dimanche 16 mai 2010
Luhela City ou la vie est à l’intérieur du pays
Territoire de Luozi
Luhela City ou la vie est à l’intérieur du pays
(Par Kléber Kungu, notre envoyé spécial à Luozi)
‘’Luhela City, Centre de développement paysan. Développement = changement de mentalités’’. Ces écrits, gravés en grands caractères sur un mur de maison, accueillent tout visiteur. Luhela City n’est ni un quartier londonien ni un de la cinquantaine des Etats des Etats-Unis d’Amérique. C’est le Centre de développement paysan, une concession agro forestière d’un grand mécanicien du pays doublé d’un développementaliste. Robert Diyabanza est le propriétaire de Luhela City. Situé à une vingtaine de kilomètres, à l’Est de la cité de Luozi, Luhela-City tire son nom de la rivière Luhela qui le baigne. Une micro centrale hydroélectrique de 15 KVA, une fabrique d’huile de palme, plusieurs centaines d’espèces d’arbres, dont les fruitiers (orangers, mandariniers, goyaviers), limba, environ 10 000 palmiers nains, des champs de manioc, le tout enfoui dans une forêt, dont plus de 70 % plantés par le propriétaire, voilà Luhela City que j’ai découvert avec la famille Erik Leander, Åke Eklöf, Grégoire Nsituayizatadi Mukiese, conseiller résident des écoles de la CEC à Kinshasa, sous la visite guidée d’Adolphe Lendo, l’un des collaborateurs du propriétaire. J’ai découvert une autre vie ici : naturelle, sobre, riche, variée…
Quand ce projet – qui tenait beaucoup à cœur à Robert Diyabanza – venait à peine de passer de rêve à réalité, je piaffais d’envie de le découvrir. Sur mon chemin, je ne rencontrais à l’époque que refus ou hésitations du numéro un de Luhela City. Dieu seul ou lui seul sait pourquoi. Cette fois-ci, le hasard – heureux- a fait qu’en compagnie de 6 Suédois venus assister à la finale du challenge Erik Leander, les portes de Luhela City me soient largement ouvertes.
« Manianga Telama. Tungidi nzo : zabidiki, zantoto ye zabanga. Kansi zaya vo : kondwa mfinda, nsi yeti yuma. Kuna nti, kadi mfinda i kimvuama kilutidi mfunu ye mpe fwa dilutidi mafwa » [Manianga, mets-toi debout. Vous construisez une maison en briques, en pisé et en étages. Mais sachez que, sans forêt, le pays se désertifie. (C’est pourquoi), plante des arbres, car la forêt est la richesse la plus importante et le plus grand héritage, NDLR]. En signe de bienvenue, ces écrits sur le mur d’une des quatre maisons de la ‘’Cité de Luhela’’ vous interpellent. Ils traduisent l’objectif même de cette grande réalisation qui ne cesse de recevoir des visiteurs qui viennent de partout et en grand nombre. Gouverneur de province, ministres et députés nationaux et provinciaux, enseignants du primaire, du secondaire et d’université, étudiants, élèves y accourent… Aujourd’hui, ce sont six Suédois, un enseignant et un journaliste qui la visitent.
« Voyez cette partie presque désertique et comparez-la à celle-ci. » Adolphe Lendo nous indique le contraste de la verdure entre la partie gauche dégarnie et la droite – Luhela City – très verdoyante. L’idée de son géniteur, caressée depuis des décennies, venait ainsi de se concrétiser dans cette concession de 6 hectares subdivisée en 6 quartiers (le quartier où est installée la turbine, deux quartiers des agrumes et trois pour le reboisement ou l’environnement).
Robert Diyabanza a été révolté par la désertification et le déboisement d’une grande partie du territoire de Luozi dus aux feux de brousse. Ainsi a-t-il décidé de contribuer à endiguer ce malheureux et dévastateur phénomène en reboisant, mieux en exploitant au maximum la concession – nkunku – qu’il venait d’acquérir.
Luhela City, dont les maisons sont construites en matériaux locaux, est habité par ses travailleurs. Pour rendre agréable le séjour des habitants de la ‘’Cité de Luhela’’, Robert Diyabanza y amené de l’eau et de l’électricité. De l’eau et de l’électricité ? Oui. Mais comment en pleine nature d’un territoire non électrifié ?
Pétri d’idées et d’initiatives, Robert Diyabanza va mettre au point le projet d’érection d’une micro centrale hydro électrique de 15 KVA, de l’énergie juste pour éclairer la petite cité de Luhela, faire tourner la fabrique d’huile de palme. Pour y arriver, il va tirer profit de ses nombreuses relations tissées au fil des années. A ce jour, le transport du courant électrique vers Luhela City n’est que question de jours.
Du courant électrique produit à Luhela !
Chemin faisant, M. Lendo nous indique les essences d’arbres plantées dans cette concession et les idées maîtresses du patron de Luhela City. Cap sur la rivière Luhela où nous nous trouvons face à face avec une microcentrale hydroélectrique d’une capacité de 15 KVA. Notre guide nous en explique le fonctionnement avant qu’un des agents de Luhela City nous fasse une démonstration séance tenante de production du courant électrique ! Nous découvrons également une petite fabrique d’huile de palme qui produit quelque 30 litres par fût.
Ici, le micro barrage est loin d’intéresser le jeune étudiant en biologie Johan Leander qui, de la Suède, il a apporté des hameçons pour faire la pêche. Malheureusement, comme le disciple Pierre, le jeune Suédois est rentré bredouille. Pas même un petit fretin !
Pendant ce temps, nous continuons à découvrir Luhela City. Après avoir laissé le pêcheur Johan Leander faire sa pêche sous la garde du chauffeur, nous atteignons un verger. Il est environ 12 heures et c’est l’heure de ‘’Fika’’ où les Suédois ont prendre un peu de café avec du pain, arrosés d’un peu d’eau. La vue des oranges et des mandarines me fait remplir la bouche de salive. « Vous pouvez prendre tout ce que vous pouvez. Choisissez les meilleurs », Adolphe Lendo invite les visiteurs. Qui ne se font pas prier deux fois pour ‘’envahir’’ le verger. Les oranges me défient : elles me disent presque :’’ nous voici, consomme-nous comme tu veux’’. L’offre est si abondante et si appétissante que je suis déjà plein avant de n’avoir rien consommé ! La vie est vraiment de ce côté ! Je peux maintenant m’offrir gratuitement tout ce qu’à Kinshasa je suis incapable de m’offrir, parce que très cher !
Nous terminons notre visite par le ‘’fika’’ en pleine forêt, au bord de la rivière Luhela, alors que le pêcheur venait de nous rejoindre. « Il y a des merveilles en Afrique », s’exclame Åke Eklöf, alors qu’il se met à photographier des fleurs qui se referment au simple toucher. Oui, les merveilles africaines, singulièrement luoziennes, nous en avons découvert qu’un petit échantillon ! Oui ; c’est à l’intérieur du pays que se trouve la vie.
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