mardi 25 février 2014

Le projet pont route rail Kinshasa et Brazzaville rebondit



Intégration multidimensionnelle pour la sous-région

Le projet pont route rail Kinshasa et Brazzaville rebondit

            Verra-t-il le jour ou non, le pont routier et ferroviaire entre Kinshasa et Brazzaville, les deux capitales les plus proches du monde ? La question a sa place d’autant plus que depuis que le projet est né, beaucoup de temps s’est écoulé sans que les choses évoluent véritablement. Kinshasa et l’Assemblée provinciale du Bas-Congo s’étaient opposé au projet. Aujourd’hui, le projet semble rebondir et on parle de son lancement en 2014. C’est que les réticences ont été aplanies. Les études de faisabilité, réalisées par le cabinet français Egis, devraient être rendues entre mars et juin prochains. Le pont, qui est un projet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale, CEEAC. sera constitué d’une route pour automobile et de rail pour le chemin de fer Kinshasa Ilébo.

            Les deux capitales qui s’enorgueillissent d’être les plus rapprochées du monde, avec quatre kilomètres seulement les séparant, n’ont de proche que le nom. Car il n’existe aucune infrastructure de transport reliant les deux villes. En outre, pour passer d'une rive à l'autre, les marchandises et les personnes des deux villes empruntent des bateaux de fortune et la plus grande partie du commerce reste donc dans le secteur informel.

            Le Nepad (Le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique), qui s’occupe du dossier, a chargé le président congolais Denis Sassou Nguesso est chargé de son suivi. Le coût total, apprend-on, s’élève à 400 millions d’euros.

            Le projet, plusieurs fois reporté, s’inscrit dans le cadre d’une politique d’intégration sous régionale. Plusieurs bailleurs de fonds à l’instar de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD) ont déjà annoncé leur avis favorable à la réalisation de ce projet. Pour la phase d’étude du projet, la BAD a financé les travaux pour environ 6 millions de dollars.
            En décembre 2013, les autorités des deux pays ont pu se mettre d’accord sur le site où le Pont-route-rail sera érigé : le site de Maluku. A en croire les projections, les deux Congo implanteront des zones économiques spéciales (ZES)  sur les deux rives. Les deux Maluku constituent également des sites d’extension pour les capitales Kinshasa et Brazzaville ; ils demeurent donc un choix optimal pour le projet. Aussi la réalisation du projet permettra-t-elle de toucher à 3 piliers de cette démarche d’intégration sous-régionale. Premièrement, il renforcera la libre circulation des biens et des personnes entre les deux pays. Deuxièmement, il conduira à une réduction de délais d’attente lors de la traversée du fleuve, d’un pays à l’autre. Enfin, il améliorera la qualité des services de transport et réduira les coûts associés.

Réticences de Kinshasa et de l’Assemblée provinciale du Bas-Congo
            Au début, Kinshasa et l’Assemblée provinciale du Bas-Congo avait présenté beaucoup de réticences quant à la construction de ce pont. Ce qui explique en partie le retard qu’a pris le projet. le Le gouvernement congolais estimait que la construction de ce pont ne pouvait être possible qu’après des études de son impact sur les ports de Matadi et de Boma, dans la province du Bas-Congo,  craignant que le pont ne constitue un contrepoids contre les ports de Matadi et de Boma dans le Bas-Congo au profit du port en eau profonde de pointe noire. Ainsi le gouvernement congolais a donc conditionné son accord à la construction d’un port en eaux profondes à Banana dans le Bas-Congo.
            Selon les statistiques gouvernementales, les deux ports représentent 60% des recettes douanières de la RDC, très loin devant les postes douaniers de Kasumbalesa au Katanga et Kasindi et Bunagana au Nord Kivu. Des analystes  congolais avaient également présenté le manque à gagner pour la RDC, estimant que ce pont allait gêner par la suite des régies et entreprises comme l’Office de gestion et fret maritime (Ogefrem), l’Office congolais de contrôle (OCC), la Société congolaise des transports et des ports (SCTP) ex-Onatra et de nombreuses agences en douane. Ils avaient ajouté que l’activité économique de la province du Bas Congo risquait de connaître un fort ralentissement.
Selon les sources gouvernementales à Kinshasa, la réticence de la RDC repose sur le contre poids que pourrait subir les ports de Matadi et de Boma, au profit du port en eau profonde de pointe noire.
            La population du Bas Congo a toujours émis les mêmes réserves sur ce projet. Plusieurs délégations de cette province se sont rendues à Kinshasa pour présenter leur désaccord sur l’érection de ce pont. 

Avantages selon la BAD
Pour la BAD, la mise en œuvre rapide d’un pont route-rail entre Kinshasa et Brazzaville permettrait entre autres  :
« -de favoriser les échanges commerciaux entre les deux pays;
-d’améliorer la continuité du système de transport sur le corridor Cameroun-Gabon-Centrafrique-Congo - RDC, passant par le Tchad et la République centrafricaine;
-de renforcer le processus d'intégration régionale et d'échanges, notamment au sein des pays membres de la CEAAC et avec les pays de la SADC et, à terme, avec ceux du COMESA. »
La réalisation du projet aura comme principaux résultats :
« - la réduction des délais d'attente lors de la traversée du fleuve Congo ;
- le renforcement et l'accroissement de la libre circulation des personnes et des biens au sein de la CEEAC;
-l'élimination de la rupture de la chaîne de transport, pour les deux modes, routier et ferroviaire;
-l'amélioration de l'efficacité des services de transport et la réduction des coûts qui y sont associés. »
            Ce pont route-rail favorisera donc une révolution dans les échanges entre les deux pays dans la mesure où ses bénéfices seront énormes en termes d’intégration et de retombées économiques. Sans oublier le brassage culturel qu’il renforcera entre deux peuples qui ont presque les mêmes modes de vie et d’existence. Le Congo Kinshasa et le Congo Brazzaville pourront aisément échanger sur les plans économique, culturel et politique en vue de trouver ensemble des solutions à leurs problèmes communs.

Description du pont

            L'ouvrage à réaliser comprendra les éléments essentiels suivants: 1) un pont route-rail destiné à assurer le passage dans des conditions optimales de sécurité et d'économie d'un trafic automobile et ferroviaire dont les caractéristiques seront déterminées par les études ;  2) une voirie d'accès sur chaque rive, destinée au raccordement de l'ouvrage au réseau routier et le raccordement ferroviaire, de chaque pays avec les dispositions adéquates;  3) des installations terminales dissociées (ou communes) en liaison avec le caractère spécifique de l'implantation de l'ouvrage en zone frontalière devant traiter des questions administratives, de police, douanes, etc.; en relation avec son mode de fonctionnement et d'exploitation (services, péage, zones spéciales).
Kléber Kungu






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