Etre député, quelle responsabilité !
Dépassé les stress des législatives marquées par la campagne électorale, les élections elles-mêmes et la longue et angoissante attente des résultats…), venue l’heure de savourer les fruits de tout cela. C’est l’heure des réjouissances entre membres de famille, amis et connaissances, membres de l’état-major de la campagne : sur fond de ce que la fonction de député réserve comme avantages : Jeep de député, garde rapprochée, primes d’installation, immunité, gloire, honneur (d’où le très prisé épithète ‘’honorable’’). Mais nos députés se rendent-ils compte de la grandeur des responsabilités morales qu’implique la fonction de député que nous nous empressons d’occuper ?
Lorsqu’il nous arrive de suivre la chaîne de télévision des ‘’députés’’, nous remarquons entre autres choses : la joie qui illumine les visages des députés, nouveaux (élus) et anciens (réélus). Comme, encore élèves, nous nous rendions à l’école à la rentrée scolaire, anciens et nouveaux. Sur la cour de l’école, nous nous mettions à nous côtoyer joyeusement. Tout le monde connaissait une chose : comment se sont passées les vacances, et ignorait une autre : comment allait se passer l’année scolaire en cours. C’est-à-dire les hauts et les bas qui vont la marquer, les joies et les difficultés qui vont jalonner le chemin des élèves. Si, au bout de quelques jours d’études, quelques-uns parmi nous avaient toujours à l’esprit ce que nous devions à ceux qui faisaient en sorte que nous puissions étudier, c’est-à-dire ce qu’ils attendaient de nous, bien de nos condisciples en faisaient le cadet de leurs soucis.
Il en est de même avec ceux que l’Histoire universelle veut que, pour avoir le pouvoir, ils doivent passer par d’autres compatriotes disposés à leur confier le mandat de les représenter à l’Assemblée nationale. Ils ne sont pas nombreux, les députés qui ont à l’esprit, comme un rappel constant d’une dette, ce qu’ils doivent à leurs électeurs.
Si certains, qui sont à compter sur les doigts, quelques jours après la proclamation des résultats provisoires par la Céni, ont songé à adresser des remerciements à leurs électeurs, par la voie des médias ou par autres supports, d’autres, très nombreux n’y ont même pas pensé.
Au fil des plénières, ils vont oublier qu’entre leurs électeurs et eux il existe un mariage, un contrat social qu’aucune autre personne ou une autre raison ne pourra casser à mi-parcours de la législature, sinon ce que prévoit la Loi fondamentale (art. 110).
Ils oublient qu’être député, c’est honorer les promesses faites lors de la campagne électorale : défendre les intérêts et leurs problèmes, parler au nom de ceux qui les ont mandatés à l’Assemblée nationale.
Quelle responsabilité qu’être député de la deuxième législature de la IIIe République, car, parmi les grands défis à relever est de produire un travail différent de celui de la première législature.
Etre député, c’est plus être plus proche de ses électeurs que s’en éloigner physiquement ou moralement par un orgueil béat. Or, des orgueilleux, des imbus d’eux-mêmes, nous en connaissons parmi ceux que nous avons élus. Il y en a même qui, peu avant de devenir représentant du peuple à l’Assemblée nationale, avaient de la peine d’ouvrir leur bouche pour vous adresser un court ‘’bonjour’’ ou de tendre leurs mains pour vous saluer.
C’est loin d’être une occasion de s’offrir des ailes qui vont les aider à s’envoler plus haut et plus loin que d’habitude, au-dessus des autres, de la mêlée que sont tous ces électeurs.
Etre représentant du peuple, c’est avoir plus de devoirs que de droit à l’endroit de ceux qui vous ont donné leurs voix. C’est rester le même avant les élections qu’après le scrutin. Et que dire de ceux des députés qui se sont déjà donné le culot de s’affubler de sobriquet aussi orgueilleux qu’enfantin. Certains ambitionnent, en effet, de bastonner Dieu seul sait qui à l’Assemblée nationale. Cela s’appelle tout simplement prendre des ailes pour voler plus haut et plus loin que la mêlée.
Représenter ceux qui vous ont élus, c’est s’occuper plus de leurs problèmes, leurs intérêts que d’eux-mêmes. Un pari difficile à réaliser. Car, au bout du compte de tout ce combat pour occuper un des 500 sièges de l’Assemblée nationale, se dressent Jeep, garde rapprochée, primes d’installation, immunité, gloire, honneur et autres avantages financiers, matériels et moraux.
Que le gouvernement, pardon le Trésor public, c’est-à-dire l’argent de ces mêmes électeurs, doit fournir à tout prix, coûte que coûte. Sinon, c’est la colère des députés. Un devoir que le gouvernement, respectueux des clauses du contrat social, remplit absolument.
Reste que les députés remplissent, au nom du contrat social, leurs devoirs : assurer le contrôle de l’exécutif, des entreprises publiques, légiférer, bref, défendre convenablement les intérêts de leurs électeurs. Quelle responsabilité que d’être député !
Se borner ou se substituer à la fonction des membres de l’exécutif, comme les députés de la première législature nous l’ont fait vivre : construction des ouvrages, réfection des hôpitaux, des écoles, dons par-ci, dons par-là, rétablissement du courant électrique…
Etre député appelle deux choses à la fois : des devoirs et des droits. Autant ils vont réclamer leurs droits, autant ils doivent remplir les devoirs vis-à-vis de son électorat. Que le sort que les électeurs déçus ont réservé à ceux des mandatés qui ont déçu leur espoir serve de leçon à ceux qui raffolent de l’épithète ‘’honorable’’. 5 ans, c’est beaucoup, mais c’est aussi peu.
Kléber Kungu
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