lundi 31 décembre 2012

Adieu Didier Munsala !

Adieu Didier Munsala !
Adieu Didier ! C’est en ces deux petits mots que, tout éplorés, nous pouvons nous exprimer, en guise de séparation avec celui qui, une décennie durant, nous avons partagé joies et peines, toujours au service de la nation. C’est associé aux membres de famille de l’illustre disparu, aux confrères les plus fidèles et les plus sensibles, et aux autres amis et connaissances, que L’Observateur a dit son adieu à l’espace Assanef vendredi 28 décembre. Nos nombreux regrets indicibles exprimés sur la perte de notre confrère Didier, bouillonnant dans un fleuve de larmes versées depuis le 17 décembre l’ont accompagné spirituellement à sa dernière demeure à Ndembo, son village, dans le Bas-Congo où il repose pour l’éternité. Loin et dans l’indifférence totale du ministère dont Didier Munsala a dépendu durant sa longue carrière fructueusement remplie…
Tenues lugubrement sombres, assorties de lunettes sombres, l’air morose et grave, le regard fixé de temps en temps sur la grande photo de Didier Munsala qui orne une banderole au message fort : « Inconsolable, L’Observateur dit adieu à Didier Munsala Buakasa, son éminent rédacteur en chef », ils sont assis qui à l’extérieur, sous un grand catafalque, qui dans la salle où trône le cercueil de Didier. Là, tous ceux que Didier Munsala comptait comme confrères les plus fidèles, avec qui il a partagé les « coupages », dont ses collaborateurs de L’Observateur, amis et connaissances les plus confiant. La foule est hétérogène. Les uns assis, les autres debout. Ici, ce sont les membres de famille se consolant avec l’éditeur Mankenda Voka, entouré du numéro deux du journal, Luc-Roger Mbala et du rédacteur en chef Jerry Kalemo. Que vont rejoindre plus tard deux ministres : Geneviève Inagosi du Genre, Famille et Enfant, Triphon Kin-Kiey des Postes, Télécommunications et Nouvelles technologies de l’information et de la communication, le chargé de la communication au Copirep, Liyeke Albert pour rendre hommage à celui dont ils gardent de bons souvenirs…Des services de cet grand journaliste, le président du Conseil permanent de la comptabilité (CPC), André Foko Tomena, la Banque mondiale représentée par Louise Engulu, se sont souvenu. Des représentants des éditeurs des journaux comme Le Potentiel et Forum des As également…
Toutes ces personnalités ainsi que d’autres personnalités ont exprimé leurs sentiments dans le registre des condoléances. Leurs gerbes de fleurs ont aussi mis à nu le degré d’amour qu’elles ont eu envers l’illustre disparu en mémoire duquel le Comité de politique monétaire de la Banque centrale du Congo (BCC) a observé une minute de silence dans sa réunion du mercredi 26 décembre. Les témoignages de Luc-Roger Mbala et Guillaume Nsuami Nienga, directeur de rédaction et journaliste de L’Observateur, de Jean-Louis Miasuekama, journaliste d’Antene A vont permettre à l’assistance de découvrir la vraie valeur de Didier Munsala ainsi que ses qualités humaines, sociales et professionnelles. Qui, selon Luc-Roger Mbala, a pu animer, 11 ans durant, la page économique avec professionnalisme et amour. C’est pourquoi le journal a encore besoin de ses services au moment où il le quitte. Son encadrement en faveur de nombreux stagiaires étudiants des universités de Kinshasa (Ifasic, UPN, Unikin…), ses nombreux articles, le tout couronné par de nombreux voyages effectués à travers le monde (Etats-Unis d’Amérique, Turquie, Belgique, France) pour le compte généralement des institutions de Bretton Woods font de lui un éminent journaliste.
