mardi 18 décembre 2012

Didier Munsala tire sa révérence : l’encre d’une plume féconde a séché

Décédé lundi 17 décembre Didier Munsala tire sa révérence : l’encre d’une plume féconde a séché
Lundi 17 décembre. Il est temps de nous restaurer. Alors que d’autres confrères viennent de manger, Nadège, la fille qui nous prépare à manger invite Didier Munsala - qui est accolé à la machine en train de rédiger son éditorial « Equateur : le gouverneur limogé », il est l’éditorialiste du jour- à aller manger. Il lui promet d’être là dans quelques minutes. Quelques minutes après, je m’en vais le rappeler. « Je ne mange pas », me répond-il, le nez sur l’ordinateur. Son édito terminé, il sort de la salle de machines pour se relaxer sur une chaise blanche en plastique. L’encodeur Michel Kabeya, du reste son cousin – nous apprend que Didier est fort souffrant et il doit rentrer chez lui. « RC [ pour Rédacteur en chef, comme j’aimais l’appeler, NDLR], es-tu capable de rentrer seul chez toi ? » lui demandé-je. « Oui, mais j’attends que Trésor [notre insoleur, NDLR] m’achète de l’eau », me répond-il d’une voix faible, après avoir relevé sa tête quelques minutes plus tôt penchée dans un petit somme. Quelques secondes après, je lui remets une bouteille d’eau de Canadian Pure pour laquelle il m’a remis 500 FC quelques minutes plus tôt. Le récit des derniers moments d’un confrère qui a laissé une corporation éplorée. Voilà les derniers gestes ou actes que je garde de ce grand journaliste dont l’encre de sa plume si féconde et prolixe vient de sécher. A jamais. Avec pour derniers écrits : « Equateur : le gouverneur limogé », le tout dernier éditorial signé de la main d’un homme qui a su, durant sa carrière si riche, prouver par ses talents qu’il n’a pas volé son diplôme de journaliste obtenu à l’Institut supérieur des techniques de l’information (ISTI), l’actuel Ifasic. Ce lundi, la journée commence bien. Chacun journaliste arrive à la rédaction à tour de rôle. Y compris Didier Munsala, dont la santé s’est détériorée depuis quelques semaines. Ce qui ne va pas l’empêcher d’être régulier dans sa production… Une fois, à la rédaction, il s’engouffre dans la salle de machines où, sans perdre une seconde, il va se mettre devant le clavier d’un ordinateur pour saisir son texte : un éditorial. Il ne va lever son nez de la machine qu’une fois la tâche terminée. Une tâche qu’il va accomplir dans un silence qui n’avait rien d’inquiétant : Didier Munsala Buakasa est de nature taciturne et timide qui communique rarement, surtout lorsqu’il est en plein travail. Mais depuis quelques semaines, l’état de santé n’a cessé d’inquiéter ses confrères. Je suis l’un de ceux qui en parlaient régulièrement aux autres. Ce lundi, un autre confrère, Roger Mabanza, notre metteur en place, m’a rejoint dans cette inquiétude et angoisse. « Chef Didier est sérieusement malade », ne cesse-t-il de nous répéter. « Pourquoi ne resterait-il pas chez lui ?» s’étonne-t-il. Oui, l’angoisse, l’inquiétude, l’étonnement vont augmenter au fur et à mesure que nous voyions Didier. La pâleur de sa peau, son silence devenaient visiblement fort inquiétants. Mais personne, alors personne n’est capable de l’voir venir le drame. Pardon, l’irréparable. Le Maître des temps et de l’espace ayant obstrué tous nos sixièmes sens, même nous qui côtoyons quotidiennement Didier avec qui nous ne cessons de partager des moments de blagues, d’humours, de rires… Un journaliste doublé d’un humoriste Oui, en dépit de sa nature taciturne, Didier Munsala disposait, outre de talents inestimables de journaliste, du sens élevé d’humour…Qu’il venait malheureusement de perdre depuis quelques semaines en raison d’une mauvaise santé. Donc, le jour fatidique, Didier Munsala, après avoir pris l’eau, va prendre son courage en main, accompagné d’un de ses meilleurs amis, Philippe Wete, son condisciple de l’Isti, et de papa Beros, le chauffeur de l’éditeur, pour se rendre chez lui. C’est Didier qui va descendre le premier sur Ingende pour se rendre chez lui sur Bosenge dans la commune de Ngiri-Ngiri. Quelques minutes plus tard, Philippe Wete arrive chez lui, à Bambili à Kimbangu. Il n’a que le temps de se débarrasser de son sac avant que son confrère Rombaut Otaba l’appelle, l’informant qu’il venait de recevoir du journaliste Dominique du Phare l’ayant informé que Didier était tombé. Dominique est la dernière personne s’étant entretenu avec Didier au téléphone dont le vendeur de la pharmacie à l’intérieur de laquelle il est tombé s’est servi du numéro de téléphone. Didier est donc mort dans sa chute dans la pharmacie sur Ingende et Assossa. Didier venait donc de terminer de cette manière si particulière sa course terrestre, après avoir accompli courageusement sa tâche quotidienne au journal qui l’a employé des décennies durant. Il est 23 heures 11 lorsque, encore à la rédaction en train de boucler une édition- la dernière pour lui – à laquelle Didier a contribué significativement, Luc-Roger Mbala Bemba, qui vient de recevoir un coup de fil de l’éditeur Mankenda Voka qui venait de quitter la rédaction quelques minutes plus tôt lui annonçant le décès de Didier. « Kléber, le Boss vient de m’appeler : Didier est mort », annonce le directeur de la rédaction de L’Observateur Luc –Roger, d’une voix faible, à quelques agents que nous sommes à la rédaction. Le choc est colossal. Il faut entendre réagir Patrick Lokombe, le webmaster de L’Observateur, Trésor Kibambe, Luc-Roger… Chacun réagit à sa manière avec pour dénominateur commun : la tristesse, l’abattement, l’étonnement… C’est successivement à 23h 50, à 2h55 que, le choc atténué, que je m’en vais annoncer la triste nouvelle à Blandine Lusimana, à Maurice Bakeba…Tous n’en reviennent pas, ils n’en croient pas leurs oreilles. Et pourtant, la réalité est là : Didier Munsala vient de quitter ce monde à sa manière : après avoir accompli courageusement, dans la souffrance, la tâche du jour. Adieu, RC ! Kléber Kungu

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