
mais notre réponse collective n’a pas été suffisante», a-t-elle affirmé.
Il faut dire que la communauté
internationale a perdu beaucoup de temps avant de briser son silence. Le virus
Ebola est parti de la Guinée Conakry depuis décembre dernier avant de s’étendre
lentement mais sûrement sur d’autres pays, comme le Liberia, la Sierra Leone.
Le cas de deux Américains contaminés par le virus, mais qui ont été guéris complètement,
et d’autres cas des personnels soignants, n’ont pas suffi à pousser la
communauté internationale à intervenir à temps.
Il n’existe actuellement aucun
médicament ni vaccin homologué contre Ebola. Un vaccin expérimental, efficace
sur des singes, fait l’objet d’un essai clinique depuis début septembre aux
Etats-Unis. Si les résultats sont probants, il pourrait être prêt avant fin
2015.
Plus de 100 experts des CDC se
trouvent sur le terrain en Afrique de l’Ouest et nombre d’autres sont mobilisés
sur l’épidémie à Atlanta.
Depuis l’apparition de la maladie
mortelle en 1976, la communauté internationale est restée les bras croisés,
sans se lancer dans des recherches pour trouver des médicaments. Voilà que près
de 40 ans après, elle resurgit sous une autre souche, dans une autre zone
géographique que celle dans laquelle elle avait vu le jour, prenant tout le
monde de cours, le monde scientifique en particulier, qui a perdu beaucoup de
temps à ne rien faire.
Ce qu’a reconnu la commissaire européenne à
l’Aide humanitaire, Kristalina Georgieva en déclarant que la communauté
internationale a «perdu un temps précieux» pour réagir à l’épidémie. Elle a
ainsi exhorté l’Union européenne (UE) à «présenter en tant que telle un très
fort engagement» lors de la réunion internationale organisée fin septembre par
l’Onu à New York.
L’Organisation mondiale de la santé
(OMS) estime désormais qu’il faudra neuf mois pour enrayer l’épidémie, avec des
besoins évalués à près de 500 millions d’euros.
Des militaires américains en
Afrique pour lutter contre le virus
Dans l’entre temps, le président
Barack Obama a annoncé l’envoi de quelque 3.000 militaires américains en
Afrique de l’Ouest pour participer à la lutte contre le virus. C’est lors de la
visite au siège des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), à
Atlanta (sud) que M. Obama a présenté son plan d’action L’essentiel des efforts
américains seront concentrés au Liberia, l’un des trois pays les plus touchés
par le virus avec la Sierra Leone et la Guinée, avec l’installation dans la
capitale Monrovia d’un centre de commandement pour assurer la coordination des
opérations.
Il est prévu que les militaires
participent en particulier à la construction de nouveaux centres de traitement
dans les zones les plus touchées et que le gouvernement américain aide au
recrutement et à la formation des personnels chargés de les gérer. Les
Etats-Unis mettront en place un centre permettant la formation de 500
travailleurs sanitaires par semaine pendant au moins six mois.
Les Etats-Unis d’Amérique entendent
ainsi apporter « une véritable réponse internationale» contre la maladie à
virus Ebola. estimant que le plan qui sera présenté par M. Obama devrait
contribuer à «faire reculer» l’épidémie, la plus grave de l’histoire de cette
fièvre hémorragique identifiée pour la première fois en 1976.
Un projet de résolution
sur Ebola en élaboration
Dans ce cadre, l’Agence américaine
pour le développement international (USAID) distribuera, en partenariat avec
l’Unicef, des kits de protection destinés aux 400.000 familles les plus
vulnérables du Liberia. A ce stade, les Etats-Unis ont déjà consacré 100
millions de dollars à la lutte contre le virus. L’USAID a annoncé son intention
de débloquer 75 millions de dollars pour augmenter en particulier le nombre de
centres de traitements.
La réunion de jeudi sera ouverte aux représentants des pays les plus
touchés par l’épidémie : Liberia, Sierra
Leone, Guinée. Devraient
aussi y participer le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, la directrice
générale de l'Organisation mondiale de la santé, Margaret Chan, et le coordinateur de l'ONU pour Ebola, le
Dr David Nabarro.
Une
réunion ministérielle sur Ebola doit aussi se tenir le 25 septembre à New York
en marge de l'Assemblée générale de l'ONU et les cinq pays membres permanents du Conseil ont commencé
à élaborer un projet de résolution sur Ebola, qu'ils doivent
soumettre ensuite à leurs partenaires du Conseil.
Kléber Kungu
Kléber Kungu
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