mercredi 6 mars 2013

Brigade d’intervention rapide en RDC, l’Onu hésitante

Sécurisation dans l’Est du Congo Kinshasa Brigade d’intervention rapide en RDC, l’Onu hésitante Le Guatemala, le Pakistan, la Russie et la Chine sont parmi les pays membres du Conseil de sécurité qui hésitent Décidément, la brigade d’intervention rapide en République démocratique du Congo a peu de chance de voir le jour le plus tôt possible. Dans son rapport spécial sur la RDC et la région des Grands Lacs, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a demandé mardi 5 mars au Conseil de sécurité de renforcer rapidement la Mission de l’Onu en République démocratique du Congo (Monusco), mais, apprend-on, plusieurs pays hésitent en s’interrogeant sur l’opportunité de créer une brigade d’intervention rapide. Ils considèrent l’approche de Ban Ki-moon comme audacieuse et innovante. Le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a appelé le Conseil de sécurité à autoriser le déploiement d’une brigade internationale d’intervention en République démocratique du Congo (RDC). Cette brigade serait chargée de mener des « opérations offensives contre tous les groupes armés qui menacent la paix dans l’est » du pays, et de « fournir à la brigade l’appui politique nécessaire ». « La situation sécuritaire demeure fragile et exige des actions urgentes », a déclaré Ban Ki-moon qui présentait, mardi 5 mars, son rapport spécial sur la RDC et la région des Grands Lacs. Le Secrétaire général a affirmé que cette brigade d’intervention, relevant de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), et dont l’établissement avait été demandé par les acteurs régionaux, devra « contenir la progression des groupes armés tant congolais qu’étrangers, les neutraliser, et les désarmer ». M. Ban a précisé que des consultations avec les actuels pays contributeurs de contingents de la Monusco et avec des contributeurs potentiels de la brigade internationale avaient lieu afin de préparer, si le Conseil donne son feu vert, le « déploiement rapide » de celle-ci. «J’invite le Conseil à autoriser le déploiement de cette brigade et à lui fournir le soutien politique nécessaire», a déclaré Ban Ki-moon devant le Conseil de sécurité de l’Onu. Il a précisé que cette unité de 2.500 hommes «aurait la capacité de mener, avec ou sans les FARDC, des opérations offensives contre tous les groupes armés qui menacent la paix dans l’est de la RDC». Ban Ki-moon a également annoncé qu’il nommerait un envoyé spécial pour la région des Grands Lacs. Ce dernier travaillera en étroite collaboration avec les gouvernements des États de la région pour accompagner la mise en œuvre des mesures prévues aux niveaux national et régional. Hésitation des membres du Conseil Mais au cours des consultations qui ont suivi, plusieurs pays du Conseil de sécurité ont questionné la faisabilité de cette brigade, selon des diplomates. Les membres du Conseil «considèrent l’approche du secrétaire général de l’Onu comme audacieuse et innovante mais il y a eu un certain nombre de questions» sur le renforcement de la Monusco, a déclaré l’ambassadeur russe Vitali Tchourkine, qui préside le conseil en mars. «Nous avons encore beaucoup de travail dans les semaines à venir», a-t-il ajouté en espérant l’adoption d’une résolution avant fin mars. Selon un diplomate du Conseil, les pays qui fournissent des troupes aux opérations de maintien de la paix de l’Onu (Guatemala, Pakistan notamment) ont évoqué les risques de représailles contre les Casques bleus tandis que la Russie et la Chine soulevaient des objections «de principe». Les Etats-Unis de leur côté doutent des capacités militaires de la Monusco, a-t-il ajouté. La création de la brigade d’intervention rapide risque de prendre beaucoup de jours avant de se concrétiser d’autant plus le prochain président du Conseil, à partir du 1er avril, sera le Rwanda. Or Kigali est accusé dans de nombreux rapports de l’Onu de soutenir le M23, un des groupes armés actifs dans la partie orientale de la RDC que la brigade est censée précisément combattre. Des experts onusiens estiment, par ailleurs, que les rebelles du M23 ont été aidés et armés par le Rwanda et l’Ouganda, des allégations que ces deux pays démentent. C’est à la France qu’incombe la rédaction d’un projet de résolution sur le renforcement de la Monusco. La force onusienne a été critiquée pour son incapacité à pouvoir mettre fin aux violences dans l’est de la RDC, en dépit de 17 000 hommes qui la composent. L’ambassadeur de RDC à l’Onu, Ignace Gata Mavita,a demandé au Conseil «de prendre rapidement une résolution autorisant le changement du mandat de la Monusco pour un mandat beaucoup plus robuste» et d’autoriser le déploiement rapide d’une brigade d’intervention rapide «dotée d’un mandat d’imposition de la paix». Espoir des Congolais avec leurs 8 millions des morts Il a expliqué que son pays plaçait « beaucoup d’espoirs » dans les deux initiatives qui découlent de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région, signé le 24 février à Addis-Abeba, « à savoir l’ajout de drones aux capacités de surveillance de la Monusco ainsi qu’une brigade d’intervention dont le mandat serait beaucoup plus robuste que les mandats traditionnels de maintien de la paix de l’Onu ». Le représentant congolais a poussé plus loin son plaidoyer en faveur de son pays en appelant les États de la région à exécuter de bonne foi les engagements auxquels ils ont librement souscrit. « En RDC, des milliers de personnes continuent chaque jour d’être victimes de la guerre. Avec plus ou moins 8 millions de personnes tuées en 15 ans de guerres successives, les massacres des civils de mon pays présentent l’un des tableaux les plus sombres que l’humanité ait jamais connu depuis la seconde Guerre mondiale », a-t-il conclu. Alors que la situation sécuritaire dans l’Est reste préoccupante, les doutes ou les hésitations des pays membres du Conseil de sécurité de l’Onu sur la création de la brigade d’intervention rapide en RDC ne peuvent qu’être de nature à renforcer le doute sur la volonté de la communauté internationale d’accompagner la RDC dans sa quête de la paix et de la stabilité sur l’ensemble de son territoire. La position hésitante du Conseil de sécurité de l’Onu ne fait que provoquer un découragement au sein de la communauté congolaise qui a salué la signature de l’accord-cadre. Kléber Kungu

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