dimanche 16 mai 2010

L’ITC Luyindu/Kinshasa champion en présence de la famille Erik Leander

Challenge Erik Leander/3e édition
L’ITC Luyindu/Kinshasa champion en présence de la famille Erik Leander
(Par Kléber Kungu, notre envoyé spécial à Luozi)
L’Institut technique commercial (ITC) Luyindu de Kinshasa a été sacré champion de la 3ème édition du challenge Erik Leander en battant l’Institut Kilombo de Kisantu sur le score de 4 buts à 1, en présence de la famille Erik Leander. Jan Leander, Stina Leander, Johan Leander, Marie Leander, Erika Leander, ainsi que Åke Eklöf, respectivement père, mère, frère cadet, tante paternelle et cousine d’Erik Leander et missionnaire sont venus spécialement de Suède pour vivre cette grande fête de football. En communion avec des milliers de Luoziens qui ne jurent désormais que par la phase finale de ce championnat qui draine beaucoup de monde chaque deux ans.
Lorsqu’à 17h55’ – alors qu’il fait déjà sombre – le coup de sifflet final de l’arbitre national Justin Mayabuana retentit, une forte clameur de joie, de satisfaction…envahit tout le stade Bidimio, avant de se répandre sur toute la cité de Luozi : la 3ème édition du challenge Erik Leander vient de prendre fin, de manière historique et solennelle. En présence de ceux qui avaient donné la vie à Erik Leander, ce jeune footballeur suédois, décédé à l’âge de 16 ans. J’ai vu la famille Erik Leander rougir d’émotion devant des milliers de Luoziens jubilant de joie : Les Leander ont vécu et continuent de vivre, par eux-mêmes, l’ampleur que prend cette phase finale d’une compétition de football scolaire qu’organise chaque deux ans, depuis 2004, la Communauté évangélique du Congo (CEC) par son département de l’enseignement dirigé par le pasteur Mathieu Diangitukulu Edi Yavengi.
Une finale qui va commencer par un symbole sportivement significatif : c’est Jan Leander qui va remettre au trio arbitral - Justin Mayabuana, Zuani Bondia, Jadot Matuka – le ballon devant servir à cette finale, après avoir lu un mot chargé d’émotion (lire l’encadré). Une prière dite par le pasteur Jean-Clément Nyambudi, président honoraire de la CEC – l’organisatrice est une Eglise ! – va cimenter spirituellement la finale. D’autres symboles vont marquer cette 3ème édition : il va échoir à chaque membre de famille de remettre le prix aux 2 finalistes (ITC Luyindu et Institut Kilombo) et aux 2 demi-finalistes (Institut Mawanda, 3e, et Institut technique agricole (ITA) Ngombe-Mbeya, 4e). Avant que l’administrateur de territoire assistant Gérard Musualu ne remette la coupe au capitaine de l’équipe championne après l’avoir reçue de Jan Leander.
Après avoir semé à des milliers de kilomètres de son pays, la famille Leander s’est chargée de venir vérifier le niveau atteint par ce qu’elle a planté. Ce n’est ni la distance ni les risques qui ne l’ont dissuadée. 82 heures environ, dont 58 de vol (Etats-Unis-Suède-Kinshasa-Suède-Etats-Unis) et 24 heures de véhicule (Kinshasa-Luozi-Kinshasa) pour 12 500 km : les Leander venus de Suède et des Etats-Unis (Marie et sa fille Erika Leander) ainsi que Åke Eklöf, qui leur a servi de guide, n’ont pas hésité de prendre ce goût du risque sur lequel la passion, l’amour du prochain, la volonté, l’esprit de sacrifice qui les caractérisent ont pris le dessus. Dans leurs bagages, plusieurs dons : des vareuses et des bottines d’occasion, des ballons de football pimpants neufs, des képis…
L’écho du challenge Erik Leander porte déjà loin. D’autres personnes généreuses et sensibles à cette œuvre en faveur de la jeunesse congolaise n’ont pas hésité à ouvrir leur bourse. Parmi elles, M. Bengt Dåverhög, 70 ans, a donné 7 500 SEK (couronnes suédoises) environ 1 000 dollars américains à l’occasion de son 70ème anniversaire, et d’autres Suédois ont promis de donner également quelque 1 000 dollars américains. Un acte que les bénéficiaires ont apprécié à sa juste valeur. « L’acte posé sera gravé dans la mémoire de tous les Luoziens. Les Luoziens retiendront la visite de 6 Suédois. Les vareuses, les bottines, les ballons vont s’user, mais le geste posé ne sera pas oublié », a déclaré le pasteur Mathieu Diangitukulu Edi Yavengi, coordinateur des écoles de la CEC.

