Pour sa prise en charge des
femmes violées dans l’Est de la RDC
Le Dr Denis Mukwege, lauréat du prix Solidarité 2014
Le Dr Denis Mukwege
vient d’obtenir le prix Solidarité 2014 jeudi 16 octobre pour son aide aux
femmes violées dans l’est de la République Démocratique du Congo. Ce médecin
gynécologue, de réputation internationale, n’est plus à présenter et les
différentes distinctions qui ont honoré son élogieux travail en RDC ne sont
plus à compter.
L’hôpital
St Pierre, associé à l’ONG Médecins du Monde, décerne pour la première fois le Prix Solidarité ce jeudi 16
octobre. Le lauréat est déjà connu : il s’agit du docteur Mukwege, ce médecin
congolais qui, au Sud-Kivu, consacre sa vie à réparer les femmes qui ont été
déchirées par les viols brutaux qui leur sont imposés.
Programme de la soirée
Lors de la soirée de gala du 16
octobre, 140 invités partageront un buffet dînatoire dans la salle gothique de
l'Hôtel de Ville de Bruxelles en présence de célébrités du monde artistique et
sportif.
La soirée qui prévoit d'être riche en émotion, avec des prestations artistiques inattendues, sera résumée dans les médias et sur ce site après le 16 octobre.
La soirée qui prévoit d'être riche en émotion, avec des prestations artistiques inattendues, sera résumée dans les médias et sur ce site après le 16 octobre.
Des personnalités politiques, des
journalistes, des médecins, des responsables du CHU Saint-Pierre et des
donateurs seront réunis autour de cette cause commune en soutien au travail du
Dr Mukwege et son équipe.
Quelques célébrités invitées ou déjà
annoncées: José van Dam, Khadja Nin, Viktor Lazlo, Philippe Lafontaine,
Maurane, Laurence Bibot, Fabien Degryse, Philippe Geluck, Kroll, Eddy Merckx,
Jacky Ickx.
Médecin, gynécologue et ambassadeur
des populations martyres de l'Est de la République Démocratique du Congo, le
docteur Denis Mukwege est devenu le créateur d'un «îlot en enfer» comme
l'explique le livre du même nom qu'il a signé avec Guy-Bernard Cadière.
Wikipedia résume merveilleusement le
parcours d'un homme «hors du commun»:
Fils d'un pasteur
protestant, il a effectué ses études primaires à l'Athénée royal de Bukavu. Ses
études secondaires ont été faites à l'institut Bwindi de Bukavu où il obtint un
diplôme en biochimie en 1974. Après deux années passées à l'UNIKIN à la faculté
de polytechnique, il trouve enfin sa voie à la faculté de médecine du Burundi
où il est inscrit en 1976.
Son diplôme de médecin en poche en
1983, il fera ses premiers pas professionnels à l'hôpital de Lemera au sud de
Bukavu. En 1984, il obtint une bourse pour faire une spécialisation en
gynécologie à l'université d'Angers en France. Malgré un bon travail bien
rémunéré en France, en 1989, il choisit de retourner au pays pour s'occuper de
l'hôpital de Lemera dont il devint médecin directeur. Malgré le salaire de
misère, il y passe des années heureuses où il aide des milliers de femmes
stériles à connaître la joie de la maternité.
Cette période heureuse sera
brutalement interrompue avec l'arrivée de la première guerre de libération en
1996 où l'hôpital sera sauvagement détruit. Plusieurs malades et infirmiers
seront sauvagement tués, le Dr Denis Mukwege s'en sortira miraculeusement. Il
se réfugie à Nairobi. Plutôt que de tourner définitivement la page du Congo, il
décide d'y retourner. Avec l'aide du PMU (Pingstmissionens
Utvecklingssamarbete, organisme caritatif suédois), il y fonde l'hôpital de
Panzi où il va découvrir une pathologie nouvelle qui va profondément marquer le
restant de sa carrière: la destruction volontaire et planifiée des organes
génitaux des femmes. Il fait connaître au monde la barbarie sexuelle dont les
femmes sont victimes à l'Est du Congo où le viol collectif est utilisé comme
arme de guerre.
Pour faire face à cette épidémie
volontaire, il s'est spécialisé dans la prise en charge des femmes victimes de
viols collectifs. Cette prise en charge des femmes victimes de violences
sexuelles est générale. Elle concerne les domaines tant physique, psychique,
économique que juridique. Sur le plan médical, il est reconnu comme l'un des
spécialistes mondiaux du traitement des fistules. C'est à ce titre qu'il a reçu
un doctorat honoris causa de l'université d'Umeå (Suède) en octobre 2010. Au
cours de la même année, il a reçu la médaille Valemeberg de l'université du
Michigan.
En 2008, il a reçu le
prix Olof Palme et le Prix des droits de l'homme des Nations unies. En 2009, il
a obtenu le Prix français de droit de l'homme, il a aussi été fait chevalier de
la Légion d'honneur française.
Dans la même année, il sera élu
Africain de l'année par une association de presse africaine. En 2010, il a
obtenu le prix Van Goedart aux Pays-Bas. En Belgique en 2011, il a reçu
successivement trois prix: le prix Jean-Rey, le prix Roi-Baudoin et le prix de
paix de la ville d'Ypres, qui lui sera remis en novembre 2011.
Le 25 octobre 2012, Mukwege est
victime d'une agression alors qu'il se dirige vers sa maison en plein centre de
Bukavu. Le gardien de sa maison est abattu à bout portant après l'avoir alerté
d'un danger, sa voiture est incendiée et Mukwege est ligoté, mais les gens du
quartier se portent à son secours et il est sain et sauf.
Le 7 octobre 2013, il se voit
décerner le Grand Prix de la fondation Chirac pour la prévention des conflits.
Son nom a été d'autre part cité pour le Prix Nobel de la Paix 2013, aux côtés,
entre autres, de la Pakistanaise Malala Yousufzai et de la magistrate
guatémaltèque Claudia Paz y Paz. Le 3 février 2014, il sera fait docteur
honoris causa de l'Université Catholique de Louvain (UCL), qui met en avant son
«anticonformisme porté par des valeurs de liberté, respect et audace».
Le
docteur Denis Mukwege est aussi candidat lauréat du prix Sakharov dont la
décision définitive de désignation du lauréat est fixée ce 16 octobre.
Le
« prix Sakharov pour la liberté de l’esprit » est décerné chaque année par le
Parlement européen. Il est destiné à récompenser des personnalités
exceptionnelles, connues pour leur lutte contre l’intolérance, le fanatisme et
l’oppression, à l’instar du physicien russe Andrei Sakharov, prix Nobel de la
paix en 1975. Celui-ci, après avoir été l’inventeur de la bombe à hydrogène,
est devenu le plus célèbre, le plus offensif des dissidents russes, luttant
contre l’armement nucléaire et fondant un Comité pour la défense des droits de
l’homme et des victimes politiques.
Kléber Kungu
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