jeudi 6 février 2014

Les humanitaires cherchent 832 millions de dollars pour 4,7 millions de Congolais



Lancement officiel du Plan d’action humanitaire 2014 en RDC

Les humanitaires cherchent 832 millions de dollars pour 4,7 millions de Congolais

            La communauté humanitaire a besoin de 832 millions de dollars américains – dont 539 millions de dollars pour des activités hautement prioritaires –  seront nécessaires pour soulager les souffrances de 4,7 millions de Congolais sur l’ensemble du territoire de la RDC. Le Coordonnateur humanitaire, Moustapha Soumaré, l’a déclaré dans son discours à l’occasion du lancement officiel du Plan d’action humanitaire 2014 en RDC ; un discours comportant 3 messages importants.
            Dans un discours qui a souligné tous les grands défis que les acteurs humanitaires doivent relever au cours de cette année, Moustapha Soumaré a, sur une note pessimiste, mais réaliste, livré ses trois messages importants pour 2014, une année qui « ne sera pas facile » en dépit de « nos souhaits et tout l’optimisme qui caractérise chacun d’entre nous ».
            Le premier message important du numéro un des acteurs humanitaires en RDC est que « les besoins humanitaires vont demeurer considérables en RDC en 2014. » Pour lui, l’émiettement de la rébellion pro rwandaise au Nord-Kivu n’a pas permis le retour total des déplacés internes au nombre de 3 millions en janvier 2014, un nombre jamais atteint depuis 2009, en raison de l’insécurité croissante due à l’activisme croissant des groupes armés en grand nombre et l’accélération des opérations militaires unilatérales par les FARDC ou conjointement avec la Monusco.
            Excepté les déplacés internes, la RDC abrite aussi 254 000 réfugiés et près de 430 000 Congolais réfugiés dans les pays voisins, pendant que le Katanga et le Maniema connaissent aussi une insécurité et que 59 000 réfugiés centrafricains se trouvent actuellement en Equateur et en Province Orientale. Toutes ces personnes ont besoin de l’assistance humanitaire.
            Un autre défi : 17% des Congolais en milieu urbain et 67% en milieu rural, toujours dépourvus d’accès à l’eau potable, resteront excessivement vulnérables aux maladies hydriques souvent mortelles, à commencer par le choléra avec plus de 27 000 cas rapportés en 2013 dont presque 500 décès, le choléra, la rougeole et le paludisme et d’autres épidémies mortelles.

La RDC, 3ème pays au monde avec le plus grand nombre de décès d’enfants de moins de 5 ans
            En raison de la détérioration de la sécurité alimentaire, la RDC reste le troisième pays au monde avec le plus grand nombre de décès d’enfants de moins de 5 ans résultant de malnutrition dans presque la moitié des cas. Un défi renforcé par la présence de 6,7 millions de personnes, soit 11 % de la population rurale, en situation de crise alimentaire aiguë, contre 6,4 millions en juin 2013. La faim ouvre la porte à de multiples infections et prive le pays d’une main d’œuvre nécessaire pour bâtir un futur meilleur.
            Quant au deuxième message, le Coordonnateur humanitaire en RDC a invité à continuer à soutenir la nouvelle approche d’élaboration du Plan d’action humanitaire fondée sur les crises humanitaires et un plan de réponse stratégique, malgré ses défis et certaines insuffisances.
            Pour cette année, la communauté humanitaire a besoin de 832 millions de dollars américains, dont 539 millions de dollars pour des activités hautement prioritaires, pour venir en aide à quelque 4,7 millions de Congolais sur l’ensemble du territoire de la RDC. Si ce montant est en baisse par rapport aux estimations de 2013, cela ne veut pas dire qu’il y a une diminution des besoins sur le terrain. Cela est, par contre, la conséquence de la méthodologie du processus du Plan d’action humanitaire 2014, basé sur le critère fondamental suivant : sauver des vies là où la situation l’exige de la manière la plus urgente.