Mission accomplie
La famille Leander et Åke Eklöf vont quitter Luozi, chef-lieu du territoire du même nom, mardi 11 mai fiers d’avoir rempli leur mission. Avec cette joie, ils rentrent en Suède avec un objet d’art en bois offert par le Bureau de coordination des écoles de la CEC. Un cadeau chargé de symboles : une famille chrétienne représentée, sur une face, par un parent tenant une Bible, et de l’autre côté, des footballeurs et le trophée, représentant la finale du challenge Erik Leander.
Le challenge Erik Leander est une compétition de football organisée chaque deux ans, par le Bureau de coordination communautaire des écoles de la CEC mettant en compétition d’un côté les écoles secondaires et, de l’autre, les écoles primaires dont la finale se termine au niveau des consistoires. Ayant commencé en 2004, le challenge Erik Leander se déroule en 2 phases : les éliminatoires qui se déroule dans des poules réparties dans les 21 consistoires de la CEC, et la phase finale se tient à Luozi au mois de mai. Le challenge est ainsi dénommé en mémoire du jeune Suédois, férus du football, décédé à fleur d’âge – 16 ans – des suites d’une maladie.
La 3ème édition de ce challenge est désormais au passé. Un passé solidement ancré dans les mémoires de ceux qui l’ont vécue. Elle vient de confirmer que, même si Erik Leander est mort en Suède, il est tout vivant à Luozi, en République démocratique du Congo et restera vivant tant que ce trophée portera ce prestigieux nom chargé de beaucoup de symboles. Les organisateurs veulent que le trophée soit débaptisé après avoir été remporté… cinq fois consécutives par une équipe. Une condition qui est loin de favoriser la débaptisation du challenge. Pour la gloire d’Erik Leander et de sa famille. Mais surtout des milliers des Luoziens et d’autres habitants de la périphérie de la cité de Luozi.
Entre temps, le rendez-vous est pris pour 2012 pour une autre fête avec ses réalités hautes en couleurs.


Palmarès

Buts : 40
Moyenne : 5 buts par match
Matchs : 8
Equipes : 8
Meilleur buteur : Mbambukulu de l’Institut de Mawanda avec 8 buts
Meilleure attaque : Institut de Mawanda avec 15 buts
Meilleure défense : ITC Luyindu pour n’avoir encaissé que 2 buts
Meilleur gardien : Bukasa Valgraisse de l’ITC Luyindu
Meilleur joueur : non désigné, malgré la présence du prix

Prix
ITC Luyindu, champion : 3 ballons, 1 paire de vareuses, 100 dollars
Institut Kilombo, vice-champion : 3 ballons, 1 paire de vareuses, 75 dollars
Institut Mawanda, 3ème : 2 ballons, 1 vareuse, 50 dollars
ITA Ngombe-Mbeya, 4ème : 2 ballons, 1 vareuse, 30 dollars.
Les équipes ITP Ntomoso de Lukala et l’ITP2 Kimfuzi 2 (champion 2ème édition), ayant joué un match de gala (1-1) le 7 mai, ont également reçu des prix.

