lundi 16 septembre 2013

Plus de un million de personnes déplacées depuis le 25 août

Nord-Kivu, Province Orientale : la crise infinie Plus de un million de personnes déplacées depuis le 25 août La population déplacée interne au Nord-Kivu a franchi le seuil d’un million de personnes depuis le 25 août sur fond d’une situation sécuritaire reste toujours précaire dans une province en proie constante à des attaques et autres incursions des groupes armés et autres forces négatives. En raison de l’insécurité récurrente due aux affrontements armés entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (RDC) et les forces négatives, les populations civiles se déplacent régulièrement d’un endroit à un autre. Au total, 1 024 750 personnes se sont actuellement déplacées internes au Nord-Kivu, dont certaines depuis janvier 2009. La quasi-totalité de ces personnes – plus de 93% – s’est déplacée suite à l’insécurité liée aux attaques armées ou par anticipation sur les affrontements. En quête de protection et d’un toit, les déplacés trouvent refuge en majorité dans les familles d’accueil (63%), les autres occupent des sites publics/spontanés (22%) ou vivent dans une trentaine de camps CCCM (15%). Cette Selon la Protection civile du Nord-Kivu citée dans un bulletin hebdomadaire du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha, Office for the Coordination of Humanitarian Affairs), le Gouvernement provincial a pris en charge les soins médicaux des personnes blessées, leur ration alimentaire et les obsèques des personnes décédées. La province du Nord-Kivu reste l’épicentre de la crise sécuritaire qui touche presque toute la partie orientale de la RDC. Avec à elle seule plus de 35% de la population déplacée interne du pays, le Nord-Kivu est en proie à des groupuscules armés dont certains opèrent comme des « forces d’autodéfense populaire ». Dans cette province, il est fréquent de trouver deux ou trois groupes armés opérant dans une même zone. La prolifération des groupes armés dans cette partie du pays rend difficile l’action humanitaire et hypothèque la responsabilité de ceux qui officiellement contrôlent la zone. Des hommes armés souvent mal identifiés s’attaquent parfois de manière indiscriminée aux civils dont les humanitaires. Depuis le début de cette année, 87 incidents sécuritaires contre les humanitaires ont été déjà rapportés, un nombre qui reste dans la moyenne des incidents rapportés annuellement ces cinq dernières années. De nombreux axes dans presque tous les territoires de la province sont à différents niveaux touchés et, selon les politiques de sûreté des organisations, certains axes sont sélectivement accessibles, d’autres non. Un défi supplémentaire Cette population déplacée interne constamment grandissante depuis quelques mois constitue un défi supplémentaire pour la communauté humanitaire, notamment en termes de protection et d’approvisionnement de l’assistance. L’afflux de personnes déplacées s’est fait en un tel rythme qu’en une année le contexte de la province a évolué très rapidement, rendant obsolètes toutes les prévisions et prenant tout le monde de court. A la même période en 2012, le Nord-Kivu venait de franchir les 600 000 personnes déplacées internes suite aux défections massives de certains éléments de l’armée régulière et à la naissance de forces négatives. Alors que les réflexions ont commencé pour les projections en 2014 dans le cadre du Plan d’action humanitaire (PAH), la question se pose sur l’augmentation incessante des besoins humanitaires et la recherche de nouvelles contributions financières. L’accès aux populations vulnérables reste un grand défi pour les humanitaires suite au mauvais état des routes et à l’insécurité, alors que les besoins à mobiliser en 2013 pour la logistique sont de l’ordre de 80 millions de dollars américains. La Province Orientale est parmi les zones où les défis humanitaires sont de taille. Ici, accéder aux populations vulnérables dans des urgences complexes reste un des défis majeurs pour les acteurs humanitaires. En Province Orientale, les affrontements armés ont contraint plus de 2,6 millions de personnes à abandonner leurs maisons. Les défis sécuritaires y sont doublés de manque de routes rendant l’assistance humanitaire extrêmement coûteuse par endroit. La logistique humanitaire va de la location des avions à la réhabilitation des routes, ponts et pistes d’atterrissage : 80,9 millions de dollars américains devraient être mobilisés dans le cadre du Plan d’action humanitaire 2013 pour faciliter la logistique, près de 10% du budget global. Le Haut-Uele et le Bas-Uele enclavés Alors qu’une partie des populations vulnérables des deux provinces du Kivu est isolée par l’insécurité, la majeure partie de la Province Orientale, principalement des districts du Haut-Uele et Bas-Uele ainsi que de la Tshopo est handicapée par l’enclavement qui empêche la provision de l’assistance humanitaire et la mise en œuvre des programmes de relèvement précoce. Au cours de ces 18 derniers mois, plus de 60 000 personnes sont retournées dans les territoires de Dungu, Faradje (Haut-Uele) et Ango (Bas-Uele). Malheureusement, suite à l’enclavement des zones de retour, aucune assistance d’accompagnement aux retournés n’a été possible, les exposant ainsi à des risques accrus de vulnérabilité. En dehors des personnes récemment retournées, il s’avère que de nombreuses personnes déplacées, rapatriées spontanées, ainsi que des réfugiés et des populations autochtones vulnérables se retrouvent également dans des zones inaccessibles ou difficilement accessibles. Toutes ces personnes ne bénéficient que tardivement de l’assistance humanitaire suite à l’absence des routes. Le travail du Programme alimentaire mondial (PAM) et du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) est entravé par le fait de l’enclavement de ces populations. Pour surmonter les contraintes logistiques dans la prise en charge des réfugiés centrafricains, le HCR et la Commission nationale pour les réfugiés (CNR) ont aménagé un site en vue d’y relocaliser des réfugiés centrafricains se trouvant éparpillés dans une dizaine de villages difficilement accessibles dans le territoire de Bondo. Une mobilisation dont dépend tout espoir d’apporter de l’eau, de la nourriture, de la protection, des soins de santé primaires. Sinon, cela pourrait s’avérer un simple rêve. Dans le cadre de la première allocation Polled Fund 2013, 2,1 millions de dollars américains ont été affectés pour la logistique, pour réhabiliter des routes et des ponts. En 2013, les humanitaires ont déjà réhabilité 800 km des routes principalement à l’est du pays pour faciliter l’accès aux populations vulnérables. Quelques parties du Nord-Kivu ont été ces deux derniers mois complètement inaccessibles aussi bien pour les agences humanitaires onusiennes que pour les ONG. Dans le territoire de Rutshuru, l’accès à environ 50 000 personnes vulnérables a été pratiquement impossible sur les axes Goma – Munigi – Kibumba et Kiwanja – Ishasha, suite respectivement aux affrontements armés entre les FARDC et les forces négatives, et à l’activisme de ces groupes armés. L’axe Kalembe – Kabuye est resté aussi presque totalement inaccessible, plus de 40 000 personnes vulnérables s’y trouvent privées d’assistance. Dans le Grand Nord, la zone de Kikingi et l’axe Mbau – Kamango où s’activent les membres du groupe armé ougandais ADF/Nalu sont aussi presque totalement privés d’accès ; exposant la vie d’environ 80 000 personnes. En sept mois, on a enregistré 87 incidents sécuritaires contre les humanitaires. Ce qui dénote le degré de risques que courent au quotidien les humanitaires pour venir en aide aux autres. Kléber Kungu

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