Besoin du soutien continue des autorités
            La coordination avec les mécanismes chargés de la stabilisation et du développement, et notamment avec  le Gouvernement congolais, doit être renforcée pour créer une réelle complémentarité de nos interventions sur le terrain, tel est le troisième message.
            Moustapha Soumaré a plaidé pour une action humanitaire efficace dans un environnement libéré d’obstacles en tout genre : administratif, logistique et sécuritaire. Ce qui veut dire que les acteurs humanitaires ont besoin du soutien continu des autorités nationales et provinciales dont ils complètent l’action en faveur des Congolais et Congolaises affectés par les crises « pour que les actions humanitaires bénéficient des facilités nécessaires à leur accomplissement sur le terrain ».
            Auparavant, Moustapha Soumaré a rappelé les résultats obtenus en 2013. Au cours de cette année, environ 2,75 millions de personnes déplacées ont bénéficié de biens de première nécessité, 6,3 millions de Congolais ont reçu une assistance en eau, hygiène et assainissement, plus de 90 000 tonnes de vivres étaient distribuées à 2 millions de personnes, plus de 15 millions d’enfants  de 6 mois à 14 ans ont été vaccinés contre la rougeole dans 273 zones de santé, et 3,4 millions ont bénéficié des interventions dans le cadre de la lutte contre le choléra. Ces grandes actions ont été réalisées grâce à l’apport financier des bailleurs dont les contributions ont atteint 730 millions de dollars américains, soit 80 % du montant requis, qui s’élevait à 892 millions de dollars américains.
            Le Coordinateur humanitaire a clos son discours en saluant l’accueil que les acteurs humanitaires ont bénéficié sur le sol congolais de la part du gouvernement congolais, tout en félicitant tous les partenaires pour leur contribution inestimable à la mise en œuvre de l’action humanitaire sur le terrain, souvent dans des conditions extrêmement difficiles, périlleuses, et sans faire la « Une » des médias. 
            Dans son discours, le ministre des Affaires sociales, Action humanitaire et Solidarité nationale, Charles Naweji Mundele, a dressé le tableau de la situation humanitaire à travers la RDC, caractérisé par les déplacements massifs des populations suite à l'activisme des bandes et groupes armés et aux opérations militaires organisées par les FARDC, avec près de 2 963 704 personnes déplacées dont plus de la moitié se trouve dans la seule province du Nord Kivu.
            A ce tableau, il faut ajouter les catastrophes naturelles provoquées par des inondations, des éboulements de terrains, des épidémies de tout genre dans un pays où la pluviométrie et l'hydrographie sont très abondantes. Se retrouvant dans un état de besoin d'urgence, ces populations attendent impatiemment l'assistance en vivres, non vivres, en abris, en médicaments, en assainissement, en eau potable ainsi qu'en protection civile.
            Comme si cela ne suffit pas, la RDC héberge sur son sol près de 201.698 réfugiés dont le cas le plus récent est celui de plus de 50.000 ressortissants centrafricains qui ont fui la guerre dans ce pays voisin, et qui sont localisés dans les différents territoires frontaliers des Provinces Orientale et de l'Equateur.

Ne pas oublier les communautés en crise humanitaire »
            A cette situation, a déclaré Charles Nawej Mundele, le gouvernement congolais a pu apporter son assistance à la limite de ses moyens.
            Face à cette diversité de problèmes, le ministre des Affaires sociales, Action humanitaire et Solidarité nationale a émis le souhait de son gouvernement de voir en 2014, les équipes humanitaires mener des évaluations conjointes Gouvernement-Communauté humanitaire.
            La représentante du Comité des ONG internationales  a remercié aussi bien les bailleurs de fonds que le gouvernement congolais, ainsi que le Coordonnateur humanitaire et les représentants de différentes organisations internationales et des agences des Nations unies pour le travail abattu sur le terrain en vue de soulager la vie des millions des personnes qui ont besoin de l’assistance humanitaire.
            Elle a invité les uns et les autres à ne pas oublier « les communautés qui doivent faire face à une crise humanitaire ou à des épidémies diverses au Kasai Oriental, au Kasai Occidental ou encore au Katanga » ainsi que « les populations en situation de détresse en Equateur, en Province Orientale, au Bandundu ou au Maniema. »
Kléber Kungu


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