MOT DU PERE D’ERIK LEANDER

Je suis le père d’Erik et je suis ici avec ma famille. On nous a très bien accueillis et nous sommes heureux d’avoir pu regarder les matchs et de vous rencontrer.
Nous avons eu un fils du nom d’Erik Leander, qui a beaucoup aimé jouer au football. A l’âge de seize ans, il est tombé malade, tellement malade qu’il est mort. Maladie et mort sont la même chose pour Européens et Africains, pour Suédois et Congolais.
En Suède, il arrive souvent, lors d’un enterrement, qu’on fasse une collecte pour des projets à caractère humanitaire, et puisque depuis mon enfance, j’ai entendu beaucoup parler du Congo et de l’Afrique. J’ai demandé à Åke Eklöf s’il avait une idée de ce qu’on pouvait faire pour le Congo.
Certainement, on a besoin du matériel pour les hôpitaux et les écoles, mais j’ai voulu que ce soit quelque chose qui pourrait être amusant. Åke a proposé des ballons et des chaussures de football. Cela convenait très bien, surtout comme Erik s’intéressait au football.
Quand nos amis et les membres de la famille ont entendu le but de cette collecte beaucoup de personnes voulaient donner de grandes sommes. Le résultat, c’est donc ce championnat, et nous sommes vraiment très impressionnés de ce que nous voyons.
J’ai maintenant l’honneur de remettre à monsieur l’arbitre le ballon pour le match final.

Luhela City ou la vie est à l’intérieur du pays


Territoire de Luozi
Luhela City ou la vie est à l’intérieur du pays
(Par Kléber Kungu, notre envoyé spécial à Luozi)
‘’Luhela City, Centre de développement paysan. Développement = changement de mentalités’’. Ces écrits, gravés en grands caractères sur un mur de maison, accueillent tout visiteur. Luhela City n’est ni un quartier londonien ni un de la cinquantaine des Etats des Etats-Unis d’Amérique. C’est le Centre de développement paysan, une concession agro forestière d’un grand mécanicien du pays doublé d’un développementaliste. Robert Diyabanza est le propriétaire de Luhela City. Situé à une vingtaine de kilomètres, à l’Est de la cité de Luozi, Luhela-City tire son nom de la rivière Luhela qui le baigne. Une micro centrale hydroélectrique de 15 KVA, une fabrique d’huile de palme, plusieurs centaines d’espèces d’arbres, dont les fruitiers (orangers, mandariniers, goyaviers), limba, environ 10 000 palmiers nains, des champs de manioc, le tout enfoui dans une forêt, dont plus de 70 % plantés par le propriétaire, voilà Luhela City que j’ai découvert avec la famille Erik Leander, Åke Eklöf, Grégoire Nsituayizatadi Mukiese, conseiller résident des écoles de la CEC à Kinshasa, sous la visite guidée d’Adolphe Lendo, l’un des collaborateurs du propriétaire. J’ai découvert une autre vie ici : naturelle, sobre, riche, variée…
Quand ce projet – qui tenait beaucoup à cœur à Robert Diyabanza – venait à peine de passer de rêve à réalité, je piaffais d’envie de le découvrir. Sur mon chemin, je ne rencontrais à l’époque que refus ou hésitations du numéro un de Luhela City. Dieu seul ou lui seul sait pourquoi. Cette fois-ci, le hasard – heureux- a fait qu’en compagnie de 6 Suédois venus assister à la finale du challenge Erik Leander, les portes de Luhela City me soient largement ouvertes.
« Manianga Telama. Tungidi nzo : zabidiki, zantoto ye zabanga. Kansi zaya vo : kondwa mfinda, nsi yeti yuma. Kuna nti, kadi mfinda i kimvuama kilutidi mfunu ye mpe fwa dilutidi mafwa » [Manianga, mets-toi debout. Vous construisez une maison en briques, en pisé et en étages. Mais sachez que, sans forêt, le pays se désertifie. (C’est pourquoi), plante des arbres, car la forêt est la richesse la plus importante et le plus grand héritage, NDLR]. En signe de bienvenue, ces écrits sur le mur d’une des quatre maisons de la ‘’Cité de Luhela’’ vous interpellent. Ils traduisent l’objectif même de cette grande réalisation qui ne cesse de recevoir des visiteurs qui viennent de partout et en grand nombre. Gouverneur de province, ministres et députés nationaux et provinciaux, enseignants du primaire, du secondaire et d’université, étudiants, élèves y accourent… Aujourd’hui, ce sont six Suédois, un enseignant et un journaliste qui la visitent.
« Voyez cette partie presque désertique et comparez-la à celle-ci. » Adolphe Lendo nous indique le contraste de la verdure entre la partie gauche dégarnie et la droite – Luhela City – très verdoyante. L’idée de son géniteur, caressée depuis des décennies, venait ainsi de se concrétiser dans cette concession de 6 hectares subdivisée en 6 quartiers (le quartier où est installée la turbine, deux quartiers des agrumes et trois pour le reboisement ou l’environnement).
Robert Diyabanza a été révolté par la désertification et le déboisement d’une grande partie du territoire de Luozi dus aux feux de brousse. Ainsi a-t-il décidé de contribuer à endiguer ce malheureux et dévastateur phénomène en reboisant, mieux en exploitant au maximum la concession – nkunku – qu’il venait d’acquérir.
Luhela City, dont les maisons sont construites en matériaux locaux, est habité par ses travailleurs. Pour rendre agréable le séjour des habitants de la ‘’Cité de Luhela’’, Robert Diyabanza y amené de l’eau et de l’électricité. De l’eau et de l’électricité ? Oui. Mais comment en pleine nature d’un territoire non électrifié ?
Pétri d’idées et d’initiatives, Robert Diyabanza va mettre au point le projet d’érection d’une micro centrale hydro électrique de 15 KVA, de l’énergie juste pour éclairer la petite cité de Luhela, faire tourner la fabrique d’huile de palme. Pour y arriver, il va tirer profit de ses nombreuses relations tissées au fil des années. A ce jour, le transport du courant électrique vers Luhela City n’est que question de jours.

