lundi 10 décembre 2012

L’avenir du Nord-Kivu se joue sur fond de boycott des discussions

Pourparlers de Kampala L’avenir du Nord-Kivu se joue sur fond de boycott et des tensions Les rebelles du M23 ont décidé lundi de boycotter le deuxième jour des négociations avec les autorités de République démocratique du Congo (RDC) qui se déroulent depuis dimanche 9 décembre à Kampala, capitale ougandaise. Comme s’ils sont, eux, des enfants de chœur, les hommes de Jean-Marie Runiga reprochent à Kinshasa son agressivité au début des pourparlers. « Nous ne venons pas. Nous sommes à notre hôtel », a affirmé René Abandi, responsable des relations extérieures du M23. « Nous sommes ici pour négocier, pas pour écouter la colère du gouvernement, a-t-il ajouté, sans dire si les rebelles participeraient aux négociations mardi. Quand il nous semblera qu'il y a un cadre pour négocier, nous viendrons », ont –ils déclaré. C’est depuis dimanche 9 décembre que Kampala accueille des pourparlers entre les rebelles du M23 et le gouvernement congolais. Ces pourparlers avaient été promis aux rebelles au terme d'une médiation des pays membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) orchestrée par l'Ouganda, en échange de leur retrait de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Dès l’ouverture de ces pourparlers que d’aucuns ont qualifiés avec raison de haut risque, il a fallu de peu qu’ils en arrivent à capoter, quand le chef de la délégation du M23, François Rucugoza, a affirmé que le conflit dans l'est était dû à une mauvaise gouvernance et, surtout, à un manque de leadership visionnaire, et que le ministre congolais des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, a alors menacé de bloquer les pourparlers. Le chef de la diplomatie congolaise et de la délégation a tout de même prévu de répondre aux accusations du M23, en dénonçant de la décision de leurs interlocuteurs de vouloir boycotter les discussions. « On leur a laissé du temps, mais ils ne sont pas venus. C'est ça la démocratie ? Ils ne sont pas prêts à écouter », a répliqué Raymond Tshibanda, promettant de répondre aux accusations mardi, que les rebelles décident, ou non, de venir. Les rebelles du M23 absents, le ministre ougandais de la Défense, Crispus Kiyonga, a de son côté décidé d'ajourner les discussions à ce mardi en expliquant que le ministre congolais des Affaires étrangères avait jugé approprié de donner l'occasion au M23 d'être présent pour entendre sa réplique. Il est prévu que ces négociations auxquelles Kinshasa était catégoriquement opposé se passent à Kampala, puis à Goma. Les hommes de Jean-Marie Runiga veulent discuter des conditions de leur réintégration dans les forces armées de RDC mais aussi obtenir un dialogue politique national dans le pays. En outre, leur agenda prévoit d’autres points d’ordre politique, économique, social, de développement, de bonne gouvernance, etc. Kinshasa ne les entend pas de cette oreille. Une des divergences qui présage des lendemains houleux dans des discussions qui, selon les analystes les plus pessimistes, n’accoucheront rien de satisfaisant pour les uns et les autres. Donc, des pourparlers de nature à allonger la liste déjà très longue des assises qui servent à rien sinon à rendre le climat politique de RDC toujours plus brumeux où la paix sera une denrée inaccessible à des milliers de Congolais toujours jetés sur la route, en proie quotidiennement à une insécurité quotidienne. Par leurs discours d’ouverture de ces pourparlers tant attendus, toutes les parties ont exprimé leur volonté de voir les Kivutiens vivre désormais une autre vie que celle d’errance, caractérisée par une insécurité d’enfer, entendre d’autres voix que celles lugubres et mortes des armes, avoir d’autres compagnons vivables que les groupes armés. Pour le chef de la délégation congolaise, Raymond Tshibanda, il faut coûte que coûte "La paix, la sécurité, la cohésion nationale et le bien-être du peuple congolais (qui) n'ont pas de prix". Ajoutant qu’il faut travailler pour que le Kivu, région instable riche en minerais, soit "débarrassée du spectre d'un conflit répétitif". De son côté, le chef de la délégation des rebelles du M23, Francois Rucugoza, a assuré que "le M23 ne ménagera pas ses efforts pour participer à la résolution des conflits". Mais le mouvement veut des solutions pour "le pays tout entier" et pas seulement pour l'est du pays, a-t-il souligné. Mais que faire pour que toutes ces déclarations à caractère diplomatique des uns et des autres se traduisent en actes, que les pleurs, les cris de détresse des femmes violées, des enfants qui dorment à la belle étoile sans comprendre pourquoi », comme l’a souligné Raymond Tshibanda, ne cessent à jamais ? Sommes-nous sur la bonne voie tant recherchée par la majorité des Congolais avec cette énième rencontre, et ce, depuis des décennies, alors que certains groupes des Congolais, comme les quatre principaux groupes parlementaires de l’opposition, s’estiment mis à l’écart des discussions qui doit concerner l’ensemble de tous les fils et filles de la RDC ? Si Kampala et Goma doivent traiter des problèmes qui sont à la base de l’insécurité quasi chronique de la partie orientale de la RDC, peut-on croire que ces pourparlers seront capables d’épuiser tous les dossiers pour que les Kivutiens vivent demain une nouvelle ère ? Que nous réserve demain la délicatesse des dossiers à traiter alors qu’à l’ouverture des pourparlers le climat était déjà tendu au point de voir capoter ce que ceux qui ont pris Kalachnikov, canons, mitraillettes et autres chars de combat pour tuer leurs « compatriotes » par des maîtres étrangers interposés pour revendiquer « leurs droits », et Kinshasa ont appelé de tous leurs vœux ? Kléber Kungu

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