mardi 27 août 2013

Concertations nationales : Guerre de mots, suspicions, perdiem, quotas, immunité, … : un enfantement difficile

Concertations nationales Guerre de mots, suspicions, perdiem, quotas, immunité, … : un enfantement difficile Jamais rencontre entre Congolais n’a provoqué autant d’engouement, autant de remue-ménage, autant de levée de boucliers entre Congolais, selon qu’on est de l’opposition ou de la Majorité présidentielle. Guerre de mots, suspicions, divergences sur le contenu, quotas des participants, immunité, opposabilité des résolutions des concertations… Tous les ingrédients sont réunis pour présager une rencontre fort agitée dont l’enfantement est fort pénible. Autant de revendications qui fâchent tirant en longueur les concertations nationales initiées par le chef de l’Etat Joseph Kabila dans son discours prononcé le 30 juin à l’occasion du 53ème anniversaire de l’accession de la République démocratique du Congo à l’indépendance et à la souveraineté internationale. A l’annonce de la tenue de concertations nationales par le chef de l’Etat, certains esprits n’ont pas trouvé mieux que de les rejeter, estimant que ces concertations n’ont aucune raison de se tenir, d’autant plus que des pourparlers de Kampala se tenaient au même moment. Après une accalmie, le dossier concertations nationales a resurgi de plus belle lorsque l’idée de leur tenue est devenue une réalité. Surgit alors une guerre de concepts, de mots tant prisée par la classe politique congolaise. Comme à la très mémorable période du Dialogue inter congolais. Pour certains, il fallait parler de dialogue et non de concertations. En faveur des préparatifs de ces concertations nationales, chaque formation politique affûte ses armes. On remarque plus de remue-ménage au sein de l’’opposition politique qui se réunit en conclave. Elle préfère le concept « dialogue national » aux « concertations nationales » telles convoquées par le président Kabila. Pour Michel Bongongo, rapporteur de ce conclave, la différence entre dialogue national et concertations nationales se situe au niveau du contenu de l’ordonnance présidentielle. Il estime que le chef de l’Etat ne doit pas créer mais plutôt convoquer le dialogue national. Si quelques divergences persistent entre, d’un côté, l’opposition et la Majorité, et de l’autre, au sein de l’opposition, sinon tout le monde, du moins la majorité est d’accord sur un point : « touche pas à ma constitution ». Quel engouement ! En convoquant ce forum sur le plan national, le président Joseph Kabila ne s’est pas imaginé un seul instant qu’il allait provoquer un tel engouement et une telle veillée d’armes. Dans tous les cas, dans son entendement, l’initiateur des concertations nationales a voulu qu’elles réunissent toutes les couches sociopolitiques de la Nation afin de réfléchir, d’échanger et de débattre, en toute liberté et sans contraintes, des voies et moyens de consolider la cohésion nationale, de renforcer et d’étendre l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national, de mettre fin à la violence cyclique dans l’Est du pays. Il s’agit de « nous ranger en ordre de bataille permanent pour la défense de la patrie et accélérer le développement du pays dans la paix et la concorde », a-t-il souligné. Mais à quelques semaines de la tenue de ce forum national, certaines composantes estiment qu’il n’a pas inclus tous ceux qui devaient y participer. Alors que Joseph Kabila a voulu que les concertations nationales débattent des « thèmes relatifs à la gouvernance, à la démocratie et aux réformes institutionnelles, à l’économie-secteur productif et aux finances publiques, au processus de désarmement, démobilisation, réintégration sociale ou au rapatriement des groupes armés, aux conflits communautaires, à la paix et à la réconciliation nationale, ainsi qu’à la décentralisation et au renforcement de l’autorité de l’Etat », ceux qui ne sont pas au pouvoir souhaitent qu’elles aboutissent au partage du pouvoir en mettant en place un gouvernement dit d’union nationale. Qui doit participer ? Qui ne doit pas participer ? Qui doit participer ? Qui ne doit pas participer ? Qui prendre ? Qui ne pas prendre ? Sur base de quels critères ? A voir l’effervescence et l’engouement avec lesquels les composantes se bousculent au portillon, les réponses à ces deux questions constituent un véritable casse-tête pour le Comité préparatoire. La tenue prochaine des concertations nationales sont loin d’apaiser les esprits des Congolais, des structures et autres institutions qui ne jurent que par leur participation à tout prix à ces concertations. Jamais rencontre entre Congolais n’a provoqué autant d’engouement. Au point de se demander ce qui fait courir les uns et les autres. Est-ce le souci de représenter le peuple congolais pour exprimer ses desiderata ? Est-ce pour des intérêts personnels ? A en croire aux revendications des uns et des autres, Des voix fusent de partout pour réclamer la participation aux concertations nationales. Chacun estimant sa participation aussi importante que celle l’autre dans ce méga rencontre. Même sur la question de la participation ou non des groupes armés ou autres forces négatives, les violons restent aussi divergents. Finalement, le nombre de participants a été revu à la hausse, le ramenant de 465 à 690 en raison 140 participants pour la majorité, 100 pour l’opposition, 100 pour la Société. Comme quoi, la question de quota des participants reste une véritable quadrature