Du courant électrique produit à Luhela !
Chemin faisant, M. Lendo nous indique les essences d’arbres plantées dans cette concession et les idées maîtresses du patron de Luhela City. Cap sur la rivière Luhela où nous nous trouvons face à face avec une microcentrale hydroélectrique d’une capacité de 15 KVA. Notre guide nous en explique le fonctionnement avant qu’un des agents de Luhela City nous fasse une démonstration séance tenante de production du courant électrique ! Nous découvrons également une petite fabrique d’huile de palme qui produit quelque 30 litres par fût.
Ici, le micro barrage est loin d’intéresser le jeune étudiant en biologie Johan Leander qui, de la Suède, il a apporté des hameçons pour faire la pêche. Malheureusement, comme le disciple Pierre, le jeune Suédois est rentré bredouille. Pas même un petit fretin !
Pendant ce temps, nous continuons à découvrir Luhela City. Après avoir laissé le pêcheur Johan Leander faire sa pêche sous la garde du chauffeur, nous atteignons un verger. Il est environ 12 heures et c’est l’heure de ‘’Fika’’ où les Suédois ont prendre un peu de café avec du pain, arrosés d’un peu d’eau. La vue des oranges et des mandarines me fait remplir la bouche de salive. « Vous pouvez prendre tout ce que vous pouvez. Choisissez les meilleurs », Adolphe Lendo invite les visiteurs. Qui ne se font pas prier deux fois pour ‘’envahir’’ le verger. Les oranges me défient : elles me disent presque :’’ nous voici, consomme-nous comme tu veux’’. L’offre est si abondante et si appétissante que je suis déjà plein avant de n’avoir rien consommé ! La vie est vraiment de ce côté ! Je peux maintenant m’offrir gratuitement tout ce qu’à Kinshasa je suis incapable de m’offrir, parce que très cher !
Nous terminons notre visite par le ‘’fika’’ en pleine forêt, au bord de la rivière Luhela, alors que le pêcheur venait de nous rejoindre. « Il y a des merveilles en Afrique », s’exclame Åke Eklöf, alors qu’il se met à photographier des fleurs qui se referment au simple toucher. Oui, les merveilles africaines, singulièrement luoziennes, nous en avons découvert qu’un petit échantillon ! Oui ; c’est à l’intérieur du pays que se trouve la vie.

