mercredi 19 février 2014

Le Coordonnateur humanitaire craint une aggravation de la crise au Katanga



Moustapha Soumaré tire la sonnette d’alarme

Le Coordonnateur humanitaire craint une aggravation de la crise au Katanga

            Depuis 2011, le nombre de personnes déplacées dans la province du Katanga s’est multiplié par huit. Ce qui fait craindre une aggravation de la crise humanitaire dans cette partie du pays. Le responsable de l’aide humanitaire des Nations unies en République démocratique du Congo (RDC), Moustapha Soumaré, signale que le nombre de personnes déplacées par la violence dans la province du Katanga augmente d’une façon alarmante.  
            “A l’heure actuelle, a déclaré le Coordinateur humanitaire en RDC, Moustapha Soumaré,  il y a huit fois plus de personnes déplacées à l’intérieur du Katanga qu’il y a trois ans,  L’aggravation de la situation sécuritaire pourrait déplacer plus de personnes au cours des prochaines semaines ».
            A ce jour, on estime qu’il y a 402 000 personnes déplacées au Katanga, comparé aux 51 000 en mars 2011. Plus de 2.9 millions de personnes sont déplacées à travers la RDC.
            “Plus il y a de personnes déplacées à l’intérieur du pays, a-t-il redouté, plus nous devons répondre aux besoins en aide d’urgence. Nous devons trouver des solutions et faire en sorte que les populations civiles ici ne se sentent pas oubliées”.

Le triangle de la mort
            Selon un communiqué du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha), l’insécurité reste la raison principale des déplacements au Katanga, une province riche en minéraux et qui était traditionnellement considérée comme assez stable et productive sur le plan économique.
            Cependant, depuis septembre 2013, plus de 60 villages ont été brûlés au cours d’une campagne de terre brûlée par les combattants Mai Mai Bakata Katanga dans les territoires du nord de Manono, Mitwaba et Pweto – une région appelée « triangle de la mort » par les organisations humanitaires.  
            La région de Pweto, à elle seule, héberge quelque 60 000 personnes obligées de fuir leurs habitations à cause de la violence, représentant 36 pour cent de la population totale de déplacés internes dans la province.

Les travailleurs humanitaires en danger
            L’augmentation de l’insécurité au Katanga empêche par conséquent les agences humanitaires d’apporter leur aide. Ce qui constitue donc un véritable danger pour eux. Par exemple, les experts en alimentation estiment que des milliers de personnes vivant dans « le triangle de la mort» souffrent d’extrême malnutrition. Cependant, l’insécurité signifie que les organisations humanitaires ne peuvent pas apporter assez de vivres et d’assistance. Chaque jour qui passe, apprend-on, des dizaines de personnes, et surtout les enfants, souffrent de malnutrition, ce qui ouvre, par conséquent, la porte aux maladies, aux infections et à la mort.
            La source ajoute que l’année dernière, le personnel de santé a combattu une épidémie de choléra qui a affecté plus de 13,700 personnes au Katanga – faisant d’elle la province la plus touchée du pays. Il a fallu plus de temps pour maitriser cette maladie mortelle dans les régions en proie à l’insécurité.
            “L’insécurité est un élément de la planification,  mais cela ne nous a jamais empêchés d’apporter l’aide humanitaire. C’était simplement plus difficile à faire,” a dit Joseph Inganji, le chef de bureau par intérim d’Ocha en RDC. “A de nombreuses occasions, les convois d’aide au Katanga ont dû transiter par la Zambie, un détour qui demande beaucoup de temps et d’argent.”
            Selon les chiffres compilés par Ocha, les miliciens Bakata Katanga sont responsables de plus de la moitié des personnes déplacées de force dans la province,.

Choléra, cantines scolaires et ex- enfants soldats
            Selon le communiqué d(Ocha, avec sept agences onusiennes et environ 50 ONG présentes, le Katanga a la plus petite communauté d’aide humanitaire des quatre provinces orientales de la République démocratique du Congo. Cette situation et les problèmes sécuritaires n’arrivent pas à empêcher les acteurs humanitaires de voler au secours des populations en détresse.
            Le Programme alimentaire mondial (PAM)) et ses partenaires ont distribué plus de 11 000 tonnes de vivres en  2013 – suffisamment pour 690,000 personnes. Son programme de cantine scolaire a joué un rôle crucial pour que les enfants restent à l’école. Cette initiative qui date de nombreuses années fournit chaque jour des repas chauds aux enfants, un service qui parfois s’étend à d’autres membres de la famille.
            En 2013, Le Fonds commun d’OCHA a alloué de l’argent aux ONG Solidarités International  et à l’Agence adventiste de secours et de développement (ADRA)) pour améliorer les installations d’eau et d’assainissement et combattre le choléra au Katanga. Une allocation supplémentaire a permis au Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) de sauver plusieurs centaines d’enfants des mains des groupes armés.
            La détérioration de la situation sécuritaire au Katanga oblige les agences de l’Onu et les ONG à réviser leurs opérations dans la province et à augmenter leur présence et leur capacité. OCHA a renforcé ses opérations au Katanga en ajoutant deux membres de plus et les autres organisations planifient d’en faire de même.
“La situation au Katanga est critique. Elle exige beaucoup plus d’attention, plus d’acteurs, et plus de fonds,” a souligné Moustapha Soumaré. “Nous devons augmenter notre réponse humanitaire si nous voulons sauver la province d’une crise généralisée.”

Kléber Kungu

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