mercredi 12 décembre 2012

Le délicat exercice d’être médiateur agresseur

Pourparlers de Kampala Le délicat exercice d’être médiateur agresseur La présidence en exercice de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) a du pain sur la planche, vu le nombre de réunions (sommets) qui se sont successivement tenus à Kampala pour débattre du problème de la guerre d’agression en RDC. A quelque deux semaines de la fin de son mandat, le président ougandais, Yoweri Museveni, doit se réjouir de s’approcher de la fin d’une tâche aussi délicate. Parvenir à mener sans casse la médiation dans un conflit qu’il est accusé d’attiser reste le défi de l’homme fort de Kampala. Comment la délégation congolaise a-t-elle accepté de se rendre dans la capitale d’un pays qui est accusé, au même titre que son voisin le Rwanda, de soutenir les rebelles du M23 qui combattent contre l’armée congolaise ? C’est la raison principale qu’avancent ceux des Congolais qui, estimant que les pourparlers de Kampala, n’accoucheront qu’un d’une souris, n’ont pas voulu se rendre dans la capitale d’un pays qui agresse leur pays. Se poser en médiateur en faveur de la présidence en exercice de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) est une mission très périlleuse pour M. Museveni qui doit exceller en neutralité en départageant les protagonistes qui vont tenter de camper, chacun, dans sa position au cours des négociations qui ont déjà annoncé les couleurs dès l’ouverture et 24 heures plus tard. En effet, lundi 10 décembre, au deuxième jour des négociations de Kampala, les rebelles du Mouvement du 23 mars ont décidé de boycotter les pourparlers, reprochant à Kinshasa son agressivité verbale au début de la rencontre. « Nous sommes ici pour négocier, pas pour écouter la colère du gouvernement », a protesté René Abandi, responsable des relations extérieures du M23, sans se prononcer sur un retour aux négociations mardi. « Quand il nous semblera qu'il y a un cadre pour négocier, nous viendrons », s’est-il contenté d’ajouter. À Kinshasa, l'opposition a, quant à elle, refusé de participer aux discussions dont ils présagent aucune issue satisfaisante, de même que le gouverneur de la province du Nord-Kivu, Julien Paluku. Donc, tous les ingrédients ou presque sont réunis pour s’attendre à des pourparlers qui n’accoucheront que d’une petite souris. Mais, le médiateur-agresseur n’a pas droit à l’échec. Il doit user de toutes ses qualités de médiateur équilibriste, doublé d’un médiateur agresseur pour sortir la tête haute dans un conflit dont les accusations de soutien qui pèsent particulièrement sur les hautes autorités de son pays, ainsi que sur le Rwanda sont si évidentes que continuer à les rejeter en bloc signifie tout simplement aux yeux –tout ouverts - d’une communauté internationale, toujours accusée elle-même de complicité, un aveu tonitruant. Il faut être volontairement sourd ou aveugle pour ne pas comprendre la signification de la publication à répétition de ces rapports dits des experts de l’Onu qui ne cessent d’accabler le Rwanda et l’Ouganda de soutien (armes, munitions, hommes…) aux rebelles du M23. Accusé à tort ou à raison d’être moins agressif dans sa diplomatie, le Congolais a usé de toute son intelligence pour faire entendre et défendre la cause légitime de son pays. La guerre du Nord-Kivu a permis de le démontrer avec des Congolais prêts à défendre le territoire national de leur pays menacé de balkanisation. Même si d’autres ont préféré faire entendre leur réprobation par des chansons révolutionnaires dont se moquent éperdument les agresseurs et leurs supplétifs, apparemment plus malins que nous en nous jouant constamment des tours pendant la nuit, mais dont nous nous apercevons les effets dévastateurs fort en retard pendant qu’il fait jour. Avocats, syndicalistes, élus… Ils sont peu nombreux à croire en ces pourparlers. Kambale Lwanga Chernozem, le secrétaire provincial de l'Union Nationale des Travailleurs du Congo, « ne (voit) pas ces assises de Kampala réussir ». « Chaque partie va vouloir camper sur sa position » au prix d'un « sacrifice » de la population, a-t-il déclaré. Pour ce syndicaliste, c’est la neutralité des médiateurs, le Rwanda et l’Ouganda, qui est ici en cause : « Comment peuvent-ils être des médiateurs du conflit qu'ils attisent ? ». Kinshasa, mais aussi des experts de l'Onu accusent ces deux pays de soutenir activement le M23, ce qu'ils démentent. En agressant pour la énième fois la RDC, les Rwandais ne se sont pas encore départis de leur plan machiavélique contre le pays de Joseph Kasa-Vubu. Et la presse du pays de Paul Kagamé n’a pas hésité, en parlant du conflit qui déchire l'est de la RDC, à craindre que ce pays ne connaisse le sort du Soudan, en référence à la sécession du Soudan du Sud. C’est Igihe, un bihebdomadaire en kinyarwanda qui s’est permis cette comparaison dans son édition du 20 novembre. Revenons aux accusations de soutien aux rebelles du M23 portées contre le Rwanda et l’Ouganda par toute la communauté internationale en réfléchissant froidement. Pourquoi toute la communauté internationale, particulièrement leurs amis inconditionnels anglo-saxons, s’évertue depuis le déclenchement, il y a 8 mois, de ce conflit, à accabler ces deux pays d’accusations de soutien à la rébellion du M23 s’ils sont innocents ? Kléber Kungu

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