Åke Eklöf : « Pourquoi envoyer des Suédois quand il y a des Congolais capables ? »


Missionnaire suédois en retraite
Åke Eklöf : « Pourquoi envoyer des Suédois quand il y a des Congolais capables ? »
Åke Eklöf est l’un des missionnaires suédois ayant commencé leur mandat en République démocratique du Congo aux années 1960. 74 ans, Åke Eklöf est aujourd’hui en retraite, fier d’avoir rempli son mandat. C’est depuis l’âge de 10 ans que cet enseignant de formation aspirait à devenir missionnaire, après ces nombreux contacts avec des missionnaires venus spécialement de la RDC. Avec son épouse, infirmière de formation, Åke Eklöf va pratiquement habiter Luozi en RDC et le à Pointe-Noire au Congo Brazzaville. A Luozi, il a travaillé au Proscol (Projet scolaire) de la Communauté évangélique du Congo (CEC). Nous l’avons rencontré à la cité de Luozi où il accompagnait la famille Erik Leander venue assister à la finale du tournoi de football dénommé challenge Erik Leander. Partout où il était passé, précisément à Luozi, ce missionnaire, très apprécié par ceux qui l’avaient connu, a laissé de très excellentes impressions. C’est avec cet homme que nous nous sommes entretenu sur l’avenir de la mission, les secteurs d’évangélisation, d’enseignement et de l’œuvre médicale, la santé financière de nos paroisses.

Quels sentiments éprouvez-vous, comme missionnaire, lorsqu’en revenant dans vos anciennes missions, vous revoyez vos œuvres ?

Ce sont les sentiments de grande joie de revoir Luozi, de revoir des amis. Si vous pensez à l’œuvre du Proscol [Projet scolaire, NDLR], il y a quand même des écoles qui fonctionnent bien, tandis qu’il y a d’autres où, faute, de moyens financiers, on n’a pas pu faire ce qu’on voulait faire. Sinon, d’une façon générale, les écoles de la CEC fonctionnent relativement bien, pour ne pas dire très bien.

En dehors des écoles, il y a quand même des œuvres, même si vous n’avez pas évolué dans ces secteurs-là, que vous pouvez voir : des temples, des hôpitaux construits avec la coopération des Suédois. Quels sentiments éprouvez-vous en les revoyant ?

Il y a aussi certains hôpitaux, vus par exemple en 2007 quand on était ici, on regrette certaines salles qui ne sont plus comme par le passé. Il semble que certaines choses ont fait un recul par rapport aux années 1980, 1990.

Après plusieurs années de coopération avec vos missions, spécialement la CEC, avez-vous le sentiment d’avoir beaucoup fait pour ces missions pour qu’elles puissent évoluer aujourd’hui seules ou que vous n’avez pas fait assez pour que vous continuiez à les aider à évoluer ?

Je sais qu’il y a un fait que l’Eglise locale puisse faire un peu mieux dans certains domaines, surtout dans l’économie, tout en reconnaissant que les populations locales sont très pauvres. Mais j’ignore si on peut améliorer certaines choses au niveau du Bureau central ou de l’organisme en général pour pouvoir collecter beaucoup plus d’argent pour gérer l’Eglise. C’est vrai qu’on va bientôt couper les subsides, mais je pense que c’est mieux pour la population de savoir que maintenant c’est fini, maintenant c’est à nous. Parce que, si on va toujours avoir tendance à trop espérer de l’extérieur, mais quand on est obligé, c’est la vie ou la mort. A ce moment, on s’efforce à un peu plus et ça sera le résultat de ce moratoire, comme on dit.