du cercle. Comme si les Congolais avaient un problème de gouvernement ! Mais pour les plus lucides, à travers le gouvernement, les ennemis des Congolais cherchent la tête de Matata Ponyo. Donc, ceux qui jurent depuis longtemps d’avoir la peau de Matata, la tenue des concertations nationales constitue une belle occasion pour obtenir ce qu’ils peinent à avoir, des sessions durant, par la voie d’interpellations. Le forum initié par le président Kabila a pris du retard sur fond de moult revendications de l’opposition politique et d’autres parties prenantes. Un enfantement pénible dont les douleurs sont très perceptibles. Vient la désignation par Kabila du présidium des concertations chapeauté par deux personnes : Aubin Minaku (président de l’Assemblée nationale) et Léon Kengo (président du Sénat). Une désignation qui n’a pas manqué de susciter des suspicions, indexant (déjà) le présidium d’être d’un seul camp. Pour les pessimistes, Léon Kengo n’a d’opposition que le nom. Pour avoir les points de vue de toutes les parties devant participer aux concertations nationales, Kengo a dû mener des consultations durant d’épuisantes semaines : un véritable chemin de combattant jonché du refus des uns et des autres de participer à ce que certains qualifiaient de « messe déjà dite ». Le comité préparatoire au groupe de contact de mise en place pour harmoniser les points de vue n’a pas eu, non plus, la tâche facile. A la tête duquel trônent deux modérateurs : Thomas Luhaka (MLC-opposition) et Evariste Boshab (PPRD-Majorité). En dépit de tout, il a pu clore ses travaux avant d’en déposer le rapport sur la table du présidium. A la nomination de l’équipe de modération, des voix se sont également élevées pour dénoncer un fait : l’opposition que semblait incarner Thomas Luhaka n’était que le nom : il entretiendrait des relations très proches avec le pouvoir en place ! Comme quoi, la Majorité présidentielle a la dragée haute sur tout ce qui préparait pour la tenue de ces concertations ! 400 dollars/jour/participant Ce grand forum tenu en territoire congolais, le second après la très mémorable Conférence nationale souveraine (CNS) tenue entre 1990 et 1992, qui commence le 4 septembre, réunira au moins 700 participants. Le per diem des participants ? Les organisateurs n’y ont bien réfléchi. Certaines sources dignes de foi parlent de … 400 dollars américains que touchera chaque jour un participant. A la fin des concertations nationales qui prendraient au moins 15 jours, les « concertateurs » empocheront quelque 6 000 dollars. Que les esprits lucides comprennent pourquoi tant de demandeurs au portillon de ce forum ! Des concertations tout à fait inédites en ce qui concerne le déroulement des travaux. Au cours desquels il n’y aura ni facilitateur ni de médiateur, mais un accompagnateur qui sera sollicité, précise-t-on, en cas de besoin, par le président de la République. Et est le nom de Denis Sassou, président du Congo Brazzaville est le plus cité. La désignation de Sassou Nguesso comme accompagnateur est, pour certains, n’est pas innocente, même si certains semblent s’accorder sur cette désignation. Etre participant ne veut pas dire être un parlementaire Un autre point à l’origine des profondes divergences entre l’opposition et la majorité est la question du caractère opposable que doivent revêtir les résolutions issues des concertations nationales. Alors que l’opposition soutient que les résolutions des concertations nationales doivent être opposables à tous, y compris au président Joseph Kabila, la Majorité s’y oppose.. Quant à la question liée aux immunités à accorder aux participants, elle a été tout simplement rejetée. Le rejet de cette proposition a été justifié par le fait que les participants aux concertations nationales ne peuvent se croire des parlementaires pour rêver s’octroyer une immunité ; ceux-ci devant bénéficier, par contre, d’une sécurité suffisante. A quelques jours du début des assises, la liste des revendications est loin de se clôturer. L’opposition, par la voix de José Makila du parti ATD (Alliance des travaillistes congolais pour le développement) pense qu’il faut d’abord décrisper le climat politique et demande, par conséquent, au chef de l’Etat Joseph Kabila de libérer « les prisonniers politiques » (…) Chalupa, Diomi Ndongala, Fernando Kutino, (…) le député national Nzangi (…) pour que le climat politique soit décrispé», a indiqué José Makila du parti ATD. Guerre de mots, suspicions, divergences sur le contenu, quotas des participants, immunité, opposabilité des résolutions des concertations…Une litanie de revendications et autres débats qui présagent des concertations houleuses. Les Congolais attendent que ces concertations aboutissent à quelque chose de concret. Les Congolais dans leur majorité attendent tout de ce forum susceptible de grignoter quelques sommes d’argent, sauf l’enfantement d’un gouvernement d’union nationale. La RDC, leur pays, a vécu bien des gouvernements d’union nationale (de consensus, de large union nationale…). De tout cela, ils gardent des souvenirs amers. Le problème d’aujourd’hui n’est pas le gouvernement, quoiqu’on reconnaisse quelques failles dans l’exécution de la vision du chef de l’Etat par certains ministres…Que ceux veulent faire de ce forum une occasion pour obtenir un poste quelconque prennent leur mal en patience, le temps de passer sous le tamis du souverain primaire. Kléber Kungu

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire