mercredi 5 décembre 2012

La lutte contre le VIH/Sida,c'est l’autre guerre

Les organisations du Consortium Plaidoyer VIH/RDC tirent la sonnette d’alarme La lutte contre le VIH/Sida,c'est l’autre guerre
Plus d’un million de personnes vivent avec le VIH en RDC, 380 000 PVV en besoin d’antirétroviraux (ARV) sur 435 000 PVV, soit 87%, n’ont pas accès au traitement, contre 53 500 sont sous traitement, alors que le taux de couverture de l’accès au traitement ARV est de 12,3%, l’un des plus faibles au monde. Des chiffres qui font froid au dos, sur fond d’un désengagement de principaux bailleurs de fonds et d’un budget de la RDC très faible consacré à la santé. C’est le tableau sombre de la République démocratique du Congo (RDC) sur la pandémie du siècle. Face à cette situation très critique, il faut sauver la vie d’un million de personnes. Et le temps presse. C’est la sonnette d’alarme que Les organisations du Consortium Plaidoyer VIH RDC ont tirée mardi 4 décembre au cours d’un Café de presse organisé par Ocha dans la Salle de réunions du PNUD (Villas 89), dans l’enceinte de l’Immeuble Losonia sur le Boulevard du 30 juin dans la commune de la Gombe. François Berdougo de Médecins du Monde France, Thérèse Omari de Fondation Femme Plus, Jean Lukela de Réseau national des organisations à assise communautaire des personnes vivant avec le VIH (RNOAC_GS/PVVIH) et Olivier Wala Wala de l’Union congolaise des organisations de personnes vivant avec le VIH (Ucop+) ont fait «l'état des lieux et perspectives d'action dans la lutte contre le VIH en RDC», en marge de la Journée mondiale de lutte contre le VIH/Sida célébrée le 1er décembre. Pour François Berdougo, la lutte contre la pandémie doit être un combat quotidien pour faire reculer cette maladie. La situation actuelle est telle qu’en RDC les résultats atteints dans la lutte contre le VIH/Sida sont très faibles. A l’heure où bien des pays d’Afrique subsaharienne, notamment le Botswana, la Namibie et le Rwanda ont atteint l’accès universel aux ARV, que sur le plan international, « l’augmentation rapide de la couverture rapide de la couverture aux traitements antirétroviraux place de plus en plus de pays dans la catégorie de l’accès universel » et que la moyenne pour la couverture aux ARV en Afrique subsaharienne est de 49%, en RDC, elle n’a jamais dépassé les 15%, plaçant ainsi ce pays dans une situation comparable au Soudan ou à la Somalie. La situation est d’autant plus alarmante qu’en RDC vivent 53% des personnes vivant avec VIH qui sont en besoin d’ARV, suivie de l’Ukraine, du Soudan, du reste du monde, de la Somalie, du Népal, d’Iran et du Pakistan. La RDC est classée parmi les pays dont la couverture et l’accès aux ARV sont dans catégorie de 0%-19% : un record très triste ! Un budget consacré à la santé fort insignifiant… Alors que la gratuité des traitements et des soins est consacrée par la Loi n° 08/11 du 14 juillet 2008, de l’engagement d’Abuja, portant protection des personnes vivant avec VIH qui mentionne en son article 11 que « l’Etat assure gratuitement l’accès aux soins de prévention, aux traitements et à la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida dans les établissements sanitaires publics et privés intégrés dans la stratégie de soins de santé primaires », en RDC, signataire de cet engagement, la loi est loin de connaître un début d’application. En plus, depuis 10 ans, le budget que le gouvernement congolais consacré à la santé n’a jamais atteint 6% - étant en moyenne de 4,5% - en dépit de l’engagement de la RDC à consacrer 15% du budget de l’Etat à la santé. Pire, les dépenses effectuées pour la santé sont généralement encore inférieures au budget voté. La réalité étant que le secteur sanitaire en RDC n’a bénéficié après décaissement que de 2,3% du budget voté par l’Etat ces 10 dernières années. Pour le budget 2011, qui n’a réservé que moins d’1% à la santé, la constatation est fort décourageante : alors qu’elles sont déjà limitées, les dépenses consacrées à la lutte contre le VIH/Sida n’avaient été dépensées qu’à hauteur de 5%. Les organisations de lutte contre le VIH/Sida regrettent que le budget 2013 alloué à la santé soit réduit à 300 millions de dollars américains, sans aucune précision de la ligne budgétaire sur le VIH/Sida, alors qu’il était de 700 millions de dollars en 2011. Bref, en 2011, l’Etat congolais n’a dépensé que 725 FC par PVVIH, soit moins de 1 dollar américain …avec un désintéressement prononcé des bailleurs internationaux Le désintéressement de nombreux bailleurs de fonds qui en sont arrivés soit à limiter leur investissement dans la lutte contre le VIH/Sida en RDC, soit à le suspendre tout simplement vient compliquer une situation déjà délétère de nombreuses PVVIH congolaises qui ne savent plus à quelle autorité politique se vouer. Face à cette situation très critique et alarmante, les organisations du Consortium Plaidoyer VIH/RDC tirent la sonnette d’alarme en même temps qu’elles appellent le gouvernement congolais à plus d’engagement dans la prise en charge de la santé de ses citoyens, particulièrement les PVVIH, d’autant plus que la santé est un domaine régalien du gouvernement d’un pays. Ce que les organisations attendent du gouvernement congolais, c’est plus des actions que des discours dont il est très fort. Il est donc temps que le gouvernement congolais fasse de la prise en charge des PVV l’une de ses priorités en allouant entre autres une ligne budgétaire suffisante à la lutte contre le VIH/Sida, en créant un fonds national de lutte contre cette maladie, sachant que l’épidémie va plus vite que la contamination : lorsqu’une personne est traitée, deux autres sont contaminées. Il est également urgent que les bailleurs de fonds internationaux investissent massivement pour l’accès universel aux traitements et aux soins des PVV. Car, la manière dont les uns et les autres vont répondre à l’appel des organisations, dépendra de la survie de plus d’1 million de Congolais. Kléber Kungu

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