L’enseignement, l’œuvre médicale et l’évangélisation sont les domaines dans lesquels les missionnaires sont le plus intervenus. Y a-t-il un domaine que vous estimez aujourd’hui qui a bien réussi par rapport aux autres ? Si oui, lequel et pour quelles raisons ?

Je ne connais pas bien le secteur d’évangélisation, seulement on est impressionné de voir beaucoup de personnes dans le temple ; l’ambiance et les chansons nous frappent. Souvent l’impression la plus forte de ceux qui n’ont jamais été ici est le culte avec les groupes des gens qui chantent, mais comme je sais que beaucoup de paroisses augmentent sensiblement avec les membres, on peut dire que l’évangélisation a quand même beaucoup réussi. Peut-être y a-t-il des domaines qui n’ont pas réussi, mais quand on parle de l’œuvre médicale, je ne suis pas capable de juger, je sais qu’il y a certaines choses, du point de vue de l’équipement, qui ont peut-être diminué ; il y a beaucoup des écoles qui manquent de moyens financiers pour mieux faire, d’avoir plus de livres, plus de matériel et même d’équipement (pupitres, chaises, etc.). On souhaite que les élèves étudient dans de meilleures conditions.

Revenons à l’évangélisation où vous avez évoqué l’augmentation de paroisses et de paroissiens. Est-ce une bonne chose d’avoir beaucoup de paroissiens mais à faible revenu ?
C’est vrai que quand il y a beaucoup de paroissiens, on souhaite avoir un meilleur revenu. Mais, c’est là qu’il y a une faiblesse. Je ne sais cependant pas si c’est leur attitude vis-à-vis de la direction de l’Eglise ou de la paroisse. Mais généralement, quand il y a beaucoup de personnes, on devait donner le meilleur résultat. Comparé au consistoire ici, notre consistoire regroupe environ 110 ou 120 paroisses, mais le nombre de membres ne dépasse pas les 6 000 des 7 paroisses du consistoire de Luozi. Vous voyez donc que ce sont les paroisses énormes à notre point de vue.

On remarque de moins en moins de missionnaires dans nos missions. Peut-on conclure que le mandat des missionnaires est arrivé à sa fin ?

Plus ou moins. Je sais que depuis les années 1980, la plupart des missionnaires ont travaillé dans des projets différents (Proscol, Prosan, Prodaf, Prod’eau… [Projet scolaire, Projet de santé, Projet de développement agricole et forestier, Projet d’adduction d’eau, NDLR]). Il y a maintenant beaucoup de compétences, beaucoup de Congolais bien formés, ce qui n’était pas le cas dans les années 1960, 1970, mais petit à petit cela a augmenté. Mais pourquoi envoyer des Suédois quand il y a des personnes capables ? C’est vrai que l’échange d’idées donne parfois des fruits dans la collaboration. Je souhaite moi-même que cela continue pendant quelques années, même s’il n’y a pas beaucoup de Suédois, mais quelques-uns peuvent collaborer dans certains projets, dans certaines paroisses pour échange d’idées, car parfois celui qui vient de l’extérieur voit des choses que l’autre ne voit pas. Nous souhaitons que les Congolais viennent aussi en Suède dans le cadre des jumelages des consistoires ; l’échange du personnel paraît une bonne chose.
Propos recueillis par Kléber Kungu