Pour son confrère Nsuami, Didier Munsala fut un travailleur infatigable –il travaillait même pendant son jour de repos -, au sens critique très élevé, qui a pris L’Observateur comme sa boutique. Il retient de lui l’amour de son pays (il y était rentré après son voyage des Etats-Unis, alors que ses amis le lui reprochaient)…Sans doute que Dieu se souviendra des actes palpables et inoubliables qu’il a posés durant sa carrière. Jean-Louis Miasuekama considère M. Didier comme l’un des confrères qui l’ont accueilli dans la presse économique. Il retient de lui l’héroïsme quotidien. D’un humanisme louable, Didier Munsala savait conseiller et il était un journaliste qui faisait son travail avec efficacité et à la satisfaction de ses nombreux lecteurs. Etreinte par l’émotion, l’une des nièces du défunt n’a pas pu lire son témoignage. Il y a un temps pour tout
L’abbé Masamba, aumônier à l’hôpital de Kintambo a rappelé à l’assemblée l’inutilité de la vie terrestre, du corps humain et que tout n’est que vanité. « Nous sommes des créatures inutiles. Rien ne restera dans le monde, nous passerons tous », a-t-il déclaré, étant donné que « la mort est le passage obligé de tous et que personne n’y échappera, chacun en son temps, comme Didier, rédacteur en chef de L’Observateur qui était tombé dans une pharmacie pour acheter des médicaments ». Face à cette réalité immuable, le prédicateur a invité l’assemblée à être toujours prête ne sachant « ni le temps ni l’endroit ». Une réalité que Ezéchiel rappelle, disant qu’il y a un temps pour tout : un temps pour naître et un temps pour mourir ; un temps pour rire et un temps pour pleurer ; un temps pour se taire et un temps pour parler… Né le 15 août 1960, il était « temps » pour Didier Munsala de mourir le 17 décembre 2012, après avoir vécu 52 ans sur cette terre des hommes. Une terre des hommes souvent ingrate envers ceux de ses rejetons qui lui rendent de bons et loyaux services. Comme Didier Munsala qui doit être mort dans l’indifférence totale du gouvernement d’un pays qu’il a loyalement servi durant des décennies.
Si Geneviève Inagosi et Triphon Kin-Kiey sont venus rendre leur dernier hommage à Didier Munsala Buakasa, c’est non en qualité de ministres représentant le gouvernement, mais comme journalistes, donc au nom de la confrérie endeuillée. Didier Munsala est décédé lundi le 17 décembre. Un événement que la presse tant audiovisuelle qu’écrite a suffisamment médiatisé au point de n’échapper à personne, même au commun des mortels qui n’a aucune obligation morale vis-à-vis du défunt. Ses obsèques ont été organisées une semaine plus tard et L’Observateur, qui n’est pas n’importe quel journal dans ce pays, n’a reçu ni message de sympathie ni un petit appel téléphonique, encore moins un simple texto de la part du ministère qui a les médias en charge pour présenter ses condoléances. Un musicien était mort, des obsèques grandioses seraient organisées en son honneur pour lesquelles le gouvernement n’aurait jamais hésité à mobiliser des moyens suffisants. C’est blessé profondément par cet abandon et ce traitement que je n’ai pas pu retenir mes larmes. Après avoir remis publiquement le livre que Didier m’avait prêté (Communication publique et Santé en République démocratique du Congo du Pr Philippe Ntonda Kileuka de l’Ifasic) – le seul souvenir qui me soit resté d’un chef dont j’ai loué le professionnalisme, que j’ai côtoyé quotidiennement et avec qui j’ai eu à blaguer comme des amis – j’ai eu en face de moi cette réalité révoltante : voilà comment finissent souvent les grands hommes.
Oui, Didier Munsala, était de ces grands hommes, s’étant hissé, par la qualité de son travail, au rang des grands journalistes qui ont fait la fierté de la RDC. Il est parti tout triste, abandonné par son ministère, mais fier aux côtés de ses confrères qui, de manière très honorable, lui ont dit adieu. Ce n’est pas par hasard que la première personne ayant reçu le coup de téléphonique lorsque Didier était tombé dans la pharmacie c’était un …journaliste : Dominique Mukenza du Phare. Un reportage de Kléber Kungu

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