Six Suédois ont visité L’Observateur


Vendredi 14 mai
Six Suédois ont visité L’Observateur
Ils sont 6 Suédois à avoir visité les installations du quotidien L’Observateur, en route pour la Suède après un séjour d’une semaine en République démocratique du Congo (RDC). Jan, Stina, Johan, Marie, Erika Leander et Åke Eklöf se sont fait expliquer le fonctionnement de l’un des plus journaux de la RDC. De la salle de machines à l’imprimerie en passant par le bureau de l’éditeur-propriétaire Mankenda Voka, ils étaient tout oreilles tout yeux… Pour voir comment se fait le journal qui devait publier leur séjour en RDC.
Les 6 Suédois revenaient de la cité de Luozi, dans le Bas-Congo, assister à la phase finale du challenge Erik Leander, une compétition de football scolaire organisée chaque deux ans par la Communauté évangélique du Congo (CEC).
« Voici l’homme chargé de la mise en ligne de notre journal », je leur explique en désignant Patrick Lokombe, le webmaster de L’Observateur, le regard rivé à un ordinateur. « Est-ce que je peux voir votre journal en ligne ? » C’est Marie Leander qui pose la question au webmaster. Celui-ci ne se fait pas prier pour lui exhiber l’édition électronique du jour. Quelques questions sur le programme utilisé et la formation du webmaster étanchent la curiosité de cette Suédoise habitant les Etats-Unis d’Amérique. Marthe Mbueno, la secrétaire administrative de L’Observateur, fait observer qu’il y a au moins 50 000 visiteurs dans le site du journal w.w.w.lobservateur.cd. Lorsque j’annonce que nous allons aussi visiter l’imprimerie, nos visiteurs me demandent, un peu étonnés : « Vous avez votre propre imprimerie ? »
Les cliquetis des appareils de photo de nos visiteurs de marque et les flashs qui illuminent de temps à autre les endroits visités immortalisent l’événement. Très curieux, nos amis Suédois ne ratent aucun élément dans leur viseur : lézards (gecko), pigeons qui y sont élevés les intéressent beaucoup. « Pourquoi tous ces pigeons ? Vous les mangez ? » C’est Erika Leander qui me pose cette question ?
Et lorsque je leur explique que ceux qui font le journal ont droit à un repas, nos amis Suédois me demandent si ces pigeons sont préparés à cette occasion. Alors que nous sommes dans la salle de la rédaction, Stina Leander veut savoir quand les journalistes viendront. Dommage, ils ne les verront pas : chaque vendredi est ’’off’’ pour les journalistes. Et Marie Leander d’ajouter s’ils sont combien. Nous leur répondons que nous sommes une vingtaine, y compris nos correspondants à travers les provinces. Ce qui intéresse Jan Leander et Åke Eklöf, qui apprennent, qu’excepté les provinces du Maniema, du Sud-Kivu, notre journal est distribué dans toutes les provinces.
La visite de la salle de rédaction s’achève par la remise aux visiteurs de quelques exemplaires de l’édition du jour n° 3375 de vendredi 14 au lundi 17 mai et de quelques poses de photos.
Une fois dans le bureau de l’éditeur-propriétaire Mankenda Voka, les visiteurs veulent savoir à qui appartient le journal. « Voilà le propriétaire, M. Mankenda Voka », répondent en chœur les quelques agents présents, en désignant une grande photographie de cet homme. « C’est comme le journal de notre commune », rétorquent nos visiteurs. Quelques photographies des reliures des journaux et des piles de journaux d’archives non reliés bouclent la visite au bureau de l’éditeur.
Cap sur l’imprimerie où le guide que j’assume leur explique les étapes de l’impression des journaux sur la vieille machine de l’Allemand Heidelberg. Jan et Johan Leander reconnaissent cette marque pour l’avoir déjà vue en Allemagne.
« Merci pour votre visite à notre journal, exclame M. Joseph Nsingani, parlant au nom de l’éditeur empêché. Nous espérons que vous allez vous ajouter au nombre des internautes que le journal compte déjà. Nous attendons de vous des remarques et conseils. Vous avez vu le vieillissement de nos machines, mais nous faisons tout pour nous mettre à la page. Si vous pouvez nous mettre en contact avec des propriétaires d’imprimeries en Suède », a plaidé M. Joseph Nsingani.
C’est tout satisfaits et heureux que nos visiteurs suédois ont quitté la rédaction du quotidien L’Observateur. « C’est très intéressant », déclarent Jan Leander et Åke Eklöf, le visage rayonnant de joie.
Kléber Kungu